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16 mars 2021

Mank

Le film dure 2h15 ou 15h2 ? Y'a un truc pas clair... En tout cas pour nous le temps ressenti c'est bien la moitié d'une journée qu'un malfrat nous aurait forcés à passer ligotés dans une cave insalubre uniformément grisâtre dont on distinguerait mal les contours architecturaux et la profondeur réelle... Où sommes-nous projetés ? Dans le sous-sol du monde ? Un lieu très net (8K) mais indiscernable à la fois, composé d'anti-matière et d'une surcharge de neutrons arrêtés dans leur course par le maître des clés et du temps en cette dimension perdue, le maniac cop David Fincher. On ne s'était pas autant fait chier depuis notre dernière leçon de Code, ou lors du mariage de ce cousin éloigné où Tonton Scefo a fini par faire basculer la longue table du vin d'honneur – non pas qu'il était fait, l'alcool pour une fois n'y était pour rien, il est simplement tombé raide de sommeil, du sommeil du juste –, la faisant basculer vers lui et transformant tous les tacos et verres de rouge en projectiles de catapulte, et bientôt en un tapis merdeux et pimenté projeté sur la robe de la mariée façon Jackson Pollock dans un remake sordide de Carrie au bal du diable
 
 
Nous devant Mank, à la recherche d'un peu de lumière et de chaleur

C'est difficile d'enchaîner après ça. D'autant que cette soirée de mariage est un paradoxe en soi, étant donné que l'ennui prodigieux éprouvé pendant toute la cérémonie a précisément abouti à un feu d'artifice de tacos bell qui a transformé ladite soirée en une merveille qu'un photographe méticuleux a su immortaliser dans un album de famille plus proche du Nécronomicon que d'un catalogue photobox lambda. Mais revenons au film. On a parlé de la grisaille générale, mais que dire des mentions "Extérieur jour" inscrites à l'écran au début de chaque scène, qui nous rappellent qu'on est devant un biopic sur un scénariste à la manque, ou de ces cigarette burns qui rythment les séquences avec une régularité de métronome (certains pourront se toucher l'entrejambe en calculant le perfectionnisme légendaire de notre sinistre Fincher, qui a dû s'emmerder à les caser toutes les tant de minutes, équivalant à la durée des bobines de pellicule de l'époque, alors que son film est un renoncement au cinéma sur fond vert dégueulasse pensé pour être vu sur des écrans de smartphones).
 
 
Nous après Mank, bien décidés à profiter de la vie
 
Fincher est un malade. C'est acquis. Et bizarrement c'est mis à son crédit, c'est une médaille à son revers, c'est une couronne sur son crâne lustré à mort d'addict au Head&Shoulders. Vous avez vraiment cru qu'on a réussi à envoyer un robot sur Mars ? Que dalle, le petit Persévérance à roulettes est juste allé faire un ride sur le crâne désertique et morne de David Fincher, où il y a aussi peu de vie et d'enthousiasme que sur les collines martiennes... Le visage de Mars ? Juste quelques pellicules 36mm parmi la toison clairsemée d'un cinéaste trop attaché à la propreté pour être honnête. On connaît tous des gens chez qui, dès que la porte est passée, on se fait fusiller du regard si on ne retire pas fissa ses deux pompes : chez Fincher, à peine arrivé sur le seuil de son manoir maudit, il faut retirer ses godasses, ses soquettes, rester une demi-heure dans un pédiluve blindé de Garra rufa morts de faim et modifiés génétiquement par les laboratoires Pfizer pour résister à la javel et au chlore, quand il ne demande pas tout simplement à ses hôtes de se retrousser la peau des pieds pour ne pas faire de traces sur son carrelage. 
 
 


Or, quand ce type un brin psychorigide demande à son actrice (Amanda Seyfried, à ne pas confondre avec Emma Stone ou avec un quelconque poisson-chat) de rejouer la même scène muette 200 fois, flinguant le calendrier de tournage pour toute une semaine et se torchant allègrement avec le code du travail (et pour Fincher c'est un minimum, il flingue un code civil de papier cul à chaque fois qu'il en coule un), tout le monde applaudit, trouve ça merveilleux, parle de "perfectionnisme", de "souci du détail", de "rigueur folle", de "passion de la précision", alors qu'on a affaire à un simple taré. Normalement, ça se termine aux prudhommes, les mains liées par un collier de serrage serflex tiré jusqu'au sang par un flic qui a payé son abonnement Netflix pour se vider le bulbe après une journée à briser des tibias de Gilets Jaunes, et qui n'a vu que le premier quart d'heure de Mank mais qui a passé le reste du film à essayer de taser son écran pour mettre un peu d'électricité dans tout ça et voir quelques images en technicolor. 
 
 

 
 
Au tribunal, Fincher aura bien du mal à se dédouaner, mais il mentira pendant des plombes, car c'est un menteur, il l'a prouvé en fomentant un tissu de mensonges plus gros que lui à propos de la genèse du script de Citizen Kane (œuvre dont cinq secondes prises au hasard dépassent tout ce qu'il a fait et fera dans sa vie). Un mensonge répété pendant plus de deux heures en noir et blanc, avec un sérieux de pape et des acteurs déblatérant des dialogues mortels, n'est pas une vérité. Préférez la version avec Liev <3 Schreiber.


  
 
Mank de David Fincher avec Gary Veryoldman et Amanda Seyfried (2020)

30 octobre 2020

You Should Have Left

Vingt ans après Hypnose, son plus haut fait d'armes en tant que réalisateur, David Koepp retrouve Kevin Bacon pour un nouveau thriller horrifique où l'acteur est sujet au doute, au stress et à des hallucinations. Au vu du résultat, on se dit que les deux individus auraient pu fêter leurs retrouvailles entre eux, en privé, voire plus prudemment sur Zoom, et en tout cas nous laisser à l'écart, ne pas nous inviter, n'en conserver aucune data, dans un geste à la fois écolo et altruiste. S'il n'est pas complètement nul et qu'il est humainement possible de tenir d'un bout à l'autre sans trop souffrir (la preuve, j'y suis arrivé lors d'un voyage en train que ce film ne m'a pas donné l'impression de rendre beaucoup plus court...), You Should Have Left est, vous l'aurez compris, tout ce qu'il y a de plus dispensable et anodin.




Kevin Bacon incarne donc un écrivain richissime au passé trouble, désormais en couple avec Amanda Seyfried. Pour se "retrouver" et "passer du bon temps" avec leur gamine, ils choisissent de louer une maison à l'architecture douteuse, isolée quelque part au Pays de Galles (en réalité, et à des fins économiques, dans le New Jersey). Une fois sur les lieux, rien ne se passera comme prévu, et la petite parenthèse galloise de la famille Bacon n'aura rien du séjour reposant escompté... David Koepp parvient très laborieusement à nous accrocher à son scénario de malheur, basé sur un bouquin signé Daniel Kehlmann que l'on imagine forcément un peu plus touffu... On est toujours à deux doigts de couper court, mais on tient bon, vaguement curieux de connaître la suite des événements et, dans mon cas, peu désireux de sauter du train en marche, malgré un enchaînement de situations bien connues, vues et revues.




You Should Have Left fait partie de ces trop nombreux films américains dans lesquels une petite famille méprisable se met à pousser des cris de joie insupportables et éructe à tour de rôle les pires banalités lors de la découverte pleine d'enthousiasme de leur lieu de villégiature, pourtant proprement hideux. Ces gens-là doivent être tellement habitués au bitume... Ici c'est donc cet effroyable chalet rectangulaire sans aucun cachet, triste superposition moderne de baies vitrées, renfermant de longs couloirs glauques donnant sur de vastes pièces carrées aux murs gris, piètrement décorées. Et c'est donc ce lieu en apparence sans âme ni histoire, flambant neuf et ultra clean, que David Koepp veut nous rendre maléfique... Il est bon de parfois tordre le cou aux clichés, de ne pas nous proposer encore une vieille demeure au style gothique avec portail menaçant en fer forgé et toiles d'araignée dans tous les coins, mais encore faut-il que l'alternative choisie ne soit pas aussi merdique...




Malgré tout, admettons qu'il y a quelques semblants d'idées de mise en scène, dont un enfant de 12 ans pourrait être fier, lorsque Koepp joue justement de l'architecture mystérieuse de cette ignoble baraque. Ce passage où Kevin Bacon essaie de piger comment les pièces sont agencées, mesure la longueur d'un mur à l'intérieur puis à l'extérieur constatant une différence inexplicable, puis observe sa fille ouvrir une porte qui devrait la mener dehors et la fait simplement disparaître du cadre pour on ne sait où, est strictement le seul moment que je sauve là-dedans. Le seul. Pour le reste, circulez, il n'y a vraiment rien à voir. L'un de ces films qui nous ont amené à dire que le cinéma était bel et bien perdu pour cette année.


You Should Have Left de David Koepp avec Kevin Bacon et Amanda Seyfried (2020)

23 octobre 2018

First Reformed

On le croyait cinématographiquement mort, perdu à jamais, fini, fumé, complètement foutu... et le voilà qu'il nous revient en pleine forme ! Vraisemblablement très inspiré par son sujet, Paul Schrader signe en effet son grand retour avec First Reformed, un film qui, hélas, demeurera invisible dans nos salles malgré l'accueil chaleureux qui lui a été réservé outre-Atlantique et lors du Festival de Venise où il figurait en compétition. Également auteur du scénario, Paul Schrader renoue avec ses thèmes favoris : le terrorisme, le radicalisme et l'autodestruction, le christianisme, l'Amérique et ce monde de merde, corrompu jusqu'à la moelle, dans lequel nous vivons. C'est du lourd ! Le type est remonté à bloc et il a quelques comptes à régler !


Il a même perdu du poids !

Il était agréable pour moi de découvrir ce film sans rien savoir du pitch, je vais donc essayer de faire très simple car j'ai déjà mis dans le coma quelqu'un qui m'était proche en le lui racontant trop en détails... Ethan Hawke est le révérend d'une petite église protestante nommée First Reformed (d'où le titre, devenu par chez nous, pour les besoins de la triste sortie vidéo, l'ultra lourdingue Sur le chemin de la rédemption) qui va bientôt fêter ses 250 ans (l'église, pas Hawke, qui a toujours l'air d'en avoir 20 !). C'est un homme d'apparence solide mais, en vérité, au bord de la dépression. Pour se donner du pep's, il se met à tenir un journal, tel un bon curé de campagne, où il couche noir sur blanc ses pensées sordides.


Ethan Hawke reconnaîtra après le tournage "ne pas [s']être senti super à l'aise dans les oripeaux du révérend", soulignant "une sensation de gêne au niveau de la glotte".

On apprend que notre saint homme a perdu son fils en Irak après l'avoir incité à s'engager sous les drapeaux, son mariage n'y a pas survécu, et c'est depuis lors qu'il s'est réfugié dans la foi. Celle-ci se verra lourdement remise en question après le suicide du mari d'une de ses fidèles. Ce dernier, activiste écologique et adepte de la collapsologie, était pourtant sur le point de devenir papa mais il ne souhaitait pas éduquer un enfant dans un monde aussi pourri. Les belles paroles du révérend, prononcées lors d'une chouette scène de discussion et d'échanges de points de vue, n'y ont rien fait : il a choisi de se tuer et ainsi d'ébranler encore davantage les croyances du révérend...


Ethan Hawke ne se sent pas à l'aise non plus sous le lampadaire flippant d'Amanda Seyfried.

Dès la première image, on sent que Paul Schrader est plus inspiré qu'il ne l'a été depuis peut-être plus de 20 ans ! Je précise que je ne me suis pas amusé à regarder tous ses derniers films pour m'en assurer (je suis blogueur ciné mais faut pas pousser), je m'appuie simplement sur sa filmographie et la réputation de ses dernières créations (j'ai également subi de plein fouet The Canyons, c'était rude ; et mon acolyte s'est tapé La Sentinelle, ce qui n'est pas rien !). Bref, rien à voir avec ces égarements ici, le vieux bonhomme est sur le coup !


Un véritable camaïeu inspiré au dirlo photo par toutes les nuances de couleurs présentes dans les yeux anxieux de l'immense Hawke.

Générique classe et minimaliste. Typo élégante. Choix du format académique (1,375:1 pour les connaisseurs). Ouverture par un lent travelling avant vers le porche de la fameuse église, suivi de quelques plans aux cadres propres et travaillés sur la bâtisse. Tout cela intrigue immédiatement et installe d'emblée l'ambiance. Les mouvements de caméra seront ici très rares (4 ou 5 à vue de nez), Paul Schrader opte pour un rythme assez lent et des plans fixes, laissant ses acteurs habiter l'image, à commencer par Ethan Hawke.


L'expression d'Hawke ne trompe pas : l'haleine de sa collègue n'est pas de la première fraîcheur.

Et quel acteur, quel mec ! Malgré sa beauté encore une fois irradiante, le playboy d'Austin (Texas) est tout à fait crédible et même bluffant dans le rôle de ce révérend en pleine crise de foi. Lui aussi a l'air très concerné et impliqué par le projet, n'hésitant pas à s'enlaidir pour le rôle, à jouer sans maquillage, à paraître plus vieux, à dissimuler ses formes si avantageuses qui lui ont autrefois valu le surnom de "The Body" (au même titre qu'Elle Macpherson et Jamie Lee Curtis). Mais rien n'y fait, il est toujours beau comme un cœur, trimbale une classe de dingue sous sa chasuble et je compte bien participer activement à la campagne #UnOscarPourHawke !


Un plan que Paul Schrader avouera "avoir seulement torché pour la bande-annonce et le dossier de presse".

Malgré le lumineux Hawke, le style du film est assez austère et si Paul Schrader apparaît parfois un peu coincé par son dispositif, il parvient tout de même à lui donner vie et à nous maintenir en alerte grâce à un scénario intelligent qui remet à jour ses problématiques habituelles. Par deux fois, il sort habilement de sa petite mécanique, d'abord lors d'une scène assez osée où de beaux et simples effets spéciaux sont à l'honneur, actant un moment décisif entre le révérend et sa fidèle, puis lors du final, qui progresse lentement vers un vrai suspense digne du plus tendu des thrillers. On comprend alors que le cinéaste a atteint son but. Il nous laisse pantelant sur notre fauteuil après un dernier plan réussi où il a l'audace de choisir la voie de l'optimisme et de l'Amour. La conclusion idéale d'un film coup de poing en forme de retour fracassant. 


First Reformed (Sur le chemin de la rédemption) de Paul Schrader avec Ethan Hawke (2018)

17 avril 2013

Time Out

Time Out est de A à Z le bébé d'Andrew Niccol. Andrew Niccol, à ne pas confondre avec Mike Nichols, le réalisateur des excellents Carnal Knowledge ou La Guerre selon Charlie Wilson, à ne pas confondre non plus avec Jeff Nichols, jeune cinéaste américain très talentueux et ultra prometteur, auteur de Shotgun Stories et de Take Shelter, ni avec Nicolò Cherubin, latéral gauche du Bologne Football Club 1909, auteur de trois buts depuis le début de sa carrière professionnelle. Non Andrew Niccol est le triste bonhomme à l'allure de banquier malade qui, après avoir fait briller une lueur d'espoir dans l’œil des amateurs de science-fiction avec Bienvenue à Gattaca, s'est rendu coupable de deux étrons cinématographiques : S1mOne, film qui a contribué à faire passer Al Pacino de la vie à la mort, puis l'infâme Lord of War, navet pseudo politique et visuellement affreux avec au premier plan un Nicolas Cage maniaco-dépressif sous l'emprise de la coke. Voilà qui se cache derrière le nom d'Andrew Niccol, un réalisateur médiocre qui creuse sa propre tombe avec énergie, et Time Out ("In Time" en VO, merci aux distributeurs français d'avoir rendu le titre beaucoup plus clair) est son bébé, il l'a écrit et réalisé : accrochez vos ceintures, ça vole en rase-motte !


Dommage qu'Andrew Niccol ait choisi pour décor de son film d'action et de science-fiction futuriste les rangées de garages d'un immeuble de la banlieue de Roubaix.

Le projet de ce nouveau film d'anticipation, pessimiste par définition, s'annonçait bien mal, entre autres à cause de la présence en tête d'affiche du pâle Justin Timberlake, le rappeur blanc adulescent embauché comme sextoy humain chez Giorgio Armani. Et le couac filmique annoncé sur le papier se concrétise à l'écran sous la direction d'un Niccol qui n'a pas décidé d'être doué ! L'histoire repose entièrement sur une seule idée, à priori pas bête et finalement très conne, comme souvent dans ce genre de film (l'idée ultra symbolique qui tient sur un feuillet de PQ étant l'apanage des maîtres du genre, de Richard Matheson à Philip K. "Huge" Dick, mais tout le monde n'a pas leur talent). L'idée de Niccol ? "Le temps c'est de l'argent". Vieil adage s'il en est, pris au pied de la lettre par un cinéaste dont les neurones jouent des coudes sous nos yeux. Mais comment adapter cette mise à plat d'un proverbe universel à un scénario de deux heures ? Niccol est aux manettes et il a la tronche dans le guidon, jugez plutôt : dans le film les gens ne vieillissent que jusqu'à l'âge de 25 ans, âge à partir duquel leur corps n'évolue plus et reste à jamais le même. La mère de Justin Timberlake semble avoir le même âge que son jeune fils alors qu'elle se paye la cinquantaine en réalité. Mais pourquoi avoir engagé Olivia Wilde ? Pourquoi avoir casté cette actrice bangbros au rabais, sosie d'Anita Dark qui à moins de 24 ans semble plastifiée de la tête aux pieds, pour incarner la mère du héros ? Cet élément de scénario était déjà assez difficile à accepter comme ça pour ériger un tel rempart à notre crédulité. Voir Justin Timberlake dire "Merci m'man !" à une playmate au look de gogo danseuse trash transsexuelle qui lui sert son bol de chocapic matinal en tenant une bouteille de lait coincée entre ses deux plastic boobs en pneus réchappés, bizarrement ça ne passe pas. Par ailleurs le scénario ne dit rien des complexes d’œdipe morbides que ce mode de vie futuriste doit engendrer, ni des ravages psychologiques que doit provoquer chez certaines jeunes filles la seule idée de triquer à mort sur leur grand-père, ou chez certaines arrière-arrière-arrière-grand-mères bodybuildées celle de faire danser le slip de leur ptit ptit ptit ptit ptit fillot, mais passons.


"Salut m'man !"

Toujours est-il que les gens doivent donc gagner du temps en guise d'argent, à la sueur de leur front, travaillant d'arrache-pied pour recevoir non pas un salaire en cash mais quelques heures, voire quelques minutes, avec lesquelles ils sont supposés acheter tout ce qui se vend sans oublier d'en garder sous le coude pour ne pas passer l'arme à gauche au moindre découvert bancaire. Ils ont tous un compte à rebours luminescent incrusté dans l'avant-bras (cf. l'affiche du film) - qui rappelle les tatouages par lesquels les nazis marquaient les juifs des camps, mais le scénario ne fait rien de cette idée que Niccol n'a manifestement pas fait exprès d'avoir - et si ce compte à rebours atteint zéro, son porteur meurt comme d'un arrêt cardiaque. Dans ce monde-là les riches sont immortels et les plus pauvres crèvent à 25 balais et une seconde, pour résumer.


A en juger par le torticolis que s'inflige Timberlake, Amanda Seyfried, qui ne vieillit pas non plus mais dont la coupe de cheveux a environ mille ans, ne lui convient pas comme female partner.

C'est d'ailleurs sur cet écart entre les plus riches et les plus démunis que s'étend Niccol, heureux d'étaler ses trois idées : les pauvres de la banlieue périphérique vivent le plus vite possible (idée dont le réalisateur ne fait pas grand chose non plus du reste) et subsistent difficilement à l'aide de secondes grappillées ici ou là tandis que les super-riches du centre-ville s'ennuient à mourir et se dorent la pilule pendant les siècles des siècles. C'est tout ce que le film tire de son thème initial, une parabole enfantine et usée jusqu'à la corde sur les inégalités et l'injustice sociale. Après avoir reçu en don un milliard d'années (un peu plus, un peu moins, qu'est-ce qu'on s'en fout) de la part d'un jeune-vieux riche lassé de vivre, Timberlake voit sa mère mourir dans ses bras à une seconde près à cause d'un bus raté. La poisse. Tarder à déposer son chèque de paie n'est pas un projet dans ce monde de merde. La jeune maman de Justin, aux mollets et au cul galbés par des jours et des nuits de fitness hardcore, au visage creusé par les régimes et les anabolisants, aurait dû courir plus vite vers son fiston plein aux as prêt à lui refiler un peu de son fluide temporel, mais elle se traîne, trottine à deux à l'heure et s'éteint à un mètre des bras et de la verge tendus de son bambin incapable de se retenir de raidir devant un tel phénomène malgré le lien de famille étroit qui les unit... Contrarié par ce décès, Timberlake décide de s'infiltrer dans le centre-ville, fort de sa nouvelle fortune tant convoitée par les affamés du temps, afin de foutre la merde dans le système avec l'aide d'une gosse de riche au physique pourtant très pauvre, pressée quant à elle de vivre l'aventure. Il vaincra à coups de bras de fer (véridique) et de courses à pied, puis il partagera la richesse des milliardaires - soit des centaines et des centaines d'années de vie - avec tous les pauvres de son quartier. C'est pitoyable.


Timberlake n'est pas près de franchir la Ligne Seyfried !

Pour finir, une trivia allociné m'apprend que c'est le film le plus cher dans lequel ait joué Justin Timberlake, après Shrek le troisième et ses 160 millions de dollars flingués en airbooks, en palettes graphiques et en club sandwichs destinés à nourrir les geeks obèses qui se dépatouillaient de leurs gros doigts boudinés sur tout l'appareillage Apple offert par leurs patrons pour accoucher de gros connards verts. Justin T. a prêté son filet de voix pour ce film d'animation, malheureux de ne pas pouvoir faire reluquer sa plastique de rêve à des enfants condamnés à s'extasier devant l'âne de merde et le chat poté de mes deux. Time Out a coûté 40 millions de dollars, sachant que le seul effet spécial du film c'est le beeper implanté sous la peau du bras de l'acteur. Et si, comme a voulu me l'apprendre le bienveillant et si éclairé Andrew Niccol, "le temps c'est de l'argent", entendu que je n'ai pas dépensé un kopeck pour me procurer sa connerie de film, je m'estime en droit de lui réclamer mon dû : une heure et demi. Une heure et quarante et une minutes précisément, fusillées par ce ramassis de lieux communs estramassés dans un scénario infâme, mis en scène par ce qu'il faut bien appeler un pur zonard.


Time Out d'Andrew Niccol avec Justin Timberlake, Cillian Murphy et Olivia Wilde (2011)