Retour à l'horreur pour Brad Anderson après Session 9. Comme toujours, on retrouve à l'affiche une tripotée d'acteurs en manque de reconnaissance mais bien décidés à relancer leur filmographie avec le petit film d'horreur "culte" qui va bien, et croyant sonner à la bonne porte chez le réalisateur de The Machinist. C'est oublier que Brad Anderson, livreur de pizzas de son état, est plutôt habitué à faire du porte-à-porte lui-même, et à ramener la marchandise en bonne et due forme, sans oublier la petite sauce piquante indispensable, celle qu'on finit par balancer dans la gamelle du chat, pour le voir réclamer une douche froide en miaulant à la mort. Sont allés sonner chez Brad : Hayden Christensen, le Raazad-gul de Star Wars (deuxième trilogie, première dans l'ordre chronologique, soit la première trilogie) ; Thandie Newton, le sosie de Marion Jones, l'athlète camée qui a définitivement arrêté sa carrière après être passée sous les 5 secondes au 100 mètres haies, départ arrêté ; John LeGuizamo, la fameuse tête brûlée, au sens propre, qui chante ses dialogues avec son accent de marriachi et son sombrero sur la tête et nous transporte dans les favellas de Rio de Janeiro dès qu'il ouvre la bouche. Soit un casting black-blanc-beur bien trouvé vu que l'idée était de réunir un panel de la race humaine confrontée à la peur ancestrale du noir, concrétisée ici par un phénomène paranormal flippant faisant disparaître tout être vivant happé par l'obscurité, y compris les chauves-souris et les mannes, espèces pourtant rodées à la pénombre.
Filez un script pareil à Carpenter (ou à n'importe quel grand cinéaste) et il vous chie des lingots d'or, jouant sur le hors-champ, sur la profondeur de champ, sur la profondeur du champ, sur le champ, le contrechamp, le champ-contrechamp, le tout en allant à Auchan (pour régaler son équipe technique de plats mitonnés aux petits oignons). Toute la grammaire la plus simple du cinéma y passerait, le b.a.ba au service de l'effroi et d'un concept minimaliste mais permettant toutes les expérimentations formelles de France et de Navarre. Quand il a lu le script, script qui pour ne rien gâcher était exceptionnellement écrit en noir sur fond noir, John LeGuizamo déclare s'être écrié "Hé carràmba !". Thandie Newton, renouant tout-à-trac avec le bonheur connu sur le tournage de Collision, aurait quant à elle tapé un sprint. Rien sur la réaction à chaud de Hayden Christensen, qui affirme en revanche ne pas savoir lire. Et pourtant le scénario tourne vite au banal et au grand guignol (c'est paradoxal mais vrai, dans le sens où l'on prend conscience que le type aux manettes est un grand guignol). Passées les premières séquences un peu étonnantes, dans lesquelles on voit le noir envahir l'image (et qui poussent le spectateur à ouvrir ses volets), on nage dans un énième film post-apo, post-nuke, peuplé par une bande de survivants malodorants, antipathiques au possible, qui se retrouvent dans une cave où, par hasard, l'ampoule tient bon, à jouer aux cartes et au billard pour tuer le temps, et à se demander comment trouver de la bouffe dans un Harlem plus que jamais plongé dans le black.
Ultime et seule surprise de cet Empire des ombres : le dernier plan, qui nous montre, dans un monde définitivement vidé de toute vie, un pont sur lequel une main maladroite a tagué "Josué wuz here". Cette scène, dépourvue d'explications, qui tombe comme un cheveu sec et cassant sur une soupe de merde, a cependant l'effet pervers d'amener les spectateurs les plus curieux, ou du moins ceux qui refusent de rester comme des cons après une heure et demi passée à maudire le frère de Sonny Anderson, le festival de Gerardmer et le cinéma tout entier, à taper "Josué wuz here" sur google (après avoir fait un arrêt sur image pour déchiffrer ce tag maléfique). Cette phrase rappelle directement l'un des plus grands mystères irrésolus de la vie et de l'histoire humaine, en l'occurrence la disparition de la 13ème colonie de pionniers quaker wasps partis à la découverte du nouveau monde. Le chiffre 13 portant malheur, la colonie était mal barrée d'office et se volatilisa sans crier "gare !", du jour au lendemain. Aucun cadavre ne fut retrouvé, aucune trace de combat, de catastrophe, aucune télé allumée sur Ruquier qui expliquerait une fugue collective, aucun google-image resté tanqué sur le décolleté de Laury Thilleman pour justifier qu'on abandonne tout vêtement et qu'on aille se foutre à l'eau en groupe. Bref, pas l'ombre d'une explication ou du moindre indice. Seule demeura l'écorce d'un arbre où quelqu'un avait griffonné, on vous le donne en mille, et Brad Anderson s'en est souvenu au moment opportun : "Josué wuz here"... Cet événement reste et restera un phénomène inexpliqué, dont l'énigme aura alimenté des tonnes de mémoires, de thèses, de pages web, de critiques ciné et de documentaires, ainsi qu'un beau film en bois signé Bradley Michigan Anderson. Le cinéaste a toujours réussi à sauter la haie de la diffusion salles, sauf pour ce film, sorti directement en dvd après un accueil glacial à Gerardmer, où Brad Anderson, juge et parti puisqu'il était à la fois en compétition et membre du jury, déclare avoir passé deux semaines "calfeutré dans une chambre d'hôtel". A la fin du festoche, n'ayant aucune nouvelle du cinéaste, les organisateurs ont forcé la porte de sa chambre pour découvrir qu'il s'était volatilisé. Griffonné sur le miroir de la salle de bain avec un rouge-à-lèvres, on pouvait lire : "Brad Anderson wuz here".
L'Empire des ombres de Brad Anderson avec Hayden Christensen, Thandie Newton et John Leguizamo (2011)
J'ai rien compris. Je ne parle pas de l'article, je parle du décolleté de Laury Thilleman. Je n'ai pas compris. Je ne pige pas l'image.
RépondreSupprimerC'est pourtant un langage assez universel.
SupprimerTrop gros.
Supprimerpourquoi?
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