J'ai adoré ce film. À tel point que je l'ai vu deux ou trois fois. C'est en quelque sorte le pendant féminin du diptyque de Marc Esposito, Le cœur des hommes 1, 2 et 3, mais en un seul tome compact et supra-riche en anecdotes. Ou pour éclairer votre lanterne c'est un peu le miroir avec un -e à la fin du fameux 15 août, où Richard Berry et deux autres mecs profitaient du départ de leurs femmes pour s'occuper de leurs enfants, chier la porte ouverte et faire du ski en plein mois d'août. En somme c'est aussi, pour les plus cinéphiles, un équivalent de Comme t'y es belle, ce pastiche avec Michèle Laroque qui reprenait La vérité si je mens au féminin, le temps de quelques bobines dignes d'une œuvre du démon, si ce dernier se s'inscrivait un jour en fac de cinéma et tournait un premier long métrage de fin d'études.
Bref vous l'aurez compris, j'ai adoré suivre les aventures insipides de ces trois personnages. Mathilde Seigner joue une avocate incapable de trouver un homme (et ça se comprend), qui se croit supérieure à des types assez communs qu'elle qualifie imperturbablement de "chauves" quand bien même ils ont sur le crane la tignasse à Christobal Karembeu. Cette avocate vit dans un appartement immense dont le loyer s'élève à 2600 euros par mois (tout ce que j'avance est mentionné dans les dialogues), qui gère son découvert bancaire en allant s'acheter chaque jour plusieurs tonnes de vêtements de luxe, qui touche un chèque de "150 000 euros" pour sa première affaire plaidée et perdue (elle dit être débutante), et qui reproche à son banquier (l'infatigable Pascal Elbé) de ne faire que peu de cas des "pauvres" comme elle. Ce personnage adorable et si vrai, qui porte le nom de Juliette, finit par trouver le grand amour en la personne de son banquier.
D'un autre côté Anne Parillaud vit avec un homme qui n'aime que la réussite sociale et copule extrêmement mal. C'est le personnage de la femme qui se fait marcher dessus, se fait insulter pendant 5 minutes non-stop, au début du film, dans la voiture de son mari. Je quote : "Une merde, t'es qu'une merde, une grosse merde, t'es une merde, rien qu'une merde, ma parole mais t'es une pure merde ! Grosse conne de merde." (sic). Elle se fait ensuite rudoyer sexuellement par son supérieur direct, dans son bureau, en simulant un orgasme comme elle a appris à le faire avec son tendre époux. Finalement, quand elle s'approche de son tout petit enfant qui regarde sagement la télévision aux côtés de sa babysitter Samira, pour lui faire un bisou, celui-ci lui crache un mollard sur la bouche (dont on sent bien qu'il le mijotait depuis un fameux bail) avant de lui demander de foutre le camp car il mate Naruto. Ce personnage de femme malmenée quittera finalement son immense appartement et son travail grassement rémunéré pour s'émanciper et refaire sa vie avec un homme un peu plus doué pour la considération d'autrui. Ouf !
Enfin il reste à évoquer le cas du personnage interprété avec génie par Judith Godrèche, qui a encore dû rafler une nomination aux Césars avec ça, à tous les coups. Bordel mais qui l'arrêtera ? C'est certainement notre plus grande... elle fait partie de nos plus grandes actrices. Son personnage est celui d'une médecin généraliste qui insulte invariablement tous ses patients de façon assez ostentatoire et un peu choquante - il faut bien le dire - pour le spectateur qui pourrait voir là une certaine gratuité dans l'emploi du mot doux, un certain zèle dans le goût pour la grossièreté la moins fine. Cette femme médecin dit à ses patients (de vieilles gens malades) : "Votre mari n'en fout pas une, c'est un connard et un vieux débris", ou : "Remuez vous le cul, déchets humains, enfoirés gériatriques de mes deux !" Mais cette vulgarité, cette lassitude angoissée qui caractérise notre chère doctoresse et qui se manifeste sur son lieu de travail sont à mettre sur le dos de son mari. Son homme est pourtant le seul personnage à peu près normal et appréciable du casting. C'est un peintre du dimanche, certes un peu tire-au-flanc, mais aimant, bonhomme, agréable et à peu près drôle. Seulement voilà, notre sage-femme n'en peut plus d'être à la charge de la famille, de ramener l'argent et la pitance. Son mari est à ses yeux un paria, un pouilleux, un va-nu-pieds, un clochard, une sous-merde, parce qu'il n'est que peintre, "et pas célèbre en plus" (sic et resic). Du coup elle va le tromper avec le premier zonard venu. Mais évidemment elle finira par se rendre compte que son époux est plutôt sympa et qu'il ne méritait peut-être pas ça, quand il acceptera d'apprendre à remplir les fiches d'imposition et de revendre le grand et bel atelier où il vivait (en mémoire de son grand-père, peintre avant lui), pour acheter une grande maison ou un grand appartement de luxe (comme ceux des deux copines fortunées de notre femme médecin) où ils pourront élever un enfant insupportable de plus.
Bref je ne vais pas m'étendre davantage. Pourtant le ciel m'est témoin qu'il y aurait tellement plus à dire sur ce film. Après tout c'est vrai, je n'ai même pas parlé de la bande originale. Je n'ai pas parlé des vannes du film, qui donnent à penser qu'un trio de grandes comiques est peut-être né, allez savoir, peut-être les nouvelles Inconnus. Ou bien Cécile Telerman serait-elle la réincarnation féminine du grand Mel Brooks ? Qui sait ? Quant à moi, j'ai adoré.
Tout pour plaire de Cécile Telerman avec Mathilde Seigner, Judith Godrèche, Anne Parillaud et Pascal Elbé (2005)
Enfin il reste à évoquer le cas du personnage interprété avec génie par Judith Godrèche, qui a encore dû rafler une nomination aux Césars avec ça, à tous les coups. Bordel mais qui l'arrêtera ? C'est certainement notre plus grande... elle fait partie de nos plus grandes actrices. Son personnage est celui d'une médecin généraliste qui insulte invariablement tous ses patients de façon assez ostentatoire et un peu choquante - il faut bien le dire - pour le spectateur qui pourrait voir là une certaine gratuité dans l'emploi du mot doux, un certain zèle dans le goût pour la grossièreté la moins fine. Cette femme médecin dit à ses patients (de vieilles gens malades) : "Votre mari n'en fout pas une, c'est un connard et un vieux débris", ou : "Remuez vous le cul, déchets humains, enfoirés gériatriques de mes deux !" Mais cette vulgarité, cette lassitude angoissée qui caractérise notre chère doctoresse et qui se manifeste sur son lieu de travail sont à mettre sur le dos de son mari. Son homme est pourtant le seul personnage à peu près normal et appréciable du casting. C'est un peintre du dimanche, certes un peu tire-au-flanc, mais aimant, bonhomme, agréable et à peu près drôle. Seulement voilà, notre sage-femme n'en peut plus d'être à la charge de la famille, de ramener l'argent et la pitance. Son mari est à ses yeux un paria, un pouilleux, un va-nu-pieds, un clochard, une sous-merde, parce qu'il n'est que peintre, "et pas célèbre en plus" (sic et resic). Du coup elle va le tromper avec le premier zonard venu. Mais évidemment elle finira par se rendre compte que son époux est plutôt sympa et qu'il ne méritait peut-être pas ça, quand il acceptera d'apprendre à remplir les fiches d'imposition et de revendre le grand et bel atelier où il vivait (en mémoire de son grand-père, peintre avant lui), pour acheter une grande maison ou un grand appartement de luxe (comme ceux des deux copines fortunées de notre femme médecin) où ils pourront élever un enfant insupportable de plus.
Bref je ne vais pas m'étendre davantage. Pourtant le ciel m'est témoin qu'il y aurait tellement plus à dire sur ce film. Après tout c'est vrai, je n'ai même pas parlé de la bande originale. Je n'ai pas parlé des vannes du film, qui donnent à penser qu'un trio de grandes comiques est peut-être né, allez savoir, peut-être les nouvelles Inconnus. Ou bien Cécile Telerman serait-elle la réincarnation féminine du grand Mel Brooks ? Qui sait ? Quant à moi, j'ai adoré.
Tout pour plaire de Cécile Telerman avec Mathilde Seigner, Judith Godrèche, Anne Parillaud et Pascal Elbé (2005)
SI et SEULEMENT SI la scénariste, la réalisatrice, les productrices et les actrices (à coup sûr aucun homme n'est impliqué) n'ont pas au moins un précog dans leur entourage.
RépondreSupprimerCar dans une telle éventualité, cela voudrait dire que toutes ces femmes savaient.
Qu'elles savaient que leur film serait suffisamment con pour faire marrer les plus salopards des spectateurs masculins, les faire presque autant marrer qu'un Dumb&Dumber vu au premier degré. Les faire pleurer.
Tout pour blairer. C'est un film de parfum. Vous avez pas chopé le contexte.
RépondreSupprimer42
J'ai adoré ce film aussi. La scène où la blonde médecin dort et que son mari la peint dans la lumière du soleil levant, ça m'a marqué. pareil quand la mince noirette pleure dans une chambre d'hotel sous du Portishead, ouais. Et puis c'est marrant et léger. Un peu de fraîcheur dans ce monde de brutes.
RépondreSupprimer"quand elle s'approche de son tout petit enfant qui regarde sagement la télévision aux côtés de sa babysitter Samira, pour lui faire un bisou, quand celui-ci lui crache un vieux mollard sur la bouche (dont on sent bien qu'il le mijotait depuis un fameux bail) avant de lui demander de foutre le camp car il mate Naruto"
RépondreSupprimer:D :D :D