30 juillet 2011

Les Randonneurs à Saint-Tropez

A sa sortie, ce film s'est fait lyncher par une critique étonnement unanime, ravie de lapider le pourtant bonhomme Philippe Harel pour cette suite de mauvais augure, tant attendue et tant repoussée, qui a connu un "development hell" de presque douze ans. Pour la petite histoire Philippe Harel a justement nommé son propre fils, son fiston, Development Hell Harel, qui a vu le jour suite au succès du premier volume des Randonneurs. On avait dit à Philippe Harel, lui qui avait eu l'idée d'un diptyque dès l'écriture du premier film, d'attendre, d'attendre, de laisser monter la sauce, comme George Lucas avec Star Wars. Mais ces choses-là, la décantation d'un succès, l'impatience d'un public, sont dures à jauger. Faut croire qu'Harel a attendu trop longtemps et quand Les Randonneurs 2 est sorti, le premier avait atteint le statut de film culte intouchable, à ne surtout pas affubler d'une suite, quand bien même elle fût dirigée par le même réalisateur avec sous sa coupe les mêmes acteurs.



Y'a bien que MCinéma.com pour avoir osé accueillir à bras ouverts ce sequel non-désiré et pour le couvrir de louanges. Le reste de la critique a préféré l'enduire de fanges avant même sa sortie. Pourtant on a vu bien pire. En mettant de côté son jugement critique on peut même passer un relatif bon moment devant ce film plus ou moins honnête, pas souvent marrant et parfois franchement chiant mais ô combien plus respectable que bien d'autres suites indignes surfant sur la vague du succès en quête de pognon, à la manière d'un Saw, qui en est déjà à son septième épisode (et on attend d'autres suites, dont Saw Show Montbéliard, et Moussa Saw, le biopic du footballer pichichi de Ligue 1 2010-2011, sacré avec le LOSC), ou comme Les Bronzés 3, même si le deuxième exemple est plus directement rapprochable des Randonneurs. En effet l'histoire est un peu la même : pour le dire vite, un des anciens de la bande a fait fortune et les autres viennent ramasser les miettes pour des retrouvailles un poil amères. Ici c'est Poelvoorde qui, comme dans la vraie vie, a touché le pactole, alors que les autres triment encore et sont rassemblés dans un hôtel un peu miteux. L'histoire, qui met une plombe à se lancer et dont plusieurs éléments sont ébauchés avant d'être abandonnés, n'est pas franchement le fruit d'un travail de dix ans mais elle est le prétexte à une poignée de bons moments, surtout grâce à Poelvoorde. L'acteur était en pleine dépression carabinée au moment du tournage, traînant son ombre sur les plateaux télé et peinant à faire marrer, aussi passe-t-il le film à prendre la mouche et à alterner moments d'euphorie et d'abattement, avec pour transition entre les deux tempos de grands coups de sang à l'encontre de Miguel, son homme à tout faire.



Poelvoorde sauve presque le film, c'est pas peu dire. Hormis Philippe Harel lui-même, qui campe un type ultra chiant et qui est à deux doigts de plomber son propre métrage, les autres ne font pas pitié, contrairement à tous les acteurs des Bronzés 3, excepté peut-être Lhermitte qui sait qu'il n'a rien à foutre dans ce merdier. Contrairement à l'horreur de Lecon(te), Les Randonneurs 2 peut se targuer d'avoir un casting constitué d'autant de grandes actrices doublées de belles pépés qu'en annonce le chiffre (deux) qui classe le film dans la saga Quetchua d'Harel. Géraldine Pailhas d'une part, et Karin Viard d'autre part. Toute la France dans ce qu'elle a de plus subtil, et surtout la France profonde du fromage qui fond, une belle tartine bien faite avec du fromage étalé dessus à déguster avec du rouge. Du fromage qui déborde et qui attire toutes les mouches de la région. J'ai l'air négatif dans ma comparaison, mais mon cœur, je ne le suis pas du tout. Je dîne régulièrement à base de Chaussée-au-moine (quelle idée d'appeler un tel fromage "godasse du Pape"... Ok ça pue sûrement la mort dans les sandales du Pape mais c'est pas une raison) et de vinasse. Pour moi c'est le sommet du repas culinaire. Pailhas, on ne la présente plus, à la fois personne ne la connaît. Elle m'en a fait mater des films... Je la considère comme underated. Comme Viard, elle a ce petit truc en plus des actrices typiquement françaises qui nous renvoient à monitrices de centres aérés, des anciennes profs de géo. Pailhas était l'argument féminin majeur du premier volet, avec son petit débardeur bleu ciel moulant, et il faut bien dire (d'ailleurs Poelvoorde passe un quart d'heure à le dire dans sa première apparition) qu'elle est ici outrepassée par une Karin Viard que l'âge a sublimée. Je me suis souvent senti seul sur le cas Viard, président et uniquement membre du fan club à l'exception de Félix, le trésorier, mais petit à petit j'en ai parlé autour de moi et j'ai été heureux de constater qu'on est à peu près 65 millions de français à en avoir après elle. J'attends le troisième épisode. Je serai au premier rang à côté de Félix. Car quand on ne se met pas au premier rang on voit que Félix a son pantalon défait. Hâtez-vous Monsieur Harel.


Les Randonneurs à Saint-Tropez de Philippe Harel avec Benoît Poelvoorde, Karin Viard, Géraldine Pailhas et Vincent Elbaz (2008)

6 commentaires:

  1. Je viens de regarder la bande-annonce, est-ce que je peux considérer l'avoir VU ?

    J'ai vu ça aussi :

    http://image.toutlecine.com/photos/l/e/s/les-randonneurs-a-saint-tropez-09-04-2008-6-g.jpg

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  2. Comble de l'ironie, ce film fait la part belle aux aristocrates de tous poils qui se pavanent avec mépris sur les plages de notre jeunesse. Cependant, c'est avec émotion en effet que les attributs mammaires de certaines personnes sont dévoilés dans ce film, le sauvant de justesse du marasme.

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  3. Joe > Y'avait des trucs drôles de Poelvoorde dans la bande annonce ? Comme cette scène où il hurle "Miguel ? Miguel ? Miguel ! MIGUEL !? Miguel, miguel !" pendant deux minutes ? Ou cette autre où il frappe le même Miguel avec une savate, s'arrête en disant "ok j'arrête", avant de recommencer aussitôt ? Si oui, t'as vu le film.

    Damien Rice > Sache d'abord que je hais ta musique. Ensuite le film a plutôt tendance à brocarder "l'aristocratie" dont tu parles, qui est en fait une jet set de merde. Et enfin tout à fait d'accord sur Viard, donc :)

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  4. Fracture de l’œil collective sur Viard et ses seins de ouf !

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  5. Y'a pas ces scènes dans la b-a mais maintenant que tu mes les as racontées, j'ai VU le film !

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  6. Un belle merde... voilà tout !

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