24 février 2012

Gladiator

C'est de ce film qu'est tirée l'une de nos devises : "Mon nom est Rémusat, commandant en chef des armées du nord, coloc officiel du général des légions Félix, fidèle serviteur du vrai empereur Marc Aurèle. Père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassinée et j'aurai ma vengeance dans cette vie ou dans l'autre !" Cette phrase, Russell Crowe la répète au moins quatre fois dans le film, dont une fois en s'emmêlant les pinceaux avec la réplique célèbre des Visiteurs : "Je suis Godefroy de Montmirail dit "Le Hardi", ptit ptit ptit ptit fillot d'Apremont et de Papincourt, et j'aurai ma vengeance, dans cette vie ou dans l'autre". Il fallait bien Russell Crowe pour que ça passe inaperçu et pour que ça débouche sur un Oscar du meilleur acteur. Crowe, après Hanks, réalisa le doublé en obtenant le même prix l'année suivante pour son interprétation d'un golio né avec une calculette dans le front en tête d'affiche d'Un Homme d'exception, devenant pour un bref moment le maître du tout Hollywood, et pour toujours l'acteur number one from Australia, avant de sombrer dans l'alcool et de se faire remarquer par quelques écarts de conduite (de concours de cuites remportés à la chaîne en coups de têtes dans des interlocuteurs sélectionnés au hasard).




Face à lui Joaquin Phoenix avait su se rendre détestable auprès de pas mal de fans de ciné et autres historiens tatillons qui le trouvèrent légèrement caricatural (comme tous les personnages du film ceci dit) dans son interprétation d'un Commode gay un peu cabotin. Le comédien est revenu de loin en devenant par la suite un acteur majeur de sa génération, comme quoi tout est possible. Pour le reste les miettes du vieux Richard Harris assuraient la caution grand péplum digne de ce nom, et Djimon Hounsoun la caution gros biscotos reluisants façon fondant au chocolat.




Gladiator résumé en quelques mots c'est quoi ? C'est une histoire de vengeance dans la Rome Antique, avec des scènes de grandes batailles en Germanie et de combats rapprochés au cœur de l'arène dans la lignée de Braveheart, qui auront par la suite largement été pompées par Peter Jackson pour sa trilogie de l'anneau, autant de films sacrés par l'Oscar du meilleur métrage. C'est aussi une épopée historique qui pose son cul graisseux sur l'Histoire malgré une armada de spécialistes employés à ne rien foutre par un producteur zélé mais fêlé, un film entrecoupé de nombreux flash-backs boursouflés sur le meurtre de la femme de Maximus Décimus Merdicus avec filtre orange et musique emphatique, mais encore par des plans déformés sur le ciel et ses nuages passés en accéléré, autant de fautes de goût pour un Ridley Scott en quête d'identité visuelle.




Car ce film fut aussi le grand retour de Ridley Scott, qui sortait de quelques années de galère et qui pour fêter son come-back fut ravi de foutre dedans ses concurrents aux Oscars, et notamment Steven Soderbergh, nommé deux fois cette année-là, pour Traffic et Erin Brokovich, seule contre tous. Soderberg l'était bel et bien, seul contre tous, et à l'époque il n'y avait que 5 films nominés dans chaque catégorie, autant dire qu'avec deux films en lice et avec Le Chocolat et Tigre et dragon en face, Soderbergh était venu sûr de lui, avec un parchemin long comme le bras dans la poche à déplier devant une foule entièrement acquise à sa cause. Son seul adversaire était Scott et le vieux n'avait qu'un seul film sous le coude, un péplum qui plus est, autant dire que nous n'étions pas nombreux, à l'orée des années 2000, à miser sur le grand retour du péplum (qui allait bel et bien avoir lieu, marqué par la sortie de saloperies telles que Troy, ou Alexandre). Et pourtant...




Ridley Scott a reçu son Oscar des mains d'un Sam Mendès lauréat l'année précédente et vert de rage de lâcher son bien. En allant chercher son prix, Ridley Scott, qui s'était assis tout au fond de la salle, persuadé de perdre et progressant plus que jamais dans son carnet de sudoku, a dû bousculer tout le monde et faire lever les gens de leurs sièges pour passer devant eux difficilement, y compris Soderbergh, sur lequel il aurait lâché un pet tout droit venu de la Rome Antique et des invasions barbares selon de nombreux témoins. Au cas où, quand même, car il est malicieux, Ridley Scott s'était peint les deux majeurs en doré, comme la fameuse statuette, et il les a tendus tous les deux à Soderbergh dans un moment de télé qui a foutu mal à l'aise toute la salle, même Philippe Dana, l'éternel abonné aux voix-off des cérémonies et aux pires "oops" des tapis rouges.


Gladiator de Ridley Scott avec Russell Crowe, Joaquin Phoenix, Richard Harris, Djimmon Hounsou et Connie Nielsen (1999)

36 commentaires:

  1. C'est le meilleur des cinq oscars pour l'instant présentés et pourtant c'est une merde ! Le seul truc qui vaut le coup c'est la fameuse citation de Maximus et à la limite la bataille du début,même si Braveheart l'enterre.

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    1. Tout-à-fait d'accord. Même si le terme "merde" est peut-être un peu fort ? Quequoi. Pas revu depuis un bail finalement...

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    2. Un peu mais pas tant. C'est tout de même un film empreint de bons sentiments, rempli de creux, avec ces images sépias dégueulasses, des personnages caricaturaux, une mauvaise reconstitution historique, un Commode pas commode et une grosse machine hollywoodienne derrière. Ca reste pas glorieux.

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    3. Putain de pas faux. Impitoyable pour Ridley Scott et pas faux du tout. Sans parler de la musique aux sonorités espagnoles chantées par la Ayo de l'époque sur des accords inspirés de loin du "My heart will go on" de Céline Dion...

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    4. Moi je l'aime plutôt bien, malgré ses (gros) défauts. Guilty as charged ! Je pense que le côté caricatural et je-m'en-foutisme vis-à-vis de l'Histoire est pleinement assumé ou en tout cas conscient, car je ne peux pas croire que tous les gens impliqués dans ce film soient suffisamment bêtes pour que ça soit involontaire. Gladiator est le film caché préféré des étudiants en Histoire ancienne, j'ai été étudiant en Histoire. :D
      Et si Prometheus est aussi pourri que Gladiator, on s'en tirerait pas si mal. :-O

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    5. Ceci dit c'est sûr qu'à côté de Robins des bois, l'autre gros film "historique" de Ridley Scott avec Russel Crowe, Gladiator est un grrrrrand chef-d’œuvre.

      Avec Robin des bois Scott s'est bouffé la queue tout seul, il a voulu faire un film réaliste, raconter la vraie histoire du vrai Robin de Locksley, pas la légende, or son film qui se prétend historique est un énorme doigt d'honneur à l'Histoire, un bras d'honneur majuscule, un crachat visqueux et grumeleux entre les deux pieds de Dame Histoire.

      Par contre le coup de "C'est fait exprès" dans Gladiator, ça prend pas, fait exprès ou pas, c'est du foutage de gueule et c'est pas glorieux.

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    6. Pour moi le côté caricatural du film participe à le rendre amusant, et donc divertissant, tout connement !

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    7. Prometheus, premier flm de l'histoire à se vouloir historique.

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    8. Haha Tank, je n'avais pas lu ton commentaire avant de poster le mien, et je confirme et je rajoute : Galdiator est le film caché préféré de tous les étudiants en histoire :-D !

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    9. Merci de le confirmer :p

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  2. Il est pas mal comme film, mais dans son genre, et il est bien loin de l'excellence voulue par l'académie américaine pour avoir un oscar, normalement. Mais cette académie s'est tellement fourvoyée qu'elle n'est plus à ça près. Et en plus, c'est bien vrai, c'est un des meilleurs films des années 2000 à avoir eu l'oscar, loin derrière le seigneur des anneaux quand même !

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    1. L'apparition d'Arwen dans la forêt, là, avec le gosse d'Aragorn qui lui saute dans les bras et qui se retourne pour adresser un regard amoureux à son père, c'est un moment au moins aussi laid et de mauvais goût que ces tristes passages de Gladiator évoqués dans la critique et en commentaire. :p No offense !!

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    2. Gladiator : meilleur film qu'on ait vu au ciné après un de tes déménagements de Cité U. La concurrence n'est pas très relevée, ceci dit : Mission to Mars, Tomb Raider, Fous d'Irène... :D

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    3. Mais pourquoi as-tu été voir Tomb Raider au cinéma ???

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    4. Très juste les comparaisons entre Gladiator et LOTR : même grosses scènes de bastons, mêmes gros discours de merde avant la bataille, et même images "romantiques" merdeuses avec gros ralentis et halos de lumière sur les visages en forêt des amants éplorés ou qui se retrouvent après l'effort. Un classique du film épique à la mords-moi-mon-vieux-noeud !

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    5. Je revendique ma mauvaise foi maladive dans la défense de LOTR qui n'a pas besoin de moi car nous sommes beaucoup (le problème c'est qu'il y a beaucoup de tocards qui défendent LOTR !)

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    6. Je dis ça, et je le pense, mais je le mate avec un (tout) petit smiley, tkt !

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  3. Et dire que les deux influences majeures de cette chiure sont La Chute de l'empire romain et Spartacus. L'écart entre Gladiator et ces deux-là est vraiment colossal.

    Il est aussi détestable de par le fait qu'il ai permis une pseudo-renaissance du péplum, qui a donné lieu à des films infâmes, dont les deux exemples les plus notoires ont été cité dans l'article. (Il y en a tellement d'autres de ce type. Du genre La dernière légion, le choc des titans ou encore Le roi Arthur....)

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    1. C'est très vrai. A la fois si "Gladiator" était fameux, on pourrait pas lui reprocher d'avoir donné lieu à des kyrielles de daubes. On peut pas reprocher à Leone d'avoir engendré des tonnes de westerns spaghettis pourris. Sauf que Scott n'a pas inventé un genre, il l'a juste ravivé, et sauf qu'il ne l'a pas très noblement fait, et c'est ça qu'on peut vraiment lui reprocher, si tant est qu'on trouve "Gladiator" détestable. Perso je ne le déteste pas, il m'a procuré quelque joie quand je l'ai découvert au ciné et j'en garde donc un souvenir embelli, même si je lui reconnais ses énorrrrrmes défauts qui font que je m'en tiens éloigné pour ne pas réellement le dégommer...

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    2. Et comme trivia, il faut noter au passage que Clive Owen joue le Roi Arthur dans le Roi Arthur tandis que ce n'est pas Owen Wilson qui joue l'acolyte de Will Ferrell dans Les Rois du Patins.

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    3. Tu m'as foutu mal à la tronche, Konrad !

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  4. Soderbergh, on dirait trop Moby.

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    1. Et tout un tas d'autres tocards avec la boule à zéro et des lunettes à grosses montures, en fait.

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  5. "Mais pourquoi as-tu été voir Tomb Raider au cinéma ???"
    Ahah ! :D On se le demande encore ! Mais à cette période-là de l'année, il n'y avait jamais rien d'intéressant au gros multiplexe où nous allions, alors on faisait nos choix par défaut... :(
    L'année de Gladiator apparaissait donc comme une "bonne année". :)

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    1. Ce fut un moment de cinéma terrible, un moment de non-cinéma, un doigt d'honneur au cinéma, j'ai cru à la mort du cinéma sur ce coup-là, mais je me suis rendu compte que le cinéma pouvait survivre à des attaques plus mortelles telles que Polisse, la Guerre est déclarée et autres étrons cinématographiques dignes des pires dictatures du 20ème siècle en termes d'idéologie, et je pèse mes mots, tout en maintenant mes accusations, foi de Konrad, moi qui ai vécu certaines de ces dictatures en regardant les tyrans mourir dans le blanc des yeux, et je tiens à ne pas vous le faire oublier en rédigeant la phrase la plus longue jamais vue dans les commz de ce blog voué à devenir GRAND !

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  6. Si Gladiator est le fier représentant des péplums, je n'aime pas les péplums. Et je n'aime pas les péplums de toute façon. J'ai toujours dans l'idée que tout ces guerriers/gladiateurs/maitres/esclaves/sénateurs/citoyens en jupettes finissent par s'enculer sous leurs tentes, dans les vestiaires et dans leurs maisons la nuit (peut-être même le jour). Ce qui est un sacré bémol à l'éternel élan de glorification du boostage de testostérone qu'Hollywood véhicule telle une idéologie indispensable à la condition du mâle. Je fais donc un blocage sur les histoires d'héroïsme antique.

    Nostalgie : A l'époque (the 2000's), Oliver Reed avait été remis sur le devant de la scène parce que c'était la mode de déterrer un acteur à la carrière clairsemée de grosses daubes et de quelques bons films.

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  7. Un grand monsieur m'a dit un jour, qu'on ne mettait pas de majuscule à "l'histoire", parce que ce trait un peu prétentieux et emphatique convient mal à l'humilité de l'historien. Ce monsieur était mon professeur d'histoire médiévale, d'historiographie et d'hagiographie médiévales, Michel Sot (pas connu en dehors du milieu universitaire mais un grand monsieur :)).
    Pour en venir au point que : bien-sûr, ce film écrase la vérité historique, mais pour moi, et je suis étudiante en histoire, ce n'est pas le problème. J'aime assez le scénario, cette histoire de vengeance, pour considérer que le tort fait à l'histoire n'est pas irréparable : c'est assumé (mauvais argument car tous les cons s'assument), mais, au-delà de ça, quel cinéaste peut prétendre à la vérité historique... ? Ce serait prétentieux. Après, ça veut pas dire que j'apprécie pas les films à portée historique sérieuse, juste que je ne considère pas ça comme un défaut.
    Pour le film, je dois avouer (comme si c'était un crime ^^) que je l'aime bien malgré ses défauts, parce qu'il a fait partie de ces films qui ont bercé ma tendre jeunesse, et que je ne sais pas ce que vaut mon avis là-dessus, mais je trouve les comédiens justes. Oui, ça pue le bon sentiment, la tarte à la crème trop sucrée, mais ça reste un film agréable à regarder, dont les dialogues sont soignés même si ce n'est pas de la grande littérature. C'est pas ce qu'on demande à un film comme ça :) !
    Je crois que j'ai fini !

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    1. Docteur Jones, docteur Jones !12 juillet, 2012 17:50

      Ton professeur est un Sot

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    2. Hum. On ne touche pas à Michel Sot. Toi, tu es un ignare doublé d'un andouille.

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    3. Le connaissant, il va prendre tout ça comme le meilleur des compliments.

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    4. Mmh, tant pis, de toute façon, ce n'est pas sérieux.

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  8. Au vu des votes en bas de l'article et sans craindre de me tromper je dirais que la plupart des gens trouvent ce film "paaaaaas mal".

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  9. Quelques scènes fugaces, assez bien orchestrées, ici et là, retiennent l'attention. C'est tout. Une main dans les blés avec une grosse bague, hors cadre du peplum, rapproche le spectateur de l'homme antique (tout le monde aime bien passer la main dans les blés pour avoir l'air romantique). C'est rien, d'ailleurs j'ai oublié tout le reste...

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  10. Franco, j'aurais préféré voir ça que Prometheus, Mensonges d'état et toutes ces saloperies :
    http://www.ecranlarge.com/article-details-26339.php

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