James Ponsoldt, retenez ce nom ! Et surveillez-le de près. Il pourrait, un jour, réaliser un bon film. The Spectacular Now est son troisième long métrage et on y trouve des qualités trop rares dans le cinéma indépendant américain actuel. Je veux parler ici de ce cinéma adoubé par Sundance, et c'est le cas de ce film, couronné chez Bob Redford. Smashed laissait déjà entrevoir ces modestes qualités. Le film était porté par la prestation étonnante de la mignonne Mary Elizabeth Winstead dans la peau d'une irrécupérable alcoolique. James Ponsoldt, vous saurez écrire son nom convenablement après avoir lu cet article, est un directeur d'acteurs certainement assez doué. Ou plutôt, un directeur d'actrices doué. Dans son nouveau film, c'est la jeune Shailene Woodley, déjà vue dans The Descendants, qui apporte un peu de fraîcheur et de vérité à son personnage. Son partenaire, Miles Teller, sorte de sosie du Chandler de Friends (période bouffi par la coke), est clairement en deçà, et c'est dommage, car il incarne le personnage central d'un film qui pourrait porter son nom : Sutter.
Sutter est un adolescent drôle et charmant (vous me signalez quand ça se voit trop que je copie directement le pitch d'Allociné) qui ne vit que dans l'instant présent. Sa perception du monde évolue tout doucement lorsqu'il rencontre Aimee, une jeune fille timide totalement différente de lui, dont il sera le premier amour. Hélas, leur relation est gâchée par le manque d'amour propre et l'attitude autodestructrice de Sutter, très porté sur la boisson... Les plus vigilants d'entre vous l'auront déjà remarqué : James Ponsoldt a un problème personnel avec l'alcool. Cela fait trois films de suite qu'il accorde à la bibine une place prépondérante dans l'histoire racontée. Son premier film, Off the Back (Back off out of my back en VF), mettait en scène le vétéran Nick Nolte, et je pourrais m'arrêter là, car l'acteur ne jouait pas vraiment un rôle de composition. Son second film nous narrait donc la lutte de la très sympathique MEW contre un alcoolisme qui mettait son couple en péril.
Dans The Spectacular Now, l'alcool est simplement l'épée de Damoclès que le personnage principal trimballe du début à la fin au-dessus de sa vieille ganache. L'expression de "vieille ganache" n'est pas gratuite puisque l'acteur approche tout de même de la trentaine et joue ici un élève de Terminale S (je déduis qu'il s'agit de la filière scientifique en raison du rôle décisif joué par le prof de maths bigleux, incarné par un étonnant Manu Katché). C'est un peu gênant, mais personne ne l'a remarqué tant nous nous sommes tristement habitués à cela dans les films américains. Enfin quand même... Dans notre cher pays, on a au moins le mérite de choisir une actrice qui n'a même pas encore obtenu son bac pour interpréter une jeune femme découvrant son homosexualité, pour assurer des scènes hot sans souci, avant de devenir une institutrice expérimentée, sans que l'on ne cesse d'y croire, 3 heures durant. Là, dès qu'on voit le dénommé Miles Teller se balader dans les couloirs de son bahut, on commence à tiquer. Son sac à dos à l'air tout riquiqui par rapport à l'envergure de ses épaules ! On n'est pas taillé comme ça à 18 piges ! A moins d'avoir du sang wallisien... Shailene Woodley est bien plus crédible, elle qui n'a que 22 ans en réalité. L'actrice devrait toutefois s'inquiéter de son acné...
Par ailleurs, sachez que James Ponsoldt a de bons goûts et aime les étaler. Mais il le fait tout de même assez discrètement, car il est plus élégant et subtil que la plupart de ses congénères indie. On entend seulement l'introduction de la sympathique chanson de Kurt Vile, Wakin' on a pretty day, aussitôt coupée net, James Ponsoldt se contentant d'avoir su la glisser-là. Nous avons donc au moins un artiste en commun sur nos comptes Last.fm et ça me fait une belle jambe. De la chillwave quelque peu obsolète occupe le reste de la bande son, mais ce n'est jamais rien d'autre qu'une tapisserie sonore et seules les plus fines oreilles sauront tagguer les chansonniers concernés.
Beaucoup ont été bouleversés par ce film souvent décrit comme la dernière pépite du cinéma indépendant US. A ceux-là, il ne faudrait pas montrer La Vie d'Adèle, ils risqueraient de ne jamais s'en remettre... Peut-être ai-je un cœur de pierre, je ne sais guère, mais je ne pense pas. La preuve : je dois reconnaître avoir marché dans la combine pendant une petite demi-heure, je dirai, et c'est déjà pas rien. Durant cette première partie, où James Ponsoldt se concentre sur la romance naissante entre ces deux personnages, le film atteint son but, évite la plupart des clichés et dégage une certaine fraîcheur, pas déplaisante, il faut bien l'avouer. Quand il aborde le thème du premier amour, le film fonctionne à plein régime et son efficacité est bien réelle. On est très loin de l'infâme 500 Days of Summer, écrit par les mêmes scénaristes et mis en avant sur l'affiche. On se dit donc que le cinéaste n'y est pas pour rien. Celui-ci nous montre des choses inhabituelles, que l'on croise rarement sur grand écran. La mise en place du préservatif, lors du premier rapport sexuel des deux tourtereaux, par exemple. C'est hors-champ, mais c'est tout de même bien long et on entend des bruits que j'aimerais oublier. Il y aurait d'ailleurs une thèse à écrire sur le rôle du hors-champ dans le cinéma de James Ponsoldt. En général, est hors-champ ce que le cinéaste ne veut guère nous montrer. Dans l'exemple évoqué, cela lui permet d'éviter la censure ou le classement dans la catégorie "film pornographique". C'est donc très habile de sa part. Il y a d'autres moments qui étonnent un peu, et devant un tel film, il est toujours agréable d'être étonné. Cela arrive une ou deux fois, mais au point où on en est, ça suffit pour être relevé...
Quand, ensuite, le cinéaste se focalise entièrement sur le personnage de cet adolescent en crise se lançant à la recherche de son père disparu (lui aussi alcoolo, vous l'auriez deviné), le film se désagrège complètement. Tout devient très attendu, médiocre, tout tombe à plat. On finit même par prendre sérieusement en grippe cette enflure de Sutter capable d'éjecter sa douce girlfriend de sa bagnole au beau milieu de l'autoroute. Celle-ci finit logiquement par se faire emporter par la première voiture qui passe, lors d'une scène qui provoque, bien malgré elle, des éclats de rire nerveux. C'est là que l'on se rend compte du fossé qui sépare le début du film, où l'on souriait presque vaguement devant ces deux lycéens qui se tournaient autour puis se découvraient, de cette dérive lamentable, où l'on a très hâte d'en finir. Le Bukowski du ciné indé espère alors muer en Salinger en tentant de saisir le profond mal-être adolescent. Ça se règle en deux bouffes que le garçon reçoit sans moufeter, plaqué par sa mère (Jennifer Jason Leigh, méconnaissable !) contre le gigantesque frigo de la cuisine, et c'en est terminé.
Sérieusement, il y a d'infimes chances pour qu'un jour, James Ponsoldt réussisse un film. Il a 36 ans tout juste, il a donc encore du temps devant lui, pour apprendre et se perfectionner. Serai-je encore parmi vous quand sortira son chef d’œuvre ? Je l’ignore, je suis son cadet mais j'ai bien des soucis. Son 30ème film sera peut-être le bon. En attendant, il faut faire preuve de patience. En ce qui me concerne, j'éviterai sans doute ses 29 prochains films. Je vais laisser pisser un moment, si vous le voulez bien...
Sutter est un adolescent drôle et charmant (vous me signalez quand ça se voit trop que je copie directement le pitch d'Allociné) qui ne vit que dans l'instant présent. Sa perception du monde évolue tout doucement lorsqu'il rencontre Aimee, une jeune fille timide totalement différente de lui, dont il sera le premier amour. Hélas, leur relation est gâchée par le manque d'amour propre et l'attitude autodestructrice de Sutter, très porté sur la boisson... Les plus vigilants d'entre vous l'auront déjà remarqué : James Ponsoldt a un problème personnel avec l'alcool. Cela fait trois films de suite qu'il accorde à la bibine une place prépondérante dans l'histoire racontée. Son premier film, Off the Back (Back off out of my back en VF), mettait en scène le vétéran Nick Nolte, et je pourrais m'arrêter là, car l'acteur ne jouait pas vraiment un rôle de composition. Son second film nous narrait donc la lutte de la très sympathique MEW contre un alcoolisme qui mettait son couple en péril.
Dans The Spectacular Now, l'alcool est simplement l'épée de Damoclès que le personnage principal trimballe du début à la fin au-dessus de sa vieille ganache. L'expression de "vieille ganache" n'est pas gratuite puisque l'acteur approche tout de même de la trentaine et joue ici un élève de Terminale S (je déduis qu'il s'agit de la filière scientifique en raison du rôle décisif joué par le prof de maths bigleux, incarné par un étonnant Manu Katché). C'est un peu gênant, mais personne ne l'a remarqué tant nous nous sommes tristement habitués à cela dans les films américains. Enfin quand même... Dans notre cher pays, on a au moins le mérite de choisir une actrice qui n'a même pas encore obtenu son bac pour interpréter une jeune femme découvrant son homosexualité, pour assurer des scènes hot sans souci, avant de devenir une institutrice expérimentée, sans que l'on ne cesse d'y croire, 3 heures durant. Là, dès qu'on voit le dénommé Miles Teller se balader dans les couloirs de son bahut, on commence à tiquer. Son sac à dos à l'air tout riquiqui par rapport à l'envergure de ses épaules ! On n'est pas taillé comme ça à 18 piges ! A moins d'avoir du sang wallisien... Shailene Woodley est bien plus crédible, elle qui n'a que 22 ans en réalité. L'actrice devrait toutefois s'inquiéter de son acné...
Par ailleurs, sachez que James Ponsoldt a de bons goûts et aime les étaler. Mais il le fait tout de même assez discrètement, car il est plus élégant et subtil que la plupart de ses congénères indie. On entend seulement l'introduction de la sympathique chanson de Kurt Vile, Wakin' on a pretty day, aussitôt coupée net, James Ponsoldt se contentant d'avoir su la glisser-là. Nous avons donc au moins un artiste en commun sur nos comptes Last.fm et ça me fait une belle jambe. De la chillwave quelque peu obsolète occupe le reste de la bande son, mais ce n'est jamais rien d'autre qu'une tapisserie sonore et seules les plus fines oreilles sauront tagguer les chansonniers concernés.
Beaucoup ont été bouleversés par ce film souvent décrit comme la dernière pépite du cinéma indépendant US. A ceux-là, il ne faudrait pas montrer La Vie d'Adèle, ils risqueraient de ne jamais s'en remettre... Peut-être ai-je un cœur de pierre, je ne sais guère, mais je ne pense pas. La preuve : je dois reconnaître avoir marché dans la combine pendant une petite demi-heure, je dirai, et c'est déjà pas rien. Durant cette première partie, où James Ponsoldt se concentre sur la romance naissante entre ces deux personnages, le film atteint son but, évite la plupart des clichés et dégage une certaine fraîcheur, pas déplaisante, il faut bien l'avouer. Quand il aborde le thème du premier amour, le film fonctionne à plein régime et son efficacité est bien réelle. On est très loin de l'infâme 500 Days of Summer, écrit par les mêmes scénaristes et mis en avant sur l'affiche. On se dit donc que le cinéaste n'y est pas pour rien. Celui-ci nous montre des choses inhabituelles, que l'on croise rarement sur grand écran. La mise en place du préservatif, lors du premier rapport sexuel des deux tourtereaux, par exemple. C'est hors-champ, mais c'est tout de même bien long et on entend des bruits que j'aimerais oublier. Il y aurait d'ailleurs une thèse à écrire sur le rôle du hors-champ dans le cinéma de James Ponsoldt. En général, est hors-champ ce que le cinéaste ne veut guère nous montrer. Dans l'exemple évoqué, cela lui permet d'éviter la censure ou le classement dans la catégorie "film pornographique". C'est donc très habile de sa part. Il y a d'autres moments qui étonnent un peu, et devant un tel film, il est toujours agréable d'être étonné. Cela arrive une ou deux fois, mais au point où on en est, ça suffit pour être relevé...
Quand, ensuite, le cinéaste se focalise entièrement sur le personnage de cet adolescent en crise se lançant à la recherche de son père disparu (lui aussi alcoolo, vous l'auriez deviné), le film se désagrège complètement. Tout devient très attendu, médiocre, tout tombe à plat. On finit même par prendre sérieusement en grippe cette enflure de Sutter capable d'éjecter sa douce girlfriend de sa bagnole au beau milieu de l'autoroute. Celle-ci finit logiquement par se faire emporter par la première voiture qui passe, lors d'une scène qui provoque, bien malgré elle, des éclats de rire nerveux. C'est là que l'on se rend compte du fossé qui sépare le début du film, où l'on souriait presque vaguement devant ces deux lycéens qui se tournaient autour puis se découvraient, de cette dérive lamentable, où l'on a très hâte d'en finir. Le Bukowski du ciné indé espère alors muer en Salinger en tentant de saisir le profond mal-être adolescent. Ça se règle en deux bouffes que le garçon reçoit sans moufeter, plaqué par sa mère (Jennifer Jason Leigh, méconnaissable !) contre le gigantesque frigo de la cuisine, et c'en est terminé.
Sérieusement, il y a d'infimes chances pour qu'un jour, James Ponsoldt réussisse un film. Il a 36 ans tout juste, il a donc encore du temps devant lui, pour apprendre et se perfectionner. Serai-je encore parmi vous quand sortira son chef d’œuvre ? Je l’ignore, je suis son cadet mais j'ai bien des soucis. Son 30ème film sera peut-être le bon. En attendant, il faut faire preuve de patience. En ce qui me concerne, j'éviterai sans doute ses 29 prochains films. Je vais laisser pisser un moment, si vous le voulez bien...
The Spectacular Now de James Ponsoldt avec Miles Teller, Shailene Woodley, Brie Larson, Jennifer Jason Leigh, Kyle Chandler et Mary Elizabeth Winstead (2014)
"Son premier film, Off the Back (Back off out of my back en VF)"
RépondreSupprimer:D
Quant à James Ponsoldt (effectivement je sais désormais écrire le blaze de cet inconnu au bataillon ! Merci !), j'ai déjà loupé ses 3 premiers films, et j'en suis pas peu fier. Je ne te donne donc pas rendez-vous pour le 30ème mais je te souhaite bien du courage pour l'attendre et l'affronter.
Un mot sur Shailene Woodley : non rien en fait. Ce serait trop laid à dire.
ça me rappelle ça : http://ilaose.blogspot.com/2008/02/planet-terror.html
SupprimerLa liste des 25 meilleurs "coming-of-age films" selon James Ponsoldt, où il confirme qu'on peut avoir du goût tout en étant un zonard :
RépondreSupprimerhttp://www.huffingtonpost.com/james-ponsoldt/25-best-coming-of-age-films-james-ponsoldt_b_3739551.html
(bien que pour mettre deux séries-tv, dont une avec Claire Danes, devant L'Esprit de la ruche, Ozu et cie, il faut avoir un gros gros grain...)
SupprimerL'absence dans cette liste, entre autres, de 'Deep End', 'Mes petites amoureuses', du 'Messager', d''Amarcord' et de 'Harold et Maud', voire des 'Parapluies de Cherbourg' (même si pour ma part j'aime inégalement ces différents films) est pour le moins notable...
SupprimerÀ propos du rapport des cinéastes à l'alcool, il me semble qu'il en est certains (et non des moindres) chez qui ce dernier devient un élément consubstantiel à leur œuvre, comme le sont chez d'autres le plan-séquence ou le raccord à 180 degrés : je pense à Chaplin, Ozu, John Ford, Cukor, Cassavetes, Blake Edwards, et dans une moindre mesure (quoique) à Jean Eustache. (À ne pas confondre avec les cuites ponctuelles, même si mémorables, qu'on trouve chez Murnau, Hawks, Hitchcock, Mankiewicz, Nicholas Ray, Billy Wilder, Jerry Lewis, Fellini, Visconti, Zurlini et Jean Noubli...)
RépondreSupprimerÉvidemment, on n'est sans doute pas dans la même catégorie avec Mister Ponsoldt, c'était juste pour extrapoler à partir du propos de Félix !
Si vous matez bien la dernière tof, vous pouvez observer que Shailene Woodley pince discrètement le téton droit de Miles Teller, ce qui est étonnant. De leurs côtés, Brie Larson et James Posdont font un téton-à-téton, et le réalisateur semble savourer ce moment.
RépondreSupprimerShailene Woodley a aussi gardé les tchancles offertes par Alexander Payne-in-the-ass sur le tournage de "The Descendants". Grande classe.
SupprimerTop 10 des duos au cinéma par Shailene Woodley :
RépondreSupprimerhttp://www.imdb.com/list/-yvCisEmfig/
ça fait rêver !
Ca me rappelle "Fallait pas l'inviter", le chef-d’œuvre de Michel Muller. J'avais déjà du mal à l'encaisser cette Shailene... J'aime beaucoup son commentaire sur le N°10, "Les Goonies" :
Supprimer“ Okay, it's not really a duo, but I love The Goonies and their collective spirit of adventure. - Shailene ” - IMDbGuestEditor
En revanche le dénommé Ben Caesar, dans les commentaires, n'est pas pour me déplaire :
Supprimer" I have lost all respect for you! Mr and Mrs Smith as Number 1? Are you out of your mind? "