Aujourd'hui nous avons le plaisir d'accueillir une invitée exceptionnelle pour nous parler de ce fameux Happy Few, film français sorti l'an passé et qui a pas mal fait causer de lui. Notre hôte vient tout droit de Normandie, elle répond au doux nom de Nônon Cocouan, et voici ce qu'elle pense du film d'Antony Cordier :
C'est chaud patate. Pas dans le sens où ce serait très osé, même si on voit des fesses et des sexes et des seins en veux-tu en voilà, mais parce que c'est bien mauvais. On ne peut que pleurer devant ce que nous inflige Antony Cordier. C'est affligeant de voir des plans aussi mal cadrés. Ça ne doit pourtant pas être trop compliqué de faire un cadre propre, quitte à ce qu'il soit académique et conventionnel. Ben là non : les têtes sont coupées par le bord du cadre, ou bien on voit un morceau de crâne qui dépasse, ou alors un morceau de cheville, enfin c'est du grand n'importe quoi. Et quand ça a l'air pensé, c'est trop (et mal) pensé justement. Par exemple, un petit plan décadré sur un pied qui vient se poser sur une jambe, genre "matez comme ils sont complices mine de rien"... Quand Cordier se lâche et se laisse aller à des petits mouvements, on a droit à la sempiternelle caméra-portée-gerbante, avec des plans toujours cadrés n'importe comment : Cordier est constant dans sa médiocrité. C'est lourd et c'est moche.
Puis les personnages... Il s'agit donc de deux couples (Marina Foïs/Roshdy Zem et Elodie Merguez/Nicolas Dechauvelle) qui se rencontrent et s'apprécient très vite, très très vite, mais ne croyez pas qu'on va avoir droit à des explications ou des réflexions sur le comment du pourquoi de ces affinités électives, ce serait trop demander. Il faudra se contenter d'un plan - hideux, ça va de soi - sur les quatre échauffés du cul assis autour d'une table, sur une terrasse, un beau soir d'été, en train de se fendre la poire sur fond de musique cool. Ils s'entendent donc super bien, si bien qu'ils finissent par s'échanger sexuellement, la femme de l'un couchant avec le mari de l'autre et réciproquement. Cependant, contre toute attente, il ne s'agit pas d'échangisme, Cordier a bien insisté sur ce point en conférence de presse, il est question "d'attirance interdite", de "liberté", de "droit au plaisir trouvé ailleurs". Voyez ?
Marina Foïs a déclaré que Duvauchelle s'était complètement laissé emporter par la scène et qu'il ne jouait plus du tout la comédie à ce moment-là, elle a même ajouté : "Il m'a ruinée mais j'ai kiffé".
Viennent alors toutes les questions métaphysiques que ces relations impliquent, c'est-à-dire : "- A-t-il un plus gros membre que moi? - Non, non, mais il bande plus longtemps"; "Tu crois qu'ils discutent beaucoup les deux autres ? - Je sais pas, défonce-moi plutôt la raie". Oui, évitons de se poser les mêmes questions qu'Antony Cordier... qui sont autant de questions primordiales, de quoi faire cogiter dans les chaumières. Et alors si on prend les scènes de cul, puisque c'est là que tout se joue... Pas une goutte de sensualité, rien que du cul, pas tellement vulgaire (quoique) mais pas artistique non plus. Du cul mal fait quoi, si mal fait qu'on se demande vraiment comment les personnages font pour y trouver leur compte. Et là le choix des actrices n'est pas très judicieux puisqu'on a peut-être les deux corps féminins les plus laids de tout le cinéma français, c'est pas très ragoutant. Non pas qu'il faille nécessairement se la jouer Closer pour éveiller un quelconque instinct animal, mais là il devient difficile de partager les élans sexuels des personnages quand on a affaire à ça, et surtout, surtout surtout, quand ils sont aussi mal filmés.
Puis il y a vraiment des scènes très moches, comme lorsque Zem, rentrant chez lui après une partie de jambe en l'air avec Élodie Merguez, porte ses doigts à son nez pour vérifier... Non en fait on ne veut pas savoir ce qu'il vérifie. Je suppose que ce type de "détail" se veut révélateur d'une vérité réaliste, d'une crudité... un peu comme quand un film montre une fille pissant accroupie dans la nature, comme ça, gratuitement, juste pour rappeler les vrais besoins de la vie. C'est vrai, c'est fort, c'est Saint Yorre. De la merde.
La chose devient gênante quand Duvauchelle, ayant surpris le couple et, par sa présence, interrompu leurs ébats, aide Roshdy Zem à porter sa propre queue pour la ranger dans son falzar...
Il y a en prime tout un tas de petits trucs très agaçants, censés là aussi faire "vrai", notamment dans les dialogues écrits façon "on parle comme dans la vie, on dit des banalités et autres conneries intersidérales comme dans la vie, et c'est très révélateur" (je me souviens d'un dialogue éloquent lorsque Marina Foïs, ou Elodie Bouchez, peu importe, parle à son amant d'un certain type de bonbon : "...mais si, tu sais bien, les crocodiles, les petits bonbons là !"), quand ce n'est pas directement le récit d'une histoire à crever (voir Jean-François Stevenin qui raconte pendant 10 minutes une histoire dont la morale est, je vous le donne en mille : mieux vaut faire n'importe quoi et être libre que rester sage et s'emmerder. Vous noterez la subtilité de la parabole en écoutant son histoire à coucher dehors si vous tombez par hasard sur le film à la TV). Tout ça est largement agrémenté de situations aussi convenues les unes que les autres, comme quand Zem et Merguez écoutent du Piaf avec des petits écouteurs (ils ont un Ipod, ils sont modernes, ils écoutent sur des petits écouteurs, ils sont reliés, ils écoutent du Piaf, ils sont sensibles. Wouah). Et je n'ai même pas parlé de cette scène insondable et interminable où l'un des couples (Duvauchelle et Bouchez, qui travaillent dans un gymnase) fait écouter à l'autre couple, via leurs téléphones portables et peu soucieux de leur facture de mobile, les bruits que font les gymnastes sur les agrès et en sautant sur les tapis de sol, comme pour être en symbiose avec eux, à distance. Et le deuxième couple rend la pareille au premier en leur faisant écouter par mobile interposé une course de F1 à la télé. Faut le vivre ça, faut le vivre !
Photo de la séance de casting : voila ce qui arrive quand on demande au très pragmatique Nicolas Duvauchelle d'interpréter un personnage qui a "la tête dans le cul"
Le film fait de suite penser au Peindre ou faire l'amour des Larrieux, qui montraient avec combien plus de finesse et de sensualité ce que les corps peuvent évoquer comme désir et comme complexité. Pourtant les corps en question n'étaient pas des canons de beauté, mais ils donnaient quand même bien envie d'aller faire un petit tour à la campagne. Car dans les deux films il est question d'une sorte de retour à l'état de nature, même si les aspects de ce retour ne provoquent pas du tout les mêmes sentiments. Pour conclure, on peut spoiler la fin du film et dire qu'il se sabote tout seul. Dans la dernière partie deux des quatre amants découvrent avec horreur et fracas que les deux autres avaient eu une aventure adultérine secrète bien avant les échanges mutuels et consentis du début du film, ce qui fait basculer cette histoire de soi-disant liberté épanouie vers un merdier incestuo-sentimentalo-dramatique encore plus pitoyable.
Happy Few d'Antony Cordier avec Marina Foïs, Roshdy Zem, Nicolas Duvauchelle et Elodie Bouchez (2010)
Article toujours aussi cool, légendes géniales. Les 3 du milieu m'ont fait cracher mon café.
RépondreSupprimerEn plus d'avoir naturellement une housse sur sa teub, Roshdy la range dans son falzar et, j'imagine, dans son gros zlib ? Quel soin délicat apporté à son propre cobra...
RépondreSupprimerCes terribles screencaps nous prouvent que tu as gardé ce film de côté sur ton vieux disque dur depuis que tu l'as vu (à moins que tu l'aies re-dl spécialement pour cela, ce dont tu es capable aussi), en attendant le jour où tu posterais cette critique joliment illustrée.
RépondreSupprimerÇa me fait de la peine pour ton C:.
C'est terrible mais c'est exact. J'ai gardé ce .avi répugnant sur mon ordi depuis des mois uniquement en prévision d'aujourd'hui...
RépondreSupprimerVachement bien le texte, les photos, les légendes ! Marina Foïs est une non-femme.
RépondreSupprimerExcellent, c'est exactement ce que je pense : http://chris666.blogs.allocine.fr/chris666-283776-happy_few.htm
RépondreSupprimerQuelle connerie, ce film !
Pas d'acc encore une fois : je trouve au film une sensualité très moderne là où le film des Larrieu était plan-plan malgré des efforts sur-dimensionnés (comme la bite de Roschdy Zob) cf. l'amour "vu" par un aveugle dans Prendre ou faire l'amour. Dans Happy few, un simple coup de fil (pour rendre compte de ce qu'ils vivent, la course de F1 à la télé, le bruit dans le jardin) vaut tous les coups de bite. C'est beau.
RépondreSupprimerAh oui, pas d'accord du tout pour le coup. Cette scène où Duvauchelle et Bouchez font écouter les bruits du gymnase à l'autre couple en tendant leurs téléphones portables vers les tatamis, et où, réciproquement, Foïs et Zem leur font écouter la course de F1 qu'ils matent à la télé et les bruits du jardin en tenant à leur tour à bout de bras leur nokia pour faire partager leur quotidien merdeux à leurs nouveaux potes de queue, le tout baigné d'une musique romantique et de sourires ultra niais, pour moi c'est le sommet du film en même temps que c'est le comble du ridicule.
RépondreSupprimerMais c'est cool d'avoir un autre point de vue. Si t'as trouvé ça beau, ça justifie peut-être le film.
Ladite scène, je trouve vraiment que c'est le pur moment contemporain et charnel du film. J'ai vu le film suivi d'une discussion avec le réal, j'ai trouvé sa démarche très noble et très sincère dans le paysage morose du cinéma français du milieu.
RépondreSupprimerJ'aime particulièrement son travail sur les acteurs : je n'avais par exemple jamais vu Roschdy Zem dans un tel rôle, il m'a énormément séduit alors que je boude d'habitude ces films affreux avec les têtes d'affiche interchangeables qui rejouent inlassablement le même rôle.
Pourquoi le titre du film est en anglais ? Est-ce que c'est justifié à un moment donné ? Est-ce que l'un des acteurs s'écrie "HAPPY FEEEW !!" ?
RépondreSupprimer(mon respect à celui qui trouve la meuf qui se cache derrière le lien de mon pseudo du premier de mes commentaires)
Il n'y a aucune raison pour que le titre soit en anglais... Encore une lubie d'Antony Cordier juge et flic.
RépondreSupprimerÇa craint
RépondreSupprimerCe qui est le plus bête, c'est que si un film américain arrivait sur nos terres avec un tel titre, il se verrait affublé d'un nouveau titre en français, ou d'un sous-titres explicatif. Genre : "Closer, entre adultes consentants".
J'étais resté assez hermétique face à ce film qui à défaut de se présenter comme une chronique anodine sur le désir et la liberté, n'enchaine que froidement les scène de sexe filmées avec une dureté assez dérangeante (sauf peut-être pour la séquence de la farine) et les mésententes inintéressantes des deux couples... Je ne m'y suis pas du tout retrouvé, tandis que le précédent et premier film du réalisateur, 'Douche froide' m'avait pour le coup assez glacé.
RépondreSupprimerJ'ai quand retenu le passage des portables que vous évoquez dans les commentaires que je trouve pour ma part assez élégant, l'orgie à la farine (la seule sensuelle) mais sinon le reste est très maladroit à mon goût.
La fameuse scène des téléphones portables aurait pu me toucher si elle s'inscrivait dans un autre film, dans lequel les personnages seraient touchants, plus vrais, enfin autre chose que des espèces de boîtes vides et (le comble) complètement désincarnés. Il faudrait peut-être aussi qu'ils fassent écouter autre chose que des bruits de moteurs ou des bruits sourds de chute, enfin je sais pas, quelque chose qui puisse être un tant soit peu poétique ou agréable. En bref je trouve que le contexte est vraiment trop moisi pour que cette scène fonctionne.
RépondreSupprimerCloser est infiniment plus malin que ce navet.
RépondreSupprimerSinon, comme légende de la dernière photo une alternative pourrait être: Nicolas Duvauchelle parviendra-t-il à éviter les grumeaux ?
J'avais été consterné par "Douches froides". Je n'ai donc pas osé voir ce "Happy few". Ces photos me suffisent...
RépondreSupprimerc'est le cul de qui sur la dernière image?
RépondreSupprimer-merci
D’Élodie Bouchez je crois..
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