Tout le monde a vu les trois suites des Dents de la mer de Spielberg alors que c'était trois daubasses énormes ! Faut dire que ces séquelles horribles étaient rediffusées en boucle chaque été fut un temps. Dès le deuxième épisode la franchise se mettait pourtant à puer méchamment la mort, même s'il existe quelques aficionados de Jeannot Szwarc, le réalisateur français du deuxième volet dont les encyclopédies ciné les plus pointues ne savent pas dire comment il a pu se retrouver aux manettes de la suite la plus attendue de tout Planet Hollywood. C'est un peu comme si aujourd'hui on appelait Patrick Braoudé pour réaliser Avatar 2, y'aurait comme un hic... Et pourtant les fans de Szwarc maintiennent que Les Dents de la mer 2 a juste eu la malchance de venir après le premier. Ils maintiennent même que la fin du film est peut-être supérieure à celle de Spielberg, plus intense, plus mémorable. Rappelez-vous : Roy Scheider (l'acteur - auquel Allociné attribue la filmographie complète de Romy Schneider - avait osé resigner pour une suite sans Spielby), poussé à bout par un Jeannot Szwarc dont les méthodes de directing étaient encore inconnues outre-atlantique, conduit un zodiac à toute allure poursuivi par le grand blanc, lequel est bien décidé à boulotter ses enfants. Le shérif d'Amity Island entend guider son ennemi juré vers une ligne à haute tension qui traîne là, suspendue en mer. Toutes les lois de la logique et de la physique se retournent alors contre le grand blanc avec une chaussure noire et un aileron malheureusement pas rétractable qui se prend une décharge hallucinante dans un feu d'artifice pyrotechnique plongeant toute la côte ouest dans le noir pendant deux ans. Scheider (grand acteur dont le blaze perd tout son charme dès qu'on le sépare de son prénom) passe quant à lui à travers l'obstacle, à l'aise, il s'en tire sans même empester le poulet rôti, un miracle pur et simple. Jeannot Szwarc avouera plus tard que c'était de la "folie douce" que de tourner cette scène telle quelle.
Comment peut-on pleurer devant ça ?

C'était le début des grands effets spéciaux. En 1983 ça c'était le top niveau.
Quelques mots sur le quatrième film du nom (on ne parlera pas des Dents de la mer 5, le DTV dont on vient d'apprendre l'existence) : prenant le contrepied de la grandiloquence et de l'action effrénée des précédents opus, Joseph Sargeant crut bon de nous livrer un film d'auteur contemplatif, hommage à peine déguisé à son cinéaste préféré, Andreï Tarkovsky. Dans ce film c'est la femme de Roy Scheider, jouée par Lorraine Gary (engagée sur tous les films de la série sauf le 5) qui affrontait la petite sœur du premier squale dans une déambulation cérébrale minimaliste sur l'océan. Nombre de spectateurs passèrent à côté, nous aussi. Et comme tout le monde on a pensé "plus jamais ça".
Les Dents de la mer 2 de Jeannot Szwarc avec Roy Scheider (1978)
Les Dents de la mer 3 de Joe Alvez avec Dennis Quaid (1983)
Les Dents de la mer 4 de Joseph Sargent avec Michael Caine (1987)