Avant de subir notre chemin de croix, notre punition pour avoir péché, nous partons pour le fameux lac, puisque Gérardmer, c’est le Fantastic’art, le Fantasticâble mais surtout le lac, gelé pendant l’hiver, patinoire géante à découvert pour les touristes et les chiens téméraires, lieu de débauche lors des nuits glacées. Et comme le temps était sympathique et la couche de glace suffisamment épaisse, nous chassons de nos esprits ces films abscons en réalisant quelques glissades timides avant d’aller affronter le pire du cinéma, de l’opéra et du rock réunis.
C’est pendant le trajet vers le cinéma diffusant Repo! (à nouveau le Paradisio), que nous avons l’occasion de croiser des passionnés du gore, auxquels nous n’avons pas adressé la parole quand même, mais que nous avons tenté de prendre en photo à leur insu. Au final, nous n’avons réussi qu’un cliché, mais quel cliché !
Darren Lynn Bousman était prédestiné à commettre des films en rapport avec son triste nom de famille. C’est le type qui a réalisé Saw 2, 3 et 4 et il n’y a rien de plus à ajouter. C’est un médiocre qui n’a participé qu’à des films honteux avant de passer à la réalisation avec médiocrité. C’est un homme mesquin, sale et suintant du gras par tous les pores de sa peau dégueulasse, c’est une lacune humaine, il n’aime pas les enfants et vole dans le sac des petites vieilles. Il jette des cailloux sur les animaux et maudit l’arrivée des oiseaux au printemps. C’est le genre de mec à s’afficher avec fierté bien serré à Paris Hilton et à se faire payer son mariage par des sponsors. Darren Lynn Bousman est le réalisateur de Repo! the Genetic Opera. C’est mon nouveau Paul W.S. Anderson. Allez visiter son myspace pour voir une partie du massacre.
Pendant plus d’une heure et demie, des chansons insipides se succèdent interprétés par des acteurs au bout du rouleau sur fond de minable musique pseudo-hardcore. Le film a quand même une histoire, celle d’un chef d’entreprise qui propose de greffer des beaux organes tout neuf et génétiquement modifiés (d’où le titre) aux gens et de se faire rembourser plus tard. Le seul intérêt de ce stratagème, c’est de faire appel à des Repo-Men (d’où le titre, sic) pour récupérer les organes dans le corps encore chaud des patients qui sont dans l’impossibilité de rembourser leur opération. Le look des Repo-Men est très recherché puisque c’est la réplique exacte de la casquette et des longs manteaux en cuir des Waffen SS. Quelle originalité Darren ! Ne cherchez pas non plus à trouver une cohérence à l’histoire, il n’y en a pas. Pour compliquer le truc, d’autres personnages chantent tandis qu'ils prélèvent une substance sur des cadavres pour la revendre dans les rues mal famées, en chantant encore (faux) que c’est une drogue.
Le personnage principal est une fille malade qui doit rester enfermée dans sa chambre pour ne pas clamser mais qui passe le plus clair de son temps à gambader dans les rues (interprétée bien misérablement par Alexa Vega). Elle a 17 ans et le revendique face à son père tétanisé, ce qui nous vaut, à peu près aux deux tiers du film, peut être la pire chanson jamais interprétée et écrite dans l’histoire de l’humanité, Michel Sardou compris. Au final, le massacre est si puissant que le film en devient parfois drôle et on se prend à rire de bon cœur face à tant de médiocrité, en oubliant le prix de la place et en espérant que pas un centime ne sera reversé à Bousman.Pour ce film, et après avoir réalisé trois épisodes de Saw, Bousman mérite la prison sans droit de visite.
Sortis de la salle, les réactions ne se font pas attendre et elles sont toutes plus impitoyables les unes que les autres :
« Un peu dans la veine de The Rocky Horror Picture Show mais avec le gore en plus, ce film est une torture pour le spectateur. Au départ, on se marre bien tellement c’est ridicule, mais au bout d’une vingtaine de minutes le film devient tout simplement insupportable pour les yeux et surtout pour les oreilles. Les textes des chansons de ce hard rock opéra gothique sont d’une banalité et le niveau en chant de certains acteurs n’est pas là pour améliorer les choses, à l’image de Paris Hilton. Et oui, elle fait parti du casting jouant le rôle d’une chanteuse camée, héritière d’une grande entreprise mais comme dans son autre film, elle n’apparaît que très rarement. Ouf !! En ce qui concerne la trame de l’histoire, on peut finir par s’y perdre avec tous ces flashbacks et intrigues secondaires qui n’aboutissent à rien, comme si le réalisateur avait essayé de combler les trous… » Laëtitia, le poing droit sur la hanche gauche.
« Les comédies musicales d’horreur sont rares et en voyant ce film on ne se demande plus pourquoi. L’histoire et le jeu des acteurs sont tellement risibles que l’on se surprend à rire. Enfin on rit quand les prestations chantées ne sont pas si épouvantables qu’elles vous donne envie d’être sourd (ce qui arrive très souvent sur la durée de ce film). Le seul autre exemple de ce type de film à ma connaissance est The Rocky Horror Picture Show qui lui non plus n’a pas trouvé son public à la sortie mais plus tard pour maintenant devenir culte. Je ne pense pas que cette chose arrive à s’en sortir de la même manière. » Cédric, le poing dressé vers le ciel.
« Il n’y a pas des mots. C’est une blague pour le spectateur. Malgré la musique (rock de mauvais goût), si tu est bien assis tu peux arriver à dormir un peu. » Karen, qui a en effet dormi à poings fermés.
« The Strangers c’est des étrangers postés sur ton chemin ; Hansel & Gretel c’est l’histoire d’un gars qui n’arrive pas à retrouver son chemin ; Repo! The Genetic Opera c’est un chemin de croix. » Anatole, les poings dans les poches.
Des crétins ont encore applaudi à la fin de la séance, sans savoir que Bousman, qui casse des cailloux dans une prison du Kansas, ne peut pas les entendre.
Juste au moment ou nous reprenions la voiture pour rentrer à Metz, le palmarès était rendu public, Morse était sacré Grand Prix à l’unanimité d’un jury présidé par Jaume Balagueró. Grace gagnait le Prix du Jury et Midnight Meat Train remportait le Prix du Public. En conclusion de ce reportage, on se rend compte qu’on a été refoulés à l’entrée de Morse et que cet évènement a provoqué notre passage au plan B ; à la place de Grace on a préféré aller voir Repo! the Genetic Opera, et pour Midnight Meat Train on a préféré aller voir Hansel & Gretel. On n’a pas eu le nez très creux ce jour-là mais, si nous n’avons pas eu la chance de voir les meilleurs films, on peut se féliciter d’en avoir vu deux des pires et d’avoir passé malgré tout une excellente journée à Gérardmer.
Repo! The Genetic Opera de Darren Lynn Bousman avec Alexa Vega, Paul Sorvino et Paris Hilton (2008)
Voilà un premier reportage bien maîtrisé et très sérieusement organisé. Un reportage qui tend à dégoûter tous nos lecteurs du festival de Gerardmer, ou du cinéma d'horreur fantastique en général, dont on se rend compte qu'il ne donne à voir qu'une immense majorité de films de merde, le plus souvent.
RépondreSupprimerCe n'était pas le but final de ma chronique. Il y a évidemment du déchet, surtout dans les films de genre, mais si ce festival parvient à faire quand même connaître les deux trois films qui sortent du lot, alors c'est déjà très bien. Sinon Gérardmer est un endroit agréable pour passer son dimanche, festival ou pas.
RépondreSupprimerJe serais bien curieux de regarder le film qui a eu le Grand Prix, à savoir Morse, dont j'ai lu pas mal de critiques très positives.
RépondreSupprimerSi on mate le palmarès du festoche, les trois dernières années sont plutôt bonnes, avec comme films récompensés : Norway of Life, Isolation et L'Orphelinat, qui sont tout de même trois films fantastiques plutôt réussis. Malgré un nom moins vendeur, Gérardmer semble parvenir à prolonger Avoriaz.
Félicitations pour ton premier reportage, Poulpeux !
RépondreSupprimerJe te souhaite de meilleurs films pour la prochaine fois, ceci dit.
Fameux reportage Poulpard !
RépondreSupprimerVivement les prochains, avec de vrai bons films.
Que tu n'aies pas aimé Repo! est une chose, chacun ses goûts. Mais la critique que tu en fais est tout sauf objective... Je bosse dans la musique et je me demande toujours à quel moment tu as entendu que ça chantait faux??? Bon, ok, je ne dis pas que la pathétique Paris Hilton n'a pas subi un lifting vocal sous Pro Tools, mais quand même.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé qu'Alexa Vega était pas mal du tout dans le rôle, mais c'est surtout la prestation de Anthony Head qui marque le film.
En gros, je crois que la déception vient des gens qui n'abordent pas Repo! comme un réel opéra et non une comédie musicale à la con. N'oublions pas qu'il est adapté d'un spectacle au départ...
Et que ceux qui n'ont jamais vu d'opéra se renseignent d'abord!
Cher Anonyme, permets-moi d'abonder dans ton sens ! En effet, Repo! est un opéra, et pas une comédie musicale, l'erreur est mienne et je la concède. En effet, je suis plutôt inculte car je ne suis pas un grand amateur d'opéra filmé, ni d'opéra tout court (j'ai vu Carmen). En effet, ma critique n'est pas objective, elle tape sous la ceinture, elle mord l'oreille du film et en arrache le lobe avec rage, sans aucun respect des règles. En effet, tu as raison, c'est peut-être moi le crétin dans l'histoire, qui suis passé à côté d'un éventuel chef d'œuvre. Cependant j'ai cordialement détesté, nonobstant la performance de Monsieur Head.
RépondreSupprimerSalut Poulpard,
RépondreSupprimerMerci pour cette réponse!
Je tiens à préciser d'emblée (parce que ça m'a traversé l'esprit après avoir posté hier): je n'ai pas écrit sous couvert de l'anonymat par lâcheté comme beaucoup le font pour exprimer leurs idées sur le net. Simplement, je n'ai pas de compte et je n'avais pas envie d'en ouvrir un alors que je ne m'en servirai sans doute jamais plus...
Bon, ça, c'est dit ;-)
(Tiens, je viens de voir qu'on pouvait laisser son nom, même sans compte. Je suis un peu naze, là...)
Bref, j'avais envie de suivre un peu, et du coup, je reviens faire un tour!
Je suis maintenant d'accord avec toi: tu as clairement trouvé Repo! nul à en pleurer et là, il n'y a que toi pour en décider. Moi aussi, il y a des films cités partout comme chefs d'oeuvre que je trouve ringards à mourir...
J'avais juste été un peu déçu en lisant ta critique, car s'il existe un paquet de films fantastiques OBJECTIVEMENT très absolument de vachement beaucoup merdiques à fond, je ne pense pas que ce soit le cas de ce dernier.
Ce n'est pas que je cherche à défendre Bousman, chez qui je n'irais pas manger non plus.
Mais j'ai trouvé la réalisation pas trop mal, l'atmosphère d'opéra à l'ancienne (mais futuriste) me semblait bien rendue.
Je prendrais plutôt Repo! comme le type même de film qu'on apprécie ou qu'on déteste d'emblée en fonction de l'état d'esprit dans lequel on le regarde la première fois parce que c'est surtout l'ambiance du film qui compte.
Bref, juste pour dire: "on aime ou pas, sans concession". C'est semble-t-il ce qui se dégage de l'ensemble des critiques formulées à son égard. Au moins, on peut lui reconnaître d'avoir tenté un exercice auquel peu auront osé se frotter.