8 mai 2016

Les Visiteurs : La Révolution

Est-ce que cela vaut vraiment le coup de parler d'un tel film ? Ne vaut-il pas mieux se taire et faire comme si de rien n'était ? Quand on sort de la séance, on se regarde simplement les uns les autres avec l'air le plus dépité possible et ça vaut tous les mots du monde... Même dans nos pires cauchemars, nous n'aurions pas pu imaginer un truc aussi raté. On se demande à quoi l'on a affaire. Qu'est-ce qu'ils ont voulu faire ?! Du cinéma expérimental ? Cela justifierait ce montage hystérique (pas un plan qui dépasse la seconde !) et ces prises de vue ignobles dans des angles impossibles (la fameuse patte Jean-Marie Poiré !). De la comédie absurde et avant-gardiste ? Cela expliquerait peut-être pourquoi on ne comprend qu'un mot sur dix, tous les acteurs hurlant leurs répliques sur un débit frénétique, calquant leur jeu sur celui d'un Christian Clavier qui n'est que le triste fantôme de cette caricature de lui-même qu'il nous propose depuis tant d'années. L'acteur parvenait parfois à nous faire rire dans ces petites comédies de rien du tout comme On ne choisit pas sa famille et Une heure de tranquillité, où, branché sur 100 000 volts, il pète les plombs à intervalles réguliers, hurle aussi beaucoup mais paraît bien plus à l'aise dans la peau de ce personnage si antipathique dans lequel il a fini par s'enfermer totalement. On ne rit strictement jamais devant Les Visiteurs 3 : aucune scène, aucun dialogue, aucune situation, aucun moment, même fugace, n'émerge de cette infâme bouillie sans queue ni tête.




Les Visiteurs 3 est un supplice absolu. De la première minute, avec ce pathétique rappel écrit des épisodes précédents et cette scène onirique d'introduction au Moyen-Âge sans aucune sorte d'intérêt, à la dernière, quand les deux zouaves atterrissent sous l'Occupation nazie et que l'on espère enfin avoir droit à un gag efficace qui n'arrivera jamais. Strictement rien à sauver. La Terreur est une période historique qui offrait assez peu de ressorts comiques et de décalages possibles, c'est en tout cas un constat dans lequel nous conforte ce nouvel épisode, alors pourquoi y être resté 1h40 pour un surplace incompréhensible et un scénario qui ne va jamais nulle part ?! C'est à n'y rien comprendre. Ce troisième film réussit à nous rendre sacrément nostalgique du second, ce qui en dit assez long... Seuls les costumiers et les maquilleurs, exempts de tout reproche, semblent avoir pris du plaisir à faire leur travail. Ils s'en sont sans doute donnés à cœur joie puisqu'on leur a tout de même permis d'inventer des nez d'une laideur inouïe à Jean Reno et de faire pousser deux couilles géantes sans poil sous le menton de Christian Clavier, notre duo étant progressivement déformé par les couloirs du temps. L'aspect de Clavier durant ces très longues minutes où il se trimballe avec une énorme paire de testicules lisses à la place du goitre vient également renforcer la thèse d'une nouvelle forme d'humour pour laquelle nous ne sommes pas préparés. Nous ne le serons jamais. Les Visiteurs 3 est un véritable calvaire.


Les Visiteurs : La Révolution de Jean-Marie Poiré avec Christian Clavier, Jean Reno, Karin Viard, Franck Dubosc, Marie-Anne Chazel, Sylvie Testud et Pascal Nzonzi (2016)

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