26 août 2012

Vertige

Je souffre de vertige. Passé 500 mètres d'altitude, je suis une sous-merde. J’ai pourtant réussi à voir ce film en entier, en étant très à l’aise du début à la fin. C’est dire si le premier long-métrage d’Abel Ferry est réussi et atteint son but... Et pourtant, on a là affaire à un film d’horreur français qui a connu une assez belle destinée, pas autant que le Haute Tension d'Alexandre Aja, certes, mais quand même. Ce film s'est fait remarquer à divers festivals et a même récolté quelques très bonnes critiques à sa sortie en salles. En France et à l'étranger, Vertige a su contenter un certain nombre d'amateurs de survival, ces films où des abrutis de citadins se retrouvent paumés à la campagne et doivent sympathiser de gré ou de force avec l'autochtone, souvent dépeint comme un arriéré mental physiquement mal formé.



Mais laissons de côté le film à proprement parler, que j'ai trouvé pour ma part très mauvais et dont je me souviens déjà fort mal. A mon sens, si Vertige a connu une telle carrière et a su se faire remarquer, c'est surtout à cause d'une chose plus terre-à-terre qui ne doit rien au talent présumé d'Abel Ferry. Je veux bien entendu parler du t-shirt de l'actrice Fanny Valette. Un débardeur tout ce qu'il y a de plus basique, qui débute le film dans une couleur blanche immaculée et qui, évidemment, le termine dans un tout autre état, un peu à la manière du fameux marcel arboré par John McClane dans Piège de Cristal. Un vêtement rudimentaire qui, disons-le tout net, épouse idéalement les formes de la demoiselle et qui représente le seul point fort de ce film. D'ailleurs, les as du marketing anglophones ne s'y sont pas trompés : en anglais, le titre du film est devenu High Lane, soit, littéralement, "Haute Couture".



Le travail réalisé par Abel Ferry autour de ce débardeur à 5€99 chez H&M n'est tout de même pas à fouler du pied. Le jeune cinéaste natif de Bonneville (Haute-Savoie) profite assez audacieusement de la situation et ne se gêne pas pour filmer en plongée le relief agréable de son actrice. Des plans eux-mêmes rendus possibles et légitimes par le relief remarquable du lieu où se déroule une grande partie de l'action du film, une via ferrata qui pose bien des problèmes aux apprentis escaladeurs en vacances, personnages sans relief de ce film d'horreur médiocre qui, après le franchissement de cette paroi dangereuse, se vautre dans tous les clichés les plus barbants du survival horror. La réalisation d'Abel Ferry flirte avec le voyeurisme déplacé. Le metteur en scène devait redouter la grosse baffe dans la tronche à chaque visionnage des rushs aux côtés de sa vedette. Fanny Valette aurait pu se sentir dangereusement épiée du poitrail et commettre un acte d'auto-défense tout à fait justifié. Heureusement, il n'en a rien été, bien au contraire. Très récemment, la jeune comédienne, non mécontente de l’effet provoqué à échelle mondiale par sa tenue mettant si bien en valeur sa poitrine resplendissante et plutôt fière du mythe qui s’est développé autour de celle-ci, a déclaré lors d’une interview accordée à un journaliste intrépide : « C’était l’été, j’étais entourée de types morts de aimf et j’avais les hormones en ébullition, c'est comme ça... Je suis moi-même impressionnée par ma poitrine dans ce film ! ». Ses seins étaient, dit-elle, bien plus gros que ce qu’ils sont en temps normal. Fanny Valette affiche dans ces propos la modestie typique de la meuf trop sûre d’elle. C'est toujours un peu agaçant. Mais on s’en fiche pas mal, l’essentiel, c’est que ce moment si miraculeux ait été capté par une caméra !


Vertige d'Abel Ferry avec Fanny Valette et son débardeur blanc (2009)