

Sans entrer dans le détail, l'affiche jette tout de suite un gros froid. Ce halo flou de taches marronnasses en fond et, collés les uns sur les autres, tous ces acteurs à l'air malade... Sans parler de la petite vieille au milieu, qui gâche moins l'affiche qu'elle ne gâche le film. Eh oui car Ensemble, c'est tout fait partie de cette flopée de films français des années 2000 mettant en scène un personnage de vieillarde en bout de course, obsédée par sa mission, qui consiste à faire croquer son mal-être à tout le plateau. Comme bien d'autres, ce film de Berri donne des envies d'euthanasie. Pour le reste, c'est un jeu du chat et de la souris dans un immense appartement glauque entre Canet et Tautou, dont on sait très bien qu'ils vont tôt ou (décidément elle est partout !) tard finir par se rentrer dedans avec pour spectateur Laurent Stocker, sociétaire de la Comédie Française, qui dans ce film nous donne plutôt l'impression d'être sociétaire du Conseil Régional de la région PACA et d'avoir envie de se pendre en allant tous les matins faire son office administratif.
Un mot sur ses cheveux de paille (récemment encore ils brillaient dans L'Exercice de l’État ou L'Art d'aimer). Cet acteur ne pourra jamais être un héros. Pour la petite histoire, il a d'abord tenté Médecine après avoir obtenu un bac S avec mention PB, "Pas Bien", croyant que ça allait être "un boulevard". Dès les premiers mois, enfermé dans une cité U avec comme seule échappatoire le spectacle offert par son micro-ondes, d'énormes pellicules sont apparues sur ses épaules sous le coup du stress intense et de l'absence de femme dans son entourage depuis sa naissance. Il a cru devoir exterminer ces pellicules massives à coups de Head & Shoulders et de Desktop. Son shampooing antipelliculaire était indiqué pour un usage hebdomadaire, hélas la posologie perso de Laurent Stocker le contraignait à un usage quotidien de ce pur désherbant capillaire, et son rendu graphique en a pris un coup pour toujours. Au terme de sa première année de Médecine, Laurent Stocker culminait à 5,09/20, et il a terminé sa deuxième première année aux alentours de 259ème sur 270 étudiants (les 11 derrière lui se sont réunis et ont formé un club de foot à Petit-Quevilly). Après cet échec cuisant sur tous les tableaux Laurent Stocker s'est tourné vers la comédie. Il rêve toujours d'incarner Dracula sans maquillage dans une adaptation du célèbre roman de son homonyme Bram Stoker et, pas bégueule, se satisfait déjà de ce qu'il a : chaque jour plusieurs piétons foutent le camp quand ils le croisent, persuadés d'être tombés sur le Comte de Dracula, aka Vlad Dracul l'Empaleur de Pennsylvanie. Sans rancune aucune, on t'aime bien quand même Laurent.

Ensemble, c'est tout fait partie de ces films où Audrey Tautou fait penser à Fantomas. Quant à Guillaume Canet, il a récemment déclaré qu'il a surtout accepté de tourner dans ce pire film pour prendre des notes sur le métier de cinéaste en admirant le maître aux manettes du film, et ça se ressent. Les Petits mouchoirs sont un véritable manuel du petit Claude Berri illustré. Certains ont dit que Trésor n'était pas vraiment à prendre en compte dans la filmo du grand magnat de l'industrie cinématographique française, et il est vrai que Claude Berri est décédé au début du tournage, mais il était par contre bel et bien aux commandes d'Ensemble, c'est tout, et en pleine possession de ses moyens vu qu'il disait "péter le feu", et pourtant ce film est également naze à mourir. Claude Berri n'a de toute façon jamais réalisé que des quasi-navets, plus ou moins glabres, sauf peut-être le diptyque Jean de Florette et Manon des Sources, les deux films préférés de ma tante aveugle, qui adore la "musicalité" de l’œuvre, musicalité qu'il faut davantage attribuer à Montand, Auteuil, Neuilly, Passy qu'à Berri himself, et dans tous les cas ça reste un drôle de compliment.
Ensemble, c'est tout de Claude Berri avec Guillaume Canet, Audrey Tautou et Laurent Stocker (2007)