23 mai 2009

Las Vegas Parano

Toucher à ce film-là c'est pas un projet. C'est comme s'attaquer à Se7en, Usual Suspects ou Fight Club. C'est bien simple tout le monde est fan. C'est un coup à se foutre sa propre famille à dos, un coup à se faire "remercier" par son patron, un coup à voir son bail arriver à terme au bout d'un an au lieu de trois. Au bout d'un moment je me suis demandé si la raison pour laquelle j'avais du mal à m'intéresser à ce film, ou à ne pas le détester, n'était pas mon manque de connaissance du sujet, pour ne pas dire mon manque d'expérience du sujet. J'ai jamais pris de coke, mea culpa, mais je me fais un bang en écrivant ces lignes pour réparer mon erreur, dans cinq minutes je vais fumer les champignons qui poussent entre mes doigts de pieds, j'ai un saladier de ganja entre les genoux et deux rails, soit un chemin de fer de blanche qui va de mon fauteuil à mon plumard. Ce soir je serai camé, je serai pété au Mountain Dew, je roterai des nuages de poudreuse et je pisserai des caillots de sang et des copeaux de bois. Je serai en allant me coucher un gros toxico over-dosé. Demain je pourrai revoir le film si je ne meurs pas, ou bien s'ils autorisent les téléviseurs en centres de désintoxication. Plus sérieusement j'ai jamais pris de drogues, j'ai jamais mis la main sur la moindre drogue dure ni le moindre psychotrope.




Il semblerait qu'avoir une certaine expérience de la drogue, disons des drogues hallucinogènes, soit nécessaire pour apprécier le film. Il faut avoir fait l'expérience de drogues propices à une rêverie et à des divagations aussi immédiates que totales, pour ne pas dire violentes, pour pénétrer dans le film et y reconnaître des sensations familières. Amateurs de vin rosé et autres paradis artificiels de Baudelaire, tracez vos routes. On cause moins de cannabis que de cocaïne ici. Tout ça pour dire qu'il semble indispensable d'avoir fait l'expérience de ces errements, de ces visions distordues, colorées et fantasmagoriques qu'imposent aux sens les parents durs de la Marie-Jeanne et du haschisch, pour se retrouver dans le film de Terry Gilliam, lui-même grand consommateur de tazs et de trips, grand dealer devant l'éternel, et se laisser emporter dans l'euphorie du LSD et des ecstas.




N'ayant jamais fait cette expérience, je suis sur le bas-côté, laissé pour compte par Terry "Stone" Gilliam. De la même façon je ne me suis jamais battu et me sens écarté par David Fincher et son Fight Club. Je n'ai violé personne et tant que je ne serai pas passé à l'acte je demeurerai distant de l'Irréversible de Gaspar Noé. Je n'ai jamais tué et resterai à jamais exclu du Tueurs Nés d'Olivier Stone, un autre grand amateur de morphine et d'herbes de provence, lui qu'on appelle "Le Druide" dans le métier, moins pour sa sagesse que pour sa connaissance empirique des plantes. Je ne suis pas consommateur de café et ne fais pas partie de ceux qu'on qualifie de "clopeux", aussi serai-je à tout jamais indifférent au Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch. Je ne suis pas non plus un fin gourmet et je n'ai jamais rien pigé au Cuisine et dépendances de Philippe Muyl. C'est d'ailleurs pour ça que ma dvdothèque se compose à 95% de gros films pornos : je suis totalement clean, mon casier judiciaire est vierge et je sais pas me faire cuire un oeuf mais j'ai tiré un coup dans tous les coins du monde.


Las Vegas Parano de Terry Gilliam avec Johnny Depp et Benicio Del Toro (1998)