Été 98. Alors que Zizou et toute sa bande plongent le pays dans la liesse, sort dans les salles françaises et en catimini le 4ème long métrage d'Antonia Bird, et malheureusement son dernier, puisque la réalisatrice britannique est décédée hier, le 25 octobre 2013, à l'âge de 54 ans. Repartie travailler à la télévision après la sortie de Vorace, Antonia Bird aura quand même eu le temps de marquer les mémoires des fans de cinéma de genre, et notamment grâce à cette ultime et très méritante livraison cinématographique. On ignore si la cinéaste était végétarienne ou non, mais tout porte à croire qu'Antonia Bird a voulu d'une manière ou d'une autre purger son malaise face à la barbaque en nous faisant croquer de la chair fraîche dans un film d'horreur old school qui met en scène des cannibales puisant leur force dans la consommation effrénée de viscères humains. A partir d'un scénario a priori épuisé jusqu'à la corde par un nombre incalculable de séries B plus ou moins ridicules, la cinéaste parvint à signer une œuvre inventive, originale et intemporelle.
L'action se déroule durant la guerre américano-mexicaine. John Boyd (Guy Pearce), un officier fraîchement décoré pour avoir pris à lui tout seul un avant-poste ennemi, mais manifestement perturbé par son fait d'arme entaché de lâcheté et faisant face à un gros cas de conscience, se retrouve parachuté au fin fond de l'arrière pays, dans un fort de Californie dont la garnison est presque intégralement composée de rebuts de l'armée. Les divers personnages nous sont présentés en quelques coups de pinceaux avec une efficacité certaine et un humour appréciable. Le film s'anime avec l'arrivée de Colqhoun (Robert Carlyle, acteur fétiche d'Antonia Bird), un pionnier traumatisé, en loques et épuisé, qui raconte à ses hôtes les actes de cannibalisme auxquels se sont livrés certains de ses compagnons de voyage égarés après avoir trouvé refuge dans une grotte. Aussitôt, le colonel Hart décide de lancer une expédition pour secourir d'éventuels rescapés.
L'action se déroule durant la guerre américano-mexicaine. John Boyd (Guy Pearce), un officier fraîchement décoré pour avoir pris à lui tout seul un avant-poste ennemi, mais manifestement perturbé par son fait d'arme entaché de lâcheté et faisant face à un gros cas de conscience, se retrouve parachuté au fin fond de l'arrière pays, dans un fort de Californie dont la garnison est presque intégralement composée de rebuts de l'armée. Les divers personnages nous sont présentés en quelques coups de pinceaux avec une efficacité certaine et un humour appréciable. Le film s'anime avec l'arrivée de Colqhoun (Robert Carlyle, acteur fétiche d'Antonia Bird), un pionnier traumatisé, en loques et épuisé, qui raconte à ses hôtes les actes de cannibalisme auxquels se sont livrés certains de ses compagnons de voyage égarés après avoir trouvé refuge dans une grotte. Aussitôt, le colonel Hart décide de lancer une expédition pour secourir d'éventuels rescapés.
Le voyage des soldats ne manque pas de faire monter la pression et de distiller des indices sur la véritable identité de Colqhoun, auquel Robert Carlyle insuffle toute sa folie naturelle. L'acteur chipe pratiquement le premier rôle à Guy Pearce. Et pourtant l'acteur de Memento, qui incarne un anti-héros et joue presque en retrait, misant tout sur son regard azuréen et sur son élégante beubar de trois jours, tient là son meilleur rôle. La séquence-phare du film survient alors quand l'équipée parvient à la grotte et se retrouve piégée par le véritable cannibale de l'histoire (la fin de ce paragraphe révèle des éléments-clés de l'intrigue), Colqhoun lui-même qui, après avoir creusé le sol de ses mains comme pour trouver refuge, en extirpe des poignards et se met à massacrer la majeure partie de la troupe. Robert Carlyle livre une prestation littéralement habitée pour manifester la folie de son personnage et le suspense à deux vitesses mis en place par Antonia Bird fonctionne à merveille : Guy Pearce et un lieutenant s'enfoncent dans l'obscurité de la grotte en craignant d'y rencontrer un malade puis en ressortent à toute allure pour affronter celui qui les a conduits dans ce traquenard. Après quoi la cinéaste relâche et relance soudain le rythme de la séquence, non sans humour, lorsque Colqhoun se retrouve face au peureux de la troupe (Jeremy Davies) et lui dit, le regard habité, "Cours !", avant que ne s'emballe une mélodie endiablée pour accompagner la course poursuite des deux personnages.
Comment ne pas être pris aux tripes par la bande originale composée par Damon Albarn (aidé par Michael Nyman), plus inspiré que jamais, y compris sur ses side-projets Blur et Gorillaz. Dès le début du film, la musique épouse les images de Bird, ces grands paysages enneigés, et surtout colle à l'ambiance inquiétante de l'ensemble du film (notamment quand elle est mêlée aux ricanements crispants de Carlyle en voix off), avec de temps à autres dans ces mélodies une certaine pointe d'ironie, une forme de décalage et de dérision qui désarment la tension et font régulièrement respirer le récit. Comment ne pas être séduit par la légende de Wendigo, qu'une indienne raconte à Boyd, cette histoire d'un homme devenu surhomme en mangeant la viande de ses semblables. Le film perd bien le rythme de temps en temps, et la fin est un peu poussive lorsque Colqhoun revient au fort en Colonel Ives, mais Vorace fait clairement partie des rares réussites d'un genre balisé et sombrant souvent dans le ridicule, sans aucun doute grâce à la conviction de son auteure et de ses acteurs. On laisse le soin aux amateurs des gender studies de mettre à jour le sous-texte sur l'homosexualité masculine que le film contient de toute évidence, et on se contentera pour conclure de dire que c'est un film de genre de qualité - chose qui ne court pas les rues aujourd'hui - qui mérite plus que jamais d'être revu à la hausse.
Vorace d'Antonia Bird avec Guy Pearce, Robert Carlyle, Jeremy Davies et David Arquette (1998)
Vorace d'Antonia Bird avec Guy Pearce, Robert Carlyle, Jeremy Davies et David Arquette (1998)
On l'avait loué au vidéo-club de la ville la plus proche (15km) et, vers le milieu du film, la K7 s'était mise à déconner à mort, mais on avait tout de même réussi à aller au bout. Pur souvenir de cinéma.
RépondreSupprimerJe pense que Michael Nyman y est aussi pour beaucoup dans la BO, lui qui en a signé quelques autres de bien réussies. Mais bien sûr, c'est le boloss de service qui a ramassé tous les lauriers.
Quelques anecdotes au sujet de Damon Albarn :
Il possédait un anneau d'or de sa mère à l'oreille gauche durant sa période "britpop". À présent, il ne l'a plus, à moins qu'il ne l'ait déplacé sur son gland. Il possédait également un collier de perles fantaisie que sa mère a confectionné. Il arbore désormais une lourde chevalière en or avec trois lions gravés dessus et des bracelets du Mali (qu'il a visiblement perdus dans un show privé à Madrid, d'où une haine tenace, depuis, pour l'Espagne et ses habitants).
Il semblerait qu'en plus du tatouage « Mum » inscrit sur son bras gauche, il en aurait un autre sur le bras droit, un petit cœur avec « Suzi » (sa compagne) et « Missy » (sa fille) inscrit dessus. Une chauve souris aux ailes déployées, elle aussi tatouée (« a tattoo within a tattoo »), orne son pubis depuis 2001. On peut voir cette image, semble-t-il, dans le single CD Out Of Time, chanson de l'album Think Tank.
Énorme ces trivias de malade le Tank!
SupprimerDavid Arquette était un grand espoir à ce moment-là.
RépondreSupprimerPlus trop nowadays...
Vous dites tout. L'un des mes films "d'horreur" préférés. L'ambiance (la musique mais aussi cette Californie enneigée et l'époque où ça se passe) y est pour beaucoup et il fout bien les jetons. Surtout quand Carlysle raconte son histoire et quand ils arrivent à la grotte. Fameuse bande d'acteurs.
RépondreSupprimerWINDIGO!
RépondreSupprimerentièrement d'accord avec vous sur ce film d'horreur à (re)découvrir
RépondreSupprimerBonne critique, très bon souvenir de ce film. Il faudrait que je le revois. Le mythe du Wendigo se retrouve aussi dans le film éponyme de Larry Fessenden (http://www.citizenpoulpe.com/wendigo-larry-fessenden/ ), plus bancal et moins abouti que "Vorace" a priori, mais avec de bonnes idées et au final un intéressant récit d'initiation. D'ailleurs on retrouve le wendigo dans "The last winter" du même Fessenden, plutôt pas mal en dehors d'une fin ratée.
RépondreSupprimerJ'aimerais bien voir le Wendigo de Fessenben, oui ! The Last Winter n'était pas une franche réussite, mais avec ce film, Fessenben m'a tout de même démontré qu'il s'agissait d'un réalisateur de cinéma d'horreur indépendant assez digne d'intérêt, porté par de belles intentions, et bien éloigné des pires tendances actuelles...
SupprimerUn des meilleurs films "d'horreur" que j'ai vu. Horreur entre parenthèses car pour moi ce n'en est pas un, mais plutôt un western pur et dur, avec certes, quelques scènes horribles.
RépondreSupprimerGénial, à ne rater sous aucun pretexte, pour les cinéphiles, il s'entend.