17 décembre 2011

Pater

Encore un film qui a défrayé la chronique cette année : Pater, qui aurait pu s'intituler Paterrible. Jeu de mots facile dont nous avons un peu honte quand on pense à la tronche que tirerait notre idole, Vincent Lindon, en le lisant. Lindon est notre idole et pourtant il nous faut prendre notre courage à deux mains pour causer de ce film ici après l'avoir découvert au cinéma à sa sortie, c'est-à-dire il y a plus de six mois, ce qui en dit long sur notre défaut d'enthousiasme au souvenir de ce film certes pas du tout désagréable mais sur lequel il y a finalement si peu à dire. L'idée était intéressante, à tel point d'ailleurs qu'elle a poussé pas mal de cinéphiles dans les salles obscures. Elle était suffisamment intéressante pour que les gens disent retrouver tout le plaisir du jeu cinématographique dans ce film. Le plaisir est double en effet, il y a celui d'être du côté de ceux qui font le film et celui de se laisser raconter une histoire dans le même temps, à la fois en coulisses et dans les gradins. Voir Cavalier et Lindon communiquer une joie de gamin à l'idée de se donner des rôles et de se filmer sans contrainte, pour leur unique bon plaisir, ça fonctionne parfois très bien, surtout il faut bien le dire grâce à Lindon, qui apparaît dans toute sa splendeur, captivant à lui seul l'attention, comme quand il nous raconte sa rencontre avec le propriétaire de son appartement qu'il présente comme un sacré connard avec une verve bien à lui qui nous conquiert sans difficulté.



C'est cette verve qui a rendu la promo du film presque plus savoureuse que le film lui-même, à tel point que le cinéaste aurait presque gagné à intégrer ces moments d'entretiens dans le montage, vu son propos. D'autant plus qu'au final on ne retient pas grand chose de Pater, ce film qui était plus une idée de film qu'un film, si ce n'est qu'on se demande ce que Cavalier - qui joue ici des relations entre réalité et fiction au point de se faire retirer son goitre et de nous déballer sa cicatrice - pourrait faire de plus intéressant avec un acteur aussi géant que Lindon et en donnant plus d'importance encore à l'acteur qui supporte le film à bout de bras au point que les scènes dont il est absent nous le rendent toujours plus indispensable.


Pater d'Alain Cavalier avec Vincent Lindon et Alain Cavalier (2011)