Les tout premiers plans du film laissent quelque espoir, où l'on voit Mia Wasikowska parcourir la lande anglaise sombre et brune étendue à perte de vue dans ce qui semble lui imposer un effort surhumain, mais l'espoir fout le camp aussitôt la jeune fille entrée dans une maison pour y trouver refuge, quand la mise en scène redevient celle de tant d'autres films académiques, plats et laids. L'introduction était non seulement assez belle mais programmatique puisqu'après elle le spectateur traversera le film telle une morne plaine et avec toutes les peines du monde, mis à l'épreuve par un réalisateur américain médaillé d'or olympique d'apnée cinématographique. A partir de là je n'ai cessé durant trois quarts d'heures de manipuler mes télécommandes, celle de ma télévision et celle de mon lecteur dvd (je n'ai pas vu le film en salle, fouettez-moi), pour tâcher de désuniformiser un peu cette suite d'images mornes et grises, de transmettre quelque inspiration au directeur de la photographie en faisant varier la luminosité, la balance des couleurs ou le contraste dynamique de mon écran, pour enfin insuffler de la vie dans cette œuvre résolument morte.
J'ai abandonné le film au bout de 55 minutes et je pense que c'est à peu près là que ça commençait, après la rencontre entre Wasikowska et Fassbender, juste avant qu'ils ne commencent peut-être à batifoler dans l'herbe, à nouer quelques sentiments au milieu d'enfants rouquins et sous le regard d'une gouvernante grabataire ancien maton en zonzon. Pas de quoi se réveiller la nuit non plus donc. C'est une erreur que de faire démarrer un film en son milieu notez bien, après une heure de supplice, surtout quand ledit démarrage reste sur la lancée grisâtre et mortelle de son interminable introduction. Comparer comme certains l'ont fait ce Jane Eyre empesé et maladif au Bright Star de Jane Campion, film coloré s'il en est, aérien, insaisissable, emporté par sa poésie et regorgeant de vie, est une folie. Ce film donne seulement envie de revoir celui de Campion comme on prend son pouls après un malaise vagal, et aussi, pour les plus téméraires, de regarder la version de Franco Zeffirelli, mais à condition de garder le visage de Mia Wasikowska en mémoire pour remplacer celui de Charlotte Gainsbourg dans l'image. L'italien ne s'y était pas trompé en engageant Gainsbarre, qui était à moitié anglaise et possédait une belle tête de choux, vu que Jane Eyre était décrite dans le roman de Charlotte Brontë comme "une fille pas très jojo". Cary Fukushima quant à lui a tout misé sur un couple d'acteurs attractifs, mais il a oublié de les éclairer de telle façon qu'on ne les confonde pas avec le fond de l'image, ces ciels et ces tapisseries vert-de-gris so british qui pousseraient un nouveau champion olympique à se défenestrer.
Pas si étonnant que le film ressemble à tant d'autres quand son réalisateur lui-même correspond de pied en cap au portrait robot d'un milliard de ses semblables. On peut aussi constater sur ce cliché que Cary Fukanaga aime porter les mêmes vêtements rongés par les mites que les acteurs de son film historique et que, comme l'image de son long métrage, d'une pâleur morbide, il aurait besoin de prendre quelques couleurs.
J'ai abandonné le film au bout de 55 minutes et je pense que c'est à peu près là que ça commençait, après la rencontre entre Wasikowska et Fassbender, juste avant qu'ils ne commencent peut-être à batifoler dans l'herbe, à nouer quelques sentiments au milieu d'enfants rouquins et sous le regard d'une gouvernante grabataire ancien maton en zonzon. Pas de quoi se réveiller la nuit non plus donc. C'est une erreur que de faire démarrer un film en son milieu notez bien, après une heure de supplice, surtout quand ledit démarrage reste sur la lancée grisâtre et mortelle de son interminable introduction. Comparer comme certains l'ont fait ce Jane Eyre empesé et maladif au Bright Star de Jane Campion, film coloré s'il en est, aérien, insaisissable, emporté par sa poésie et regorgeant de vie, est une folie. Ce film donne seulement envie de revoir celui de Campion comme on prend son pouls après un malaise vagal, et aussi, pour les plus téméraires, de regarder la version de Franco Zeffirelli, mais à condition de garder le visage de Mia Wasikowska en mémoire pour remplacer celui de Charlotte Gainsbourg dans l'image. L'italien ne s'y était pas trompé en engageant Gainsbarre, qui était à moitié anglaise et possédait une belle tête de choux, vu que Jane Eyre était décrite dans le roman de Charlotte Brontë comme "une fille pas très jojo". Cary Fukushima quant à lui a tout misé sur un couple d'acteurs attractifs, mais il a oublié de les éclairer de telle façon qu'on ne les confonde pas avec le fond de l'image, ces ciels et ces tapisseries vert-de-gris so british qui pousseraient un nouveau champion olympique à se défenestrer.
Jane Eyre de Cary Fukunaga avec Mia Wasikowska, Michael Fassbender et Jamie Bell (2012)
A la fois le visage de Mia Wasikowska, il me déprime pas mal aussi. Joli hein, mais assez déprimant et ça m'étonne pas qu'il se fonde idéalement dans un ciel grisâtre ou un mur de taule.
RépondreSupprimerJe peux comprendre, mais je garde une tendresse pour elle depuis Restless (et même depuis Alice au pays des merveilles, film insupportable dans lequel elle parvenait à tirer son épingle du jeu).
SupprimerThat being said, le roman de Brontë est cafardeux, ennuyeux et morne, donc c'est peut-être une super adaptation en fait :D
RépondreSupprimerPas faux ! Mais je n'ai pas plus envie de lire ça que de le voir...
SupprimerJ'ai beaucoup aimé la version avec Gainsbourg, du coup celle-là me fait pas du tout envie, surtout après avoir lu cet article ! La beauté n'a jamais remplacé le talent...
RépondreSupprimerJe serais curieux de voir la version de Zeffirelli, dont j'avais adoré le Roméo et Juliette avec la sublime Olivia Hussey.
SupprimerDe son Jane Eyre je n'ai vu que la scène de rencontre entre l'héroïne et Edward Rochester, où ce dernier est à cheval et tombe en découvrant la jeune femme. Cette seule scène est meilleure que tout ce que j'ai vu dans le film de Fukanaga, qui a essayé de la rendre plus puissante (dans le Zeffirelli le cavalier voit Jane apparaître sur le chemin, la fixe du regard et tombe de cheval ; dans le Fukanaga la caméra filme Wasikowska en gros plan, elle se retourne et tout d'un coup on voit le cheval sorti de nulle part qui se cabre derrière elle puis Fassbender qui en tombe, si bien que l'apparition concerne plus Rochester que Jane Eyre) mais échoue terriblement : on retient plus le grand n'importe quoi de ce cheval qui débarque au grand galop dans le dos de la jeune femme qui ne l'a pas entendu venir et que le cavalier n'a lui-même pas vue, que l'épiphanie supposée "renversante" de la rencontre.
C'est vrai que cette scène-là est très belle, comme tout le film en fait. C'est délicat, l'ambiance réussit à être douce et angoissante en même temps. Les acteurs sont bons, et très bien mis en valeur par la lumière, les cadre etc. Il ressort une telle émotion de ce film que je ne peux que le conseiller, malgré le côté désuet de l'histoire.
SupprimerTu sais donner envie :)
SupprimerMerci :) ! Plutôt sympa comme compliment de la part d'un critique ciné *-*
SupprimerUn réalisateur qui pense autant à son look (pourtant tout à fait basique, comme tu le dis) et qui rêve d'être un boloss (ça se voit !), je trouve toujours ça un peu douteux...
RépondreSupprimerTu seras général un jour Bouba !
SupprimerJ'ai trouvé ce film d'une platitude absolue, multipliant les pires poncifs pseudo-romantiques dans une sorte d'imagerie dépourvue de tout souffle et de toute ambiguité. Un contresens total sur l'oeuvre de C. Brontë
RépondreSupprimerPareil, mais je n'ai pas vu le film ni lu le livre de Bronté.
SupprimerJe ne comprends pas comment on peut critiquer un film sans 1) l'avoir vu dans son entièreté 2) sans l'avoir vu en salle mais dans sa télé !!!
RépondreSupprimerJe ne comprends pas non plus pourquoi le comparer à "bright star", tout entier centré sur la poésie de Keats.
Ce film donne à voir des paysages proprement *extraordinaires*, et tout cet espace autour des personnages leur confère une dimension métaphysique. Tout cela dans un anglais subtil (il faut le voir en VO !)et une atmosphère lugubre, oppressante, et pour le moins dépaysante.
Je vois le film comme un conte, où le temps qui passe, l'attente,l'expectative sont fort bien saisis filmiquement.
Ma seule réserve : une musique proprement insupportable, surlignante, des violons des violons des violons à n'en plus pouvoir. J'aimerais bien le revoir sans la musique.
mate-le sans le son!
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