3 mai 2012

La Conquête

Film bidon qui a su se faire passer pour subversif grâce à une promo mensongère alors qu'il est tout entier réalisé à la gloire du président Sarkozy, dépeint comme un héros national très humain, un surhomme blessé, une machine sensible, un type plein d'énergie, d'idées et de force mais touchant en prime, qui a su mener son combat pour la France dans un moment d'adversité, quand sa femme le quittait, peuchère. Le montage alterné entre le Sarkozy triste qui fait les cent pas devant sa télé le soir de l'élection en essayant d'appeler sa femme partie en courant et l'énorme flash-back que constitue la majeure partie du film sur les étapes de la campagne du Sarkozy fort, montage qui a pour but de dramatiser son succès et d'achever de le rendre héroïque et attendrissant, est aussi méprisable que consternant. L'image la plus subversive, et c'est beaucoup dire, de ce film misérable, c'est son affiche, qui annonce une satire que le film n'est jamais, et qui a l'audace incroyable d'attaquer le président sur sa petitesse.


A la médiocre copie ne préférez surtout pas l'original ! Je suis prêt à revoir ce film en boucle pendant cinq ans si on me promet que je ne reverrai pas une seule fois le vrai Sarkozy sur ma télé ou ailleurs pour le restant de mes jours.

En réalité le film de Xavier Duringer nous attrape par les moyens les plus moches à sa disposition : soit par le défilé d'enflures que garnissent le président et son entourage, imités certes fidèlement par une brochette d'acteurs qui auront pris plus de plaisir à faire leur exercice de perroquets et de singes que nous n'en aurons à les regarder ; soit en profitant de notre très bas instinct de voyeurs idiots. Voyeurs parce que nous aimons peut-être voir ces puissants intouchables assis sur leurs cabinets (ce que le film a finalement tort de ne pas montrer, contrairement à L'Exercice de l’État, qui lui n'aurait pas dû le faire) ou disant des gros mots (comme si c'était une info inédite, comme si c'était intéressant et comme si on ne pouvait pas l'imaginer par nous-mêmes, connaissant la vulgarité légendaire de notre triste président). Idiots, les voyeurs, parce que strictement tout ce que nous raconte ce film de propagande merdique, nous le savions déjà, des grands chapitres de cette sale histoire à ses plus petits détails, la couche de glorification répugnante en moins... A force de lécher les bottes de Sarko, ce film a réussi un prodige, une mission impossible : rendre le personnage encore plus insupportable qu'il n'était déjà.


La Conquête de Xavier Durringer avec Denis Podalydès, Bernard Le Coq, Hippolyte Girardot et Florence Pernel (2011)