Qu'il est loin le temps où Brad Anderson incarnait un mince espoir pour le cinéma de genre américain... Lui qui avait commencé sa carrière avec des petits films indépendants honorables et prometteurs tels que Happy Accidents et Session 9, travaille désormais à la pige. Il enchaîne les boulots alimentaires en se spécialisant dans la mise en image d'histoires à suspense ou horrifiques, y compris pour des tas de séries télévisées comme Fringe, principalement, mais aussi Treme et Broadwalk Empire. A l'annonce d'un nouveau Brad Anderson, on a tout de même encore cette très maigre curiosité qui suffit à nous faire perdre une heure et demi en sa compagnie. C'est depuis The Machinist, son plus grand succès, et un succès immédiat, contrairement aux deux films plus anciens déjà cités, dont le "cult following" s'est bâti avec le temps, que Brad Anderson a tiré un trait sur son honneur pour garnir un compte en banque sans doute bien portant, quitte à ce que son étoile sur le walk of fame hollywoodien trace sa route au loin. Les fans de The Machinist, jadis nombreux, ont désormais oublié jusqu'au nom du réalisateur de ce film.
The Call ("Le coup de fil" en Français) est donc la dernière livraison de Brad Anderson, qui trimballe une telle tête de zonard qu'on l'imagine facilement sur un scooter en rade, la goutte au nez, affublé d'un gilet phosphorescent sans manches et d'une casquette "Speed Rabbit Pizza". Comme d'hab, une star en perdition au casting, qui essaye de se refaire la cerise en espérant tourner un de ces thrillers qui marchent et dont on se souvient en se disant : "Ah oui, ce soir-là où on s'était bien foutu dedans !". Halle Berry, affublée d'une coupe de cheveux digne des plus belles heures de Carlos Alberto Valderrama saison 92-93 (celle où il a littéralement "mis le feu" à la Mosson avec sa fameuse technique dite des "mains qui traînent", qui consistait à caresser les couilles de ses adversaires dans le mur du coup franc ou bien sur les corners afin qu'ils oublient de sauter), Halle Berry donc, qui se vante d'avoir elle-même trouvé sa coupe de cheveux et de l'avoir imposée sur le plateau, incarne une standardiste du 911, l'appel d'urgence aux USA, que bien des demeurés bercés aux séries télé composent en France pendant des heures avant de mourir seuls. Dès la première scène du film, un appel la relie à la future victime d'un serial killer, qu'elle ne parviendra pas à sauver. La deuxième scène, pratiquement, nous plonge au cœur du film avec ce deuxième coup de fil qui durera près d'une heure et quart où Halle Berry, en position assise 90% du temps (son Oscar de la Meilleure Actrice lui permet de jouer ça), s'acharne à extirper une nouvelle victime des griffes du même psychopathe. La nouvelle cible n'est autre qu'Abigail Breslin, petite star joufflue et binoclarde de Little Miss Sunshine devenue Big Mama Monkeyshine, qui quant à elle passe 75% du film dans les coffres successifs d'une Lincoln Rouge et d'une Audi Black Metal.
Force est de constater que nous n'en menions pas large dès les premières secondes d'un film qui démarre tambour battant. Ce thriller au pitch en béton est conçu pour accaparer le chaland et ne pas lui laisser le choix des armes. Même Jean-Luc Godard serait médusé devant cette merde. Car oui, The Call, tout conçu qu'il est pour embobiner son spectateur et le garder à sa botte jusqu'au générique de fin grâce à un enchaînement très régulier de péripéties, passerait inaperçu au milieu d'un tas de fumier. Brad Anderson a définitivement cessé de s'aimer. Il ne s'était jamais abaissé à de telles pratiques. Le réalisateur utilise le "fisheye" pour rendre compte de la claustrophobie en milieu carcéral (le coffret de la voiture du tueur), abuse d'une image saccadée pour représenter l'état d'esprit du tueur en plein stress, et torche tout simplement des plans d'une pure laideur. En bref, on se croirait vraiment dans une série télé, et ce n'est pas un compliment. Le pire reste toutefois cette dernière demi heure où le scénario cesse à tout jamais d'être cohérent et nous entraîne maladroitement vers un face-à-face final ridicule pour conclure un jeu du chat et de la souris déjà vu et mieux vu mille fois ailleurs. Le comble du ridicule est atteint à la dernière minute du film, où little miss shoeshine et Halle Berry décident d'un commun accord de ne pas livrer le meurtrier à la police pour plutôt se venger elles-mêmes, nous laissant sur un arrière-goût d'autojustice à la morale bien pégueuse. Quand le générique de fin survient, on se dit qu'on s'est fait avoir comme des rats.
Putain, Valderrama à la Mosson. Un fantôme, à ce qu'on m'a dit. La photo semble indiquer qu'il était plutôt victime desdits attouchements plutôt qu'il n'en était l'auteur.
RépondreSupprimerApparemment on a échappé à la cure d'amaigrissement de Halle Berry (cf Christian Bale le moribond Machinist), c'est déjà ça.
Cette photo c'est un juste retour de flamme pour l'homme aux mains baladeuses, le malaxeur de couilles des surfaces, Carlos "Ball" Alberto "Addict" Valderrama.
SupprimerAutojustice ça rime avec "écarte les cuisses". Je dis queud.
RépondreSupprimer@Josuébah : Tu me rappelles l'épicier de mon village, un dragueur qui avait douze mains.
SupprimerJe n'en aimais aucune.
@ Lisette : On appelle ça une pieuvre et demie...
SupprimerEt malgré ça, je finirai forcément devant son prochain film : http://en.wikipedia.org/wiki/Eliza_Graves
RépondreSupprimerIl a l'art d'embrouiller son monde, ça on peut pas lui enlever...
SupprimerC'est franchement dommage. Session 9 était très bon et faisait penser qu'il y avait quelqu'un de confiance au volant. Mais avec toute cette merde derrière, je comprends qu'on s'en tape royalement du coup.
SupprimerJ'aime beaucoup la séquence de train fantôme dans The Machinist
SupprimerElle est réussie, oui ! Et as-tu vu Session 9 ?
Supprimer