
John Goodman fait le geste "emblématique" du film, le geste fétiche du personnage de Dujardin et que l'acteur a reproduit douze mille fois sur tous les plateaux télé du monde et à chaque récompense reçue. Le chien vedette ou ce gimmick gestuel : autant de manières de marquer les esprits au fer rouge.
On s'ennuie devant ce film un peu trop sage qui manque cruellement de contenu. The Artist, qui serait laborieux à voir une seconde fois, a oublié d'être autre chose qu'un exercice de style bourré de références au passé, certes élégant, mais qui tourne finalement en rond sur pas grand chose. C'est une œuvre qui se tient à peu près grâce à son honnête réalisateur mais qui s'avère plutôt maigre, et on aimerait que le triste Thomas Langmann cesse de se traîner devant toutes les caméras pour se vanter d'avoir rendu ce film possible avec son argent, son carnet d'adresse et son audace extraordinaire : un film muet en noir et blanc, rendez-vous compte, quel exploit ! Pour trouver le noir et blanc faramineux en soi en 2011 il faut avoir une connaissance bien mince du cinéma d'auteur tel qu'il se pratique aujourd'hui. Et quand bien même c'est effectivement une tentative hors du commun, voire louable, pour un gros producteur de daubes comme Langmann, ça reste un film tout à fait classique et facile d'accès, qui ne déroutera jamais le grand public et dont l'éventuelle audace initiale, plaire au plus grand nombre sans couleurs et sans dialogues, est vivement contrebalancée par un récit conventionnel au possible.
Moi devant ce film.
On a pu lire ici et là que le film est important parce qu'il réapprend à vraiment "regarder" au cinéma au lieu de juste suivre bêtement une histoire, or The Artist est très très très narratif, il procède d'une narration littéraire et non "imagée". Le film est paradoxalement très bavard et donne vraiment l'impression de raconter avec des mots bien plus qu'avec des moyens proprement visuels. On aurait aimé qu'Hazanavicius ne se contente pas de trois idées sympathiques sur le concept du muet, qu'il s'efforce de fournir un vrai travail sur le sujet à l'aune de 83 ans de cinéma parlant. The Artist n'est pas un "vrai" film muet de l'époque, évidemment, mais il ne propose pas non plus une approche moderne (ou post-moderne) de l'art cinématographique via le réinvestissement d'une forme ancienne. La maigreur du propos et la faiblesse des moyens cinématographiques mis en œuvre sont peut-être un dommage collatéral de la vraisemblable humilité de l'auteur. Car il faut dire que la modestie dont ce dernier fait preuve dans son approche de l'histoire du cinéma le sauve. Voulant rendre hommage aux films du répertoire sans tomber dans la bouffonnerie grindhouse, Hazanavicius fait preuve d'une élégante sobriété sans laquelle on aurait largement pu taxer son film de stricte arnaque intellectuelle, et cette simplicité nous change pas mal de la tendance actuelle.
Le jeu des acteurs est lui aussi dans un entre-deux un peu bancal : nécessairement plus expressifs que dans un film "normal", rien ne se passe vraiment quand on les regarde, et on imagine très bien le même jeu d'acteur dans un film basique (on a déjà vu Dujardin mille fois plus cabotin qu'ici, du reste l'acteur se contente de rejouer ce qu'on l'a déjà vu jouer mille fois et que les Américains découvrent avec enthousiasme). Le nouveau Dieu des planches affirme en interview et avec entrain que ce film lui a permis de comprendre à quel point le langage du corps est important dans son métier. C'est bien de le découvrir maintenant. En ce qui nous concerne, nous n'avons rien appris que Chaplin, Lloyd ou Keaton ne nous avaient déjà prouvé il y a des lustres, et nous n'avons pas non plus découvert qu'un film doit se regarder et s'écouter avant d'être lu comme un simple scénario. A l'ouest que dalle de nouveau. L'exercice paraît d'autant plus vain que Dujardin, malgré ses douze récompenses dont un prix d'interprétation à Cannes et un Oscar du meilleur acteur à Hollywood, et malgré son imitation du chameau sur les plateaux américains, ne révolutionne pas franchement l'acting. De même, Hazanavicius n'utilise pas vraiment le muet pour mettre l'image toute-puissante sur un piédestal. En bref, l'exercice paraît bien vain, et s'il n'est pas médiocre pour autant on le trouvera rapidement lassant. Malgré les prouesses du dénommé Weinstein et de Miramax, qui à force de publicité et de bourrage de cranes avaient déjà fait sacrer Shakespeare in Love et d'autres films du même acabit, The Artist n'est certainement pas le meilleur film de l'année. On lui reconnaîtra le seul mérite d'être finalement moins misérable et plus original que la plupart des derniers lauréats de l'Oscar du meilleur film, et c'est déjà pas si mal.
Bérénice Béjo : "Who's that girl ? That's the question on nobody's lips."
Le jeu des acteurs est lui aussi dans un entre-deux un peu bancal : nécessairement plus expressifs que dans un film "normal", rien ne se passe vraiment quand on les regarde, et on imagine très bien le même jeu d'acteur dans un film basique (on a déjà vu Dujardin mille fois plus cabotin qu'ici, du reste l'acteur se contente de rejouer ce qu'on l'a déjà vu jouer mille fois et que les Américains découvrent avec enthousiasme). Le nouveau Dieu des planches affirme en interview et avec entrain que ce film lui a permis de comprendre à quel point le langage du corps est important dans son métier. C'est bien de le découvrir maintenant. En ce qui nous concerne, nous n'avons rien appris que Chaplin, Lloyd ou Keaton ne nous avaient déjà prouvé il y a des lustres, et nous n'avons pas non plus découvert qu'un film doit se regarder et s'écouter avant d'être lu comme un simple scénario. A l'ouest que dalle de nouveau. L'exercice paraît d'autant plus vain que Dujardin, malgré ses douze récompenses dont un prix d'interprétation à Cannes et un Oscar du meilleur acteur à Hollywood, et malgré son imitation du chameau sur les plateaux américains, ne révolutionne pas franchement l'acting. De même, Hazanavicius n'utilise pas vraiment le muet pour mettre l'image toute-puissante sur un piédestal. En bref, l'exercice paraît bien vain, et s'il n'est pas médiocre pour autant on le trouvera rapidement lassant. Malgré les prouesses du dénommé Weinstein et de Miramax, qui à force de publicité et de bourrage de cranes avaient déjà fait sacrer Shakespeare in Love et d'autres films du même acabit, The Artist n'est certainement pas le meilleur film de l'année. On lui reconnaîtra le seul mérite d'être finalement moins misérable et plus original que la plupart des derniers lauréats de l'Oscar du meilleur film, et c'est déjà pas si mal.
The Artist de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin, Bérénice Béjo, John Goodman, Penelope Ann Miller, Malcom McDowell et James Cromwell (2011)