J'ai vu le seul film dont Clint Eastwood a composé la musique originale sans en avoir écrit le scénario ni assuré la mise en scène. Je ne pouvais pas garder ça pour moi ! Sous l'insistance des frères Weinstein, l'ancien maire de Carmel a en effet charitablement envoyé au jeune cinéaste James C. Strouse les chutes d'enregistrement de la musique de Million Dollar Baby. Après une journée passée à s'arracher les cheveux sur Fruity Loops avec l'aide indispensable de son cousin troubadour, James C. Strouse est parvenu à tirer une mignonne petite balade au piano à partir des déchets d'Eastwood. C'est ce morceau très lacrymal que l'on entend à différents moments du film, recyclé à toutes les sauces, ma préférée étant sa version la plus minimaliste où l'on devine seulement les râles du "mage de Carmel", s'essayant sur son piano, sans oser accoucher de la moindre note. Un remix techno house réalisé par le groupe Crazy Monkeys, disponible en libre écoute sur Deezer, enrichit simplement le morceau original d'un rythme dansant qui l'égaye considérablement mais il est hélas absent du long métrage. Il a en effet été jugé qu'il ne collait guère à l'ambiance déprimante et cafardeuse de l’œuvre très personnelle signée James C. Strouse, également auteur du scénario.
John Cusack a refusé 300 pour ce rôle, au plus grand bonheur de l'opportuniste Gerard Butler. L'acteur, très impliqué dans la vie de son pays, voulait ici démontrer son engagement politique. Il souhaitait s'élever face à George W. Bush dans, disait-il, "la crainte d'une deuxième réélection", réélection qui était de toute façon rendue impossible par le XXIIème amendement de la Constitution des États-Unis. Cusack l'ignorait et, quand on le lui faisait remarquer, il se défendait d'être simplement acteur, et non historien. Plus largement, cela lui tenait à cœur de prendre position contre la guerre en Irak et contre la guerre de manière générale, son grand cheval de bataille. C'est ainsi qu'il accepta le rôle de cet homme s'occupant seul de ses deux filles tandis que sa femme est engagée en Irak dans l'infanterie américaine. Alors qu'il prépare des cordons bleus de la marque Père Dodu (le meilleur rapport qualité-prix) à ses filles en attendant leur retour de l'école, Cusack apprend par la bouche de deux soldats en costards et au look de croque-mort que sa femme a trouvé la mort dans une attaque surprise menée par les troupes de Saddam Hussein. On est à peine au quart d'heure du film et John Cusack affiche dès lors un masque de cire qu'il n'abandonnera plus jamais.
Ne demandant pas plus de précision à ses deux oiseaux de malheur, Cusack leur referme la porte au nez, retourne mécaniquement à ses cordons bleus, les retourne une fois ou deux pour qu'ils soient dorés de chaque côté, consulte l'emballage pour être sûr d'appliquer strictement la recette, puis lâche sa spatule en bois, le regard perdu dans le vide. Il se dirige ensuite vers son salon où il échoue sur un ignoble fauteuil tapissier. Au meilleur de sa forme, l'acteur choisit alors de saisir sa tête entre ses mains pour nous montrer toute la tristesse et le désespoir de son personnage. Il en profite pour arranger discrètement sa coupe de cheveux et faire le beau gosse (marque de fabrique de l'acteur). A l'arrivée de ses deux filles, il n'aura pas bougé d'un iota, les mains littéralement vissées sur le haut du crâne, le séant bien enfoncé dans son fauteuil. Dans un réflexe d'auto-défense compréhensible, il choisira de ne rien dire à ses filles et de repousser au plus tard le moment de leur annoncer la terrible nouvelle. Il préfèrera les inviter soudainement à prendre la voiture (un 4x4 Volvo) et à filer vers un parc d'attraction à l'autre bout des États-Unis, Walibi Florida, pour leur faire plaisir, les amuser, et mieux chasser l'insupportable réalité. Et nous voilà partis pour un road movie sous morphine...
John Cusack a refusé 300 pour ce rôle, au plus grand bonheur de l'opportuniste Gerard Butler. L'acteur, très impliqué dans la vie de son pays, voulait ici démontrer son engagement politique. Il souhaitait s'élever face à George W. Bush dans, disait-il, "la crainte d'une deuxième réélection", réélection qui était de toute façon rendue impossible par le XXIIème amendement de la Constitution des États-Unis. Cusack l'ignorait et, quand on le lui faisait remarquer, il se défendait d'être simplement acteur, et non historien. Plus largement, cela lui tenait à cœur de prendre position contre la guerre en Irak et contre la guerre de manière générale, son grand cheval de bataille. C'est ainsi qu'il accepta le rôle de cet homme s'occupant seul de ses deux filles tandis que sa femme est engagée en Irak dans l'infanterie américaine. Alors qu'il prépare des cordons bleus de la marque Père Dodu (le meilleur rapport qualité-prix) à ses filles en attendant leur retour de l'école, Cusack apprend par la bouche de deux soldats en costards et au look de croque-mort que sa femme a trouvé la mort dans une attaque surprise menée par les troupes de Saddam Hussein. On est à peine au quart d'heure du film et John Cusack affiche dès lors un masque de cire qu'il n'abandonnera plus jamais.
Ne demandant pas plus de précision à ses deux oiseaux de malheur, Cusack leur referme la porte au nez, retourne mécaniquement à ses cordons bleus, les retourne une fois ou deux pour qu'ils soient dorés de chaque côté, consulte l'emballage pour être sûr d'appliquer strictement la recette, puis lâche sa spatule en bois, le regard perdu dans le vide. Il se dirige ensuite vers son salon où il échoue sur un ignoble fauteuil tapissier. Au meilleur de sa forme, l'acteur choisit alors de saisir sa tête entre ses mains pour nous montrer toute la tristesse et le désespoir de son personnage. Il en profite pour arranger discrètement sa coupe de cheveux et faire le beau gosse (marque de fabrique de l'acteur). A l'arrivée de ses deux filles, il n'aura pas bougé d'un iota, les mains littéralement vissées sur le haut du crâne, le séant bien enfoncé dans son fauteuil. Dans un réflexe d'auto-défense compréhensible, il choisira de ne rien dire à ses filles et de repousser au plus tard le moment de leur annoncer la terrible nouvelle. Il préfèrera les inviter soudainement à prendre la voiture (un 4x4 Volvo) et à filer vers un parc d'attraction à l'autre bout des États-Unis, Walibi Florida, pour leur faire plaisir, les amuser, et mieux chasser l'insupportable réalité. Et nous voilà partis pour un road movie sous morphine...
Grace is Gone n'est pas un mauvais film, c'est un film totalement anodin que l'on regarde sans passion mais sans être dérangé, en attendant patiemment cet instant fatidique où les deux petites gamines sauront enfin. Quand ce moment arrive, à la toute fin bien entendu, nous sommes plutôt agréablement surpris par son traitement, sans toutefois trouver ça formidable, loin de là. Disons que Grace is Gone parvient à ne jamais trop tomber dans le pathos, ce qui, pour les canons hollywoodiens, est déjà pas trop mal vu son sujet. James C. Strouse dépeint le deuil de Cusack sans prendre de risque, timidement, comme s'il n'osait pas. Sans rien faire de notable ni de désagréable. Finalement, on se souviendra de Grace is Gone comme l'un de ces nombreux films anti-Bush sortis à cette période et on le rangera par exemple aux côtés du nettement plus mauvais Dans la vallée d'Elah de Paul Haggis ou du médiocre The Messenger d'Oren Moverman. Les performances des deux gamines sont bien plus à saluer que celle de John Cusack, qui en fait parfois des caisses dans ce rôle taillé sur mesures. L'acteur a notamment eu la sale idée de s'inventer une démarche ridicule pour donner vie à son personnage. Il marche en canard et les jambes totalement rigides, à tel point que j'ai d'abord cru qu'il avait deux jambes en bois ! Comme à leur habitude, les frères Weinstein ont organisé une campagne acharnée autour de l'acteur pour que celui-ci finisse par obtenir le Saint Graal, un Oscar. Il ne fut même pas nominé et ce n'est que justice ! Par contre, la bande originale pourtant tout à fait moisie de Clint Eastwood décrocha de nombreuses récompenses, mais aucune ne fut jugée suffisamment prestigieuse par la star pour que celle-ci ne daigne se déplacer et la recevoir en mains propres. On ne se refait pas...
Grace is Gone de James C. Strouse avec John Cusack, Shélan O'Keefe, Gracie Bednarczyk et Alessandro Nivola (2008)
Selon certains John Cul-de-sac erre dans Los Angeles tous les jours, fringué comme sur la dernière image de l'article. Il chercherait la sortie de sa "filmographie de merde", selon ses propres termes.
RépondreSupprimerLe pire, c'est High Fidelity
SupprimerMalgré sa filmo, je l'aime beaucoup, Cusack. Quand il était jeune, je le trouvais mignon. Maintenant qu'il est vieux, je le trouve pityful. Je dis ça j'ai pas vu le dernier Cronenberg donc je peux changer d'avis, hein.
RépondreSupprimerY a Génération 90 dans quelques jours sur Arte, tu pourras de nouveau l'admirer au meilleur de sa forme physique.
SupprimerOUPS JE ME SUIS PLANTÉ, PAS DE CUSACK DANS GENERATION 90.
SupprimerMais si tu veux un Ethan Hawke (le Faucon en français, à cause de son énorme "bec") dans la fleur de l'âge, c'est déjà pas mal.
Shame on me
Tiens du coup je suis allé voir sa filmo, et en effet c'est pas fou, fou. Je ne sais pas pourquoi je pensais l'avoir vu dans beaucoup plus de films corrects.
RépondreSupprimerIl est bon dans Being John Malkovitch et le Cronenberg je trouve. Et même dans les navets il utilise bien sa tronche d'ahuri (2012, les Ailes de l'Enfer).
Il rivalise quasiment avec Nicolas Cage en termes de daubes de seconde zone à son palmarès, mais il fait rarement preuve du même humour et il n'a pas le même capital sympathie...
SupprimerNi son talent (je reste fan de Cage, moi, il avais juste des factures à payer quoi)
SupprimerOui, bien sûr, ni le même talent ! :)
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