

Les Bien-aimés raconte chronologiquement l'histoire d'une mère (Madeleine) et de sa fille (Véra) et leurs amours respectifs avec divers hommes, des années 60 jusqu'à aujourd'hui. Le premier quart d'heure (ou la première demi heure, le temps n'a plus de valeur et le spectateur plus aucun repère devant un tel film), présente la jeunesse de Madeleine (Madeleine jeune est interprétée donc par Ludivine Sagnier, Madeleine vieille par Catherine Deneuve, et identifier l'une à l'autre est le premier gros couac de ce projet) ainsi que l'événement clé qui a peut-être scellé le destin de toute sa future famille : employée d'un magasin de chaussures, la jeune femme déroba une paire de souliers un soir lors de la fermeture de la boutique et alla se mirer dans une vitrine avec l'objet de son larcin chaussé aux pieds quand, arpentant le trottoir de long en large, un homme la prit pour une prostituée et lui demanda de monter à l'hôtel, ce qu'elle accepta avec désinvolture, par jeu, devenant de fait une pute étrangement bien décidée à le rester pour arrondir ses fins de mois. C'est donc en se prostituant que la demoiselle rencontre son futur mari, Jaromil, un interne en médecine (portant un nom de médicament... ça se tient, je crois d'ailleurs avoir du Jaromil 400mlg dans ma boîte à pharmacie) d'origine bulgare qui lui propose de l'épouser si elle le suit à Prague. C'est là-bas qu'un enfant (Chiara Mastroianni donc) naîtra de leur fragile union.
Je vous épargne une image des cheveux huileux et de la mine barbouillée de Louis Garrel au profit de la croupe de Ludivine Sagnier. Un soupçon de Mépris chez Honoré ? Dans le doute mon soupçon de mépris à l'égard de son cinéma s'accroît encore.
En 68, en plein printemps de Prague, Jaromil trompe Madeleine qui menace de rentrer à Paris sans lui et s'exécute devant l'indifférence de son époux volage. De retour dans la capitale avec sa fille, Madeleine épouse un petit gendarme qu'elle n'aime pas. Mais c'est sans compter sur le retour du Tchèque, avec qui elle renoue pour tromper son second mari, et ainsi de suite, je vous évite la morne progression de cette fresque familiale insupportable, sur laquelle je me suis déjà trop étendu. Avec ce genre de film, rien que de lire le résumé sur la jaquette t'es désespéré. Disons juste, quand même, que la fille, Chiara Mastroianni, est traumatisée par ce roman familial effectivement traumatisant (y compris pour le spectateur pris en otage et qui n'avait rien demandé), d'autant que sa mère, à plus de 60 ans, continue de tromper son mari avec le vieux Jamiroquai (du moins jusqu'à cette scène vers la fin du film où le Tchèque désormais âgé et interprété par Milos Forman meurt en plein Paris en recevant une branche d'arbre sur la tête alors qu'il faisait coucou à une Deneuve penchée sur son balcon, véridique). Un peu paumée, Véra fait un aller-retour incessant entre un amant dépressif incarné sans effort par Louis Garrel et un batteur anglais homosexuel et séropositif, avant de se suicider dans un bar le soir du 11 septembre 2001… A la fin du film, le pauvre Louis Garrel, celui qui aimait vraiment Véra même si elle ne l'avait pas choisi au profit d'un musicien gay en phase terminale, est convié à l'anniversaire de son ex-belle-mère (Madeleine incarnée par Deneuve donc), dépressive aussi depuis les morts concomitantes de son amant Tchèque tué par un platane et de sa fille suicidaire et n'aimant pas vraiment son mari attentionné de surcroît. L'ex-beau-fils réconforte un peu la vieille Madeleine enfermée dans sa chambre, obligé de supporter la litanie de la vieille après les errements de la fille, sans arriver à se décider sur laquelle est la plus chiante, et c'est fini. De toute façon j'arrête là, c'est trop...

En 68, en plein printemps de Prague, Jaromil trompe Madeleine qui menace de rentrer à Paris sans lui et s'exécute devant l'indifférence de son époux volage. De retour dans la capitale avec sa fille, Madeleine épouse un petit gendarme qu'elle n'aime pas. Mais c'est sans compter sur le retour du Tchèque, avec qui elle renoue pour tromper son second mari, et ainsi de suite, je vous évite la morne progression de cette fresque familiale insupportable, sur laquelle je me suis déjà trop étendu. Avec ce genre de film, rien que de lire le résumé sur la jaquette t'es désespéré. Disons juste, quand même, que la fille, Chiara Mastroianni, est traumatisée par ce roman familial effectivement traumatisant (y compris pour le spectateur pris en otage et qui n'avait rien demandé), d'autant que sa mère, à plus de 60 ans, continue de tromper son mari avec le vieux Jamiroquai (du moins jusqu'à cette scène vers la fin du film où le Tchèque désormais âgé et interprété par Milos Forman meurt en plein Paris en recevant une branche d'arbre sur la tête alors qu'il faisait coucou à une Deneuve penchée sur son balcon, véridique). Un peu paumée, Véra fait un aller-retour incessant entre un amant dépressif incarné sans effort par Louis Garrel et un batteur anglais homosexuel et séropositif, avant de se suicider dans un bar le soir du 11 septembre 2001… A la fin du film, le pauvre Louis Garrel, celui qui aimait vraiment Véra même si elle ne l'avait pas choisi au profit d'un musicien gay en phase terminale, est convié à l'anniversaire de son ex-belle-mère (Madeleine incarnée par Deneuve donc), dépressive aussi depuis les morts concomitantes de son amant Tchèque tué par un platane et de sa fille suicidaire et n'aimant pas vraiment son mari attentionné de surcroît. L'ex-beau-fils réconforte un peu la vieille Madeleine enfermée dans sa chambre, obligé de supporter la litanie de la vieille après les errements de la fille, sans arriver à se décider sur laquelle est la plus chiante, et c'est fini. De toute façon j'arrête là, c'est trop...

La première scène, celle de l'anecdote plutôt bien trouvée de la fille qui fait les cent pas devant une vitrine pour admirer ses chaussures et qu'un type prend pour une pute, est insoutenable. Honoré fait une fois de plus du sous-Truffaut avec cette séquence placée dans les années 60 où une jeune fille blonde vole (comme Doinel volait une machine à écrire) des souliers qui pourraient être vendus par Fabienne Tabard, en filmant avec un fétichisme non-dissimulé les jambes de Sagnier arpentant le pavé comme Truffaut filmait les pas de Claude Jade devenue "Madame" et non plus "Mademoiselle" au début de Domicile Conjugal, ou les enfilades de jambes des conquêtes de Bertrand Morane dans L'Homme qui aimait les femmes. On croirait entendre la voix de Charles Denner : "Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens et lui donnent son équilibre et son harmonie". Enfin c'est beaucoup dire, et c'est un gros compliment que je ferais à Honoré en m'arrêtant là, car en vérité sa mise en scène dresse un mur entre Truffaut et lui. Les plans d'Honoré sont pour la plupart très laids, le cadre est mal ajusté, ce qu'il contient n'en parlons-pas, et c'est franchement accablant à regarder. Ludivine Sagnier, coiffée comme l'as de pique avec ce gros carré bouffant blond qui rebique de tous les côtés et qui fout le camp régulièrement, c'est pas possible. Ca se voit comme le nez au milieu de la figure qu'elle porte une perruque, et même si ce sont ses vrais cheveux, ça se voit quand même que c'est une perruque. Dans tous les cas elle est affreuse telle quelle, courant dans les rues en chantant mal des textes souvent indigents, et elle n'est pas plus élégante dans la suite du film, par exemple quand Jaromil jour et nuit la retrouve à Paris après son départ de Prague et la chauffe dans un bar autour d'un billard, avec une nouvelle chanson ultra irritante sur laquelle Honoré filme le couple en très gros plans, dans des cadres mal composés qui ne mettent en avant que les imperfections de peau de Ludivine Sagnier et qui sont un supplice à regarder. Rien que ça, ça suffit à nous convaincre si besoin était qu'Honoré n'est pas (encore) un cinéaste. Et vu que sur le fond il n'y a vraiment rien à sauver non plus de cette mélasse déprimante suivant le parcours de deux insatisfaites agaçantes au plus haut point sur fond de trottoirs mouillés, de cheveux gras et de chansons mélancoliques et chiantes composées par Alex Beaupain façon medley de Bénabar et Delerm en petits bobos suicidaires, autant dire qu'Honoré devrait vraiment se contenter d'être un type sympathique en interview et d'écrire des livres intéressants, tant ses films font des ravages dans le paysage cinématographique français.
Les Bien-aimés de Christophe Honoré avec Ludivine Sagnier, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Louis Garrel, Michel Delpech et Milos Forman (2011)
* Je pense à son interprétation complètement perchée mais à tout le moins originale et argumentée du Mirage de la vie de Douglas Sirk (dans les bonus du dvd édité chez Carlotta) - encore qu'une lecture à ce point contre-sensique explique peut-être la méprise de ses propres films -, ou à sa très appréciable saillie contre les Maïwenn et compagnie, récemment retranscrite dans le Télérama N°3246 d'avril (celui qui vantait les mérites d'une soi-disant "nouvelle nouvelle vague française", à ce sujet voir notre édito du 15 mars 2012) : "La nouvelle donne du cinéma français, c'est peut-être une confusion entretenue entre le cinéma d'auteur et les films commerciaux. On présente aujourd'hui comme des miracles de l'artisanat des films qui sont en fait de parfaites machines de guerre commerciales. Au fond, le succès de The Artist et de Polisse n'est pas surprenant : ils sont en plein dans la norme, idéologiquement et esthétiquement - or ce qui distingue un cinéma d'auteur d'un cinéma commercial, c'est l'écart à la norme. Le cinéma d'auteur consiste à construire une œuvre film après film, dans la durée, la persévérance. Viser d'abord le "coup" à chaque film, c'est une démarche de producteur, non de cinéaste".
Les Bien-aimés de Christophe Honoré avec Ludivine Sagnier, Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Louis Garrel, Michel Delpech et Milos Forman (2011)