Je repensais à Terrence Malick et son inquiétant Nouveau monde en mangeant la moitié d'un gros éclair au chocolat que mon père n'a pas pu terminer après le chili sin carne (que des fayots) format familial de ma mère qu'on vient de s'envoyer intégralement à deux... Et après de brèves digressions j'en suis arrivé à penser à William Friedkin. J'ai longtemps confondu les blazes de ces deux réalisateurs. Je ne sais pas très bien pourquoi mais à chaque fois que je cherchais le nom de l'un je trouvais celui de l'autre et vice et versa. Ce qui m'a posé bien des problèmes parce que, croyez-le ou non, bien des discussions vous amèneront un jour ou l'autre à évoquer l'un ou l'autre de ces deux croutons de la réalisation. Et alors peut-être que comme moi vous lancerez à gorge déployée, très fiers de vous, le blaze du premier pour accompagner un film du second, ou l'inverse : "Ah ouais Les Moissons du ciel de William Friedkin ! Fameux film avec Gene Hackman... Pas aussi bon que le French Connection de Terrence Malick dans le même genre, avec Richard Gere, mais pas mal quand même !" C'est un peu comme confondre Barthez et Dugarry, Virginia Woolf et Françoise Sagan ou Bob Dylan et Shaggy, je veux dire par là que si Malick et Friedkin font bel et bien le même taff ils ne le font pas tout à fait de la même manière, et surtout que leurs blazes n'ont putain de pas grand chose en commun.
En fait si, je sais pourquoi j'ai eu cette triste tendance à confondre ces deux cinéastes. J'ai trouvé pourquoi en avalant mon gros éclair au chocolat noir. Je les confonds peut-être parce que dans mon inconscient personnel ils évoquent plus ou moins le même genre d'individus. A savoir deux vieux types dont les noms ont fait le tour du monde grâce en grande partie à leurs blazes marquants. Il faut bien dire la vérité, ces types-là ont des millions de fans un peu partout autour du globe, et même ceux qui ne les connaissent pas vraiment ont déjà entendu et à jamais retenu leurs noms. Vous me direz que ces deux noms-là sont particulièrement mémorables dans leur musicalité intrinsèque, mais à ce point ?... Ces deux mecs n'ont qu'à dire leur blaze pour remplir des stades, et si dire son nom n'est pas bien compliqué ça reste absolument nécessaire pour eux vu que personne n'a jamais croisé leur tête. Personne au monde ne saurait foutre un visage sur leurs noms en or. Mais je me refuse à croire qu'un nom qui sonne puisse suffire à de tels mouvements de foule. Il faut plus que ça. Et c'est là que je pose ma question. Qu'ont bien pu faire ces deux réalisateurs récemment pour susciter un tel engouement international ?
Le voilà leur point commun. Voilà deux types qui ont rameuté des populations à leurs causes, qui ont marqué les mémoires de génération en génération, et qui ont encore "la carte" à Hollywood sans rien faire ou presque. Avec 66 piges au compteur Malick n'a jamais réalisé que quatre films sur un seul et même sujet, et pas le plus attachant qui soit, à savoir le gazon sous toutes ses formes. Et Friedkin a réalisé fut un temps et coup sur coup deux films intéressants : French Connection et L'Exorciste, en 1972 et 1974. Depuis rien, n'est une suite de films plus ou moins immondes que tout spectateur doté du premier des sens qu'est la vue et du second qu'est l'ouïe s'accordera à juger caduques, inaptes à la diffusion, ni faits ni à faire. Alors je veux bien admettre que French Connection soit un chouette film sur Gene Hackman courant pendant une heure et demi sous le métro aérien à la poursuite d'un type probablement coupable de quelque chose d'assez grave pour qu'un autre le traque si longtemps sur un si petit périmètre. Je veux bien concevoir que L'Exorciste soit un des plus grands films d'horreur de l'histoire du cinéma et bien plus que ça, probablement un film d'auteur passionnant et très profondément mis en scène. Personnellement ces films-là me laissent un peu en porte-à-faux mais je reste lucide et je sais pertinemment qu'il y a dans ces deux œuvres des choses intéressantes et même importantes, même s'il s'avère que je considère chacun de ces films comme un de mes reins et que les reins, comme les couilles, on en a deux mais si on en perd un on fera pareil qu'avant avec l'autre. Tout ça pour dire qu'à 74 ans et du haut d'une liste de 18 longs métrages, William Friedkin monopolise encore toutes les attentions et génère encore bien des passions pour deux films intéressants réalisés dans la foulée il y a 37 longues années. De quoi, perso, me bluffer. Friedkin n'est sur aucun projet depuis 2007 et vient de sortir de sa tombe avec la sortie du Bug dont il est question, ou dont il est censé être question sur cette page. Black-out complet du côté de Willy Friedrich... gros "broken arrow" pour William Frisby. Il a laissé lettre totalement morte depuis son dernier film. Il doit probablement défragmenter son cerveau gangréné suite à son dernier gros Bug.
Parlons-en quand même de ce Bug. Ce film est une veulerie sur pellicule. Il y a ces films où l'on a le sentiment de voir le scénariste taper son script en transparence dans chaque plan. Et il y a ces autres films où l'on a le sentiment de voir le réalisateur sur ses chiottes, frappé d'inspiration, trouvant l'idée géniale sur laquelle il misera les deux prochaines années de sa vie, sa carrière toute entière et l'adolescence de ses enfants, allant même jusqu'à supprimer l'étape usuellement consacrée au défraiement d'un scénariste engagé précisément pour faire de cette idée un film. Bug fait partie de cette dernière catégorie. Friedkin a voulu faire un film noir, un film sale et répugnant, un film moderne sur la société moderne. Un film angoissant et surexcitant à propos de la folie ordinaire, du viol de l'intimité, de la manipulation, des mass médias, des faux semblants et de l'électronisation du monde. Alors il a pensé au mot "Bug", qui en anglais signifie "bestiole" ou "insecte" comme chacun sait, mais qui désigne aussi un problème informatique, un virus. Et puis au verbe "to bug", qui veut dire "embêter" ou encore, quand il est suivi de "quelqu'un", devient "to bug somebody" et se traduit alors par "mettre sur écoute". Et alors la grosse couille qui se balade dans son crane cabossé et qui lui sert de cerveau n'a fait qu'un tour. Il a enfermé une salope (la très vivante Ahsley Judd) et un crétin (l'excellent Michael Shannon) dans une chambre et à grands renforts d'effets spéciaux il les a entourés d'étranges petits insectes purulents et toujours plus nombreux qui ne tarderont pas à les rendre fous à lier. Sa grande question est alors la suivante : hallucinations ou clairvoyance ? Les deux protagonistes sont-ils complètement jetés ou bien les seuls à voir la vérité d'un complot d’État dont le secret reste bien gardé en dehors des murs de ce motel du fin fond des États-Unis ?
Une fois j'ai bu un pack de vodka redbull et je me suis vautré sur la tommette de ma cuisine, ce vieux dallage en terre cuite, pendant tout un après-midi passé devant trois fourmis qui cherchaient à faire passer une grosse miette de bouffe par un trou trop petit en bas de la porte-fenêtre qui donne sur mon jardin, mot fort élégant pour ce qui me sert en vérité de débarras. C'était pile poil le film de Friedkin. A la fin de l'après-midi j'ai marrave les fourmis avec mes doc marteens et j'ai colmaté la brèche en bas de ma porte-fenêtre avec une brique. Le film je l'ai maté y'a presque un an et pourtant j'ai toujours le sentiment de voir Friedkin le cul collé à son chiotte, tout sourire et conquérant à l'idée d'avoir songé à l'histoire la plus conne qu'il pouvait tirer des différentes définitions d'un triste mot. J'arrive pas à retirer cette image de mes pensées. Sans doute ma persistance rétinienne qui fout le camp. Je me casse prendre rendez-vous chez l’orthoptiste du coin !
Bug de William Friedkin avec Ashley Judd, Michael Shannon et Harry Connick Jr. (2007)
Une fois j'ai bu un pack de vodka redbull et je me suis vautré sur la tommette de ma cuisine, ce vieux dallage en terre cuite, pendant tout un après-midi passé devant trois fourmis qui cherchaient à faire passer une grosse miette de bouffe par un trou trop petit en bas de la porte-fenêtre qui donne sur mon jardin, mot fort élégant pour ce qui me sert en vérité de débarras. C'était pile poil le film de Friedkin. A la fin de l'après-midi j'ai marrave les fourmis avec mes doc marteens et j'ai colmaté la brèche en bas de ma porte-fenêtre avec une brique. Le film je l'ai maté y'a presque un an et pourtant j'ai toujours le sentiment de voir Friedkin le cul collé à son chiotte, tout sourire et conquérant à l'idée d'avoir songé à l'histoire la plus conne qu'il pouvait tirer des différentes définitions d'un triste mot. J'arrive pas à retirer cette image de mes pensées. Sans doute ma persistance rétinienne qui fout le camp. Je me casse prendre rendez-vous chez l’orthoptiste du coin !
Bug de William Friedkin avec Ashley Judd, Michael Shannon et Harry Connick Jr. (2007)
Par contre, on est en France, ici, et en France on dit "bogue".
RépondreSupprimerY a quand même To live and die in L.A. qui vaut le coup d'oeil. La musique années 80 a énormément vieilli et de toute façon elle est pourrie à la base (bien que ça fasse le charme des films de cette époque). Bref, ça vaut le coup d'oeil et le bon.
RépondreSupprimerPerso, j'ai kiffé "Bug" à sa sortie! Tu me rappelles que je dois le revoir, tiens!
RépondreSupprimerIl n'est pas si horrible que j'ai pu le laisser entendre dans ma critique, mais il est quand même lourd :)
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