6 novembre 2008

Substitute

Ce film je l'ai vu y'a six mois, et ça fait six mois que je suis incapable d'avaler la pilule, je l'ai dans la bouche depuis tout ce temps, et le pire c'est que c'est une pilule effervescente, du genre qu'il faut pas essayer de gober, du coup je bave toute ma race. J'écris ce texte en guise de catharsis, comme une sorte d'ascèse pour mettre un terme à cette pénible torture.

Un après-midi, alors que je venais de revoir Les Yeux dans les bleus (plus grand documentaire jamais réalisé, devant Shoah de Claude Lanzmann et devant le making-of du dernier Astérix par Thomas Langmann), désireux de me plonger encore et encore dans l'univers du ballon, de me repaître de foot, je suis parti à la recherche (et c'était pas gagné, finalement j'ai mis la main dessus à la Fnac après l'avoir cherché en vain chez Decathlon) du dvd du film tant décrié de Vikash Cristina Barcelona Dhorasoo (ne faîtes pas l'erreur coutumière, prononcez Dora zoo).


On est à l'ère du DV !

Quel ne fût pas mon effroi en découvrant ce film de merde. Ce film affreux où deux zigotos en tongs, armés de caméras Super 8, se filment dans la banlieue Berlinoise la plus déserte, errant dans des parcs, l'âme en peine. Déjà quelle idée de choisir le Super 8 ? C'est vraiment des intérêts de petit filmeur du dimanche que d'utiliser ce format désuet dans le simple but de faire artiste et de tourner la plus quelconque image de trottoir en œuvre d'art à la manque. Je me doutais bien que jamais ce documentaire (qui d'ailleurs se veut être davantage un film d'auteur qu'un véritable document d'information) n'arriverait à la cheville des Yeux dans les bleus, ou même de Rendez-vous le 9 juillet, j'ai acheté ça en tout connaissance de cause. Ou disons en toute relative connaissance de cause. Je m'attendais pas quand même à une telle avalanche de connerie. Ce film sent le soufre. Il est sulfureux dans le vrai sens du terme.


Si vous aimez le film, vous aimerez cette tof. Si vous aimez cette tof après l'avoir matée dix minutes sans bouger, vous aimerez ipso facto au moins une scène du film

À quel moment ça devient intéressant de voir Freddy Poulard et Vicky Rasodoo en train de débattre de si oui ou non ils filmeront leurs voyages en train respectifs ou s'ils se limiteront aux voyages en voiture ? À quel moment on s'intéresse à ce footballer, pour qui on avait quand même pas mal de sympathie au départ, du fait de sa gueule d'ange et de son franc parler, mais qui se révèle ici un footballer gaucher, de gauche et un peu gauche, très sûr de lui et revanchard, pas très malin, pleurnichard, nullard, tocard, crevard, rasoir, criard, vachard. À quel moment se passionne-t-on pour Freddy Cougar qui filme ses chaussures Puma tandis qu'il fait réparer sa caméra perso chez un couple de nazis retraités, parce que Fred Pulet réserve bel et bien 35 minutes du montage de ce film d'une heure et demi (qui paraissent une vie) à la réparation par des particuliers Allemands méticuleux et zélés de sa caméra en bois. À quel moment peut-on supporter de voir pendant dix minutes montre en main nos deux cons se chercher à 100 mètres de distance dans un parc désert, et se filmer l'un l'autre en train de se filmer l'un l'autre, fiers de cette mise en abîme du pauvre.

C'est le seul dvd que j'ai foutu en revente sur PriceMinister avant d'avoir fini de le mater. Je l'ai revendu à un Port-de-Boucain mort de faim. Je l'ai revendu au prix fort à un miséreux de la région PACA fan de l'OM qui n'avait pas pris le temps d'aller faire un tour à la fnac où il aurait pu le trouver, bradé en prix vert deux fois moins cher. Et comme je l'avais chouravé à la Fnac, ça s'appelle du recel. Et ça se traduit accessoirement par un big up de 10 euros sur mon compte en banque perso.


Substitute de Fred Poulet et Vikash Dhorasoo avec Vikash Poulet et Fred Dhorasoo (2008)