Ce film-là a fait le buzz à sa sortie. Beaucoup ont exulté devant ce qui a été désigné comme une immense réussite pour le cinéma français, la preuve incontestable et tant espérée qu'il est bel et bien capable de rivaliser avec les américains et de produire un film d'action de haute volée. Bon... Avouons que Le Chant du loup se regarde avec un certain plaisir et sait nous tenir en haleine du début à la fin. Premier long métrage en tant que réalisateur d'Antonin Baudry, il est une tentative audacieuse de film de sous-marin, que l'on peut effectivement saluer. Mais sachons raison garder. On est à des années lumière du chef d’œuvre du genre, l'éclair de génie de Wolfgang Petersen sorti en 1981 et film de chevet de tonton Spielberg : Das Boot. Si Le Chant du loup se mate sans souci et dépasse allègrement les productions merdiques chapeautées par Besson, cela reste du pipi de chat qui est loin d'être un vrai bon film et a aussi de quoi foutre sur les nerfs.
Dès la première scène on sent bien toute la volonté d'Antonin Baudry, qui a passé une demi journée dans un sous-marin pour les besoins du film, de coller au plus près du réel en nous immergeant dans l'ambiance à bord d'un tel engin, avec le jargon militaire et tous les codes absurdes qui vont avec. On commence par y croire et cette introduction prometteuse fonctionne plutôt bien. Mais pourquoi montrer de façon si appuyée que tout ça, c'est du sérieux, si c'est pour enchaîner ensuite les incohérences grotesques et les péripéties débiles ? Il serait laborieux d'en faire l'inventaire et elles rapprochent davantage ce film d'un épisode quelconque de la série 24 que d'un véritable classique du cinéma de guerre... Si le scénario de Baudry parvient à nous maintenir alertes, il finit surtout par briller par ses faiblesses et son inconséquence. Après tout, nous aurons simplement suivi les mésaventures d'une bande de tocards particulièrement doués pour se foutre dans la merde tout seul comme des grands, allant jusqu'à risquer de plonger l'humanité toute entière dans l'apocalypse nucléaire suite à une idiote erreur d'appréciation...
Fier de son casting ronflant, Le Chant du loup nous propose une belle collection d'acteurs ravis d'enfiler l'uniforme, une galerie de tronches plus ou moins cassées censée symboliser peut-être la diversité des rangs qui composent notre marine nationale. Ils sont tous d'un sérieux si plombant qu'il confine au ridicule, à l'instar de Mathieu Kassovitz et Reda Kateb, quand ils ne sont pas simplement très très mauvais (Omar Sy, dont chaque réplique sonne faux !). On ne croit pas une seconde en l'espèce d'amitié fraternelle et de camaraderie infaillible que Baudry essaie d'installer entre eux. Quand Omar Sy adresse un dernier salut militaire des plus solennels à son collègue Reda Kateb, avant que leurs chemins ne se séparent, on se dit qu'un truc n'a pas fonctionné tant on se concentre exclusivement à décortiquer la gestuelle risible de l'acteur césarisé. Le sacrifice de son personnage est un autre moment assez gênant, où l'héroïsme supposé laisse place à l'humour involontaire. Toujours au rayon comique : les mimiques de François Civil quand il se creuse les méninges pour deviner l'origine de tel ou tel son évoquent directement Ace Ventura, ce qui pourrait être une fort belle référence si le film ne se voulait pas aussi sérieux.
Autre motif d'exaspération intense : l'histoire d'amour minable que croit bon de nous asséner Antonin Baudry entre son jeune militaire à l'oreille d'or (François Civil, doué des dons de The Sentinel, ce qui lui a aussi permis d'être à l'affiche de 36 films en 2018 et 2019) et une jeune bibliothécaire d'origine allemande dont on aurait préféré qu'elle reste au pays (Paula Beer, en réalité un panaché tiède, une potiche d'abord présente pour nous faire croire en l'ampleur internationale du projet). Toutes leurs scènes de couple, de leur première rencontre rapide à leurs retrouvailles soit disant poignantes en passant par leurs ébats amoureux embarrassants, sont dignes d'un mauvais feuilleton télé. On peine à croire, encore une fois, à la vérité de leurs sentiments, eux qui se connaissent seulement depuis une soirée et qui ont d'abord eu comme point commun une irrépressible envie de niquer.
Autre motif d'exaspération intense : l'histoire d'amour minable que croit bon de nous asséner Antonin Baudry entre son jeune militaire à l'oreille d'or (François Civil, doué des dons de The Sentinel, ce qui lui a aussi permis d'être à l'affiche de 36 films en 2018 et 2019) et une jeune bibliothécaire d'origine allemande dont on aurait préféré qu'elle reste au pays (Paula Beer, en réalité un panaché tiède, une potiche d'abord présente pour nous faire croire en l'ampleur internationale du projet). Toutes leurs scènes de couple, de leur première rencontre rapide à leurs retrouvailles soit disant poignantes en passant par leurs ébats amoureux embarrassants, sont dignes d'un mauvais feuilleton télé. On peine à croire, encore une fois, à la vérité de leurs sentiments, eux qui se connaissent seulement depuis une soirée et qui ont d'abord eu comme point commun une irrépressible envie de niquer.
Côté mise en scène, rien à signaler. Réussir un film de sous-marin n'est pas chose facile et on ne s'improvise pas grand cinéaste d'action. S'il a côtoyé les grands cons de ce monde quand il était conseiller de Dominique de Villepin, Antonin Baudry n'a pas un cv impressionnant côté ciné. Il fait ici tout son possible pour faire illusion, sans jamais prendre de risque. Les rares explosions sous-marines en CGI sont assez laides, à tel point qu'elles nous sortent du film et nous rendent de nouveau nostalgiques du classique de Wolfgang Petersen. Le suspense final qui se veut insoutenable repose hélas sur un postulat absurde et tient seulement parce que l'on se demande jusqu'où l'apprenti cinéaste osera aller : ses matelots du dimanche provoqueront-ils la fin du monde ? Et combien des grands noms du casting resteront à jamais prisonniers de leur sarcophage d'acier ? Les réponses sont décevantes, évidemment.
Avec près de 2 millions de spectateurs en salles, Le Chant du loup est un succès tout de même compréhensible vu la concurrence moribonde et le niveau actuel des productions de ce genre. Les critiques devraient toutefois se montrer plus mesurées et signaler qu'il s'agit là d'une réussite toute relative et au mieux très modeste, bien loin de rejoindre les grands titres de ce sous-genre cher aux cinéphiles désireux de vivre des expériences tendues et claustrophobes. Bon, moi je vous laisse, je m'en vais revoir Das Boot.
Le Chant du loup d'Antonin Baudry avec François Civil, Reda Kateb, Mathieu Kassovitz, Omar Sy et Paula Beer (2019)
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