On lit un peu partout des gens qui se disent déçus, circonspects, dubitatifs devant le nouveau film d'Alain Resnais. J'avais pour ma part éprouvé ce léger coincement à la découverte des Herbes folles, pour le revoir plusieurs fois ensuite et l'admirer sans limites, mais rien de tel n'a entravé le plaisir qui fut le mien devant Vous n'avez encore rien vu, que je tiens pour l'un des plus grands films d'Alain Resnais (parmi bien d'autres il est vrai). Que nous montre-t-il donc que nous n'ayons pas encore vu ? Un homme téléphone à treize acteurs et actrices pour leur annoncer la mort de leur ami et metteur en scène Antoine D'Anthac (Denis Podalydès) et pour leur demander d'exaucer sa dernière volonté : qu'ils se rendent ensemble dans son domaine. Sabine Azéma, Pierre Arditi, Anne Consigny, Lambert Wilson, Michel Piccoli, Mathieu Amalric, Michel Vuillermoz, Anny Duperey, Hippolyte Girardot, Jean-Noël Brouté, Michel Robin, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc et Gérard Lartigau, qui jouent tous leur propre rôle, se retrouvent donc réunis et accueillis par le majordome d'Antoine (Andrzej Seweryn) chez leur ami défunt, dans une immense et étrange demeure glaciale témoignant d'une folie des grandeurs qui peut évoquer celle de l'aristocrate joué par Ruggero Raimondi dans La vie est un roman. Est ensuite projetée à la troupe endeuillée une vidéo que le metteur en scène enregistra avant sa mort dans laquelle il leur demande de juger pour lui la reprise de sa pièce Eurydice par un jeune collectif théâtral, la Compagnie de la Colombe. Tandis que les treize comédiens, réunis pour une dernière (s)cène, observent la représentation filmée, peu à peu les voilà qui se mettent à répéter les paroles des jeunes acteurs sur l'écran et à jouer les scènes par-dessus celles de la troupe filmée depuis leurs fauteuils. A chacun son rôle, quitte à ce que les principaux soient partagés par deux acteurs ou actrices quand plusieurs d'entre eux les ont interprétés par le passé.
Dans l'immense pièce vide, aussi vide que peut l'être une salle de cinéma avant que le film projeté ne vienne l'habiller, où les convives sont invités à s'asseoir pour admirer la captation théâtrale, il n'y a rien d'autre à faire que jouer et, par là, inventer un monde pour combler ce vide. C'est ce que font sans tarder les treize comédiens dans une mise en abyme qui fonctionne immédiatement et dont la part de jeu, essentielle au cinéma de Resnais (lequel ne se prend jamais au sérieux, comme en atteste par exemple la voix comique de l'annonceur de gare), est délicieusement partagée lorsqu'on voit nos chers acteurs sortir de leur rôle de spectateurs pour répéter avec le sourire un texte qu'ils ont précédemment joué, qu'ils connaissent par cœur et qui les habite. De même qu'Eurydice est fascinée de comprendre que ses mains se rappelleront de tous ses gestes, ses yeux de toutes les choses vues, horribles ou belles, et que la chambre d'hôtel où elle se réfugie avec Orphée se souvient probablement de tous les amants qui s'y sont réfugiés, de même les comédiens sont pénétrés par la somme des rôles qu'ils ont incarnés et de même le cinéma d'Alain Resnais est hanté par tout ce qui l'a composé. La mémoire est un grand sujet chez Resnais, et ce n'est pas un hasard s'il choisit une gare pour décor à la pièce fantasmée par ses acteurs et tapisse un de ses murs d'une affiche d'Hiroshima mon amour, premier film du cinéaste à la fin duquel Emmanuelle Riva, qui y incarnait d'ailleurs une actrice, laissait son amant dans un hall de gare. Quand les mains d'Eurydice et d'Orphée se caressent en gros plan, celles d'Arditi et d'Azéma s'entend, se rappelle à nous l'image des mains caressantes des premiers plans d'Hiroshima mon amour, puis l'une des plus belles scènes de Cœurs, à l'autre extrémité ou presque du cinéma de Resnais, où les mêmes mains des mêmes acteurs se caressaient déjà sous la neige, l'une, celle d'Arditi, noircie et inerte, comme morte, l'autre, celle d'Azéma, bien vivante au contraire et venue ramener son voisin à la vie par un simple contact d'épidermes. Les rôles s'inversent ici puisque c'est Eurydice qui meurt et qu'Orphée va tenter de sauver, mais dans les trois films la réalité est identiquement altérée : les mains sont d'abord couvertes de sueur et de cendres quand les amants du premier chef-d’œuvre évoquent Hiroshima, de neige ensuite, quand il faut parler dans Cœurs de l'hiver de la vie et de la perte de soi, et désormais posées sur un lit imaginaire dans le décor d'une chambre d'hôtel impossible. La fiction, pure projection, est appelée par les mots que prononcent les acteurs, mots conduits par la mémoire de leurs personnages, et fait apparaître un monde sous nos regards et autour d'eux.
Ces apparitions et immersions sont souvent, pour ne pas dire toujours, liées à la mort chez Resnais, au souvenir d'un amour perdu, sujet même du mythe d'Orphée, descendu aux enfers pour retrouver le fantôme d'Eurydice. Comme l'héroïne, dévorée par les souvenirs de son corps, et comme Orphée, obsédé par elle après sa mort, les acteurs iraient tels des fantômes possédés par les rôles successivement investis. A la fin du film, quand les treize comédiens passent, sous le porche du cimetière, devant la jeune actrice de la Compagnie de la Colombe, ils ne la voient pas, pourtant mal cachée qu'elle est, comme s'ils n'étaient eux-mêmes que des morts venus visiter la tombe de leur auteur. On se demande alors si les acteurs ne seraient pas fantômes, expliquant les deux marches consécutives et identiques de Mathieu Amalric vers la sortie de la salle de projection, les corps qui ne s'intègrent pas aux décors imprimés dans leurs dos et les visages qui flottent sur un fond instable, les changements de places intempestifs des personnages dans la salle de cinéma et peut-être, au début du film, les miroirs flous reflétant les silhouettes effacées des acteurs, déconnectées de leurs sujets, filmés de dos au premier plan, lorsque le majordome les convoque au téléphone. Dès lors on peut se demander si le metteur en scène, Antoine D'Anthac, ne part pas se suicider, s'ophéliser, pour rejoindre ses comédiens et jouer encore avec eux, ce qui, connaissant l'amour de Resnais pour ses acteurs, n'aurait rien d'étonnant.
Film sur la mort, sur les fantômes et leur survie, Vous n'avez encore rien vu semble parcouru de spectres à chaque seconde avec ces permanentes et ondoyantes volutes de fumées de cigares et de cigarettes, ces lumières lunaires éclairant les chevelures depuis l'arrière (comme dans une salle de cinéma), ces corps qui disparaissent en fondus enchaînés, ces flous sublimes sur les visages plus beaux que jamais d'Orphé-Wilson-Arditi et d'Eurydice-Azéma-Consigny, ou encore ce train-fantôme archaïque et sa lourde fumée noire qui ne cessent de balayer l'arrière-plan, à l'image, dans le film dans le film (réalisé par Bruno Podalydès), du pendule gigantesque et venu de nulle part qui se balance de part et d'autre de la scène, idée de théâtre transformée en idée de cinéma par le génie du montage d'Alain Resnais qui, naviguant entre théâtre et film, ou plus vraisemblablement entre deux films se faisant face, s'en sert comme d'un balancier, d'un pont menant d'un film à l'autre, d'une séquence à l'autre (comme la pieuvre étrange d'On connaît la chanson), quand l'énorme et silencieuse boule jaune passe régulièrement dans le fond du plan du "film de Podalydès", derrière l'homme de chambre, à chaque fois qu'il apparaît pour s'adresser à Pierre Arditi sis quant à lui dans le "film de Resnais".
Avant de faire renaître le souvenir d'Hiroshima mon amour, de Cœurs ou d'autres étapes charnières de la carrière d'Alain Resnais, le film fait évidemment écho à Smoking/No Smoking, dont il est le miroir inversé. Au lieu de deux comédiens chargés d'incarner plusieurs personnages, ce sont ici deux personnages qui sont interprétés par plusieurs comédiens, et le tour de passe passe est encore plus admirable, les basculements au détour d'un faux-raccord plus saisissants et les confrontations au gré de split-screen pour le moins envoûtantes. On pense beaucoup, proximité des sorties oblige mais pas seulement, à Holy Motors devant cet énième chef-d’œuvre de la carrière d'Alain Resnais. Monsieur Oscar, le comédien interprété par Denis Lavant dans le film de Carax, avait à charge de prêter ses traits plus ou moins maquillés à onze personnages, tendant plutôt de fait vers les comédiens de Smoking/No Smoking. Mais c'était lui aussi un homme habité par ses rôles, fatigué même de les camper, confondu avec eux au point de ne jamais cesser de les habiter, même avant et après sa journée, ou plutôt sa tournée, de travail. Il n'est finalement pas si étonnant, comme l'a très justement relevé Joachim Lepastier des Cahiers du cinéma, que l'on retrouve sur l'affiche du film de Resnais une figure quasi identique à celle de Leos Carax en personne dans la séquence d'introduction de son dernier grand œuvre. Nos cinéastes rendent la même année un hommage aux corps, aux acteurs et au cinéma en ouvrant tous deux leurs films par une mise en abyme invitant le spectateur que nous sommes à entrer dans le cinéma par les acteurs, et à l'habiter consciencieusement sans pourtant nier la part de rêve, de poésie et de merveilleux qu'il y a à le faire.
Dans les deux films, la métadiscursivité, vertigineuse, passe après un abandon total à la bricole du cinéma et aux miracles qui en naissent. Carax et Resnais parlent aussi conjointement et quoique de façons très différentes du cinéma de leur temps, au présent, tout en se nourrissant sans faire de mystère du cinéma qui les y a menés (y compris sur le plan technique, quand Resnais utilise de bon vieux intertitres ou quelques fermetures à l'iris). Après les appropriations par Carax de la motion capture, des images de synthèse ou du datamoshing, Resnais, qui tourne également en numérique, donne enfin une profondeur, pour le coup abyssale, au concept très en vogue du remake avec ses acteurs rejouant une histoire déjà mille fois jouée quand ils la voient jouée par d'autres, dans deux films identiques et différents se répondant l'un à l'autre, et surtout il utilise à sa façon le tournage sur fond vert en n'hésitant pas (on a rarement vu Resnais hésiter me direz-vous) à créer un décalage visible, volontairement grossier, entre les corps des acteurs et le décor numérique sur lequel ils s'impriment pour non seulement accentuer le factice de leurs jeux de rôles, leur dimension fantomatique, mais aussi créer des images, des espaces, des apparitions comme on n'en a jamais vues ailleurs avant (non, nous n'avions encore rien vu, il reste encore tant à voir), et qui participent à l'élaboration d'un monde fictif où les corps sont incroyablement vivants : fascinante impression de voir pour la première fois Sabine Azéma, Pierre Arditi (et ce n'était pas une mince affaire), Lambert Wilson ou Anne Consigny, de les voir vraiment, qu'ils crient, se débattent, se caressent ou s'immobilisent, nous les voyons enfin.
C'est un peu triste à dire mais il faudrait décidément aller au cinéma armé de boules Quies à s'enfoncer dans les oreilles dès le générique de fin terminé (pas avant, car Frank Sinatra chantant ses belles années et sa vieillesse nouvelle ne s'interrompent pas) et dès la lumière rallumée pour ne les retirer que le coin de la rue tourné. Passent ceux qui se réveillent, ceux qui soufflent, ceux qui râlent, ceux qui font la grimace, mais celle qui, assise derrière moi, s'est levée difficilement en lançant vers ses tristes voisines et dans une moue dégoûtée : "C'est vraiment du théâtre filmé...", celle-là milite pour le port de boules Quies obligatoire. Si le film de Resnais est adapté de deux pièces de Jean Anouilh, s'il se nourrit d'art dramatique et s'il se termine presque sur la façade d'un théâtre (ce serait sans compter sur un dernier plan furtif et sublime qui nous montre des fantômes d'amants dans un bois, image que l'on croit avoir rêvée, apparition qui nous renvoie vers ce qui s'est fait de plus beau, de plus puissant et de plus poétique au cinéma ces dernières années, vers Oncle Boonmee ou vers L’Étrange affaire Angelica), c'est certainement l'un des films les plus cinématographiés de l'année, et de toute évidence l'un des plus beaux films de son infiniment grand auteur. Vous n'avez encore rien vu montre des acteurs habités par leurs personnages et nous laisse pour longtemps habités par lui.
Vous n'avez encore rien vu d'Alain Resnais avec Pierre Arditi, Sabine Azéma, Lambert Wilson, Anne Consigny, Denis Podalydès, Mathieu Amalric, Anny Duperey, Michel Vuillermoz, Michel Piccoli et Hippolyte Girardot (2012)
Je fais partie des déçus, notamment à cause d'Azema et Consigny que j'ai trouvées très mauvaises. Et puisque tu compares le roi de la branlette Carax à l'immense Resnais, il est de mon devoir de préciser que Resnais est l'exact opposé de l'autre, parce que lui ne se mettrait jamais en scène pour introduire son film.
RépondreSupprimerJe trouve que Holy Motors et Vous n'avez encore rien vu ont de nombreux points communs et je n'ai pour ainsi dire cessé de penser à l'un en voyant l'autre. Je ne dirais pas pour autant que Resnais fait du Carax ou vice versa, et les deux films sont évidemment extrêmement différents malgré tout.
SupprimerJ'ai personnellement trouvé Sabine Azéma admirable, comme souvent, et Anne Consigny, dont je ne goûte pas tellement les performances d'habitude, m'a ici paru excellente.
Je suis d'accord sur Azéma (au top) et Consigny (mieux que d'hab même si je trouve toujours son élocution "empêchée" et ça me gène un peu).
SupprimerSalut les gars, je me délecte de vos critiques incendiaires, mais votre grand talent, c'est aussi de savoir aimer des films, et aimer des films qui n sont pas si facilement aimable.
RépondreSupprimerMerci Nikola :)
SupprimerToujours les mêmes acteurs à la con, toujours les même films sans intérêt.
RépondreSupprimerOn peut en avoir marre de croiser les mêmes acteurs, mais trouver ce(s) film(s) sans intérêt, non !
SupprimerJe fais également partie des déçues (et comment !) par ce film, le plus mauvais de son (grand) auteur depuis Pas Sur La Bouche... L'intense folie créatrice et géniale de Marienbad et d'Hiroshima sont tellement loin...
RépondreSupprimerPas sur la bouche est effectivement le moins bon film de Resnais que j'ai vu. Pour le reste nous ne sommes pas d'accord.
SupprimerVous navet encore rien vu...
RépondreSupprimerC'est bien envoyé y'a pas à dire !
SupprimerQuel ennui ce film.....................
RépondreSupprimerça ne m'étonne pas que tu aies apprécié cette horreur.
Je me sens un peu moins seul : merci Rémi :)
RépondreSupprimerJe te retourne le merci du coup :)
SupprimerJ't'en foutrais de la métadiscurvité ! Déçu par le film et déçu que tu es pu succomber à ce truc momifié face auquel ta verve vengeresse aurait alors brillé… C'est la vie (avec accent anglais), alors je me plie.
RépondreSupprimerDésolé... Ceci dit même si je n'avais pas aimé ce film que tu dis momifié et que je trouve d'une rare vitalité, jamais ma supposée "verve vengeresse" ne se serait abattue sur Resnais comme elle peut s'abattre sur d'autres :)
SupprimerTu veux dire que Resnais est un intouchable pour toi ? Que même s'il fait une merde, tu seras bassement magnanime ? :)
SupprimerIntouchable non. Si je devais parler de "I Want to go home" ou de "Pas sur la bouche", je n'en ferais certainement pas l'éloge (deux films juste très moyens sur la vingtaine de Resnais que j'ai vus, ça retient les coups faut avouer). Bassement magnanime non plus, du moins je l'espère, ou alors ce serait inconscient, mais comment être "revenchard" à l'encontre d'un cinéaste pareil, auteur de tant de merveilles et dont la filmographie compte si peu de films même pas médiocres, seulement moins bons...
SupprimerT'as des close-up de la 2ème et 4ème tof sur les gambas et le décolbard de Consigny ? Des petits close-up en HQ ?
RépondreSupprimer+1
Supprimer+2 du coup, 2 close-ups en very HQ, svp.
Ouais bon, je veux pas faire mon obsédé, mais faut avouer que Consigny est absolument la MILF qui tue dans ce film. Ah, Resnais, sacré sacripant. Big up à la costumière.
SupprimerBordel, j'avais écris un long com et il adisparu à cause de ce putain de Mac de merde et son interface avec glissades à la con !! ARGHHH
RépondreSupprimerPour faire court, j'adore Resnais, mais celui-là me semble mineur. Le système tourne un peu à vide quand même, malgré quelques idées génales qui produisent des effets très beaux. Fin foireuse, pas d'autre mot. Azéma, que j'aime beaucoup, me pose un vrai problème pour la première fois, là elle est mauvaise mauvaise, hystérique, en surrégime, à côté. Et comme Resnais délaisse Consigny/Wilson au profit d'Azéma/Arditi, parfois je sors carrément du film à cause de son jeu pas possible. Consigny est beaucoup mieux, même si faut quand même reconnaître qu'elle fait un peu toujours la même chose, ce côté torturé souffreteux. J'aime beaucoup Amalric, formidable en Charon sarcastique, Piccoli, toujours un immense plaisir de le voir, et Arditi, qui porte quand même Azéma sur son dos et malgré ça fait fonctionner *la* scène du film, la rend aussi belle qu'elle doit l'être. Donc en demi-teinte. J'aime globalement le film, mais très clairement dans le dernier tiers des films de Resnais que j'ai vu. Et je comprends tout à fait qu'on puisse le rejetter en bloc, car ça tient quand même beaucoup sur un système clos. (je n'avais pas aimé "Pas sur la bouche", le seul Resnais qui m'a récemment très déçu)
La Piel que habito, Hong Sang-soo, Vous n'avez encore rien vu : je crois que nous ne sommes d'accord sur rien N°6, mais c'est pas grave :)
SupprimerOn est d'accord sur Yvan Attal et Maïwenn.;)
Supprimer(non mais j'aime plutôt bien le film malgré tout, mais je trouve qu'il est bancal)
C'est déjà pas si mal tu me diras :)
Supprimer(Voilà qui me rassure un peu)
Je suis d'accord aevc (N°6) pour dire qu'Arditi est loin au-dessus de la performance d'Azéma (que j'ai pourtant aimée). Arditi est "into space" dans ce film. Il est way over the top.
SupprimerPlutôt que de vous caresser sur cette énième adaptation d'"Une famille formidable", allez plutôt mater "La cabane dans les bois" ! Je dis pas que vous allez méga kiffer mais je pense que ça peut vous plaire.
RépondreSupprimerT'es sérieux ?
SupprimerJe n'ai pas du tout aimé "La Cabane dans les bois", que j'ai pourtant lancé avec espoir et envie. J'expliquerai pourquoi dans un futur article. :(
SupprimerJ'attends de lire ça ! Pour moi ses seuls vrais gros défauts est que 1) Les effets spéciaux sont moches et 2) ce film joue trop le malin. Genre il te regarde en coin à chaque scène, l'air de dire "T'as vu ce que je suis en train de faire là ?"
RépondreSupprimer(Pour le Resnais je l'ai pas vu mais Pierre Arditi merde ! De ce gars j'ai vu que "On connait la chanson" que j'essaie d'oublier, chaque jour que Dieu fait)
De ce gars tu veux dire d'Arditi ou de Resnais ? C'est pourtant un très fameux film "On connaît la chanson".
SupprimerResnais. Moi je trouve qu'il est tout caca ce film. Mais je crois qu'on peut pas s'entendre sur le cinéma "d'auteur" français :(
SupprimerHeureusement il y a tout le reste !
En tout cas tente quand même un jour ou l'autre AU MOINS "Hiroshima mon amour" :)
SupprimerLa dernière fois que vous m'avez soutenu mordicus d'aller voir un film c'était "Copie conforme" ! Mais j'irai quand même voir "Hiroshima mon amour" car je vous aime !
SupprimerMais t'es un grand malade aussi dans ton genre. Vois "Hiroshima mon amour" et si tu n'aimes pas alors on pourra dire qu'on n'est vraiment pas potes de cinéma français.
SupprimerCe qui n'est pas grave en soi ! J'aime pas l'Olympique de Marseille non plus !
RépondreSupprimerL'OM c'est moins grave oui, on s'en tape même totalement, mais ne pas aimer Resnais ou Kiarostami, ça c'est grave ! :)
Supprimer(je clique jamais sur le bon "répondre" ! J'suis comme Mathieu Val Kilmer Bueno face aux buts !)
SupprimerJe n'ai encore rien vu... et je n'en ai rien à foutre !
RépondreSupprimerUn très beau film, magnifiquement écrit, avec des aspects oniriques et fantastiques délectables.
RépondreSupprimerIl faut vraiment que les gens aient de la merde dans les yeux pour ne pas aimer cette oeuvre.
Que je te comprends...
SupprimerJ'en sors, magnifique critique Rémi, une de tes plus belles. Si le film est admirable, je ne partage pas totalement ton enthousiasme à toute épreuve, car parfois le dispositif m'a un peu laissé de côté, un peu rebuté. C'est vertigineux, hyper intelligent, il y a des trouées d'émotion très belles, mais aussi des moments où je me suis un peu ennuyé, où je me suis dit "ah là oui mais non". Dans le jeu de certains notamment, dans certains partis pris de ton. Pas beaucoup hein, et ce ne sont pas forcément des défauts, juste des choses qui ont suffisamment joué sur ma perception pour que je n'aime pas le film sans réserves, au point de le mettre tout en haut de mes Resnais préférés, et de mon top de l'année ! Mais encore une fois bravo pour ton très beau papelard. :)
RépondreSupprimerPour être un peu plus précis avec le recul : l'idée, les dizaines d'idées, les inventions narratives, de cadrage, de montage, d'effets spéciaux, de décor, les jeux de miroir, de répétition, au sein du film et avec les autres films de Resnais, ce que dégagent les comédiens dans leur majorité, j'ai beaucoup aimé tout ça. Mais j'aime beaucoup moins certaines choses, par exemple les scènes correspondant à la reprise d'Eurydice par la jeune troupe, beaucoup moins intéressantes formellement et moins bien jouées (c'est très probablement volontaire, mais quand même ça m'a gêné).
RépondreSupprimerComme certains j'ai aussi été décontenancé et souvent agacé par le jeu d'Azéma. Avec elle c'est quitte ou double : c'est soit formidable, pétillant, drôle et émouvant tout à la fois, soit c'est à côté de la plaque. Là j'ai trouvé que c'était le cas, en tous cas que son jeu (s'il apporte au film une certaine légèreté, et participe au fait qu'il ne se prend pas au sérieux comme tu le soulignes Rémi) me faisait sortir de l'émotion d'Eurydice et du film.
Sinon je confirme Consigny en milf ultime.
Merci d'expliquer ton ressenti. Je suis quand même heureux et rassuré que tu aies globalement aimé le film (on reste peu nombreux...). J'ai pour ma part apprécié le décalage entre la pièce "de Resnais" et celle "de Bruno Podalydès", en effet plus brouillonne et moins bien jouée, je trouve que ce décalage participe à aérer le film, à l'ouvrir et à le rendre multiple. Quant au jeu d'Azéma je l'ai de mon côté trouvé assez parfait, mais tu n'es pas le seul à faire cette remarque et je porterai mon attention là-dessus en revoyant le film pour confirmer ou non.
SupprimerEn fait je comprends fort bien les critiques du jeu d'Azéma. Moi aussi je la trouve "un peu too much" mais en fait, ça n'est pas Eurydice qu'elle joue. Ca n'est pas un personnage écrit pour elle par Resnais non plus. Elle joue Sabine Azéma. Je crois qu'elle la joue on ne peut mieux.
SupprimerTiens je viens de repenser à un aspect du film qui m'a gêné : la musique de Mark Snow, très présente et kitsch à souhait. Un autre élément qui participe à désamorcer le sérieux du film, à le doter d'une étrange artificialité, d'un ton limite potache qui, si je le comprends, m'a un peu éjecté de l'émotion du film par moments.
RépondreSupprimerUn autre élément qu'il faudra que je prenne en compte la prochaine fois car je n'y ai pas fait tellement attention la première, preuve en tout cas que ça ne m'a personnellement pas du tout gêné.
SupprimerJe n'ai lu que le premier paragraphe pour me teaser, et là je suis teasé à mort. Je suis content qu'Andrzej Seweryn joue là-dedans d'ailleurs. Je l'ai toujours bien aimé depuis son Robespierre de 1989. Je vais le voir demain soir !
RépondreSupprimerJ'ai hâte de connaître ton avis ! J'espère que tu aimeras.
SupprimerJe répondrai en détail à cet article quand Andrzej Seweryn (qui joue dans ce film les rôles de Claude Rich ET André Dussolier avec beaucoup plus d'élégance et pour un salaire bien moindre) sera tagué !
RépondreSupprimerSimple manque de place. Blogspot ne permet qu'un nombre limité de tags... et Andrzej Seweryn n'étant pas parmi les nombreux acteurs "principaux"... :/
SupprimerOn le voit plus à l'écran que Michel Vuillermoz ! Mais je pige. T'aimes pas les pollacks. OOOOOK.
SupprimerEn plus je l'ai trouvé particulièrement bon dans son rôle. Je trouve qu'il a un charisme fou.
SupprimerBel article en tout cas, très bien écrit et joliment amoureux.
RépondreSupprimerJ'ai moi-même beaucoup aimé le film, où j'ai trouvé une poésie nécessaire (portée par pas mal de films depuis quelques mois et c'est important), et un génie de mise en scène assez éclatant.
J'aime, comme tu dis, que Resnais ne se laisse jamais aller à trop de sérieux (ce que doivent lui reprocher ceux qui ne le regardent pas, ne l'écoutent pas, ceux qui déplorent le "cinéma d'auteur" ou le "théâtre filmé"), et ça se retrouve dans le garçon de café, dans la voix du chef de gare, dans certains personnages tout entiers (Girardot, le couple des parents) et jusque dans la musique, au début et à la fin du film (le compositeur pour le film est Mark Snow, le mec réputé pour avoir composé la musique de la série X-Files avec ses synthés tous dégueux, et là en parfait décalage de prime abord, tout à fait dans le ton, en fait). Même la répétition de plans et de situations a quelque chose de comique (l'arrivée de chaque acteur dans la maison, sous des bourrasques de vent, et Marcellin qui se recoiffe à chaque fois). On a ri plusieurs fois durant ce film traitant de la mort - je doute qu'Amour produise le même effet sur nous.
Et à la fois on n'a pas eu besoin de pleurer, parce que c'est beau de voir un couple s'aimer (j'ai aussi tiqué sur le plan des mains d'Arzéma, comme si je les regardais pour la première fois, ces mains, et comme si eux, ces deux acteurs, se regardaient avec des yeux neufs), de voir l'amour transcender la mort et la réputation.
Mais ce qui est beau aussi, c'est de voir la création, c'est à dire l'art, en mouvement. Le parallèle entre les jeunes gens (contrairement aux Cahiers, j'ai trouvé la pièce tournée par Podalydès très réussie) et les fantômes, la mise en scène totale et métadiscursive en action, quelle expérience ! Ca vaut mille et un cinémax du Futuroscope, on voit ça en trois dimensions (avec ces fonds verts), et même en quatre (notre salle de cinéma, la leur, la scène du théâtre, les fonds verts)...
C'est tout de même merveilleux de trouver dans ce film un fil d'ariane nous ramenant à Holy Motors, lequel nous ramenait à Cosmopolis, comme si une farandole cinématographique (re)faisait du septième art une histoire, que l'on prolonge, qui nous aide, de bout en bout, à comprendre ce qu'elle est et ce que nous sommes.
Un autre grand film en 2012, la liste commence à être longue.
Nous nous rejoignons totalement, sur tout. Et tu as une belle façon d'en parler. Immense film.
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