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13 septembre 2023

L'Astronaute

Deuxième film de et avec Nicolas Giraud, l'acteur-réalisateur avec la tronche et le patronyme les plus banals du monde. Après ça, pas dit que je rattrape son premier opus. Sur le papier, pourtant, l'accroche me branchait bien. Un type qui tente de réaliser le premier vol spatial habité amateur de l'histoire. Et je n'ai guère trop souffert durant le film, fenêtre ouverte, il faisait super beau, pas trop chaud, pas besoin du ventilo, j'avais pour une fois bien pris l'air, je pouvais donc à l'aise supporter un truc si grisâtre et terne pour boucler ma journée. C'est passé sans souci. En revanche, quelques temps après, avec un peu de recul, je me suis dit "tout ça pour ça ?!". Le pire, c'est que le pitch est menteur. Le type en question est un brillant ingénieur en aéronautique, recalé de peu au concours pour devenir astronaute (on lui a préféré un dénommé Thomas Pesquet). Nicolas Giraud, qui se fait ici appeler Jim, taffe chez Ariane et pique en loucedé tout le matos reçu à son boulot pour reconfigurer une fusée dans la grange de sa grand-mère. Je ne vois donc pas où réside l'exploit et l'amateurisme là-dedans, vu que notre petit génie frustré et ambitieux chourrave du matériel de pro et qu'il bénéficie en outre de beaucoup d'aide extérieure. Giraud s'entoure en effet d'une fine équipe de bras cassés, à commencer par Matt Kassovitz, plutôt crédible en vieille gloire du tennis français, Bruno Lochet, l'ancien Deschiens reconverti fournisseur de kérosène, et une jeune étudiante ultra douée mais un brin chtarbée, qui finira évidemment sous le charme de l'irrésistible chef de projet. Sans compter l'indispensable Mamie Gâteau, jouée sans effort par Hélène Vincent, qui nourrit, loge et blanchit tout ce beau monde, les abreuvant de cookies délicieux et de petits plats mitonnés avec amour. Là où ça coince, c'est du côté des parents de Jim, et Giraud nous sert de la psychologie de comptoir à base de relations filiales conflictuelles et de grandes réconciliations finales.

 
 
 
Bref, le film est donc ultra gris, sa photographie semble s'échiner à décliner toutes les nuances de la chevelure de son auteur. Il est prévisible de bout en bout et, surtout, sérieux comme c'est pas permis. Pas une touche d'humour là-dedans, malgré les petits sourires en coin de Kassovitz, que l'on sent bridé, presque constipé, peut-être malade. Ah si, il y a un petit moment drôle, d'une durée de 3 secondes, lorsque Kassovitz surprend Giraud en pleine méditation solitaire contre un arbre : ils buguent et se regardent en ayant l'air de se dire "What the fuck ?!". Faut pas louper ce passage-là, ça paraît pas raconté comme ça, mais c'est une bouffée d'air frais. À la fin, nous voyons évidemment Giraud s'accorder quelques minutes d'autosatisfaction dans l'espace (comme si tout le film ne suffisait pas), conclusion silencieuse mais très attendue d'un suspense mort-né. Il se rabiboche avec tout le monde, ferme pas mal de bouches, cloue d'autres becs et, enfin, fait le deuil de son grand-père, son inspirateur, mordu d'astronomie. Et l'on se dit que Nicolas Giraud aurait très bien pu rester prothésiste dentaire sans que l'art cinématographique n'y perde grand chose. 


L'Astronaute de Nicolas Giraud avec Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Bruno Lochet et Hélène Vincent (2023)

8 juillet 2019

Le Chant du loup

Ce film-là a fait le buzz à sa sortie. Beaucoup ont exulté devant ce qui a été désigné comme une immense réussite pour le cinéma français, la preuve incontestable et tant espérée qu'il est bel et bien capable de rivaliser avec les américains et de produire un film d'action de haute volée. Bon... Avouons que Le Chant du loup se regarde avec un certain plaisir et sait nous tenir en haleine du début à la fin. Premier long métrage en tant que réalisateur d'Antonin Baudry, il est une tentative audacieuse de film de sous-marin, que l'on peut effectivement saluer. Mais sachons raison garder. On est à des années lumière du chef d’œuvre du genre, l'éclair de génie de Wolfgang Petersen sorti en 1981 et film de chevet de tonton Spielberg : Das Boot. Si Le Chant du loup se mate sans souci et dépasse allègrement les productions merdiques chapeautées par Besson, cela reste du pipi de chat qui est loin d'être un vrai bon film et a aussi de quoi foutre sur les nerfs.




Dès la première scène on sent bien toute la volonté d'Antonin Baudry, qui a passé une demi journée dans un sous-marin pour les besoins du film, de coller au plus près du réel en nous immergeant dans l'ambiance à bord d'un tel engin, avec le jargon militaire et tous les codes absurdes qui vont avec. On commence par y croire et cette introduction prometteuse fonctionne plutôt bien. Mais pourquoi montrer de façon si appuyée que tout ça, c'est du sérieux, si c'est pour enchaîner ensuite les incohérences grotesques et les péripéties débiles ? Il serait laborieux d'en faire l'inventaire et elles rapprochent davantage ce film d'un épisode quelconque de la série 24 que d'un véritable classique du cinéma de guerre... Si le scénario de Baudry parvient à nous maintenir alertes, il finit surtout par briller par ses faiblesses et son inconséquence. Après tout, nous aurons simplement suivi les mésaventures d'une bande de tocards particulièrement doués pour se foutre dans la merde tout seul comme des grands, allant jusqu'à risquer de plonger l'humanité toute entière dans l'apocalypse nucléaire suite à une idiote erreur d'appréciation...




Fier de son casting ronflant, Le Chant du loup nous propose une belle collection d'acteurs ravis d'enfiler l'uniforme, une galerie de tronches plus ou moins cassées censée symboliser peut-être la diversité des rangs qui composent notre marine nationale. Ils sont tous d'un sérieux si plombant qu'il confine au ridicule, à l'instar de Mathieu Kassovitz et Reda Kateb, quand ils ne sont pas simplement très très mauvais (Omar Sy, dont chaque réplique sonne faux !). On ne croit pas une seconde en l'espèce d'amitié fraternelle et de camaraderie infaillible que Baudry essaie d'installer entre eux. Quand Omar Sy adresse un dernier salut militaire des plus solennels à son collègue Reda Kateb, avant que leurs chemins ne se séparent, on se dit qu'un truc n'a pas fonctionné tant on se concentre exclusivement à décortiquer la gestuelle risible de l'acteur césarisé. Le sacrifice de son personnage est un autre moment assez gênant, où l'héroïsme supposé laisse place à l'humour involontaire. Toujours au rayon comique : les mimiques de François Civil quand il se creuse les méninges pour deviner l'origine de tel ou tel son évoquent directement Ace Ventura, ce qui pourrait être une fort belle référence si le film ne se voulait pas aussi sérieux.




Autre motif d'exaspération intense : l'histoire d'amour minable que croit bon de nous asséner Antonin Baudry entre son jeune militaire à l'oreille d'or (François Civil, doué des dons de The Sentinel, ce qui lui a aussi permis d'être à l'affiche de 36 films en 2018 et 2019) et une jeune bibliothécaire d'origine allemande dont on aurait préféré qu'elle reste au pays (Paula Beer, en réalité un panaché tiède, une potiche d'abord présente pour nous faire croire en l'ampleur internationale du projet). Toutes leurs scènes de couple, de leur première rencontre rapide à leurs retrouvailles soit disant poignantes en passant par leurs ébats amoureux embarrassants, sont dignes d'un mauvais feuilleton télé. On peine à croire, encore une fois, à la vérité de leurs sentiments, eux qui se connaissent seulement depuis une soirée et qui ont d'abord eu comme point commun une irrépressible envie de niquer.




Côté mise en scène, rien à signaler. Réussir un film de sous-marin n'est pas chose facile et on ne s'improvise pas grand cinéaste d'action. S'il a côtoyé les grands cons de ce monde quand il était conseiller de Dominique de Villepin, Antonin Baudry n'a pas un cv impressionnant côté ciné. Il fait ici tout son possible pour faire illusion, sans jamais prendre de risque. Les rares explosions sous-marines en CGI sont assez laides, à tel point qu'elles nous sortent du film et nous rendent de nouveau nostalgiques du classique de Wolfgang Petersen. Le suspense final qui se veut insoutenable repose hélas sur un postulat absurde et tient seulement parce que l'on se demande jusqu'où l'apprenti cinéaste osera aller : ses matelots du dimanche provoqueront-ils la fin du monde ? Et combien des grands noms du casting resteront à jamais prisonniers de leur sarcophage d'acier ? Les réponses sont décevantes, évidemment.




Avec près de 2 millions de spectateurs en salles, Le Chant du loup est un succès tout de même compréhensible vu la concurrence moribonde et le niveau actuel des productions de ce genre. Les critiques devraient toutefois se montrer plus mesurées et signaler qu'il s'agit là d'une réussite toute relative et au mieux très modeste, bien loin de rejoindre les grands titres de ce sous-genre cher aux cinéphiles désireux de vivre des expériences tendues et claustrophobes. Bon, moi je vous laisse, je m'en vais revoir Das Boot


Le Chant du loup d'Antonin Baudry avec François Civil, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, Omar Sy et Paula Beer (2019)

17 février 2019

Sparring

Sparring est le premier long métrage de Samuel Jouy. Ce nom ne vous dit rien ? Samuel Jouy est pourtant un acteur dont vous avez sûrement déjà croisé la tronche à la télévision ou au cinéma, le plus souvent dans des rôles de méchants garçons, d'écorchés vifs et de Lorrains teigneux (en général, les trois à la fois). Pour son premier passage derrière la caméra, il a choisi de nous livrer un film de boxe qui met en lumière le rôle des sparring-partner, ces boxeurs de l'ombre, destinés à encaisser sans broncher les coups de boxeurs plus connus et doués qu'eux pour leur permettre de s'entraîner entre leurs matchs. Mathieu Kassovitz incarne donc Steve Landry, un boxeur laborieux mais plein d'abnégation, bien décidé à gagner quelques euros de plus pour offrir un piano à sa fille aînée. Un piano. Quand il apprend que le célèbre boxeur Tarek M'Bareck est à la recherche de bons "sparrings" pour se préparer à son grand retour sur le ring, Steve Landry n'a plus qu'une idée en tête : faire ses preuves et montrer qu'il est le candidat idéal. Pour pouvoir acheter un piano à sa fille. Un piano.





Derrière ce pitch surprenant d'humilité pour le genre, se cache un film social entièrement consacré à nous dresser le portrait d'un père de famille désireux de donner un meilleur futur à ses enfants, quitte à y laisser sa santé. Qui dit film social dit réalisme, grisaille et âpreté du quotidien. Déjà, le gars s'appelle Steve Landry. Boum. C'est dur. Il y a toute la misère du monde dans ce patronyme : le défaut de culture familial que laisse entrevoir ce prénom à consonance américaine tout droit inspiré de la série Beverly Hills, quand bien même il est né bien avant sa diffusion. Et l'on ressent avec angoisse le Nord ouvrier ou la Lorraine sinistrée dans ce nom de famille aux accents belges... Tout y est. Dès la première scène, terrible de cruauté, le pauvre Steve Landry est privé d'accès à la salle de sports où se tient un gala (son nom fait tâche ?). Il sort pourtant tout juste des vestiaires, où il a malencontreusement laissé son badge, mais les portiers, ne le reconnaissant pas, ne lui font guère confiance. Il faut l'intervention d'une vague connaissance qui le prend en pitié pour qu'il puisse enfin rentrer et récupérer ses affaires. Terrible sort, terrible quotidien, terrible mal-vie... Steve Landry termine cette soirée au goût amer au volant de sa modeste bagnole, en route vers chez lui, le visage tuméfié, comme toujours. Samuel Jouy (son nom vient de Jouy aux Arches, célèbre bourgade sise au sud de Metz) ne nous laisse pas respirer une seconde et nous assène alors un plan aussi furtif que terrible et lourd d'enseignements sur des panneaux routiers indiquant une direction de malheur : "CAEN, ROUEN, LE HAVRE". Il ne manque plus que Cherbourg pour faire carton plein ! Où qu'il aille, Steve Landry est maudit. En deux minutes, Samuel Jouy a parfaitement planté le décor.





Sparring a aussi l'avantage de nous faire découvrir le jargon du milieu de la boxe. Quand Steve Landry se présente, il doit énumérer son palmarès. "T'es à combien toi ?!" lui demande son interrogateur malpoli. "13-3-43", lui répond Steve Landry en restant digne, pas peu fier de ses 13 victoires, 3 nuls et 43 défaites. Son 50ème match sera le dernier (oui, il ne sait manifestement pas compter mais il a pris beaucoup de coups sur la tête), il l'a promis à sa femme, coiffeuse à la frange droite comme la justice (Olivia Merilahti, la chanteuse du groupe The Dø, qui a également signé la musique du film, comme quoi il a beau être un boxeur raté et fauché, il a quand même un femme bien plus jeune que lui et qui "boxe" dans une catégorie très supérieure...). Steve aimerait finir sa carrière par une victoire. Mais ce "13-3-43" ne convainc personne, il n'est guère de taille à devenir le sparring d'M'Barek, et c'est ce que lui fait bien comprendre ce manager méphitique qu'il a rattrapé sur le parking pour lui faire part de toute sa motivation. Extrait : "J'ai entendu, vous cherchez un sparring pour Tarek, j'suis l'homme qu'il vous faut", "- T'es à combien ?", "- 13-3-43", "- Allez, bonne nuit", lui répond simplement le cruel manager, sans même s'arrêter, pour faire comprendre à Steve qu'il n'a aucune chance. Aucune chance !





Mais à force de persévérance, Steve Landry obtient un essai et finit par faire tout son possible pour se montrer indispensable aux yeux de ce salopard de Tarek M'Barek, un boxeur assez arrogant mais pas si con que ça, qui a compris qu'il pouvait glaner quelques conseils utiles, quand bien même son amour propre était parfois mis à mal par les remarques toujours bien vues de son modeste sparring. Petit à petit, Steve fait son nid, obnubilé à l'idée de gagner plus d'argent pour satisfaire les rêves de sa gamine. Un piano pour y jouer à la maison et continuer à progresser car "elle a le truc" selon son père, comme on dit dans la boxe des boxeurs naturellement doués. Un piano.





Au bout du compte, Samuel Jouy nous propose un film plutôt aimable, sincère et très certainement plus fait avec le cœur qu'avec les pieds. Il s'appuie sur un Mathieu Kassovitz irréprochable qui croit lui aussi au projet et campe un personnage que l'on a envie de voir réussir. Sam Jouy parvient à faire d'un banal entraînement une scène pleine d'enjeu, assez tendue, prouvant ainsi qu'il n'est pas nécessaire de tutoyer le haut du podium pour ressentir de la pression, tant que l'on croit dur comme fer aux personnages en présence. Jouy en fait certes parfois un peu trop sur le versant social, il aurait pu faire preuve d'un peu plus de subtilité, mais les acteurs sont toujours là pour faire passer ça comme une lettre à la poste. En bref, Sparring est un premier film tout à fait honorable pour Samuel Jouy le Mosellan, un film de boxe français dont la principale force est de ne pas s'imaginer américain, mais de s'appuyer sur les particularités du cinéma de son pays. Comprenne qui pourra.


Sparring de Samuel Jouy avec Mathieu Kassovitz, Olivia Merilahti et Souleymane M’Baye (2018)

18 octobre 2013

Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain

Film avec date de péremption, et pour le coup ultra périmé. On vous propose aujourd'hui un regard décalé sur un film retardé, un film d'attardé en vert et rouge, un film qui a fait passer Mathieu Kassovitz pour un boloss, ne l'oublions jamais, lui qui a chipé le rôle au pied levé à Pierre Richard, qui avait encore un problème de chaussures dépareillées le jour du casting et qui ne s'est donc pas pointé. Ce film, on l'a tous bien aimé à sa sortie, il faut savoir faire preuve d'honnêteté. Si Twitter avait existé à l'époque le film se serait retrouvé en top tendance pendant trois mois, le Petit Journal de Yann Barthès aurait fait des micro-trottoirs sentant le trottoir pour donner l'avis de trois vieilles illuminées et de deux adolescentes trépanées sur le film tout en se foutant ouvertement de leurs gueules. Sauf qu'en fait si ce film sortait aujourd'hui il ne ferait pas 8 millions d'entrées mais seulement 80 000 (en comptant large), parce que c'est le film d'une époque, sorti pile au bon moment avec son portrait rétro d'un Montmartre bourré de bons sentiments et baigné par la musique rance, franchouillarde et déprimante à souhait de Yann Thiersen. Jeunet a eu le pif de faire sortir son manifeste jambon-beurre tout en accordéons juste après France 98, dans un éphémère pays black/blanc/beur de pacotille où tout était possible et qui aimait se regarder le nombril en faisant du reubeu de service l'épicier sympa, du black un absent de marque et des visages pâles de purs crevards fiers de connaitre par cœur la fine fleur de tous les dictons gaulois, car glanant via ce petit manuel du bon français parlé un ticket aller-retour gratos pour tirer une autiste blanche comme neige.



C'est l'ancêtre de la série Bref, le film des petits plaisirs (quoi de mieux dans la vie que faire des ricochets ? Jeunet répond "Que dalle !", lui qui a sans doute réalisé le film de chevet de la famille Delerm au grand complet), le film des petits riens, un catalogue d'anecdotes à la con, des "j'aime, j'aime pas" à n'en plus finir... Avec cette ribambelle de goûts et de dégoûts bien idiots et bien communs, Jeunet s'est assuré que tout le monde puisse s'identifier sans forcer, comme savent le faire les rédacteurs d'horoscopes, ou les administrateurs de ces "pages" facebook et les auteurs de ces tweets à la con que tout le monde "like", "retweet" et "+1" à qui mieux mieux, du genre : "J'aime l'odeur de la colle et de l'essence, et j'aime bien l'odeur du gazon fraîchement coupé, par contre je déteste mais alors je déteste l'odeur de la merde". Ca me rappelle mon tonton Scefo, qui m'a annoncé, tout fier, à propos de mon petit cousin de 3 ans : "Il est très propre fils, il supporte pas d'avoir le cul huileux". Ce qui m'a beaucoup surpris vu qu'en général moi j'adore ça. Putain tonton... Jeunet a aussi fait un fond de commerce des questions cons, et on en retient une, qui demande combien de couples sont en train de se dégommer en ce moment même à Paris, avec une galerie d'illustrations gentillettes de femmes en train de jouir sous les impacts péniens de leurs époux ou amants. Bizarrement toutes sont bien traitées et heureuses, tout ceci se passe dans une atmosphère de félicité complète, alors qu'on sait trop bien que la plupart du temps ce n'est que ruines et désolation : on ne parle pas forcément de viols ou d'agressions, encore que, mais d'actes consentis et néanmoins voués à mettre à mal la survie du couple sur le long terme si un effort de réflexion est fait lors de la phase post-coïtum, qui peut se révéler néfaste pour l'amour propre du sujet et pour celui voué au conjoint. Et pourquoi, alors que Paris est la capitale des appartements loués en airbnb à des tournages porno, ne voit-on pas au moins une femme penchée sur une table de salon en verre (pour permettre au caméraman filmant la scène des angles impossibles en contre-plongée et en apnée), le pied d'un mec appuyé sur la nuque ? Même sans caméra et sans production, certains types se laissent emporter par la passion et par tout ce porno à profusion sur le web, et alors le cerveau reptilien prend le pas sur toute inhibition et sur toute galanterie, et en pareilles circonstances si l'homme est un loup pour l'homme il en devient surtout un pour la femme.



Qui ne s'est pas amusé à reproduire cette autre anecdote du film où Tautou prend son nain de jardin en photo devant tous les monuments du monde grâce à des montages photoshop afin de bercer d'illusions son père sénile, mais en remplaçant le nain de jardin par son propre gland ? Honte à moi si je suis le seul à avoir envoyé ça à la fille que je convoitais à l'époque, mais j'avais douze ans, lâchez-moi. Un seul critique, Serge Kaganski, a su s'élever contre ce film à sa sortie, et pour de plutôt mauvaises raisons. Pourquoi ne pas avoir tout simplement mis en avant la médiocrité de la mise en scène, la minceur de l'histoire, l'iniquité des personnages, la présence de Dominique Pinon, l'usage des filtres, le sur-jeu des comédiens et ainsi de suite ? Le seul acteur qui s'en tire c'est Rufus, qui joue tout de même sous un pseudo. Ce film, c'était le summum de Jeunet, la concrétisation d'un style, la prolongation d'un court métrage réalisé à six ans, Foutaises (titre assez visionnaire), et contenant déjà tout Jeunet, dans lequel on voyait Dominique Pinon dire "j'aime ci et j'aime pas ça" pendant vingt-cinq minutes. Dans ce petit film prémonitoire, ressorti en bonus sur le dvd d'Amélie Poulain par un Jeunet plus opportuniste que jamais, et qui depuis ne cesse de répéter ses tics et ses tocs en espérant tirer le jackpot une seconde fois, Dominique Pinon se plaint notamment de la goutte d'eau qui remonte de la cuvette quand il la torpille d'un étron trop sec, le séant éclaboussé par sa propre merde. Jeunet faisait alors un gros plan sur le visage vineux de Dominique Pinard assis en tailleur sur les chiottes et grimaçant au moment de recevoir une vague énorme suite à un déchargement terrible en off... tout ça parce que le même Pinon adore aussi ouvrir lentement l'opercule du pot de nutella de 750 grammes spécial Noël en écoutant le chuintement que cela produit, et casser la croûte de la crème brûlée avec le dos de sa petite cuillère, ou encore s'enfoncer directement des flambys entiers dans le gosier. Tu m'étonnes qu'en bouffant les œufs avec la coquille pour le petit croustichoc sensas' que ça promet sur le palais ce mec-là chie des bombonnes de merde à défragmentation, de véritables mortiers de fèces qui lui inondent le dos.



Ce film c'est tout Jeunet. Caro avait alors foutu les voiles, disparu à tout jamais, planqué dans l'annuaire entre mille et une "caro(line)" anonymes. Jeunet a notamment voulu refaire son miracle, son bunker de la dernière rafale, amasser un second pactole avec Micmacs à tire-parigot : Dany Boon dans le rôle principal, et Omar Sy qui essayait déjà de sortir du SAV. Toujours ce sens du casting payant, à condition qu'il paye... Rappelons que sur le tournage d'Amélie Poulain Jeunet a su se brouiller avec Jamel Debbouze, l'ami de tous, l'homme le plus consensuel du PAF. Quand vous demandez des nouvelles de J-P Jeunet à Jamel il vous balance sa seule main valide dans la figure, puis la seconde aussi, mais en prenant de l'élan pour qu'elle tombe sur vous comme une vieille liane. Malheureusement pour Jeunet cet autre film tout vert et jaune bourré à craquer de petites idées rachitiques n'est pas tombé au bon moment, et a logiquement fait un four sans nom. Jean-Pierre Jeunet s'en est donc pris au téléchargement illégal, alors qu'aucun quidam n'a même eu l'idée de mettre son navet en partage. Il s'est adressé aux critiques auxquels il reprochait de ne faire que critiquer au lieu de mettre la main à la patte, bref il nous a sorti tous les fondamentaux de la langue de pute et de la gueule de bois, allant jusqu'à reprocher à la Fox de ne pas avoir correctement remasterisé le bluray de son Alien 4, qui n'est pourtant qu'une parodie de lui-même. Nous faisons partie des nombreux fans de la saga qui ont acheté le coffret de la tétralogie et qui ont utilisé les deux skeuds "bonus" et "film" de l'opus Jeunet pour en faire des répulsifs à corbeaux afin de protéger les cerisiers de nos parents. Ces épouvantails son et lumière sont d'une efficacité redoutable car les ornithorynques ne supportent pas les reflets verts et jaunâtres de ce film pisseux. Pied de nez à Hitchcock, expert en séduction, qui avait su faire un chef-d’œuvre de l'effroi avec des volatiles alors qu'on fout les j'tons à des oiseaux avec une horreur de film. Jean-Pierre Jeunet, sache que toute ta filmographie orne nos cerisiers, et tu en serais sans doute ravi, toi qui adores les anecdotes à la mords-moi-le-noeud, les gadgets à tiroirs, les histoires de petits riens, mais que dis-tu quand les petits riens en question sont tes films bectés par des piafs survoltés, grossis aux OGM par nos parents qui eux aussi deviennent fous à cause de tes films diffusés en imax dans leurs champs ?


Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet avec Audrey Tautou, Mathieu Kassovitz, Jamel Debbouze, Rufus, Yolande Moreau, Armelle, Dominique Pinon, Isabelle Nanty (2001)

2 novembre 2012

King Kong

Peter Jackson a reçu onze Oscars pour Le Seigneur des anneaux 3. Parmi les onze grands chauves dorés qui lui furent remis certains étaient des récompenses dites "techniques", mais Jackson, en tant que "director", peut se vanter d'avoir remporté onze Oscars. Je dis bien onze, plus de statuettes qu'il n'a de doigts pour les compter, de quoi se fabriquer un baby-foot en or massif (avec une seule équipe pour gagner par Knock Out à tous les coups). Or Peter Jackson a dit et répété n'avoir réalisé ses neuf premiers films, dont le lauréat des onze Oscars en question (qu'on devrait lui retirer), dans le seul but de pouvoir filmer un jour le King Kong. En 2005, fort du succès démentiel de la trilogie de l'Anneau et couvert d'or, Jackson a réalisé son rêve. Nous nous sommes donc retrouvés devant ce film de 180 minutes (3 heures grosso modo) dans lequel une séquence de trois quarts d'heure montre un gorille immense se bastonnant selon les règles du kung-fu contre trois tyrannosaures en chute libre dans un canyon traversé en contrebas par un troupeau de diplodocus numériques effarés. En s'attaquant à King Kong, littéralement "le roi des cons", son rêve de gosse, le film de chevet qu'il rêvait de remaker depuis tout ce temps, Peter Jackson voulait enfin se faire un ami en la personne du seul type plus gros et plus poilu que lui à Hollywood, et je ne veux pas parler de l'acteur Jack Black mais bien du gorille éponyme.



Peter Jackson a signé son autobiographie avec ce film au budget de 207 millions de dollars. Il raconte l'histoire d'un gros gorille né sur l'île de Pukerua Bay le 31 octobre 1961, jour d'Halloween, et débarquant 44 ans plus tard aux USA pour foutre la merde en grimpant sur des immeubles. En réalité Jackson n'a pas vissé son cul sur l'Empire State Building, comme on le voit dans le film lors d'une bataille finale du plus bel effet entre le King, aka Elvis, et un avion à réaction, mais sur les deux tours jumelles du World Trade Center. On a mis la chute des Twin Towers sur le dos d'attentats islamistes commandités par Ben Laden alors que c'était juste la suite logique de la visite de Peter Jackson dans l'une puis l'autre tour un certain matin de septembre 2001, et quand les deux colonnes ont fini par s'écrouler Jackson était déjà loin, sans doute un pied dans le MacDo du coin en train de déguster un CBO et l'autre dans le Quick voisin à boulotter un Quick'n'toast en attendant d'entamer le second, offert pour un euro de plus grâce à sa carte d'étudiant en infographie falsifiée, ignorant que ses entrées répétées dans les ascenseurs du complexe, survenues pourtant quelques heures avant le casse-dalle morbide quotidien, avaient fissuré les poutres porteuses des deux bâtiments à tout jamais. D'où le deuxième volet de la trilogie de l'anneau, Les deux tours, qui tentait d'imposer dans les esprits la théorie de l'attentat en désignant les Hobbits, petits êtres grassouillets et velus aux grands pieds, parmi lesquels le cinéaste passerait inaperçu, comme l'axe du Bien, et Ben Laden comme l'axe du Mal, sous les traits de Sauron du Mordor toujours bien planqué sous un tchador. Fierrot le pou, aka Mathieu Kassovitz, toi et ton pote Bigard pouvez repartir de zéro... Mais revenons au récit de ce film autobiographique : le gigantesque singe finit en meneuse de revue dans une salle de spectacle à Manhattan, offrant un show pathétique à des foules en manque de sensations fortes. C'est ainsi tout le parcours de Peter Jackson (sauf que dans la vraie vie la bête ne s'est pas emballé la belle Naomi Watts en lui roulant une pelle à New-York, sous la neige, devant une pleine lune digitale d'outre-tombe, dans un happy end monstrueusement laid) qui nous est restitué dans un calvaire interminable de surenchère pyrotechnique, d'amalgames douteux (les habitants de l'île du monstre, au début du film, sont assimilés physiquement à des africains, mais ils ont aussi les yeux rouges et pas grand chose d'humain, on peut passer l'éponge mais on peut aussi trouver ça craignos), de connerie scénaristique et de pure chienlit cinématographique. Le cinéaste néo-zélandais aurait déjà entamé l'écriture du scénario de la suite (car, comme son public, il aime les séries sans fin), dont le working title, "Slim Fast", ne fait pas des masses rêver.



Vous allez me dire que s'attaquer au physique, ça ne se fait pas, mais je ne peux pas faire l'insulte à Peter Jackson de m'attaquer à sa psychée, à son intelligence ou à sa sensibilité, il l'a fait lui-même, non pas dans des films impersonnels comme ceux de la trilogie du Seigneur des anneaux, mais dans un film tel que Lovely Bones, et le résultat fut un massacre du cinéma en deux heures et huit minutes seulement. A tel point que Peter a décidé de faire comme George Lucas en se concentrant plutôt sur ce qu'il maîtrise et qui fait entrer des tonnes de pognon dans les caisses des grands studios et dans les poches sans fond de ses anciens bermudas convertis en tantes Quetchua depuis son régime Dukan. Jackson préfère ne pas avoir à se creuser les méninges ni à produire aucun effort artistique (en réalisant Lovely Bones il a moins "fait un effort artistique" que "laissé parler le taré XXL qui sommeillait en lui"), et il va donc se contenter de répéter les formules qui marchent et nous pondre le prequel en trois parties de sa trilogie fantasy à base de minimois écolos et de magiciens pédophiles, ainsi que les deux suites du Tintin de Spielberg. L'homme est physiquement passé de Carlos à Kate Moss mais niveau ciné il reste lourd.


King Kong de Peter Jackson avec Naomi Watts, Jack Black, Adrien Brody et le King Kong (2005)

10 juillet 2012

Piégée

Je suis en train de regarder Piégée (Haywire en VO, littéralement "devenir dingue") et je m'ennuie tellement que j'ai décidé de boucler ma critique en temps réel. A l'heure où je vous parle Mathieu Kassovitz essaie de faire du gringue à l'héroïne (homme ? femme ? difficile à dire, c'est le "e" final du titre français qui me fait dire "héroïne") dans un enchaînement de champs contre-champs impardonnable. L'héroïne est une sorte de Michelle Rodriguez bis, autrement dit elle possède un gros chromosome Y inopiné. "Ne la vois pas comme une femme, ce serait une erreur..." lance Ewan McGregor à Michael Fassbender, tu m'étonnes ! Cet homme donc, Gina Carano, a un visage et une silhouette plus larges qu'un monster truck et sa seule revanche sur la vie c'est que sa poitrine l'est aussi. Je m'interromps pour revenir au direct. Champ : Mathias Kassovitz, contrechamp : Michael Fassbender, cherchez l'erreur. Y'a tout le monde dans ce film, tout Hollywood : Antonio Banderas, Michael Douglas, Channing Tatum, Ewan McGregor, Bill Paxton avec une moustache énorme. Vous cherchez une star ? Matez un film de Soderbergh, elle est forcément dedans. Chez Soderbergh même les figurants sont des acteurs oscarisés, mais ça n'empêche pas ses films d'être autant de remakes des Sous-doués.


La reconstitution de l'Arc de Triomphe par l'équipe des effets spéciaux... Soderbergh n'a manifestement pas eu le budget escompté, la prochaine fois il faudra peut-être te délester d'une ou deux stars espèce de tocard !

La gestion du rythme dans ce film relève de la torture psychologique pure et simple. L'histoire c'est Michelle Rodriguez qui sirote un jus de chaussette dans un bar paumé au cœur de la cambrousse américaine quand elle reçoit la visite d'un type venu lui jeter son café brûlant au visage. Elle le dégomme aussi sec avant de prendre la fuite dans la bagnole d'un client du bar, ledit client assis à ses côtés, à qui elle raconte toute son histoire, sans raison, toute sa vie, déballée gratos à ce quidam qui écoute sagement sans paniquer, en passant tranquillement les vitesses, elle lui raconte tout et quand je dis tout c'est toute son histoire : "En neuvième j'ai triché à la compo d'histoire et géographie. En huitième j'ai volé la moumoute de mon oncle Max et je l'ai collée à ma figure pour jouer Moïse à la fête de mon cours d'hébreu, et en septième j'ai fait tomber ma sœur Maggie dans les escaliers et j'ai fait punir le chien. C'est pour ça que ma maman m'a envoyée dans une colo spéciale pour les enfants trop gros, et alors un jour, au déjeuner, j'ai craqué et je me suis goinfrée et ils m'ont foutue à la porte !... Mais le pire des trucs que j'ai jamais faits : j'ai fait une bouteille de faux vomi chez moi et je suis allée au cinéma de mon quartier. J'avais la bouteille sous mon sweat-shirt, je suis montée m'asseoir au balcon et alors... et alors j'ai fait un bruit dégueulasse. Beuaaark ! Beuaaaark ! Beuaaaaaaark ! Beuaaark.... Et j'ai vidé la bouteille de dégueulis, je l'ai jetée par-dessus bord sur la salle, et alors ça a été vraiment horrible. Tout le monde s'est mis à dégueuler dans la salle. Ils dégueulaient partout les uns sur les autres. De toute ma vie j'ai jamais autant regretté ce que j'avais fait...", à ce moment-là le conducteur du véhicule se permet de l'interrompre : "Mais c'est qu'elle commence à me plaire cette gosse moi !" S'ensuit le récit de tout le parcours professionnel de Michelle dans le milieu des services secrets, trajet qui l'a amenée à se faire jeter le contenu d'une tasse de café pur arabica à la gueule par un collègue de bureau, entre autres... Donc le film est une sorte de compilation de flashbacks insipides où Michel Rodriguez s'infiltre chez des gros méchants en belle robe à brillants pour séduire un salop au sourire carnassier avant de lui envoyer son genou dans les burnes, un tas de trucs déjà vus dans mille autres navets du genre, et très régulièrement Michel Rodriguez se bat, à coups de poings et de pieds, de coudes, de têtes et d'épaules, pendant de longues minutes, contre des hommes qu'elle finit toujours par fracasser après avoir pris son élan sur tous les murs pour les frapper. Qui est encore sincèrement impressionné par ces chorégraphies minables depuis que le générique de fin de Matrix s'est déroulé sur le premier écran qui l'a diffusé en 1999 ?


Michael Fassbender, l'acteur de Shame, a intérêt à se renouveler s'il ne veut pas passer sa vie à jouer les gynécos du dimanche en mal d'amour.

Rodriguez sort vainqueur de chacun de ses affrontements après s'être également servie de chaque objet de la maison pour en faire une arme, tout y passe et tout est bon pour me rappeler les fins de soirées difficiles de feu ma collocation avec Félix, co-auteur de ce blog : le fouet de cuisine électrique pour ruiner les couilles de l'adversaire et lui monter les blancs en neige ; le four allumé thermostat 6 en passant devant tout en se bastonnant avant de se rediriger sournoisement dans sa direction quelques minutes après, l'adversaire tenu par le colbac, pour plonger sa tête dedans et la coincer entre deux grilles brûlantes ; le même usage est fait quelques instants plus tard, au cours du même combat, d'un four micro-ondes, avec une attente moins longue entre l'allumage et l'enfournage mais un effet apparemment moins douloureux sur l'ennemi, toute la chaleur foutant le camp à l'ouverture de la porte marquée par un "Ding" qui ne manque pas de donner du rythme à ce pugilat sans saveur. Michel Rodriguez manque manifestement d'inspiration à force de fatigue et répète un peu ses tricks, comme en atteste quelques secondes plus loin cette nouvelle attaque en forme de hat trick, le "coup du chapeau" pour les francophones, où elle plaque le visage de l'ennemi sur l'ouverture d'une lampe de chevet allumée depuis le début de la séquence, ce qui suffit quand même à amocher encore un peu la tête déjà bien chaude de sa pauvre victime. J'en passe et des meilleures.


Mathieu Kassovitz incarne un enfant pour la première fois de sa carrière.

A l'heure où je vous parle Michel Rodriguez vient de tuer Michael Fassbender en l'étranglant sur son pubis, triste mort pour un homme qui aimait les femmes… C'était un traitre, l'héroïne de ce film est trahie et c'est ça le pitch (je viens d'aller le lire sur wikipédia parce que je n'avais encore rien compris à cette histoire). Les cadrages de Soderberg, ses filtres qui sentent le renfermé, sa musique d'ascenseur, son ambiance apathique, son scénario si mauvais qu'on ne le comprend pas et qu'on s'en fout, font de ce film un merdier de plus dans la carrière pavée de bonnes intentions de ce réalisateur malade. J'en suis à 1h04 de film, lequel ne dure qu'1h30, et pourtant on ne sait toujours pas qui sont les différents personnages, ce qu'ils font et ce que raconte ce film sans vie, sans caractère, sans énergie, sans début ni fin, sans rien. Ne dépensez pas un euro pour aller voir cette arnaque XXL sur grand écran, conseil d'ami. Imaginez quelqu'un qui déciderait de vous péter dessus pendant une heure et demi sans raison et vous aurez une idée de ce que fait Steven Soderbergh avec ce film. On a déjà assisté à trois courses poursuites interminables faites de plans très longs sur Michel Rodriguez courant tantôt en gros plan et tantôt en gros plan aussi, sur Michel Rodriguez qui marche vite dans la rue avec sa grosse casquette en laine vissée sur les yeux, suivie de loin par un type en imper gris de rigueur, sur Michel Rodriguez faisant une marche arrière en bagnole dans les bois pendant dix minutes, sans que personne ne la poursuive, ni devant ni derrière, jusqu'à ce qu'elle se paye un garde forestier de trop dans cette forêt, forêt dont elle regrette ensuite (dans un dialogue qui restera) qu'elle contienne tant d'arbres l'empêchant de "rouler à sa guise". A 1h06 Bill Paxton discute avec Ewan McGregor dans une vaste maison forestière, demeure dont les grandes baies vitrées donnent sur le paysage, comme l'immense baraque de Pierce Brosnan dans The Ghost Writer, un film au moins deux fois plus trépidant que Piégée et qui grimpait pourtant difficilement à deux de tension lors de ses climax. By the way si dans les deux films c'est une référence à la grande maison de la fin de La Mort aux trousses je veux bien me tailler les veines tout de suite, par solidarité pour le fantôme d'Hitchcock.


Après s'être fait courser sur la plage de Polanski, McGregor se fait rouster sur celle de Soderbergh par une agent secrète très discrète, comme vous pouvez le voir. Nota bene : fixer du regard les cheveux hallucinants de l'acteur est une bonne échappatoire aux scènes de baston de ce film d'action et d'espionnage en veux-tu en voila.

La fin du film c'est un festival de connerie en cascade, du flash-back sentimental au flash-back en noir et blanc, des plans en plongée oblique qui assurent le statut artistique d'un film signé par son auteur de sa griffe unique (Soderbergh a bel et bien le sens artistique d'un yaourt) au fondu enchaîné sur la plage et son soleil couchant quand Michel Rodriguez va se venger d'Ewan McGregor en lui sautant dessus pour le frapper au lieu de le menacer d'une arme à feu, ce dernier tentant d'échapper à sa poursuivante en courant contre un rocher sur lequel il s'assomme, et ainsi de suite. Il reste 7 minutes à voir et je n'ai plus un souffle d'énergie. Soderbergh m'a vidé. A la toute fin Antonio Banderas n'a soudain plus de barbe, un faux-raccord parmi tant d'autres, un goof de malade pour ponctuer un film qui n'en est qu'un gros, un gigantesque goof d'une heure et demi aux frais de la princesse. La toute fin je ne vous la raconterai pas car elle ne se raconte pas, elle se subit. J'arrête là mais laissez-moi vous dire que je me demande encore si j'ai pas regardé un fake, une version remontée par un fan malveillant, c'est pas possible de réaliser un film aussi abscons… Piégée est une farce qui porte bien son titre, un film pratiquement sans équivalent, un foutage de gueule intégral qui porte le nom de "long métrage" et qui fait une ligne de plus dans le tableau "filmo" de la page wikipédia de son imposteur d'auteur. Steven Soderbergh, le réalisateur, est définitivement une énorme enclume.


Piégée de Steven Soderbergh avec Gina Carano, Michael Fassbender, Ewan McGregor, Bill Paxton, Channing Tatum, Antonio Banderas et Michael Douglas (2012)

23 janvier 2012

Contagion

Film sans aucun intérêt, sans tension, sans idée, sans parti pris, sans scénario, sans mise en scène, qui se regarde sans effort et c'est déjà beau vu ce qu'on attendait mais qui, au final, est plus chiant qu'autre chose et, surtout, oubliable dans la minute ! Soderbergh ne parvient même pas à nous rendre parano le temps d'un long traj'mé. Certains rétorqueront : "Tu ne l'as pas vu en salles ! Dès que mon voisin toussait j'avais envie de le tuer", et s'il est vrai que je ne l'ai pas vu en salle, il est vrai aussi que j'ai envie de tuer mes voisins de séance quel que soit le film que je vais voir au ciné, mais j'ai quelques soucis. Ceci dit ça se regarde à peu près, a fortiori sur une télé, avec l'entière liberté de se foutre de la gueule du film en permanence. Ca se mate malgré une bande originale techno-electro-teuchio insupportable, et c'est moins horrible que les critiques ne l'avaient dit. Quoique... Au bout d'un petit moment passé devant ce film dépourvu de scénario, et encore plus quand on y repense après l'avoir fini, on se dit que c'est quand même une belle merde, ce film. Pourquoi ?


La meilleure scène du film, cramée par la bande-annonce, celle où un docteur annonce à Matt Damon que sa femme est morte, et Damon de répondre : "D'accord... Je peux lui parler ?"

D'abord parce que ce film n'est rien de précis, il joue aux chaises musicales et ne se décide jamais à poser son cul huileux ici ou là. Je parle de cul huileux parce que du début à la fin Soderbergh filme des gens malades, liquéfiés, couverts de sueur et vaseux, soit exactement dans l'état critique où se trouve mon frère à chaque fois qu'il mange un peu trop de saucisson ou qu'il abuse des danettes au chocolat dont il raffole, à chaque fois qu'il mange en fait, à la fin d'à peu près chaque repas, aussi ce film fut-il douloureux pour moi. Contrairement aux longs séjours quotidiens de mon frère aux cabinets, Contagion n'est pas vraiment un film catastrophe, toute cette affaire de virus mortel à la vitesse de propagation démentielle ne semble être prise en charge que par cinq personnes dans le monde entier, un peu comme dans Alerte !, ce film de Wolfgang Petersen où Dustin Hoffman avait la courante. Les 6 499 999 995 autres êtres humains sur Terre, dont le sort tient entre les mains de cette poignée d'américains dévoués et peu connus, ne sont que des chiffres auquel le film fait référence de temps en temps ("4ème jour de contamination, 30 000 morts") avec une indifférence qui annule tout sentiment de panique. Et une seule scène (ratée) d'apocalypse à la The Road ne suffit pas à rattraper cet échec. Faute de catastrophisme, Contagion aurait pu devenir un bon film de genre quand le virus est considéré - dans une drôle de scène où une des héroïnes explique à un des héros les avancées de ses recherches sur le virus en faisant tout un laïus incompréhensible sur les chauves-souris et les cochons - par ceux qui le traquent comme un xénomorphe alien dangereux et mutant que chacun peut porter sur soi sans s'en rendre compte, mais en fait non, la maladie est aussitôt ramenée à ce qu'elle est : un gros rhume ultra contagieux qui fait chier le monde et qui fait suer du front ses victimes avant de les faire tomber comme des mouches en dix minutes.


Laurence Fishburne a l'air d'espérer une bonne nouvelle concernant la pandémie, mais un contrechamp nous révèle qu'il est sur L’Équipe.fr et qu'il attend le tirage au sort de la Ligue des Champions pour voir si Lyon va encore tomber sur le Real Madrid et se faire ramasser en beauté à domicile.

Aucun sujet n'est vraiment traité, pas même la grande idée de Soderbergh qui consiste en une parabole brillante sur le thème de la "contagion", la vraie contagion virale n'étant pas celle de la maladie mais celle de l'information, qui serait bien plus meurtrière. Sauf que rien n'est tiré de cette idée très bateau, et devant le film on se dit que c'est bel et bien la maladie qui bute tout le monde, pas internet. Tout ce que tente Soderbergh tombe à l'eau, comme sa grande idée de faire crever des stars hollywoodiennes à toute allure. Au fond c'était ça l'audace faramineuse de ce film en bois : foutre en l'air le tout Hollywood. Or on s'en tape royalement, pour commencer, et ensuite ce n'est même pas assumé puisque Paltrow, qui clamse mochement au bout de cinq minutes (voir le photogramme en bas à droite sur l'affiche) habite quand même tout le reste du film grâce aux images des caméras de surveillance observées par Marion Cotillard, qui passe sa vie à chercher l'origine du virus, ce dont on se fout tout autant, et pour ce faire se tape l'intégrale des vacances de Gwyneth Paltrow à Hong-Kong.


Quitte à choper une maxi chiasse dans la minute qui suit, moi aussi j'aurais un gros smiley en me faisant souffler sur les crayons par Gwyneth Paltrow.

L'autre star qui meurt c'est Kate Winslet, et elle meurt en héroïne s'il vous plaît. Elle fait partie des quatre ou cinq personnes sur Terre chargées d'endiguer ce fléau qui bute un million de pékins à la minute et elle meurt infectée dans l'exercice de ses fonctions, courageuse et sacrifiée, en véritable martyr de la bonne cause. Le dernier plan sur elle nous la montre agonisante sur un lit de camp, effectuant son dernier geste avant la mort : tendre une couverture à un type en meilleur état qu'elle... Tous les ricains sont des saints and soldiers dans ce film. Le vrai message délivré par Soderbergh c'est que les catastrophes sanitaires qui frappent le globe sont la faute aux Chinois qui ne respectent pas les règles élémentaires d'hygiène (à la fin on voit le départ de feu du virus, une chauve-souris tombée dans un enclos à cochons à côté d'un resto cantonais, je rêve...), mais fort heureusement de brillants et valeureux chercheurs américains, docteurs et doctoresses et autres directeurs de lobbys pharmaceutiques mettent tout en œuvre pour nous sortir à chaque fois de la panade au péril (jaune) de leur vie.


Dans une longue séquence géniale et inutile, Elliott Gould, qui incarne un docteur, est assis dans un bar, tout seul, un jour après le début de la contamination, et il regarde les gens dans la salle qui s'embrassent, se serrent la main, sentent leurs doigts, boivent dans le même verre, se torchent avec la manche et ainsi de suite, avec une tronche absolument indescriptible.

Elliott Gould, le papa de Monica dans Friends, qui dans chaque épisode n'en revenait pas d'avoir mis au monde une fille aussi bien bustée, fait un caméo de tous les diables dans le rôle d'un chercheur qui outrepasse ses droits pour trouver un remède contre le virus coûte que coûte et qui, ayant le choix entre vendre sa trouvaille à des entreprises pleines aux as ou le refiler gratos aux gentils, fait le choix de la vertu bien entendu. Lawrence Fishburne est lui aussi un grand homme qui veut sauver tout le monde et qui commet une bévue en prévenant sa fille de foutre le camp en silence d'un lieu infesté, sa fille aussi conne que lui s'empressant bien sûr de répéter à tout le monde qu'il faut partir, générant un mouvement de foule meurtrier. Mais Fishburne ne sera pas inquiété parce que sa bourde partait d'un bon sentiment, il voulait juste sauver sa fille, et puis à la fin il transgressera aussi la loi en ne se pliant pas à l'agenda national des piqûres de vaccins pour soigner sa fille avant tout le monde, et aussi le fils du type qui balaie son bureau tous les matins et qu'il aime bien. Car cet homme-là a un cœur d'or et les lois ne peuvent pas le retenir de faire le bien autour de lui. Idem pour Marion Cotillard qui part seule à Hong-Kong pour trouver l'origine du virus et qui finit par être prise en otage par des types dont le village est décimé par la maladie, qui veulent des vaccins en échange de Cotiflax. Quand ils les obtiennent (encore une scène remarquable où les Chinois testent le vaccin livré sur leur otage, Cotillard, qui n'est pas malade : ils lui font ingérer le remède, attendent deux secondes, et constatant qu'elle n'est toujours pas malade ils en concluent que le vaccin fonctionne !), ils la libèrent, mais arrivée à l'aéroport elle apprend de la bouche de son libérateur que c'était des placebos et elle quitte tout pour rejoindre les malades et les aider quand même, aide qui consistera à crever avec ses nouveaux potes en puant méchamment du front, mais c'est si héroïque. J'en passe et des meilleures.


Steven Soderbergh, le double ricain de Mathieu Kassovitz, est décidément un bien triste type.

Le seul salop ce n'est pas le patron d'une entreprise pharmacologique (ces gens-là sont des crèmes qui ne veulent que le bonheur du monde), c'est un blogueur qui veut dénoncer ce qu'il croit être une conspiration des magnats de l'empire pharmaceutique. Jude Law incarne le seul rôle merdeux de ce film, et Soderbergh lui a collé de fausses dents tordues pour le rendre ingrat comme un internaute et laid comme un enfoiré paranoïaque qui a tort de mettre en doute les bienveillantes institutions américaines, car il cause du tort à tout le monde avec son esprit critique infondé... Dieu soit loué les héros de l'ombre nationaux font fi du principe de contradiction des gêneurs paranos qui insultent leur courage et dénoncent à tort les soi-disant dérives du système et les fausses mauvaises méthodes des grands groupes. L'esprit critique scandaleux du grand public à l'égard des puissants est une plaie, nous dit Soderbergh. Le véritable cancer de notre planète, selon le cinéaste, c'est l'information, la communication, l'esprit critique, qui créent des bains de sang et empêchent les efforts des nobles et bienveillants puissants de ce monde. Édifiant. Vous aussi vous pensiez que Soderbergh n'avait pas de talent mais qu'il avait au moins deux trois idées ? Vous aussi vous pensiez qu'il avait des couilles au cul faute d'être doué de ses dix doigts ? C'est triste pour lui mais en plus d'être si peu doué Soderbergh vient de nous prouver qu'il est niais comme un manche à balais.


Contagion de Steven Soderbergh avec Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet, Lawrence Fishburne, Marion Cotillard, Elliott Gould et Jude Law (2011)

21 décembre 2011

Fast & Furious 5

Avec Fast Five, Vin Diesel passe la cinquième ! Ok, elle est facile et tout le monde l'a déjà faite, c'est même la tag-line de l'affiche, mais il est vrai que pour ce cinquième volet de la série qui a fait de lui une méga star (sachant qu'il est absent du 2 et du 3), l'acteur/producteur a mis les petits plats dans les grands ! Et quand on imagine un colosse pareil manipuler de la vaisselle, dites-vous bien que ça fait des dégâts, ça déménage et ça valdingue dans tous les sens ! Dès la première scène, des bagnoles conduites par des abrutis prennent en chasse un train pour braquer d'autres bagnoles dernier cri qui se trouvent à l'intérieur. Résultat : un festival pyrotechnique qui vous nettoiera les tympans et qui fera sortir vos mirettes de leurs orbites pour mieux vous préparer aux deux heures qui suivent. Cette scène d'ouverture a en effet le mérite d'annoncer la couleur : si vous êtes venus pour voir des bolides faire des acrobaties improbables et des héros aux yeux rapprochés du nez survivre à l'impossible, alors vous en aurez pour votre argent ! Intellectuels, philosophes, matheux, Alain Finkielkraut et autres esprits trop cartésiens, passez votre chemin, Fast & Furious 5 est un divertissement débile totalement assumé et taillé sur mesures pour ceux qui n'en attendent strictement rien d'autre.



Fast & Furious 5 nous propose aussi un duel d'acteurs comme on en voit plus beaucoup dans les gros films d'actions hollywoodiens actuels. Après Mathieu Kassovitz dans le pénible Babylon AD et son sympathique making-off, Vin Diesel trouve enfin un adversaire à sa (dé)mesure en la personne de Dwayne Johnson aka "The Rock" (le caillou, 2m30 de haut, 2m30 de large, 120 kilos de viande rouge, de quoi faire un putain de méchoui) ! Leur confrontation fait des étincelles car on a véritablement face à nous deux freaks humains impressionnants comme seule l'Amérique peut en produire ; un duo de bêtes de foire simplement bonnes à affamer, à vêtir de guenilles et à lâcher dans la même cage, histoire de les voir s'affronter en comptant les points. Ce film, c'est un peu ça. A eux deux, Vin Diesel et Dwayne Johnson proposent un spectacle infiniment plus réjouissant que le tristounet The Expendables, la réunion d'anciens combattants mollement filmée par le vétéran Sly Stallone, où la barbaque avait beau être en plus grande quantité à l'écran, elle était dans un état de décomposition avancée et dégageait une légère odeur de putréfaction !



Vin Diesel et Dwayne Johnson apparaissent ici en pleine possessions de leurs moyens, au zénith de leur charme bestial ; ne sachant pas jouer la comédie, ils misent très naturellement tout sur la contraction de leurs muscles deltoïdes et la mise à jour de leurs intercostaux. Dwayne Johnson traverse le film en laissant de la testostérone dans son sillage tandis que Vin Diesel nous gratifie de quelques regards caméra plein d'androgènes et imprévus mais gardés au montage tant ils ont le pouvoir de laisser le spectateur plaqué au fond de son fauteuil, la peur au ventre, fasciné. Quand il s'exprime, Diesel prend son temps, captive complètement l'assemblée ou flingue une scène à lui seul. Pas d'entre-deux chez les champions ! Quand il apparaît, Dwayne Johnson attire invariablement l'attention sur la raie de son gros cul, aucun caleçon n'étant suffisamment large pour accueillir son anaconda et ne disposant pas à proprement parler de hanche. La raie de la star dépasse toujours clairement de ses pantalons taille basse car portés pour laisser le champ libre et mettre en valeur ses volumineux abdos. Inutile de dire qu'entouré par ces deux molosses, Paul Walker a bien piètre allure, malgré une tronche de beau gosse travaillée chaque matin des heures durant devant sa glace et de petits biscotos bien affutés, gagnés à la sueur de son front dans les salles de muscu. Côté actrice, l'habituelle Jordanna Brewster et les nouvelles venues Elsa Pataky et Gal Gadot assurent la décoration des scènes en intérieur. Au petit jeu du "qui d'entre nous sent le plus la teub", imposée par la production, Elsa Pataky gagne sur un score modeste, mais je ne fais là que vous transmettre le simple avis de mon propre "mini-moi", pas spécialement fier de lui sur ce coup-là...



Revenons à présent au film à proprement parler. Le scénariste derrière tout ça a eu la chic idée de faire de ce nouveau volet rapide et furieux un film de braquage "à l'ancienne", puisque notre gang accro aux grosses cylindrées doit réaliser un dernier gros coup avant de se ranger définitivement et mener une vie tranquille (chose impossible tant qu'on est pas milliardaire, si l'on en croit ce film et tout un tas d'autres venus d'Hollywood). Le film consiste donc en la réunion d'une équipe de choc capable de réaliser ce braquage, de sa préparation millimétrée à sa réalisation chaotique. Tout ça est un brin rendu compliqué par des agents du FBI menés par The Rock, bien décidé à épingler Vin Diesel avant son méfait, mais paralysé par le fait qu'ils se trouvent tous au Brésil, et plus précisément à Rio de Janeiro, où l'arrestation américaine est légalement impossible. Une critique qui a d'ailleurs été adressée à ce film, au milieu d'un accueil majoritairement très favorable, consistait d'ailleurs à lui reprocher de véhiculer une sale image de la ville sud-américaine, telle que vue par Hollywood, où règnent donc en maître corruption, drogue, insécurité, violence et inégalités. En effet, ce n'est pas dans Fast & Furious 5 que vous sera proposée une véritable analyse géopolitique crédible de la ville de Rio. Pour cela je vous conseille plutôt Le Dessous des cartes spécial Brésil. Ici, la géographie particulière de Rio de Janeiro permet au film de nous livrer quelques scènes dignes d'un jeu vidéo de plateforme. Le décor est un simple prétexte, un "monde", un "level" permettant aux personnages de sauter de toits en toits. Comme dit précédemment, tout ça a le mérite d'être pleinement assumé. On n'est pas dans l'infâme Die Hard 4, par exemple, où les scènes d'action improbables et le côté "jeu vidéo filmé" allaient totalement à l'encontre de l'esprit de la franchise.



Dans FF5 (à ne pas confondre avec la série Final Fantasy, les rôlistes seraient déçus !), certaines scènes d'action sont évidemment too much et on ne croit pas vraiment à la titanesque poursuite finale, où deux voitures sèment des flics, également bien véhiculés, alors qu'elles traînent derrière elles un énorme coffre blindé qui détruit tout sur son passage (et doit peser 120 tonnes). On n'y croit pas, mais on regarde quand même, avec de grands yeux, et l'envie de savoir jusqu'où ils oseront aller ! Tout le film m'a plongé dans cet état de curiosité absurde, ma foi pas désagréable. J'ai aussi pu constater que contrairement à bien des films d'action actuels, Fast & Furious 5 parvient assez bien à mêler image de synthèse et véritables cascades, on ne voit pas vraiment la différence. Malgré un léger ventre mou, chose difficilement évitable quand on lance le film sur un tel rythme, Fast & Furious 5 remplit aisément son cahier des charges et parvient plutôt bien à remplir sa mission durant 130 minutes. Une fois terminé, par contre, tout en reconnaissant avoir passé un assez bon moment, on se jure que l'on ne reverra plus de film de cette espèce de si tôt, comme rappelé à l'ordre par les derniers neurones valides qu'il nous reste. Enfin, je tiens à préciser que j'ai vu ce film avec mon père, qui est le président du fan-club français de Vin Diesel, ce fut donc un plaisir coupable et partagé.


Fast & Furious 5 de Justin Lin avec Vin Diesel, Paul Walker, Dwayne Johnson, Jordana Brewster et Tyrese Gibson (2011)

6 mars 2009

Fierrot le Pou

A court-métrage, courte crtique. A Kourtrajmé, court papier. Je voulais vous parler de ce premier film de Kassovitz parce qu'il fait un peu partie de ma vie. Y'en a qui refilent L'Attrape-Coeurs de Salinger aux demoiselles pour les charmer, y'a ceux qui leur font écouter With or Without You de U2, ou encore ceux, la crème de la crème, les plus bohèmes, qui leur prêtent le dvd pas cher de Pierrot le Fou. Moi, j'ai fait le choix original de miser sur la concision, avec Fierrot le Pou, et j'ai encore jamais eu aucun retour. Je l'ai acheté 2000 fois. Pas une réponse. Rien.

Ça reste le meilleur film de Kossovard. Dispo sur sa page d'accueil MSN : matteokossovard dot com.


Fierrot le Pou de et avec Mathieu Kassovitz (1990)

16 décembre 2008

Babylon A.D.

J'ai lu la moitié du roman de Maurice Gibert-Joseph Dantec, et la moitié de ce roman c'est 500 pages feuillets doubles, petits carreaux non perforés. Et je viens de voir la moitié du film qu'en a tiré Mathieu Kossovare, le problème c'est que c'est la même moitié, alors je connais toujours pas la fin. Ne me demandez pas ce que veut dire le "A.D" du titre. Mieux, si vous savez ce que ça veut dire, abstenez vous de me mettre au jus, parce que j'en ai vraiment rien à secouer. Avec ce film, tourné en langue anglaise, filmé au Texas, produit par la Twentieth Century Fox, et dont le rôle principal est incarné par un acteur Américain de seconde zone qui réunit à lui tout seul tous les plus accablants clichés de l'actorat Hollywoodien riche en testostérone, Kassovitz avait l'intention de prouver qu'en Europe il était possible de rivaliser avec les Américains, et de réaliser un grand blockbuster à effets spéciaux de qualité, dans la veine de Cécil Blount DeMille. Au final tout ce qu'il y a d'Européen dans ce film, c'est la nationalité du gros taulard qui a écrit le best-seller de mes deux dont le film est tiré, et celle du niais qui a réalisé cette adaptation dont il a fait l'œuvre de sa vie, pour mieux la renier, prétextant qu'il n'avait pas eu le final cut, quand il s'est rendu compte qu'il avait filmé une merde.



Kassovitz a aussi parlé d'une certaine querelle entre lui et Vincent Diesel. En réalité, le frenchy comptait sur son acteur fétiche Vin Cassel pour tenir le premier rôle du film, mais ce dernier l'a poussé dans les orties en l'appelant "mémé", car même s'il lui sait gré de l'avoir lancé pour de bon avec La Haine, Cassel n'en peut plus d'être roulé dans la boue par son ami d'enfance qui est devenu son ennemi juré depuis Les Rivières Pourpres. Alors Kassovitz s'est pris le bec avec son second choix, Vince Diesel: 62 versus 112 kilos, inutile de vous dire qui a eu le dernier mot... 32 centimètres de tour de cou chez Mathieu, 96 centimètres de tour de collier pour Vince Diesel... 1m75 bras levés du côté de Kassovitz, 2m02 au garrot pour Vince SansPlomb95. Enfin bref tandis que Kassovitz chausse du 42, l'autre va nus pieds depuis son adolescence car rien dans le commerce ne correspond à sa pointure inchiffrable, même en dehors du commerce, aucun contenant ne peut accueillir ses pattes. Lors des rares soirées des Oscars auxquelles il assiste en tant que boddyguard de l'acteur The Rock, on l'a vu déambuler avec des planches de surf aux pieds, simplement reliées à ses orteils par des cordages, pour vous donner une idée des pieds de ce mec. Si Vin Diesel devait un jour porter du cuir autour de ses pieds, il aurait plus vite fait d'enfoncer directement ses pieds dans le cul de deux vaches adultes, pour éviter à un jeune apprenti cordonnier de voir sa vie défiler, sa vieillesse l'atteindre et sa mort le frapper en ayant jamais travaillé qu'à une seule paire de pompes. Si vous cherchez quelques anecdotes croustillantes sur le cas Diesel, vous aurez tôt fait de découvrir que c'est bel et bien Spielberg qui l'a lancé dans Il Faut Sauver Le Soldat Ryan. Mais en réalité, si c'est bien dans ce film qu'il est apparu pour la première fois sur un écran, c'est néanmoins bien plus tôt qu'il a donné un premier coup de main à Spielberg, ou plutôt un coup de patte, puisque c'est sa seule démarche nonchalante qui a permis cet effet spécial désormais culte des ondulations à la surface de l'eau dans Jurassic Park, à l'approche du T-Rex.



J'ai maté ce film avec Félix, qui m'a très tôt demandé en pointant Vin Diesel du doigt: "C'est lui Gong Lui ?". Parce que dans cette scène, Vin Diesel donnait la réplique à Gong Li dans une inépuisable série de champ-contrechamp. Il m'a avoué qu'il confondait toujours ces deux acteurs. Au final je me suis endormi, j'étais bien... Je digérais difficilement (peut-être à cause de la façade mal crépie de Mélanie Thierry) un kilo-litre de soupe de légumes noyée de crème fraîche et de fromage rapé qui avant de fondre dans mon estomac comme un pavé dans la marre, venait de fondre dans ma bouche comme un pavé sur la gueule d'un flic. Félix était vexé d'endurer cette horreur seul, et il m'a rapidement remis dans le rang avec un coup de pied latéral idéalement placé entre mes deux yeux.

Je me demande toujours comment il fait, Kassovitz, pour revenir en France toutes les quinzaines donner des leçons de cinéma et de vie, alors que c'est quand même peut-être le pire homme, en tout cas en tant que tel.

P.S. Si y'en a un parmi vous qui sait ce que veut dire A.D., je veux tout de même savoir à quelle sauce j'ai été mangé.


Babylon A.D. de Mathieu Kassovitz avec Vin Diesel, Gong Li et Mélanie Thierry (2008)