
Mais si l'on veut bien faire fi de l'organisation facile et lassante du film pour se concentrer sur les détails de chaque scène, ou plutôt de chaque mise en scène, alors on peut librement apprécier le travail de Wenders, qui filme les spectacles de Bausch avec une intelligence peu commune. On est souvent gêné devant les pièces de théâtre, opéras et ballets filmés qui se voient généralement amputés par des cadrages resserrant, découpant, raccordant, limitant, sélectionnant au petit bonheur la chance dans ce qui est conçu pour occuper une scène entière simultanément et pour s'offrir d'un seul coup et d'un seul tenant au spectateur. Le téléspectateur, censé embrasser un spectacle entier du regard, conçu à cet effet, se voit alors plié au bon vouloir d'un réalisateur qui aura préféré se concentrer sur telle menue action dans un coin de la scène quand celle-ci n'a peut-être - on ne le saura jamais - d'intérêt ou de force qu'admirée concomitamment à tel autre geste à l'opposé des planches. Devant Pina on a cette impression inverse que la mise en scène du cinéaste ne va pas contre celle de la chorégraphe, l'accompagnant au contraire, lui ajoutant une plus-value de sens et de puissance.
Wenders fait un film de danse, sur la danse et par la danse. A ce titre le premier ballet filmé est d'autant plus sidérant que la caméra participe de son mouvement et le transforme en film de cinéma à part entière. On y voit un groupe masculin et un groupe féminin, respectivement vêtus de pantalons noirs et de robes blanches, également couverts de boue dans un décor terreux, combattant pour une femme tiraillée. L'un des hommes veut attirer cette proie à lui avec l'aide de ses camarades, malgré la résistance de ses consœurs, et un vêtement rouge symbolise la possession. Wenders quitte le sempiternel quatrième mur et investit l'espace pour donner de l'ampleur aux corps et de l'envergure à leurs mouvements collectifs fascinants dans une mise en scène en parfaite adéquation avec la brutalité mystérieuse du ballet. Le talent déployé dans cette séquence est tel qu'on aurait aimé que le cinéaste ne filme que cette pièce durant une heure et demi au lieu d'essouffler son film par un inutile souci d'exhaustivité tout en s'éparpillant en compliments superflus : représenter la danse de Pina Bausch comme Wenders le fait au début de son film vaut tous les éloges du monde.
Wenders fait un film de danse, sur la danse et par la danse. A ce titre le premier ballet filmé est d'autant plus sidérant que la caméra participe de son mouvement et le transforme en film de cinéma à part entière. On y voit un groupe masculin et un groupe féminin, respectivement vêtus de pantalons noirs et de robes blanches, également couverts de boue dans un décor terreux, combattant pour une femme tiraillée. L'un des hommes veut attirer cette proie à lui avec l'aide de ses camarades, malgré la résistance de ses consœurs, et un vêtement rouge symbolise la possession. Wenders quitte le sempiternel quatrième mur et investit l'espace pour donner de l'ampleur aux corps et de l'envergure à leurs mouvements collectifs fascinants dans une mise en scène en parfaite adéquation avec la brutalité mystérieuse du ballet. Le talent déployé dans cette séquence est tel qu'on aurait aimé que le cinéaste ne filme que cette pièce durant une heure et demi au lieu d'essouffler son film par un inutile souci d'exhaustivité tout en s'éparpillant en compliments superflus : représenter la danse de Pina Bausch comme Wenders le fait au début de son film vaut tous les éloges du monde.
Pina de Wim Wenders (2011)