
Il semblerait qu'avoir une certaine expérience de la drogue, disons des drogues hallucinogènes, soit nécessaire pour apprécier le film. Il faut avoir fait l'expérience de drogues propices à une rêverie et à des divagations aussi immédiates que totales, pour ne pas dire violentes, pour pénétrer dans le film et y reconnaître des sensations familières. Amateurs de vin rosé et autres paradis artificiels de Baudelaire, tracez vos routes. On cause moins de cannabis que de cocaïne ici. Tout ça pour dire qu'il semble indispensable d'avoir fait l'expérience de ces errements, de ces visions distordues, colorées et fantasmagoriques qu'imposent aux sens les parents durs de la Marie-Jeanne et du haschisch, pour se retrouver dans le film de Terry Gilliam, lui-même grand consommateur de tazs et de trips, grand dealer devant l'éternel, et se laisser emporter dans l'euphorie du LSD et des ecstas.

N'ayant jamais fait cette expérience, je suis sur le bas-côté, laissé pour compte par Terry "Stone" Gilliam. De la même façon je ne me suis jamais battu et me sens écarté par David Fincher et son Fight Club. Je n'ai violé personne et tant que je ne serai pas passé à l'acte je demeurerai distant de l'Irréversible de Gaspar Noé. Je n'ai jamais tué et resterai à jamais exclu du Tueurs Nés d'Olivier Stone, un autre grand amateur de morphine et d'herbes de provence, lui qu'on appelle "Le Druide" dans le métier, moins pour sa sagesse que pour sa connaissance empirique des plantes. Je ne suis pas consommateur de café et ne fais pas partie de ceux qu'on qualifie de "clopeux", aussi serai-je à tout jamais indifférent au Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch. Je ne suis pas non plus un fin gourmet et je n'ai jamais rien pigé au Cuisine et dépendances de Philippe Muyl. C'est d'ailleurs pour ça que ma dvdothèque se compose à 95% de gros films pornos : je suis totalement clean, mon casier judiciaire est vierge et je sais pas me faire cuire un oeuf mais j'ai tiré un coup dans tous les coins du monde.
Las Vegas Parano de Terry Gilliam avec Johnny Depp et Benicio Del Toro (1998)