Léger désaccord sur ce film du côté d'Il a osé, ça parlemente dans les bureaux de la rédac' pour trouver un juste milieu, un angle d'attaque, pour s'accorder sur la ligne éditoriale, tomber sur un compromis satisfaisant pour tous les partis, même si question débat c'est pas non plus l'avant-veille du clasico OM-PSG (d'autant que dans ce cas précis on est tous les deux d'accord à mort, hurlant l'un sur l'autre : "Allez André Pige ! Allez Gignac ! Fais-en une omelette norvégienne de l'autre grand con de suédois !", pas qu'on idolâtre le martégaou qui culmine en moyenne à un but tous les six matches sur ses trois saisons marseillaises mais on reste marseillais de sang ou d'adoption - l'un d'entre nous est lui-même martégaou de souche tandis que l'autre a eu un grand frère nommé Glue3, sosie de Paul Giamatti, qui lui a mis une écharpe bleu phocéen autour du cou à huit ans en lui murmurant à l'oreille sur un ton menaçant et tout en lui faisant un "shampoo" - cette pratique de collégien consistant à frictionner le crâne d'autrui et à offrir une calvitie gratos à des individus de tous âges - quelques paroles dont il ne reste que trois mots : "Marche ou crève").
Mais puisque nous ne sommes pas à la veille d'un clasico, nos discussions restent courtoises quand il s'agit d'échanger sur le cas Damsels in Distress. L'un de nous avoue "ne pas avoir passé un mauvais moment" devant ce film "plutôt original". L'autre avoue "ne pas avoir passé un bon moment" devant ce film "plutôt banal". Mais à l'heure de faire les comptes nous trouvons un point d'accord sur le cas Greta Gerwig, la jeune actrice blonde abonnée au cinéma indé qu'on avait prise en grippe dans Greenberg et qui incarne le premier rôle de ce film, qu'elle porte sur son dos bien droit. Son charme singulier ainsi que son jeu toujours un peu surprenant parviennent à captiver là où Whit Stillman, le réalisateur, échoue à le faire une fois passés les premiers moments du film, prompts à nous laisser circonspects et curieux. A l'évidence nous reverrons Greta Gerwig dans d'autres œuvres du genre, qui sauront peut-être nous réconcilier et nous éviter un premier paragraphe de critique comme celui ci-dessus, susceptible de mettre quelques damoiselles en distress. "Bon moment", "mauvais moment", au final peu importe puisqu'on se rejoint pour affirmer que d'ici au jour où nous posterons la critique (dans 48 heures) nous aurons tout oublié du film et n'aurons plus, de fait, envie de la poster.
Whit Stillman a voulu réinventer la comédie et le rire avec ce film. Il nous aura fait marrer avec ce genre de phrases au moins. Pour ce qui est de nous faire rire ou pleurer avec son scénario mi-figue mi-raisin par contre on est loin du compte. L'histoire est celle d'une bande d'étudiantes dans une université de l'Est des États-Unis qui mènent une action dite de "prévention anti-suicide" sur le campus. Avec un humour noir décalé, des personnages cintrés voire caricaturaux, des dialogues au langage plus soutenu que leur teneur, des plages de musique rétro reliant entre elles la quasi totalité des scènes, de beaux costumes vieillots et de belles lumières ensoleillées, le film raconte les péripéties amoureuses de ces jeunes filles et évoque avec ironie le petit malaise de la jeunesse américaine. Mais au bout d'une heure et quart on se rend compte qu'il ne raconte pas grand chose d'autre, qu'il le fait avec une mise en scène qui n'est pas non plus à grimper au rideau (on se croirait souvent dans une bête série) et que ce ton qui se veut si original est vite la limite du film. Whit Stillman accumule les petites idées (les filles ne supportent pas les odeurs masculines, elles se réconfortent en sniffant du savon, veulent inventer une nouvelle danse pour sauver le monde et préfèrent les débiles un peu moches aux beaux garçons, aux "playboys" comme elles n'arrêtent pas de le répéter, pour pouvoir les aider à progresser et accessoirement pour ne pas être trompées) mais on finit par se demander où tout cela nous mène, et si l'on reste malgré tout devant l'écran avec un maigre espoir dans le potentiel des prochaines minutes du film, on s'ennuie en réalité pendant une heure et demi devant un énième film indépendant américain contemporain ironique, drôlatique, touchant, perché, décoratif, mélancolique et suicidaire.
La séquence finale résume assez bien le problème, où nous est présenté une sorte de clip grotesque sur la fameuse danse nouvelle inventée par Violet (Greta Gerwig donc) et ses amies, la "Sambola" : un mélange de danses anciennes, dont le cha-cha-cha et le tango, qui n'est ni amusante à regarder ni belle (on passera sur la séquence comédie musicale un peu avant la fin du film, en hommage à Fred Astaire et à son film A Damsel in distress (1937), qui nous rappelle que décidément le cinéma américain ne sait plus danser). Comme cette danse, le film fait son marché et pioche ça et là des ingrédients de la comédie et du cinéma indépendant américains, un peu du Trust me de Hal Hartley, un parfum de Woody Allen, quelques touches de Wes Anderson avec ces personnages de mélancoliques loufoques, ces costumes et décors au poil, cette musique vintage et ce ton ironico-décalé permanent qui voudrait quand même aussi nous bouleverser (le beurre et l'argent du beurre), sans oublier un zeste du James L. Brooks de How do you know et ainsi de suite. Reste que le film est moins détestable que beaucoup d'autres dans sa catégorie, mais de là à s'extasier devant ça il y a une marge. On nous a vendu Whit Stillman, qui n'avait rien tourné depuis 14 ans, comme un cinéaste encore méconnu en France et pourtant déjà auteur de trois films remarqués outre-atlantique, mais devant Damsels in Distress on a l'impression de découvrir un premier film et on a comme l'assurance de ne rien avoir raté de primordial avant lui. On s'interrogera par contre sur ce prénom, With. C'est Whit ou With ? Ou tout ? U 2 ? Whit or without U two.
La séquence finale résume assez bien le problème, où nous est présenté une sorte de clip grotesque sur la fameuse danse nouvelle inventée par Violet (Greta Gerwig donc) et ses amies, la "Sambola" : un mélange de danses anciennes, dont le cha-cha-cha et le tango, qui n'est ni amusante à regarder ni belle (on passera sur la séquence comédie musicale un peu avant la fin du film, en hommage à Fred Astaire et à son film A Damsel in distress (1937), qui nous rappelle que décidément le cinéma américain ne sait plus danser). Comme cette danse, le film fait son marché et pioche ça et là des ingrédients de la comédie et du cinéma indépendant américains, un peu du Trust me de Hal Hartley, un parfum de Woody Allen, quelques touches de Wes Anderson avec ces personnages de mélancoliques loufoques, ces costumes et décors au poil, cette musique vintage et ce ton ironico-décalé permanent qui voudrait quand même aussi nous bouleverser (le beurre et l'argent du beurre), sans oublier un zeste du James L. Brooks de How do you know et ainsi de suite. Reste que le film est moins détestable que beaucoup d'autres dans sa catégorie, mais de là à s'extasier devant ça il y a une marge. On nous a vendu Whit Stillman, qui n'avait rien tourné depuis 14 ans, comme un cinéaste encore méconnu en France et pourtant déjà auteur de trois films remarqués outre-atlantique, mais devant Damsels in Distress on a l'impression de découvrir un premier film et on a comme l'assurance de ne rien avoir raté de primordial avant lui. On s'interrogera par contre sur ce prénom, With. C'est Whit ou With ? Ou tout ? U 2 ? Whit or without U two.
Damsels in Distress de Whit (?) Stillman avec Greta Gerwig, Carrie McLemore, Analeigh Tipton et Zach Woods (2012)
"un énième film indépendant américain contemporain ironique, drôlatique, touchant, perché, décoratif, mélancolique et suicidaire."
RépondreSupprimerça, sur d'autres blogs ciné, c'est la critique du film, le reste étant consacré au résumé... :-|
Sauf que sur la grande majorité des blogs ciné que j'ai croisés le film est adoré (avec le plus souvent pour arguments la même suite d'adjectifs).
SupprimerLa critique m'a sans doute bien plus diverti et amusé que vous le film.
RépondreSupprimerWill Smithman
RépondreSupprimerChassez les préjugés et appréciez ce film pour ce qu'il est : une fable honnête, singulière et qui fait véritablement se remettre en question. Je ne reviendrai pas sur ce site.
RépondreSupprimerDonner des leçons sur les préjugés puis affirmer qu'on fout le camp dès que l'autre n'est pas d'accord. Belle leçon de vie Gérard.
SupprimerJe ne partage l'avis d'aucun de vous deux, finalement !
RépondreSupprimerNi diverti ni ennuyé, j'ai trouvé que le film reflétait bien le désespoir profond et systématique de la société hyperoccidentale de l'Amérique contemporaine (et avoir regardé ce film après Batman 3 et Ted n'a fait que clôturer pour moi un triptyque désolant sur ce sujet-là, j'en suis ressorti vidé). J'y ai vu quelques amorces de réflexion (ce qui est bien davantage que ce qu'offrent la majorité des films américains actuels, on se rattrape aux branches qui daignent pousser), notamment sur l'école (avec Thor et son problème de couleurs) avec donc deux ou trois parcelles de dialogues laissant augurer de... mieux, certes, mais au moins l'espoir fait il survivre jusqu'à la Sambola! finale. Le reste du film, de son humour à ses couleurs pastels en passant par l'ensemble ou le quasi-ensemble (à l'excepté peut-être de ce personnage de garçon qui ment sur son identité, Fred) des caractères, insipide, désespérant d'a-sapidité m'a profondément fait mal. Ou ennuyé. Ou énervé. C'est là un mauvais film très bien mené. Bravo, Whit Spirit. Mais file moi des choirmous j'ai la larme au nez.
Je pense qu'au fond, on se rejoint pas mal et qu'on aura tous oublié le film d'ici 1 mois. :-/
SupprimerFélix a tout dit !
SupprimerA l'instant où j'écris ça on est devant. Depuis 30 minutes. Et on se retient de tout couper depuis 26 minutes environ. Je pige pas ce film, certes surprenant dans son ton, mais juste naze quoi, ces personnages sont méga cons, cet humour décalé tombe à plat en permanence, putain c'est rude...
RépondreSupprimerSimon.
Tu m'étonnes ! :)
SupprimerAh, Rémi, t'avais oublié celui-là dans la suite d'adjectifs sur les films US indé : dé-ca-lé.
RépondreSupprimerLisa Fremont.
Tout à fait.
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