3 juillet 2011

Walkyrie

Pour clôturer notre rétrospective Bryan Singer, Joe G., le marabout surmené et passionné qui dirige d'une main de fer dans un gant de velours le webzine musical le plus cool de France, C'est Entendu, a profité d'une après-midi passée en ma compagnie sur les marches du Sacré Cœur pour torcher ces quelques lignes à propos du tout dernier film en date réalisé par Bryan Singer : Walkyrie.

Le seul long-métrage où sont réunis les deux plus gros enculés du XXème siècle, à savoir Tom Cruise et Hitler, commence mal. En effet, dès l'affiche, une sorte de sentiment de haine naît non pas vis-à-vis du régime Nazi mais bel et bien à l'encontre de Thomas Cruise Mapother IV. Notez bien que c'est peut-être là le désir subliminal du publicitaire mandaté par la Warner ou quelle que soit la compagnie hollywoodienne qui a donné à Bryan Singer les 200 dols avec lesquels il a monté cette fresque racontant les frasques d'un ex-golden-boy de la Wehrmarcht défroqué suite à la chute de son œil droit. Le début du film conforte tout à fait ce sentiment que la starlette californienne au sourire bright et au brushing huilé n'a pas sa place dans l'Allemagne nazie. Les premières expositions dentaires à qui mieux mieux au travers du fameux sourire en coin qui aura convaincu toutes les teens que se taper des Cocktails avec un autiste paraplégique n'était pas forcément un Risky Business, ce sourire-là, il plombe toute l'énergie qu'aura pu mettre le réal, Singer himself, dans la crédibilisation d'une époque ténébreuse. On en vient à se dire que le casting pue un peu la merde jusqu'à ce que l’œil de Cruise, l’œil du cyclone, celui de cette Cassandre moderne qui a bien vu venir l'assaut aérien des Alliés sur le convoi militaire qu'il dirigeait, ne sorte de son orbite par voie de shrapnel. Je viens de vous conter la première partie du film. Celle durant laquelle on surprend souvent Tom Cruise fermant l’œil gauche pour s'adapter à sa future monovision, à son cyclopisme annoncé.



En fait, à partir du moment où le colonel Von Stauffenberg (Cruise) cesse de rire, on peut enfin y croire. L'intrigue qui se lance ensuite, à savoir le plot imaginé par le personnage de Cruise et des sympathisants haut placés partageant sa désillusion quant au Führer, se mate comme un bon épisode de Docteur House. Sauf que le diagnostic est sans appel : Von Stauffenberg prescrit un bon gros explosif par suppositoire à son chef suprême. Singer ne se démerde pas trop mal alors pour créer le suspense de ce coup d’État plutôt bien imaginé mais malheureusement complètement foiré qui mènera les traîtres à se ronger méchamment les ongles en attendant une exécution sommaire dans le plus pur style du twentieth century.



Pas franchement une reconstitution voulue fidèle (les allemands parlent tous anglais, les anglais causent tous allemand), Walkyrie est en tout cas un film "de guerre" qui a le mérite d'être intéressant sans pour autant vraiment proposer des scènes "de guerre". La véritable bataille à l'écran est bureaucratique et dans la seconde partie du film, on ne pense plus une seconde au Pape de la Scientologie en costume nazi, on ne voit plus que des fonctionnaires allemands se battant pour leurs rêves et Bryan Singer de nous tenir en haleine en plein Reich sans abuser de coups de feu. On tient peut-être là le point d'orgue d'une carrière faite de bas et de bas.


Walkyrie de Bryan Singer avec Tom Cruise, Carice Van Houten, Bill Nighy, Tom Wilkinson, Terrence Stamp et Kenneth Branagh (2008)

6 commentaires:

  1. Ce qui est effarant dans ce film, c'est qu'il n'y a pas un seul allemand au casting (que des anglais et USains) : grosse daube ... pue la mort Singeur

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  2. Ahah. Cet article et ce commentaire referment le cercueil fabriqué pour Singer tout au long de la semaine...

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  3. Elle est bonne Carice Van Houten dedans ? Parce que dans black book elle m'avait ruiné un slip...

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  4. On la voit quasi pas. Elle joue la femme de Von Stauffenberg. On la voit viteuf, elle sert à queud. C'est un movie d'hommes, un film de mectons !

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  5. Enfin vu, et fort de cette découverte, je peux le dire : bel article Josuhé !

    C'est vrai que Cruise fait immédiatement tâche dans le rôle d'un soldat allemand du milieu du XXème siècle, avec sa grosse tronche estampillée playboy des années 90. Quant au métrage de Singer, il a tout juste une portée documentaire. Il n'y a aucune tension, aucune action, vraiment rien de rien. C'est du travail. On voit le travail d'un type payé pour bosser sans s'amuser, et il fait son devoir honnêtement, pas plus.

    Par contre y'a un truc dont tu ne parles pas (enfin pas complètement) dans ton article, c'est du tout début du film. Tu dis que les Allemands causent Anglais, et c'est vrai, mais c'est pas juste ça, c'est pas aussi simple que ça ! Quand ça commence, Tom Cruise est en train d'écrire son journal intime dans une tente en Afrique, et on entend ce qu'il écrit en voix-off. Il cause Allemand ! Tom Cruise a appris l'Allemand ?! Véridique ! Il déblatère en Allemand et avec un accent presque pas risible. On n'en croit pas nos oreilles. Et on se dit qu'il a de sacrées balls pour avoir accepté de tourner un film en boche sans être doublé. Mais au bout de trois phrases y'a une sorte de fondu sonore et de l'Allemand on passe à l'Anglais, façon de dire : le personnage parle Allemand mais on va tout traduire, on va pas non plus s'emmerder la race avec du boche. C'est ri-di-cule. Singer n'en ressort pas grandi, lui qui avait déjà l'envergure d'un moko dans le paysage audiovisuel mondial.

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  6. Von Stauffenberg était bien plus classe dans la bédé "Sir Arthur Benton" dont je conseille la lecture tant chaque case ressemble à une peinture.

    La deuxième tof est un photo-montage, je parie. Ou c'est un sosie.

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