Le premier film que j'ai vu en screener. C'était y'a 7 ans. C'était les débuts du dvd.rip, j'avais aucune expérience dans le téléchargement mais j'avais quand même jugé l'image un peu floue et trouvé bizarre que des ombres passent devant l'objectif à plusieurs moments vers le début et la fin du film. Malgré tout cette image crado et ces interférences correspondaient bien à ce film que pour rien au monde je n'aurais vu en bonne qualité. Le pitch, on va vous le faire vite fait bien fait : un couple d'américains moyens s'en va en vacances aux îles Galapagos, armé d'une caméra waterproof et d'un programme alléchant : rando à dos d'éléphants, rencontre avec les féroces crocodiles du Nil, ride en sidecar dans les souks amérindiens, spéléo dans des grottes jugées insalubres par les autorités locales, pique-niques sur la plage, quelques promenades dans les marchés galapagiens entrecoupées de bonnes parties de baise en chambre Sofitel pour souder un couple qui a besoin de se retrouver, et surtout la plongée sous-marine. Autant vous dire que cette dernière activité est une activité-clé pour le scénario du film. En effet notre couple vedette s'embarque avec toute une équipe de plongeurs sous-mariniers pour une exploration des récifs coralliens au large des Galapagos, mais ils sont malheureusement oubliés par les organisateurs de la sortie, partis sans recompter leurs recrues, et se retrouvent donc paumés au milieu de l'océan avec une bouée pour seule amie.

Avant la journée fatidique, Dan, le mec du couple, a tenté d'embringuer sa copine dans une session doggy-style, mu par cette excitation raisonnée qu'on connaît tous, qui repose sur un mince espoir et qu'on a nous même un peu maintenue sous cage pour pas brusquer l'être aimée et pour ressortir de l'échec attendu pas trop dégoûté, voire grandi aux yeux de l'autre qui se dit : "C'est quand même pas un connard, il n'est pas sur le point de me violer". Le personnage fait le fameux coup à sa femme : j'hésite pendant une demi heure puis je me tourne lentement pour poser mon livre par terre, demi-tour vers ton cul qui me tend les bras, j'envoie lentement les pattes avec des caresses qui peuvent être prises au choix pour une marque d'affection sans arrière pensée ou pour un début d'acte potentiel sous forme d'attaque vicelarde (le choix n'étant permis que si la compagne n'a pas senti votre boner contre l'arrière de son genou). Hélas pour le héros du film, ça casse. Faut dire qu'il a mal choisi le moment vu que sa meuf lit Biba la tronche farcie de tranches de melon et de concombre. Ce refus aura un goût amer, pour elle comme pour lui, mais la scène aura permis au spectateur d'entrer dans l'intimité des personnages et surtout de voir des nibards dès le générique d'ouverture pour mieux rester concentré.

Du coup, réveil mitigé et frustré pour Dan, dont le zguègue colle un peu au drap. Idem pour sa femme qui a oublié de retirer les fruits et légumes qui recouvraient sa face avant de s'endormir et qu'une petite colonie de fourmis rouges galapagiennes du genre gloutonnes a pris pour cible durant la nuit. Si le couple ne s'était pas foutu dans la merde en se paumant au milieu des requins, on aurait quand même été curieux de suivre un film de deux heures sur le reste de leurs vacances qui s'annonçaient comme un festival de gaffes et de frustrations. Mais le film ne dure qu'une heure et quinze minutes, et l'heure restante on va la passer à choper le mal de mer abandonnés au milieu de l'océan. Du haut de son pitch minimaliste, ce film est un petit guide de survie en eau trouble. Un guide pas très recommandable vu qu'à la fin du film un pêcheur à la ligne retrouve dans la gueule d'un Grand Blanc une caméra waterproof, un zob rabougri et des tranches de concombre. A noter que ce film prend le contrepied du classique de Spielberg, Les Dents de la mer, film à double tranchant pour nos amis à 36 rangées de dents puisque le maître d'Hollywood avait fait de la bête un monstre à part entière, aussi redoutable que fantasmé. Chris Kentis nous remet face à la triste réalité et nous dépeint des requins très loin du strass et des paillettes d'Hollywood, réduits à leur statut de purs charognards des temps modernes, sortes d'équivalents aquatiques et waterproof du corbeau ou de la hyène. Les bestioles qui ont raison de notre couple de touristes ce sont les méduses, les coups de soleil et la maladresse légendaire des femmes. A un moment, toujours seuls au milieu du pacifique, ils décident de manger des chips, la seule denrée conservée dans la combi waterproof de Dan, mais sa meuf les fait tomber à l'eau. Et dans ce film si pauvre en dialogues, l'héroïne lâche un tragique : "Va-t-en manger des chips à la moutarde qui ont pris la flotte toi". Cette même héroïne, qui n'est pas à une connerie près, libère malencontreusement une trainée de sang car elle a oublié de mettre un tampax, et, tel le Petit Poucet, elle laisse de petits globules rouges derrière elle qui ont de quoi ravir une maman squale et ses petits, tout un gang de requins doublés par Will Smith et Angelina Jolie dans la version originale.
Budget du film : 130 000$. Recettes : 55 000 000$. Non je ne me suis pas gouré dans les zéros. Laissez-moi vous dire que Chris Kentis, s'il lit notre critique, doit tendre ses deux majeurs vers son écran en se marrant, les poches bourrées de thunes !
Open Water de Chris Kentis avec Blanchard Ryan et Daniel Travis (2004)