18 mars 2012

Café de Flore

Café de Flore, vainqueur du César 2012 dans la catégorie de l'affiche la plus pourrave du monde, n'est pas le biopic attendu de Sartre et Beauvoir, mais le portrait d'une femme misérable contrainte d'élever son enfant handicapé toute seule. Je n'ai pas vu ce film mais comme je suis absolument certain que je ne le verrai jamais je peux cramer une cartouche en ne le considérant qu'à l'aune de ce qu'en ont dit ceux qui l'ont fait dans une campagne de publicité acharnée. Avec un peu de malchance vous avez vous aussi assisté à l'une des mille séances de promo de ce film social, à l'occasion desquelles - car c'est manifestement la seule chose qu'il y avait à dire sur l’œuvre - réalisateur et comédienne n'ont eu de cesse de clamer haut et fort que l'enjeu du projet tenait dans cette gageure : rendre Vanessa Paradis assez laide pour incarner une femme du peuple, une femme pauvre, en difficulté. Vous les avez entendu comme moi : "Il fallait à tout prix que Vanessa puisse sembler laide !"



Quel mépris des pauvres gens, des "sans dents", qui n'auront jamais l’incomparable beauté de Vanessa Paradis, laquelle, à mon avis, a tout à fait sa place dans la file d'une caisse surchargée du vieux LIDL affreux où je fais mes courses quand je suis au pain sec, quand je suis sur la paille, à payole. Je n'en dirai pas plus, c'est triste et moche ces propos. Triste et moche.



Si quand même ! Qui sont ces gens, Vanessa Paradis et le réalisateur du film (je n'ai pas envie de citer son nom et je l’appellerai donc désormais C.R.A.Z.Y., du titre de son film précédent, vanté par l'affiche du film), qui s'enorgueillissent d'avoir su rendre "laide" une actrice si sublime pour jouer une femme pauvre, affirmant que les gens qui contrairement à eux ne pètent pas dans la soie sont forcément des gens laids ? Qui faut-il être pour déballer de telles insanités sur toutes les télés et dans tous les journaux en toute tranquillité ? (à partir de là j'arrête de vous poser des questions, promis). Après Foïs et Viard qui prenaient manifestement leur pied à jouer des ploucs vulgaires et criardes habillées chez H&M et coiffées avec leurs propre gaz de schiste dans Polisse, voici Vanessa Paradis qui se vante d'avoir osé essayer de s'enlaidir avec les plus grandes difficultés du monde, mission quasiment impossible tant elle est magnifique quoi qu'elle fasse, pour parvenir à être crédible dans la peau d'une femme qui lutte pour s'en sortir, d'une femme normale en fait. Si Dieu existe je le supplie séance tenante de virer sur le champ et à tout jamais ces gens-là, Vanessa Valparaiso, Jean-Marc C.R.A.Z.Y. et consorts de nos télés et, surtout, par pitié, de nos écrans de ciné.


Café de Flore de Jean-Marc Vallée avec Vanessa Paradis (2012)