

Quartier lointain a tout du film pour enfants tel que l'envisageait un réalisateur comme Jean-Loup Hubert (Le Grand chemin, Après la guerre), il a donc de quoi charmer les plus jeunes, mais à vrai dire l'histoire peut captiver à tout âge car c'est un peu celle de Retour vers le futur adaptée à un personnage d'adulte : Thomas (Pascal Greggory), la cinquantaine, prend un train pour retourner auprès des siens après un week-end en déplacement professionnel. Se réveillant dans le wagon à l'approche d'une gare, il découvre qu'il s'est trompé de train et que celui dans lequel il a embarqué fait route vers le village de son enfance. Profitant de cette erreur, Thomas se rend sur la tombe de sa mère (Alexandra Maria Lara), mais ce retour sur les traces de son enfance se transforme en voyage dans le temps et le personnage se réveille dans son corps d'adolescent de 14 ans, ramené à l'époque de sa jeunesse et retrouvant ses parents et sa petite sœur dans la France des années 60. Or il s'avère que son arrivée dans le passé précède de peu l'anniversaire de son père, date à laquelle ce dernier se fit la malle sans rien dire à personne, provoquant la dépression qui fut fatale à la mère de Thomas. L'idée de retourner dans notre passé aura toujours de quoi nous passionner et devant cette histoire on se pose bien des questions sur la jeunesse de nos propres parents et sur nos faits et gestes d'antan, entre regrets et nostalgie.

La différence majeure avec Retour vers le futur c'est que le personnage réinvestit son propre corps, donc pas de rencontre possible avec son double du passé qui briserait le continuum espace-temps si cher au Doc. Pas non plus de rencontre avec maman, qui aurait une envie irrépressible de s'en prendre à la nouille de son fiston considéré par méprise comme un étranger, dommage car la maman du héros est interprétée par l'Allemande tétanisante Alexandra Maria Lara, ci-dessus photographiée par un type qui depuis refuse mordicus de toucher à son appareil photo argentique dernier cri qui lui a coûté une fortune, et qui se signe tous les matins devant ce Kodak enfermé sous verre et sous clé, à propos duquel il n'a de cesse de hurler, comme Harrison Ford dans Indiana Jones et la dernière croisade : "Sa place est dans un musée !".
Quartier lointain de Sam Garbarski avec Pascal Greggory et Alexandra Maria Lara (2010)