Sorti en salles ces jours-ci, le nouvel opus de Bobcat Goldthwait, God Bless America, a totalement anéanti les tout petits espoirs que j'avais placés en cet obscur cinéaste suite au plutôt sympathique World's Greatest Dad,
film qui devait décidément beaucoup, pratiquement tout, à son acteur
principal, Robin Williams. Rien de très engageant à l'affiche de God Bless America,
où l'on retrouve Joel Murray, un acteur inconnu au bataillon qui
pourrait tout à fait incarner Porky Pig sans maquillage, et Tara Lynne
Barr, une adolescente au regard imbécile qui aura tôt fait de vous
énerver. Mais, naïf comme je suis, j'espérais tout de même une comédie satirique capable de me faire rire quelques fois. Hélas, Bobcat Goldthwait m'a
véritablement trahi. Devant les premières minutes de son nouveau film,
dont j'ignorais à peu près tout, j'étais assez surpris et très
satisfait. Nous y suivons Frank (Joel Murray), un pauvre type vivant
seul dans une maison de banlieue qui pète progressivement les plombs
face à la connerie ambiante. Tout ce qui l'entoure et qu'il subit au
quotidien le rend fou : des émissions télé qu'il regarde comme un zombie
affalé sur son canapé, impuissant, aux engueulades de ses voisins qu'il écoute comme fasciné par leur
débilité, en passant par ses collègues de bureau, amorphes et stupides,
dont il suit les conversations idiotes, hébété. On prend alors totalement fait
et cause pour ce personnage dont nous ne comprenons que trop bien
l'exaspération. Un beau matin, Frank finit par vider calmement son sac
face à l'un de ses collègues, dans un monologue tétanisant qui lui fait
perdre son job dans la seconde. Ainsi se termine un premier quart
d'heure sans temps mort et assez savoureux, qui nous invite à penser
qu'on tient là un film lucide et prometteur.
Et puis d'un seul coup, tout s'effondre.
Dans un revirement aussi lamentable que regrettable, le film devient
aussi con que tout ce qu'il prenait soin de dénoncer. Voire plus.
N’ayant plus rien à perdre et apprenant en outre qu'il est atteint d'une
tumeur incurable au cerveau, Frank s'achète un fusil à pompe chez l'épicier
du coin et se met à assassiner méthodiquement toutes les personnes les
plus viles et stupides qu'il croise sur son chemin. Roxy (Tara Lynne Barr),
une lycéenne révoltée, se prend d'admiration pour sa cabale ridicule, et
lui propose son aide. Le duo se lance alors dans une équipée sauvage,
sanglante, grandguignolesque et... interminable ! J'étais sur le cul en
voyant la direction déplorable que prenait le film et j'ai vite coupé court, me
demandant comment on pouvait d'abord pointer du doigt la crétinerie
ambiante, et notamment celle de ces émissions de télé-réalité racoleuses et violentes,
avant de se vautrer complètement dans tous les travers précédemment
dénoncés, en proposant un spectacle d'une connerie à toute épreuve et,
surtout, d'un cynisme vraiment morbide. Affreusement binaire et maladroit, son film apparaît donc au bout du compte comme un pur produit de la société déviante qu'il prétend attaquer. Bobcat Goldthwait se veut tellement trash et subversif qu'il finit par ne rien être du tout et par simplement agacer. Sa démarche idiote et schizophrène rappelle le célèbre dialogue d'Audiard sur cette particularité qui
serait commune à tous les cons. Hasard du calendard, on pense aussi beaucoup au très récent Super, le film signé James Gunn sorti l'an passé, où le porcin Rainn Wilson s'alliait à la concupiscente Ellen Page pour rétablir l'ordre de façon tout aussi radicale dans une Amérique dégénérescente. Nul doute que Tarantino pourrait placer
ces films-là dans son top annuel en vantant leur jusqu'au-boutisme corrosif et tous leurs soi-disant mérites. En
ce qui me concerne, je ne peux que vous déconseiller God Bless America de toutes mes
forces, et noter tout de même que ce film parviendrait presque à faire passer Super pour un chef d'oeuvre du genre, nettement plus recommandable.
God Bless America de Bobcat Goldthwait avec Joel Murray et Tara Lynne Barr (2012)
J'ai vu la bande-annonce, il y a quelques temps au cinéma. Je l'ai trouvé amusante sur un format de 2min, mais j'avais peur que ça soit finalement assez ennuyeux pour un long-métrage.
RépondreSupprimerVous semblez me donner raison.
Oui, au mieux ça aurait pu être un bon court-métrage de 20mn, pas plus !
SupprimerBobcat Goldthwait... mais c'est quoi ce nom??!
RépondreSupprimerOn se le demande !
SupprimerPutain, c'est le réalisateur du Père le Plus Génial de La Terre? Ah oui, même si son précédent film n'avait rien de mirobolant, déception cuisante - je me suis laissé infliger la bande-annonce au cinéma, et bon, bon, no comment. Il y avait des gens qui rigolaient comme des cons autour de moi - de là à les flinguer...
RépondreSupprimerOui c'est bien lui, et j'avais parlé de World's Greatest Dad hier justement : http://ilaose.blogspot.fr/2012/10/worlds-greatest-dad.html
SupprimerCe film n'avait en effet rien de mirobolant, mais je l'avais suffisamment apprécié pour que God Bless America soit du coup une déception cuisante, comme tu dis. :)
je l'ai trouvé excellent...
RépondreSupprimerJ'ai vu, j'ai détesté, j'ai mis aux oubliettes de ma mémoire sélective. Je vous hais.
RépondreSupprimerJe déconseille le film !!
SupprimerJe suis complétement d'accord avec cette critique.
RépondreSupprimerTu viens plus aux soirées..... t'as loupé...
Supprimerlol
SupprimerJ'ai loupé ...???
J'aime bien le fait qu'on lui ajoute une tumeur incurable (et du cerveau si possible) pour mieux expliquer qu'un type puisse se révolter contre le quotidien abruti. Sans la tumeur (du cerveau si possible, histoire que ça altère ses facultés sociétales en même temps que ça lui donne une raison de n'avoir peur de rien), ce serait dangereux de montrer ce genre de réaction violente au public : ça voudrait dire que tout le monde peut en avoir assez ! Avec la tumeur, tout va bien, c'est juste un cas isolé de fou-malade.
RépondreSupprimerLe film est cynique, lâche et hypocrite jusqu'au bout !
Supprimerpas du tout d'accorrrrrrrrrd!!!
RépondreSupprimerN'hésite pas à développer !
SupprimerJe trouve cette critique pedente en fait. Voilà ce qui me gêne. Le film a lui même conscience que cest un film en alternant scène de rêve brutale et sanglante avec une violence plus brute qui se mélange au film donc à la réalité, pas besoin de développer. Cette fresque sans concession pousse juste une idée sur deux axes. Le premier cest celui de la trame narrative avec Frank qui incarne un concept et est mis en circonstance, la deuxième est que le cadre comique sert au message car il permet d'abdapter le format à ceux qui son le véritable objet de la critique: le spectateur. Donc c'est une forme de cohérence narrative je trouve
RépondreSupprimer?!?
RépondreSupprimerÀ tout prendre, mieux vaut être pédant qu'incompréhensible !