28 janvier 2014

Dark Touch

"Pas de hors-jeu sur les touches !" n'a cessé de nous répéter Jean-Michel Larqué des années durant, sauf pour Dark Touch, qui dès les premières secondes donne dans l'anti-jeu pur et simple et nous pousse à trouver un sifflet pour tout arrêter. Il fait partie de ces films qui ne sont pas regardables. Intenable, insupportable, imbuvable, imbitable, ingérable, autant d'adjectifs qui se bousculent dans notre esprit après deux minutes de film. Le début justement : une petite fille chiale dans une immense baraque en pleine nuit, un carreau casse, le lit se met à trembler, tout part en vrille, les parents, baignés dans un halo flou qui sera la Marina de Van's dark touch tout au long du film, se mettent à hurler dans tous les sens, la gamine saigne de la bouche et ne parvient pas à parler, elle sort dans le jardin, se prend un rateau dans le front, tombe sur son tonton qui lui met une béquille pour l'immobiliser et la ramener au bercail où ses parents hurlent de plus belle, et puis ça se calme. Et là : "Dark Touch".




Vous rappelez-vous de la première apparition d'Arwen, et des rêves de cette dernière, dans la trilogie Le Seigneur des anneaux ? Ces scènes, qui baignaient aussi dans un halo lumineux ignoble et dans un flou artistique à vomir, étaient agressives au possible. Idem pour toutes les scènes de Dark Touch, qui quant à lui constitue également une agression caractérisée dans son contenu. Le film est, pour le dire autrement, dans la droite lignée du Lovely Bones de Peter Jackson, que nous tenons pour un phénomène paranormal sur lequel les chercheurs du monde entier ne se sont pas encore suffisamment penchés. En bref il est d'une laideur visuelle inouïe, et en prime on n'y comprend rien de rien, et on n'a pas envie de comprendre, quand bien même on se sent un peu bête durant la projo. Ce n'est qu'en consultant quelques blogs d'amateurs de cinéma de genre manifestement désespérés que nous avons compris le fin mot de l'histoire, grâce à des phrases du genre "Les chaussures parfaitement alignées au pied du lit, le slip descend doucement et le calvaire de la jeune fille débute" (sic) : il s'agit en fait d'un trauma pédophile. La petite héroïne du film se fait violer par ses parents (et peut-être par son oncle, étant donné la béquille terrible que ce dernier lui assène en la voyant souffrir), et, télékinésiste qui s'ignore, ses crises d'angoisse se matérialisent dans des tempêtes de vaisselle et de tables de nuit Fredrik Ljungberg© de chez Ikéa. La maison gigote et balance tout ce qu'elle contient sur les parents de la petite fille qui finissent leur vie en guirlandes clignotantes de Noël. Marina de Van, l'égérie de François Ozon, signe un nouveau film de genre qui parvient à convaincre quelques fans innocents, que l'on aimerait presque rencontrer, pour parler. Une chose est sûre en revanche, on aimerait ne jamais recroiser un film de la dame. Ça suffit. Ça suffit ample, large.


Dark Touch de Marina de Van avec Padraic Delaney, Robert Donnelly, Charlotte Flyvholm (2013)

8 commentaires:

  1. Sam je suis Sam28 janvier, 2014 09:32

    Au large Marina :D

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  2. Pourquoi tu lances ces merdes, toi aussi ? Tu t'auto-tacles mon vieux ! :D

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    1. C'est en lançant un peu nawak que, parfois, on tombe sur des perles !
      Là, j'aurais pu le sentir, en regardant de plus près le nom de la réalisatrice, mais cette affiche m'avait intrigué :
      http://filmpro.ru/media/images/original/original49549348.jpg

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    2. Je ne t'apprendrai rien en disant que c'est une nouvelle mode, la création d'affiches « vintage » pour des films relevant généralement du fantastique : ici, dans le goût expressionniste. Mais attention, on fait ça spécialement pour les forts en thème, pour les autres on pond une bouse standard du type de celle présentée plus haut... Moi qui ne m'intéresse pas à ce phénomène que je trouve très artificiel (quid du rapport précis de 'Dark Touch' avec l'esthétique expressionniste ?), j'en ai déjà croisé deux expositions, c'est dire. On refait également des affiches de films (« de genre », « bizarres », ou « bis » : 'Suspiria', Jess Franco, Jodorowsky et tutti kwanty) appartenant au passé, avec graphisme léché et fortement référencé. C'est donc si difficile de faire une bonne affiche, pas trop indigne visuellement, qui en même temps ne cherche pas à être plus que ce qu'elle est, à savoir un simple support publicitaire, au sens le plus strict de l'expression ?

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    3. J'avoue que le pitch m'a un peu intrigué aussi...
      "Meubles et objets se rebellent contre les occupants d'une maison" :D

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    4. Là, je te suis ! C'est sourdement fendard...

      (Même si le nom de Marina de Van m'aurait quand même fait fuir.)

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  3. Autant vous m'avez réconcilié avec la critique cinéma, autant la saison 2 de American Horror Story, malgré son nom répulsif, m'a réconcilié avec l'horreur. Dans les 2 cas, ce n'est pas rien.
    Quand à Marina, 2 vannes.

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