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Richard Jouir retrouve ici Laura Linney (prononcer Liné tout bêtement), sa partenaire fétiche, qu’il avait déjà côtoyée dans Peur Primale, le film définitif sur la peur des primates, à une lettre et un scénario près. Problème de titre, comme pour La Prophétie des ombres, qui aurait mieux fait de s’appeler La Prophétie des papillons pour ainsi être le cousin ailé de La Prophétie des grenouilles, le film d'animation préféré de mon petit neveu. Dick Gere incarne ici un pigiste du Washington Post DC en proie à des visions de papillons qui parasitent sa vie quotidienne. Ces visions le perturbent tout particulièrement lorsqu’il est au volant de sa Volvo. Ça l’amène à se prendre des arbres. Il découvre progressivement qu'il n'est pas le seul à souffrir de telles visions et comprend que celles-ci viennent annoncer un malheur prochain. Fin du pitch, début des emmerdes pour notre ami Gere, le bouddhiste aux cheveux d'ange.
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Les symboles de lépidoptères sont légion dans La Prophétie des Ombres. Dès qu’apparaît à l’image une forme plus ou moins symétrique, des seins timides de Laura Linney au pare-brise étoilé de Gere en passant par les terribles néons de sa salle de bains, on peut donc déceler la présence néfaste du Mothman du titre original. Le réalisateur n'en loupe pas une. Il s'agit d'autant d’apparitions du papillon maléfique qui hante littéralement ce film. On recense 189 plans de papillons selon le site IMDb. Ça en fait le cas unique de long-métrage lépidoptériste dans l’histoire du cinéma.
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Blague à part, ce film s’inspire d’une histoire vraie. Dans le Wyoming, plusieurs personnes auraient été sujettes à ces visions mystérieuses. Les témoignages s’accordent à dire qu’il s’agissait d’un connard géant doté de grandes ailes translucides et de yeux rouges. Cet être mystique à l'allure unique n’avait en réalité rien de méchant puisqu’il serait simplement venu annoncer des catastrophes. Hélas, il n’a pas été pris au sérieux par les autorités. A la fin du film, le pont de Brooklyn se casse en deux, causant une trentaine de morts, et l’homme-papillon mate tout ça les mains sur les hanches, l’air dépité. Il avait tout vu venir, et il avait essayé de nous prévenir via des coups de fil il est vrai pas toujours rassurants, en vain. Le film termine sur la phrase « Si c’est ça j'me casse », crachée par le Mothman (littéralement "homme motte") du titre original, dégouté. Ce Mothman a les yeux sur le torse, là où nous autres avons nos mamelons, et il n’a donc pas vraiment de tronche. Vraiment folklo ce film ! Les humains n’ont pas cru en ses mises en garde, et Dick Gere en premier, tout juste bon à sauver Laura Linney de la noyade au dernier moment. J'aurais fait pareil. 30 morts pour 1 rescapée blonde et garantie à vie, je signe tout de suite.
La Prophétie des ombres de Mark Pellington avec Richard Gere, Laura Linney et Will Patton (2002)