15 septembre 2011

True Lies

Il était bon ce film ! Il n'en sort plus des films comme ça. Des films d'action de deux heures trente qui tiennent la distance et qui savent ménager leurs effets, répartir les moments de bravoure, déployer un large éventail d'arguments excitants. On passe du rire aux larmes dans ce spectacle pyrotechnique ultra sexy, dans ce feu d'artifice d'humour et d'action mené tambour battant, taillé sur mesure par son ami cinéaste (James Cameron) pour LA star de l'époque : Arnold Schwarzenegger, le seul homme qui n'a jamais eu son prénom sur une affiche mais dont le nom de famille s'est répandu dans toutes les chambres d'enfants du monde.



Aujourd'hui notre idole est dans la mouise. Après avoir été gouverneur de Californie en gérant plutôt bien sa boutique, l'acteur avait des projets de films plein la tronche, mais il a été rattrapé par son passé qui a pris la forme d'un gaillard de 10 ans bâti comme son papa, véritable sosie pré-pubère d'Arnold à l'âge adulte, bodybuildé comme un camion et carré comme une maison, doté d'une mâchoire à broyer les ordures : c'était au départ un petit spermatozoïde que Schwarzenegger avait abandonné dans le giron de sa femme de ménage mexicaine. Cette dernière a sonné à la porte du gouverneur, à la Maison Blanche, avec son rejeton de trois mètres de haut prénommé Conan, pour rencontrer l'épouse de Schwarzy. Aucun mot ne fut échangé entre la femme de chambre et la femme du gouverneur, nièce de Kennedy et mariée à l'acteur depuis des lustres. Elles tombèrent dans les bras l'une de l'autre, dans un sanglot tragique, l'épouse légitime comprenant à la seule vue du "petit", que Schwarzy avait butiné dans d'autres ruches. Le divorce fut prononcé aussitôt et la carrière de l'acteur est mise sur Pause. Il paraît qu'une armée de mini-Schwarzy somnolent en prenant des forces dans les Rocheuses, déplaçant les montagnes, et menaçant tôt ou tard de nous cueillir, pour ensuite annexer les États-Unis d'Amérique à l'Autriche. Bref notre vedette des années 90 est sacrément dans la merde car son image a pris une gifle au pays des puritains qui ne savent pas apprécier les vrais mecs.



Retour au film sans transition. Les critiques français ont toujours rappelé : "ça reste un remake !". Certes, True Lies est une version testostéronée de La Totale de Claude Zidi. Ou quand Miou-Miou devient Schwarzy et quand Lhermitte prend les traits et les formes de la bombastic Jamie Lee Curtis. A l'original préférez la copie revue et corrigée par le génie James Cameron, alors à son zénith, qui accumulait les super films divertissants comme on n'en fait plus, comme il n'en a plus fait dès qu'il s'est passionné pour les poiscailles, les bateaux coulés et les schtroumpfs géants. Aux extrémités de ce que ce film avait de mieux à proposer, deux scènes inoubliables qui ont marqué les années 90 et tout l'imaginaire des adultes d'aujourd'hui. Commençons par la séquence olé-olé du film, que vous trouverez sur youtube ou n'importe où. Jamie Lee Curtis interprète une mère de famille qui va tenter de percer à jour le secret de son espion de mari pour le pousser à révéler son véritable métier. Breeef, à un moment elle fait un strip-tease haletant face à son époux, Schwarzy en personne, qui arrache les accoudoirs de son fauteuil, dévore sa propre lèvre et transforme son futal en vaste éponge à liquide séminal devant son épouse endiablée. Cette scène a prouvé que passé 45 balais et en dépit d'un visage abscons, une femme peut toujours rendre taré à la seule aide de son corps de feu et de quelques galipettes un peu osées. Mais quel corps... Repéré dans les 70s par un John Carpenter libidineux, ce corps s'est révélé dans la pleine possession de ses moyens à l'occasion de la comédie pour enfants Un fauteuil pour deux, et Cameron l'a remis à flot (avant de s'attaquer à de plus grosses épaves) dans cette scène forcément culte de True Lies.



Autre scène, autres mœurs. Cette fois-ci on tend vers plus de subtilité. Le personnage incarné par Schwarzy a une dent contre un arnaqueur à la manque qui s'en prend à sa femme, un concessionnaire de bagnoles joué par Bill Paxton, plus inspiré que jamais dans ce rôle sur mesure. Pour prendre ce tocard à son propre jeu, Schwarzy fait semblant de s'intéresser à une voiture de course et demande à faire un tour au volant du bolide en compagnie du vendeur magouilleur, assis sur le siège passager et baratinant son client comme pas deux. En plein ride, et au cours d'une discussion, Schwarzy, de plus en plus agacé par l'autre, véritable petite frappe et gros vantard, lui décoche soudain un revers du poing en pleine gueule, le laissant pour mort, canné sur le coup, le visage en miettes. Le coup semble être parti tout seul tant Schwarzy a l'air à bout. L'acteur est en roues libres et le coup est si franc, massif, rapide, que la doublure de Paxton y a certainement laissé la vie, ou au moins son visage, à jamais abandonné dans l'appui-tête de la Chevrolet. Mais très vite on découvre que ce n'était qu'une rêverie de Schwarzy, qui en réalité a su contrôler ses nerfs et se contentera de filer la chiasse à son interlocuteur à l'aide de quelques dérapages non-contrôlés. Cette scène est bluffante. Même en l'ayant déjà vue on se laisse prendre au piège, ça fonctionne à bloc.



Qui n'aime pas Schwarzy ? Qui peut me jurer, en me regardant dans le blanc des yeux, qu'il ne porte pas Mister Olympia 1970, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975 et 1980 dans son cœur ? Ce film en grande partie comique, qui demeura longtemps l'un des plus couteux de l'histoire du cinéma, participa à la gloire du géant de fer, grâce entre autres à une course-poursuite à cheval sur les toits de New-York, où la star rivalisait de vitesse avec un mustang en cavalant sur ses quatre pattes. Même si l'œuvre s'achevait sur une autre image inoubliable, difficile à évacuer et complètement débile, qui montrait un avion rafale faisant du surplace face à un building, on peut parler d'un sacré film, qui aura scellé l'amitié entre le cinéaste et l'acteur, lesquels avaient déjà collaboré pour le grand Terminator. Après ses déboires conjugaux et médiatiques, il paraîtrait de source sûre que Schwarzenegger serait allé se "détendre la tête" dans la villa sous-marine de James Cameron, le multi-milliardaire hydrocéphale, son pote de toujours.


True Lies de James Cameron avec Arnold Schwarzenegger, Jamie Lee Curtis et Bill Paxton (1994)