Très remarqué à Cannes, lauréat de trois prix aux Golden Globes, recouvert de BAFTA awards, sept au total, vainqueur des Césars avec six récompenses dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateur, et grand gagnant des Oscars avec cinq statuettes dont celles du meilleur acteur et, encore une fois, du meilleur réalisateur et du meilleur film (une première pour un film français), The Artist est un film sans grand intérêt. Il y a bien quelques idées de ci de là, que la plupart des critiques ont relevées : celle de "faire entendre" par l'image quand Georges Valentin sourit soudain pour nous faire comprendre que le public de son film applaudit ; la scène du cauchemar, où le son surgit et s'avère plutôt bien exploité ; un joli plan où Dujardin verse un verre d'alcool sur son propre reflet à la surface d'un piano ; l'intertitre "Bang !" à la fin du film où l'onomatopée n'est pas celle qu'on croit. En dehors de ces idées certes bien pensées mais pas non plus incroyables, l'histoire, celle d'un acteur du muet viré de son grand studio hollywoodien lors du passage au cinéma parlant, est ni plus ni moins (façon de parler, c'est beaucoup moins que ça) celle du grand chef-d’œuvre de Stanley Donen et Gene Kelly Chantons sous la pluie, auquel Hazanavicius rend plus qu'hommage puisqu'il en reprend l'idée de départ et un certain nombre de séquences. Le scénario n'a donc rien d'original et le film s'avère de fait peu surprenant, d'autant qu'il stagne énormément et n'évolue guère. Et vu que les idées ne sont pas nombreuses, le film s'étale pour faire difficilement une heure et demi. Observer durant de très longues séquences un Dujardin déprimé, brûlant ses anciens films, voulant se suicider, buvant pour oublier et ainsi de suite devient très vite lassant.
John Goodman fait le geste "emblématique" du film, le geste fétiche du personnage de Dujardin et que l'acteur a reproduit douze mille fois sur tous les plateaux télé du monde et à chaque récompense reçue. Le chien vedette ou ce gimmick gestuel : autant de manières de marquer les esprits au fer rouge.
On s'ennuie devant ce film un peu trop sage qui manque cruellement de contenu. The Artist, qui serait laborieux à voir une seconde fois, a oublié d'être autre chose qu'un exercice de style bourré de références au passé, certes élégant, mais qui tourne finalement en rond sur pas grand chose. C'est une œuvre qui se tient à peu près grâce à son honnête réalisateur mais qui s'avère plutôt maigre, et on aimerait que le triste Thomas Langmann cesse de se traîner devant toutes les caméras pour se vanter d'avoir rendu ce film possible avec son argent, son carnet d'adresse et son audace extraordinaire : un film muet en noir et blanc, rendez-vous compte, quel exploit ! Pour trouver le noir et blanc faramineux en soi en 2011 il faut avoir une connaissance bien mince du cinéma d'auteur tel qu'il se pratique aujourd'hui. Et quand bien même c'est effectivement une tentative hors du commun, voire louable, pour un gros producteur de daubes comme Langmann, ça reste un film tout à fait classique et facile d'accès, qui ne déroutera jamais le grand public et dont l'éventuelle audace initiale, plaire au plus grand nombre sans couleurs et sans dialogues, est vivement contrebalancée par un récit conventionnel au possible.
Moi devant ce film.
On a pu lire ici et là que le film est important parce qu'il réapprend à vraiment "regarder" au cinéma au lieu de juste suivre bêtement une histoire, or The Artist est très très très narratif, il procède d'une narration littéraire et non "imagée". Le film est paradoxalement très bavard et donne vraiment l'impression de raconter avec des mots bien plus qu'avec des moyens proprement visuels. On aurait aimé qu'Hazanavicius ne se contente pas de trois idées sympathiques sur le concept du muet, qu'il s'efforce de fournir un vrai travail sur le sujet à l'aune de 83 ans de cinéma parlant. The Artist n'est pas un "vrai" film muet de l'époque, évidemment, mais il ne propose pas non plus une approche moderne (ou post-moderne) de l'art cinématographique via le réinvestissement d'une forme ancienne. La maigreur du propos et la faiblesse des moyens cinématographiques mis en œuvre sont peut-être un dommage collatéral de la vraisemblable humilité de l'auteur. Car il faut dire que la modestie dont ce dernier fait preuve dans son approche de l'histoire du cinéma le sauve. Voulant rendre hommage aux films du répertoire sans tomber dans la bouffonnerie grindhouse, Hazanavicius fait preuve d'une élégante sobriété sans laquelle on aurait largement pu taxer son film de stricte arnaque intellectuelle, et cette simplicité nous change pas mal de la tendance actuelle.
Le jeu des acteurs est lui aussi dans un entre-deux un peu bancal : nécessairement plus expressifs que dans un film "normal", rien ne se passe vraiment quand on les regarde, et on imagine très bien le même jeu d'acteur dans un film basique (on a déjà vu Dujardin mille fois plus cabotin qu'ici, du reste l'acteur se contente de rejouer ce qu'on l'a déjà vu jouer mille fois et que les Américains découvrent avec enthousiasme). Le nouveau Dieu des planches affirme en interview et avec entrain que ce film lui a permis de comprendre à quel point le langage du corps est important dans son métier. C'est bien de le découvrir maintenant. En ce qui nous concerne, nous n'avons rien appris que Chaplin, Lloyd ou Keaton ne nous avaient déjà prouvé il y a des lustres, et nous n'avons pas non plus découvert qu'un film doit se regarder et s'écouter avant d'être lu comme un simple scénario. A l'ouest que dalle de nouveau. L'exercice paraît d'autant plus vain que Dujardin, malgré ses douze récompenses dont un prix d'interprétation à Cannes et un Oscar du meilleur acteur à Hollywood, et malgré son imitation du chameau sur les plateaux américains, ne révolutionne pas franchement l'acting. De même, Hazanavicius n'utilise pas vraiment le muet pour mettre l'image toute-puissante sur un piédestal. En bref, l'exercice paraît bien vain, et s'il n'est pas médiocre pour autant on le trouvera rapidement lassant. Malgré les prouesses du dénommé Weinstein et de Miramax, qui à force de publicité et de bourrage de cranes avaient déjà fait sacrer Shakespeare in Love et d'autres films du même acabit, The Artist n'est certainement pas le meilleur film de l'année. On lui reconnaîtra le seul mérite d'être finalement moins misérable et plus original que la plupart des derniers lauréats de l'Oscar du meilleur film, et c'est déjà pas si mal.
Bérénice Béjo : "Who's that girl ? That's the question on nobody's lips."
Le jeu des acteurs est lui aussi dans un entre-deux un peu bancal : nécessairement plus expressifs que dans un film "normal", rien ne se passe vraiment quand on les regarde, et on imagine très bien le même jeu d'acteur dans un film basique (on a déjà vu Dujardin mille fois plus cabotin qu'ici, du reste l'acteur se contente de rejouer ce qu'on l'a déjà vu jouer mille fois et que les Américains découvrent avec enthousiasme). Le nouveau Dieu des planches affirme en interview et avec entrain que ce film lui a permis de comprendre à quel point le langage du corps est important dans son métier. C'est bien de le découvrir maintenant. En ce qui nous concerne, nous n'avons rien appris que Chaplin, Lloyd ou Keaton ne nous avaient déjà prouvé il y a des lustres, et nous n'avons pas non plus découvert qu'un film doit se regarder et s'écouter avant d'être lu comme un simple scénario. A l'ouest que dalle de nouveau. L'exercice paraît d'autant plus vain que Dujardin, malgré ses douze récompenses dont un prix d'interprétation à Cannes et un Oscar du meilleur acteur à Hollywood, et malgré son imitation du chameau sur les plateaux américains, ne révolutionne pas franchement l'acting. De même, Hazanavicius n'utilise pas vraiment le muet pour mettre l'image toute-puissante sur un piédestal. En bref, l'exercice paraît bien vain, et s'il n'est pas médiocre pour autant on le trouvera rapidement lassant. Malgré les prouesses du dénommé Weinstein et de Miramax, qui à force de publicité et de bourrage de cranes avaient déjà fait sacrer Shakespeare in Love et d'autres films du même acabit, The Artist n'est certainement pas le meilleur film de l'année. On lui reconnaîtra le seul mérite d'être finalement moins misérable et plus original que la plupart des derniers lauréats de l'Oscar du meilleur film, et c'est déjà pas si mal.
The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, Penelope Ann Miller, Malcom McDowell et James Cromwell (2011)
Chouette critique. Je le visionnerai avec mon padre dans deux semaines. Chu pas pressé, ça va.
RépondreSupprimerIl manque une case dans les votes "Génial" / "Pas Mal" / "Pas Top" / "A Chier" / "Pas vu putain de pas pris" :D
RépondreSupprimerTu voteras quand tu l'auras vu vieux briscard ! T'es pas pressé de le voir mais t'es pressé de voter, espèce de malade.
RépondreSupprimerBonne critique et vous avez bien résumé la pensée de pas mal de spectateurs je pense: c'est un film frustrant et finalement décevant. Car il aurait pu être beaucoup plus qu'un simple exercice de style bien mené. En tout cas Hazanavicius reste pour moi un vrai mystère: à travers ses trois pastiches, je n'arrive pas à le décoder en tant que cinéaste.
RépondreSupprimerBon, cela va être difficile de critiquer ce film surestimé dans les semaines qui suivent...
J'imagine qu'Hazanavicius est un de ces réalisateurs "amoureux" du cinéma qui aime son idée, son aura, le souvenir qu'il en a, plus que l'idée d'en faire vraiment. Mais son humour (dans OSS 117) et son honnêteté ici le rendent plutôt sympathique. En tant que passionné il m'a un peu surpris aux Césars au moment de recevoir son prix du meilleur film, se contentant de remercier les "gens qui ont mis de l'argent, la Warner beaucoup, Canal+ beaucoup, France 3 un peu moins, etc.", avec un air détaché au possible. Il est peut-être très renfermé sur lui-même ou blazé par toutes ces récompenses mais c'était triste à voir.
RépondreSupprimerun nouveau titre pour the artist
RépondreSupprimerthe attrist
perso, je me suis endormi au milieu pourtant je n'avais pas spécialement sommeil au départ soit je deviens vieux soit le film ne pas réveillé
J'opte finalement pour la seconde probabilité
si ce film la a eu toute ces récompense
soit il n'y comprennent rien
soit le reste était de la merde
la j'opte pour la première probabilité
a bientôt Didier
Très bonne critique !
RépondreSupprimerJe suis du même avis sur The Artist, avec un bémol en plus sur la présence omniprésente de la musique qui lorsqu'elle s'arrête donne une sacrée respiration...
C'est pas faux pour la zique...
SupprimerPas vu pas pris pour ma part. J'ai eu un vague intérêt à l'annonce de la sortie du projet mais mes souvenirs de chefs d’œuvre tels Sunset Boulevard, Les Enchainés, Chantons sous la pluie et multiples film hollywoodiens sur Hollywood (même La comtesse aux pieds nus) m'ont rappelé que The Artist n'apportait rien de nouveau, important, essentiel à la thématique / que The Artist était fait pour émouvoir son audience, point barre : 83 ans après l'arrêt du muet > nostalgie quand tu nous tiens :'(. The Artist me semble être un hommage de la part d'Hazanavicius qui adule de toute évidence le cinoche amerloque (voir La Classe Américaine). Je préfère le rapport d'expériences vécues sur le terrain (Billy Wilder, Joseph L. Mankiewicz, Vincente Minnelli) plutôt qu'une poire à presser pour faire sortir le jus (Thomas Langman, Jean du Jardin, Michel Hazanavicius). Maintenant, j'ai beaucoup de sympathie pour le vidéaste Haza. Il m'a bien fait rire avec La classe américaine et des passages du premier OSS 117, même si il est pour moi un refaiseur (dans la lignée de ce que désignait Andy Warhol : l'art en boîte de conserve) plus qu'un artiste.
RépondreSupprimerIl y a des passages poilants aussi dans le deuxième OSS 117, "Rio ne répond plus", tu ne trouves pas ?
SupprimerBien envoyé Arnaud !
SupprimerTank, je n'ai pas vu le second OSS 117.
SupprimerRémi, merci.
Je te le conseille donc pour certaines scènes vraiment très drôles. :)
SupprimerTu chipotes Arnaud, tu chipotes.
SupprimerTank, envoie-moi le DVD par la poste.
SupprimerNon, je pipote, Serge, je pipote.
Depuis quand les oscars récompensent des films révolutionnaires?
RépondreSupprimerSi on ne regarde que la production américaine (ou, pour faire large, la production occidentale), Drive est le film de 2011.
En somme, 2011 était une mauvaise année pour le cinéma US.
SupprimerQuant à l'Europe, je cite Le gamin au vélo, La taupe et Un monde sans femmes. C'est un beau jeu à 3 cartes certes ... mais quand même un beau jeu.
D'accord sur La Taupe! Je n'ai pas encore vu les deux autres...
SupprimerHeureusement que la dernière phrase de cet article existe, sinon je vous aimais plus.
RépondreSupprimerEt puis je suis d'accord avec Anonyme 2 : l'année ricaine était pourrave, il manquait beaucoup de nominés et aucun des films en lice de l'autre soir n'était vraiment digne d'une récompense (à part "The Tree of life" à mon sens, mais je sais ce que vous en pensez...). Alors autant qu'il aille à un film pas trop mal, pas révolutionnaire mais plutôt sympa, réjouissant et bien fichu (peu importe qu'il soit français, ça n'est qu'une cerise sur le cake).
C'est peut-être un motif de consolation bien maigre, mais au final quelle importance : qui peut encore s'intéresser aux résultats des Oscars (je veux dire : s'intéresser vraiment) depuis les sacres de "Collision" et du "Discours d'un roi" ?
C'est vrai qu'on s'en tape au fond des résultats des Césars et autres Oscars, vu qu'en plus ils ne sacrent que de tristes films ces derniers temps. Mais si ça nous importe quand même un peu c'est parce que ces cérémonies-là et leurs prix sont une vitrine du cinéma mondial pour le grand public, dont les vainqueurs définissent en partie le regard des gens sur le cinéma d'auteur et sur le cinéma en général. En fonction des résultats, les gens iront voir ou revoir "Lady Chatterley" ou "La Graine et le mulet", quand ces grands films sont étonnamment primés, ou "Intouchables" et "The Artist" cette année... Qui plus est les résultats de ces cérémonies donnent aussi une idée de ce qui va se produire ensuite, des gens qui auront "la carte" pour faire d'autres films ou non, et ainsi de suite. Alors c'est sûr qu'on sait tous que les Césars ou les Oscars c'est pas Cannes ni Berlin ni Venise et qu'au fond ce ne sont que des cérémonies entre professionnels paradoxalement populaires complètement surfaites et bidons, mais pour les raisons que je viens d'essayer d'exposer, c'est quand même plus ou moins "important", en tout cas digne d'intérêt ou d'indignation, me semble-t-il.
SupprimerCertes :)
SupprimerJe partage le fond de cette brillante analyse.
RépondreSupprimerEngouement post-récompenses (multiples) oblige, je me suis rendu hier dans le cinéma le plus proche avec accès handicapés pour voir The Artist, du fait de ma paraplégie post-amputatoire.
RépondreSupprimerJe rejoins Rémi dans certains reproches qu'il a pu faire, notamment sur le fait d'étirer vachement le film alors que l'intrigue aurait pu tenir large sur 45min, mais ça n'aurait eu que l'oscar du moyen métrage, ce que Weinstein ne souhaitait pas. Sinon, y a des idées bien trouvées quand même, et que je comprends le concept du film qui nous "réapprend à regarder", c'est sûr que sans dialogue t'as tendance à te concentrer vachement sur les expressions des personnages, leurs mouvements, les détails à l'écran.
Bref, ça se mate et c'est 10000 fois mieux que chicago, collision, un homme d'exception, no country for old men, slumdog millionnaire, démineur et american beauty. Donc il est bien à sa place :)
Bonjour,
RépondreSupprimerNous sommes 3 jeunes étudiants en communication à l'école Pôle Paris Alternance. Dans le cadre de nos études nous avons créé un blog sur l'univers du cinéma : http://cinevent.blogspot.com/.
Pour le promouvoir nous avons besoin d'aide ainsi nous vous proposons de faire apparaitre sur notre blog un lien vers votre site. En échange serait il possible d'avoir un lien sur le vôtre?
Merci d'avance de votre retour.
Bien cordialement,
Blandine, Diane et Benoit.
Bonjour. Le film The Artist a probablement été l’un des meilleurs films que j’ai regardés récemment. Je trouve qu’il mérite amplement les récompenses qu’il a eues. Le sel regret que j’ai pour les Oscar c’est que le film Drive n’a pas été nominé dans la catégorie du meilleur film, et Ryan Gosling pour le Meilleur Acteur. La partie n’aurait probablement pas été aussi facile pour The Artist si Drive faisait partie de la course au titre.
RépondreSupprimerOuah, j'ai l'impression qu'on manque sévèrement d'esprit critique sur ce blog; c'est tellement facile de cracher sur les succès commerciaux et de leur préférer un soi-disant cinéma d'auteur !
RépondreSupprimerLe cinéma est le seul art qui réunisse tous les autres, alors à moins d'en faire une métaphore permanente et une succession de symboles je ne vois pas trop comment on peut reprocher à un film de ne pas tenir sur toute la durée une unique théorie du cinéma ni même de ne pas "placer l'image sur un piédestal".Mon dieu merci, c'est encore du cinéma et pas de la photographie.Ce film a un véritable rythme, un souffle que j'ai trouvé rare et que l'on doit à tous les éléments qui le composent.The Artist est même moins une théorie du cinéma que l'histoire d'un homme , extrêmement bien interprété par Dujardin.
D'abord nous ne crachons pas systématiquement sur les succès commerciaux. Récemment de nombreux articles le prouvent. Ensuite j'estime ne pas "cracher" sur The Artist dans cette critique, et il faudrait faire preuve d'une mauvaise foi hallucinante pour le maintenir. Tirer des conclusions hâtives sur les goûts de quelqu'un après une critique comme celle-ci n'a aucun sens, encore plus en jouant du très "facile" clivage films commerciaux/films d'auteur...
RépondreSupprimerPour ce qui est du film, je ne lui reproche pas de ne pas tenir la durée en ne déployant qu'une théorie du cinéma, ce qui serait complètement absurde, d'autant que dans l'article je vante par exemple les mérites de Chantons sous la pluie qui est tout sauf un film théorique. Si je parle d'un manque de travail sur le muet de la part d'Hazanavicius, c'est-à-dire sur la gageure de tout faire passer par la musique et surtout par l'image (d'où l'idée du piédestal, et je ne vois pas en quoi travailler plus profondément sur l'image reviendrait à faire de la photographie, encore un raccourci invraisemblable), c'est parce que le projet du cinéaste et de ses producteurs tel qu'ils l'ont présenté dans leurs entretiens, tel que l'a présenté l'ensemble de l'écrasante promo du film et des critiques qui l'ont encensé, parlent d'une prouesse technique et formelle plus que d'un récit humaniste ou d'une histoire à échelle humaine, ce en quoi ils ont finalement bien raison puisque le portrait de l'acteur du muet malheureux de ne plus tourner (certes assez bien incarné par Dujardin) est assez répétitif, stagnant, vu et revu, et donc assez faible (à mes yeux en tout cas, même si ce portrait est manifestement parvenu à te bouleverser, et tant mieux). Enfin, je dis qu'ils ont eu raison mais c'est alors dommage que la mise en scène donc, le jeu sur les ressorts et les puissances de l'image comme quasi-unique moyen d'expression, ne soit pas suffisamment dense, émouvante ou passionnante pour donner à ce film un "souffle" qui parvienne à me fasciner autant qu'il t'a fasciné.
Néanmoins je ne crache absolument pas sur The Artist et, si tu as bien lu, à la fin de la critique je me réjouis même presque de son succès, ne serait-ce qu'en regard de ses concurrents du moment, ceux "nominés" par les académies ou massivement plébiscités par le grand public s'entend, tous moins audacieux (au royaume des aveugles les borgnes sont rois), originaux et humbles à la fois.
Vu. Ca se mate. C'est un peu longuet. Voilà.
RépondreSupprimerBonne critique amplement justifiée.
RépondreSupprimerD'accord avec toi sur ce film, on notera aussi, et peut être que quelqu'un l'a déjà dit et que je l'ai loupé, que s'il a été sélectionné aux oscars c'est bel et bien parce que le sujet est "Hollywood", et la réalisation très américaine, le reste tu l'a dit : finalement déjà vu, une fausse impression de risque...
RépondreSupprimerVu, 15 ans après la bataille. Et je n'ajouterais ni n'enlèverais la moindre virgule à ton article. C'est "honnête", c'est "bien fait", c'est "malin", mais ça manque cruellement de souffle et de moelle, et c'est finalement très mainstream contemporain dans la narration. Comme le dit le dernier commzeur, c'est une fausse prise de risque.
RépondreSupprimerComplètement d'accord oui :)
RépondreSupprimerJ'ai vu le film il y a maintenant quelques mois, je viens de lire cette critique limpide, parfaitement justifiée, à laquelle j'apporte mon accord de mouton écervelé !
RépondreSupprimerJ'ai pas vu ce film qui m'a l'air bien sympathique mais à l'époque je l'avais détesté de toutes mes forces à cause de tout le pataquès qui avait été fait autour. La consécration suprême aux Oscars n'a fait que l'amplifier. De toute façon en France il y a tellement de cons déterminés à lécher le cul des Américains quoi qu'ils fassent et même que quand ils s'intéressent à nous, il faut leur dérouler le tapis rouge et leur dire amen, alors que ce ne sont que des incultes gavés de films d'actions qui essayent depuis quelques années de s'acheter une conscience avec des films « intimistes » merdeux, en faisant comme nous. Tout se passe comme si tout ce qui se fait chez nous (et ailleurs...) reste de la merde tant que les Américains n'ont pas décidé d'en faire un remake, donc de poser leur « sceau de qualité », donc décidé que c'était digne d'éloges. Je me marre.
RépondreSupprimerL'autre truc qui m'a énervé, c'est le discours sur la soi-disant « révolution » de ce film : « rendez-vous compte, un film en noir et blanc et muet en 2012, quelle prise de risque ! » Euh... ouais. Un film avec le couple Jean Dujardin/Bérénice Béjo, déjà à l'affiche de deux cartons du tiroir-caisse, et mis en scène par le réalisateur de ces mêmes tiroirs-caisses. Tu parles d'une prise de risque... S'il avait mis en scène deux acteurs débutants et réalisé par un tocard, là ça aurait été une vraie prise de risque. Mais les médias n'en auraient pas parlé, évidemment, puisqu'ils s'en foutent du cinéma. Certes, j'invente rien en le disant, mais ça fait du bien de le dire :-)
J'ai donc fini par le virer de mon disque dur. Ça devait être il y a 6 mois.
RépondreSupprimer6 mois pour effacer un film ? Tu es sur TO7 ou sur MO5 ?
SupprimerVu, finalement. Il y a certains films qu'il vaut mieux regarder avec plusieurs mois de retard, pour échapper à tout le foin fait autour... Au final, qu'en reste-t-il ? Un film « ennuyeux » comme dit dans l'article. Je n'ai pas vu le film dont on dit qu'il s'inspire, mais en tout cas celui de Dujardin n'est pas fameux. J'ai pas réussi à savoir quel genre de film c'était : comique (y'a des scènes un peu drôles) ? Larmoyant (y'a des scènes tristounes) ? La scène du rêve est la meilleure, avec le bruit qui s'immisce dans le film et l'acteur muet qui se désespère de l'être, justement. Dommage que ça n'ait été qu'un rêve, si ça avait continué comme ça, le film serait parti dans une toute autre direction.
RépondreSupprimerL'ennui vient principalement du fait qu'il est très mal « découpé ». L'exposition dure dix ans. Le propos du film, on le connaît tous avant d'aller le voir, grâce au matraquage : c'est l'histoire d'un acteur du muet qui va faire un quasi-caca nerveux suite au passage au parlant. Puisque c'est le sujet du film, on devrait en voir le développement rapidement. Cependant, la période « pré-dépression » dure trois plombes, on voit Georges Valentin avoir du succès, cabotiner, etc. Mis à part ça, il ne se passe absolument rien. Au bout d'un moment, je me suis sérieusement demandé si vous et tous les critiques en général (i.e des gens censé avoir vu le film) ne s'étaient pas TOUS trompés de salle. C'est un peu comme dans le dernier Batman : il met trois quarts-d'heure à se pointer, tout l'intérêt du film est là mais on s'ennuie ferme en attendant qu'il arrive. Dans le making-of de Terminator 2, James Cameron explique la suppression de certaines scènes par le fait qu'elles n'apportent rien à l'histoire, qu'elles ne la font pas évoluer (si tous les cinéastes s'appliquaient ce principe, des tas de films disparaîtraient avant même d'avoir été tournés). Ici, le problème c'est qu'il y a quantité de scènes inutiles, certes sympathiques qui permettent à Jean Dujardin de faire son numéro de mime, mais à part ça...
Ailleurs, vous évoquez de « jolis plans », comme celui du piano, etc. Ouais, sauf que pour moi le cinéma c'est avant tout le moyen de raconter une histoire de manière plus vivante que n'importe quel autre « média ». Si je veux voir de jolies images, je lis une BD. On n'est plus aux débuts du cinéma où les gens ne savaient pas quoi faire de cette invention, et tuaient le temps en filmant n'importe quoi et en truquant l'image pour faire des trucs et des machins pour appâter le chaland. Si je veux voir du grand spectacle sans grand sens, je vais au cirque. Un film, c'est d'abord une histoire avant d'être de la mise en scène virtuose de mecs qui font joujou avec la caméra, aussi « virtuose » que la mise en scène puisse être.
Enfin, comme vous l'avez justement signalé, la période « post-dépression » tourne rapidement à vide et aurait pu être traitée en un quart d'heure facile. Disons que le propos général du bousin aurait pu s'insérer dans un moyen-métrage de... je sais pas, une heure tout au plus. Faut dire que l'argument est extrêmement faible. Je n'ai pas vraiment senti de début ni de milieu ni de fin, d'autant que le film est basé sur un seul argument (le caca nerveux d'un acteur, donc) qui nous est précisé bien avant que l'on se fasse avoir au guichet. Quand je regarde un film, j'attends qu'il y ait un développement, une évolution de l'intrigue, des personnages. L'évolution est rendu difficile par le fait qu'il n'y a pas de « méchant ». S'il y en avait eu un, le « héros » se serait certainement moins ennuyé, et moi avec.
On se prend la tête à inventer de nouvelles technologies pour une meilleurs qualités de film, et voila que le mec retourne en NB.
RépondreSupprimerPlus un buzz qu une réel envie de faire un nouveau-ancien genre de film. Acteur pas du tout crédible..;