22 novembre 2008

Two Lovers

James Gray s'améliore de film en film. Little Odessa était prometteur mais un peu chiant, The Yards aussi, y'avait un sacré quelque chose dans We own the night, et maintenant Two lovers, qui se révèle plus que convainquant, carrément bouleversant. L'hideuse affiche annonce un triangle amoureux et si c'est bien ce dont il s'agit, nous voilà à des lieues de bien d'autres films eux aussi bâtis sur ce schéma éculé, citons par exemple le dernier Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona, dont le titre dresse la liste des prénoms des protagonistes du trio sentimental. Allen a beau défendre sa gamelle assez logiquement, son film n'est pas pour autant digne de lui, il n'est pas digne de nous. James Gray quant à lui tire largement son épingle du jeu de Mikado qu'est le cinéma hollywoodien actuel. Son film est sombre, mais il ne l'est pas grâce à des personnages de comic books et des cervelles éclatées comme chez Cronenberg (A History of Violence), pas grâce à des personnages de comic books et un suspense à la noix comme chez les frères Coen (No Country for Old Men), pas grâce à un personnage de comic books et une vision écologiste et pontifiante comme chez Sean Penn (Into the Wild), pas grâce à des personnages de comic books et un zeste de conscience politique biaisée et puante à souhait comme chez Christopher Nolan (The Dark Knight). Son film est sombre parce qu'il parle d'un vrai personnage, d'un homme en proie aux affres des sentiments les plus authentiques et les plus puissants.




Et qui mieux que Joaquin Phoenix pour interpréter ce personnage? L'acteur atteint très probablement ses sommets dans ce film. Ses comparses n'étant pas de reste (Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw, actrice d'une beauté éclatante, sans oublier Isabella Rossellini). Mais véritablement Phoenix montre des choses dans ce rôle qui donnent à penser que si nous avons récemment perdu le plus grand des jeunes acteurs français en la personne de Guillaume Depardieu, nous venons peut-être bien de perdre (si sa parole est d'or, puisqu'il prétend arrêter sa carrière, mais on peut largement douter de cette affirmation) le plus grand des jeunes acteurs américains. Espérons que Joaquin reviendra sur sa décision, ou que ce n'est qu'un canular, car c'est un très grand acteur et ce film est certainement son Pic de Dante.




C'est aussi le film de James Gray (à ce jour) qui ne s'encombre plus d'histoires policières un peu pâteuses, prétextes à des portraits efficaces mais distants. Dans ce film il fait place et entièrement place à la comédie humaine, et si ça n'est pas gai gai, c'est au moins Gray Gray, c'est en tout cas ultra poignant, et il en ressort quelque chose d'aussi précis que solide. James Gray ne s'embête pas avec les poncifs à la mode, tous plus désolants les uns que les autres. Dans son film, il y aurait mille occasions de faussement surprendre le spectateur, de faire mentir les personnages en leur créant des secrets de polichinelle et des cachoteries surfaites, il y aurait mille aubaines de créer du suspense superflu ou de laisser s'immiscer des intrigues secondaires tortueuses et saugrenues pour ne pas perdre l'attention du spectateur demeuré bercé à la série télé racoleuse et rentable. Mais James Gray s'épargne ces foutaises pour se concentrer sur ses personnages, sur son histoire, et sur sa mise en scène. Dans un film par ailleurs brutalement émouvant il se permet des choses somme toute assez banales (quid du regard caméra) mais qui sont devenues si rares aujourd'hui, employées avec conviction et talent, qu'elles offrent un bol d'air d'audace et d'idées.


Two Lovers de James Gray avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw et Isabella Rossellini (2008)

25 commentaires:

  1. nota bene : Gwyneth Paltrow, dans une scène qui rappelle American Beauty et qui par la même occasion la fait oublier à jamais, nous donne un sein. Un sein qui n'a d'égal que la beauté que celle qui l'exhibe. Le saint des seins.

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  2. Une bien chouette review, qui donne envie de voir ce chant du Signes (de Shyamalan).

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  3. Vu hier soir.
    C'est très beau, oui. A la fois le film le plus sobre et le plus abouti de Gray.
    Le constat final est finalement archi-noir, mais en même temps c'est ça la vie : des désillusions et des choix par défaut.
    La mise en scène de Gray est précise et nette sans être trop voyante.
    Phoenix est sidérant de subtilité, tour à tour loque, dingue, séducteur et désespéré.
    Et effectivement les seconds rôles ne sont pas en reste, j'ajouterai à ta liste Elias Koteas, formidable, à la lisière du dégoûtant.

    Et je finirai sur ce sein de Gouinette : je veux pas vous faire chier avec ça une nouvelle fois (remember Diane Kruger), mais franchement, avez-vou vu la différence entre ce sein et celui de, par exemple, "Shakespeare in love" ? Alors ok, ce plan est beau et excitant, mais pourquoi elle aussi a-t-elle eu besoin de se faire refaire les seins bordel ?

    Simon.

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  4. Si elle se les était fait refaire elle aurait fait un truc plus gros j'imagine. Tu sais les seins c'est un truc qui varie quand même vachement en chez les femmes, surtout en prenant de l'âge, ou du poids, ou des enfants, ou tout réuni. Si tu crois encore que Penelope Cruz s'est fait refaire les seins, mate certains extraits d'un de ses derniers film, "Elegy", avec Ben Kingsley, et tu verras que t'as faux sur toute la ligne. Un push-up et un plan en complète plongée sur un décolleté dans Volver et tu la rangeais avec les meufs aux faux seins, tu vas un peu vite.

    (Après j'ai vu que ça de Gwyneth récemment, peut-être que tu as raison..)

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  5. Le truc c'est que je gardais un souvenir adolescent ému de ses petits seins en poire, et là de voir ce gros sein bombé avec téton bien haut ça m'a fait un choc. Alors ouais, c'est peut-être naturel, grossesses tout ça, mais j'en doute.

    Et en même temps ouais on s'en fout totalement, elle est très convaincante dans le film y'a que ça qui compte. C'était aussi un clin d'oeil par rapport à notre différend sur les nibards de Diane Kruger la dernière fois :-)

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  6. Ah et c'est marrant mais dans la foulée on est allés voir le deuxième "Mesrine" hier soir (assez mauvais d'ailleurs, presque toutes les qualités du premier ont disparu), et y'a une scène de cul avec Ludivine Sagnier et elle c'est tout le contraire : elle a tellement minci qu'elle a perdu tous ses beaux nibards qu'elle avait dans "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes" (la comparaison est d'autant plus aisée que dans les deux scènes elle a la même position, sur le type).

    C'était soirée déception de nibards.

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  7. Je suis de moins en moins fan (si je l'ai jamais été) de Ludivine Sagnier. Mais dans Gouttes d'eau c'était un chamboulement des sens pour quiconque de normalement fait...

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  8. Ouais donc j'en ai pas causé ici. Je l'ai vu et il m'a retourné, ma coupé la chique, le sifflet, m'a enlevé les mots de la bouche, m'a estomaqué, m'a bouleversé, ma tourneboulé...

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  9. Les critiques sur Little Odessa et The Yards ( c'est chiant/c'est chiant aussi ) sont à la critique cinéma ce que le r'n'b est à la musique : un reflux nécessaire mais dont on se passerait volontiers.

    Mais sans doute n'étaient-ils pas " assez psychologiques ".

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  10. Gwyneth Paltrow est trop belle dans ce film. Et excellente comédienne. On ne la voit pas assez, elle est sous-exploitée.

    http://i41.servimg.com/u/f41/14/01/55/84/tumblr11.jpg

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  11. Il y a longtemps que je fais la part des choses avec les critiques professionnels. Leurs avis positifs et dithyrambiques sur ce film me laissent pantoise. Je l'ai vu dans une salle pleine, qui était tout aussi retournée que moi, et furieuse à l'issue de la projection. La réalisation est plate, les acteurs font ce qu'ils peuvent, et finalement, ce qui est un comble, c'est Paltrow qui émerge du lot, et ne s'en sort pas si mal avec un personnage parfaitement inutile et ininteressant, qui semble faire miroir avec le personnage public de l'actrice. L'histoire de cette famille et de ses traditions brisant les espoirs de ses enfants a été vue mille fois, et est tellement en décalage avec le monde réel qu'on reste complètement étranger à ce qui se passe sur l'écran. Aucun personnage n'est ni intéressant ni attachant, et surtout aucun personnage n'a de chair et encore moins d'esprit. C'est le règne de la sottise. Il est invraisemblable que deux femmes, mêmes névrosées à la sauce cinématographique habituelle, se passionnent pour le personnage central... Un nanar, mais même pas sympa...

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  12. Bonjour à tous et excusez-moi de m'immiscer dans votre suite de commentaires mais je pense que mon témoignage est totalement dans le propos de ce blog et ce film.
    Figurez-vous qu'il m'est arrivé exactement la même histoire que ce qui arrive au personnage principal de ce film. Lorsque j'ai eu la chance de voir ce film (et croyez-moi c'est de la chance là où je me trouve), ça m'a tellement frappé qu'on a cru que quelqu'un s'était encore acharné sur moi. La seule différence avec Two Lovers c'est que ça s'est passé avec ma mère et ma tante (sa soeur). Donc les conséquences sont un peu moins romantiques, surtout que Papa nous a surpris et il m'a mis une avoinée dont je me souviendrai. Je suis donc en prison, et le maton me guette...

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  13. Little Odessa, va encore. Mais la suite de la filmo James Gray est allée de mal en pis. Le pire étant les 2 derniers, La nuit nous appartient et celui-là, sauf erreur. Ce type n'a aucun point de vue, il tortille sa caméra comme une âme en peine, ne sachant s'il doit faire du genre ou pas... Il a réussi à me faire détester Joachim Phénix. Et le prochain avec la Cotillard-qui-a-appris-exprès-le-polonais pour avoir l'air de mériter la place où elle est... Voouch! ça me file froid dans le dos par avance!
    Là, je crois, Rémi, qu'avec James Gray tu te fourvoies grave... C'est assez rare pour qu'on le note.

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    1. Joaquim Frimix26 mai, 2013 18:47

      Ah non Lizon, là je m'insurge ! Non non non ! The Lovers c'est ZE grand film romantique de ces dernières années. Revois-le je t'en conjure. Moi c'est au contraire le film qui m'a fait comprendre que Phoenix était un des, voire le plus grand acteur de sa génération. Bon il était excellent en Johnny Cash aussi, au point de transcender ce biopic un peu pâlot du Man in Black, mais dans le Gray il est juste... sublime quoi.
      J'avoue par contre que tu me fais dresser des sourcils en m'apprenant la venue de la Coquillard dans son prochain bébé. Va comprendre pourquoi elle a pas été définitivement rayée des cast depuis sa super mort dans The Dark Knight Rises.
      LdF

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    2. Liser Frénixmont27 mai, 2013 00:36

      Ah ben, te re-v'là, Frim. Ouais, on va encore se friter sur le Joakin, je sens. Franchement, dans "We own ze night"... beurk, beurk et re-beurk.
      Alors que je l'aimais plutôt bien, avant.
      Mais faut dire, au fond, et pour dire la vérité, que je ne lui pardonne pas complètement d'être celui qu'on voit, alors que son frangin, River, était tellement... là, oui, sublime, mais complètement! Avec un peu de bouteille, il aurait été tout le plus grand de tous.
      Bref, James Gray n'arrange pas les choses pour le pauvre Joakin.

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    3. Juliette Boniche27 mai, 2013 10:09

      Ne matez surtout pas I'm Still Here, vous risqueriez d'être d'accord sur le ridicule de Joaquin Phoenix.

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    4. I'm Still Friming27 mai, 2013 10:58

      C'est sûr qu'il s'est bien payé la honte avec son look de Zach Galifianakis et son flow de Vanilla Ice. Mais quand même. Gladiator. The Yards (pas folichon comme film mais il est génial dedans). Signes (assez tartignole aussi, mais il sauve la mise encore une fois). Walk the Line (j'en ai causé plus haut). Et pis Two Lovers, son plus beau rôle je pense. Il était moyen dans We Own Da Night, je te le concède Frénixmont, mais de toute façon c'est le plus mauvais Gray ce truc, c'est mou, tarabiscoté, vain. Et la Mendes, je sais jamais comment la prendre. Dans certains films elle est maxi-bandante, dans d'autres elle ressemble à Gael Garcia Bernal. C'est troublant. Ici, elle est pas à son top.
      Quand à River bon bah c'est bien possible que s'il avait pas cassé sa pipe aussi vite il aurait autant brillé que le frérot. Mais j'ai vu que 3 films de lui après vérif, des films pas dégueu cela dit: Stand by Me, À Bout de Course et Indy 3. C'est sûr que parti comme ça, il promettait le mouflet...
      LdF

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    5. Le plus beau film de River étant My Own Private Idaho de GVS.

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    6. LdF, je te conseille le très sympathique Dog Fight :
      http://ilaose.blogspot.com/2011/02/dogfight.html
      Et j'adorerais voir Running On Empty, de Sidney Lumet, parait-il fameux.

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    7. Frimey Lumet27 mai, 2013 14:12

      Merci les gars je note.
      TAN-TANK, Running on Empty (À Bout de Course en VF) c'est pas du Lumet des grandes heures (genre The Offence, Serpico ou Le Prince de NY) mais y a de très chouettes choses dans ce film, tu peux y aller les yeux fermés.
      LdF

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    8. Line Sifrimont27 mai, 2013 22:22

      Lumet il est toujours grand, même quand il fait du petit. Son dernier "7h58 ce samedi-là", c'était une belle manière de tirer sa révérence.
      Avec le petit River (yep, je persiste et signe, c'eût été le plus grand, sûr et certain! Eclipsé, le frangin! Et puis, il était autrement plus joli à regarder... ouais bon, ça, d'accord, c'est mince comme argument ... ), j'avais aimé "Mosquito Coast" de Peter Weir. Un peu chiant, le film, mais de ce chiant grandiose qui vous laisse bouche bée.
      Dans les grands Lumet, faut pas oublier Dog Day afternoon quand même...

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  14. J'ignorais que la blonde de cette pub était Vinessa Shaw (rude à reconnaître aussi dans Cold in July) et que le réalisateur n'était autre que James Gray...
    http://people.premiere.fr/Photos-people/PHOTOS-Ewan-McGregor-et-Vinessa-Shaw-filmes-par-James-Gray-pour-Citroen-3694110

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