

Faut-il alors regretter que John C. Reilly joue dans ce film ? Oui, évidemment, oui ; parce que cet acteur, si doué, perd son temps et gâche sa carrière dans des films indés insignifiants, que l'on connaît tous par cœur avant même de les avoir vus. Celui-ci n'est pas pire qu'un autre, mais on commence à trop bien connaître la recette aigre-douce de ces films anodins, typiquement faits pour briller à Sundance, comme l'était aussi le médiocre Cyrus, où notre vedette chérie traînait déjà son ombre, en meilleure compagnie, sauvant toujours une scène ici ou là. On a vu ça tellement de fois qu'on passe certaines longueurs, et il y en a beaucoup, en avance rapide, sans vergogne, et avec la certitude de ne strictement rien louper. Terri est donc un film tout à fait anecdotique, mais, dans le genre, il existe tellement pire et plus agaçant que l'on serait tenté de faire preuve d'indulgence. En ce qui me concerne, j'ai eu la mauvaise idée d'attendre une minute de trop avant de me lancer dans ces quelques lignes, je ne m'en souviens déjà plus assez pour vous en dire plus !

Revenons donc à John C. Reilly, qui mérite infiniment mieux que des films comme Terri. En outre, du fait de sa présence, on en vient à attendre et à espérer quelques éclats de rire, alors que ce film n'est pas drôle, ou si peu... Mais, comme dans le dernier Polanski, c'est tout de même à l'acteur que l'on doit les quelques rares bons moments de ce film, et notamment un monologue risqué, que n'importe quel autre comédien aurait pu rendre bidon et transformer en une leçon de morale à deux balles digne de la série La Fête à la maison, et qui devient, grâce au talent de l'acteur, assez poignant et presque beau. Je me souviens qu'il m'avait brièvement sorti de ma somnolence. A part ça, il y a bien sûr de brefs instants où l'acteur nous laisse furtivement entrevoir l'immense talent comique qu'il déploie habituellement aux côtés du génial Will Ferrell, pour aussitôt le refouler, le contenir, à notre plus grand désarroi. Non, vraiment, circulez, il n'y a pas grand chose à voir dans Terri. Et pour finir, sachez que dans la réalité, la bonnasse de la classe, la petite blonde au sourire craspec jouée par la dénommée Olivia Crocicchia, n'aurait même pas jeté un seul regard sur le gros Terri. En vrai, elle serait la première à le rabaisser et à le rappeler douloureusement à sa triste situation d'énorme freak du bahut. Dans le film, elle finit carrément par s'offrir à lui. Non mais sans blague... Ça, je m'en rappelle, ça m'avait choqué !
Terri d'Azazel Jacobs avec Jacob Wisocki, Olivia Corcicchia et John C. Reilly (2012)