27 avril 2013

Garden State

Qui se souvient de ce film ? Qui se souvient de ce film à part Zach Braff himself ? Il se résume pour lui en une "occasion manquée", lui qui a maintenant une poupée vaudou de Benjamin Millepied sur sa table de chevet. Il lui plante rageusement des aiguilles dans le ventre chaque matin en se levant et il est sans doute responsable des légendaires maux d'estomac du nouveau Directeur de la Danse de l'Opéra de Paris. Zach Braff était pourtant à deux doigts ! A deux doigts de conclure avec celle qui émoustillait déjà la planète entière et qui mit le groupe The Shins sur orbite avec cette seule réplique : "Listen to it, it gonna change your life". Que dire de ce film en dehors de ces quelques remarques ? Va-t-on saluer la performance de Ian Holm en père absent ? Va-t-on applaudir l'interprétation à la limite du hors-jeu de Peter Sarsgaard, plus occupé à s'inquiéter de la gestation de sa femme qu'à interpréter le pote paumé de l'acteur-réalisateur ? Non, rien de tout cela, Garden State est typiquement le faux feel-good-movie à ne jamais voir une deuxième fois sous peine de s'autotraiter de connard. Rappelez-vous pourtant du petit phénomène que fut ce film à sa sortie ! Zach Braff est passé du jour au lendemain du statut de tête de nœud de série télé à celui de réalisateur prometteur du cinéma indé américain ! Aujourd'hui, on attend encore son second long métrage pour lequel il mendie quelques sous à ses rares amis !




Garden State s'inspire très fortement de la vie de son auteur. Petit rappel des faits : Zach Braff est un acteur raté qui a voulu tenter sa chance à Los Angeles et qui gagne sa vie en tant que serveur dans un resto chinois. Sa mère casse sa pipe, ce qui l'incite à retourner au bled pour assister à l'enterrement. Le bled étant le New Jersey, surnommé "le Garden State", seule chose que le film nous aura apprise à nous autres non-américains. De retour dans sa ville natale, Zach Braff renoue le contact avec ses amis banlieusards qui n'ont pas bougé d'un iota en dehors du fait qu'ils abusent dorénavant de toutes sortes de drogues pour oublier leur quotidien cafardeux fait de solitude, de consanguinité, de chômage et de désœuvrement. Cependant, le hasard lui fera croiser la route d'une fan des Shins (groupe inconnu à son bataillon personnel) qui provoquera de manière incontrôlé un petit tiraillement curieux et pas désagréable juste au-dessus de ses deux couilles. Cette rencontre l'ouvre à la musique du monde.

 


Petit aparté sur la bande-son aux petits oignons du film, choisie par Zach Braff dans le but de nous proposer un best of de la pop indé américaine du moment. Inutile de revenir sur The Shins, qui a trusté les premières places au hit-parade suite au succès du film et qui dorénavant envoie chaque année son nouvel album à Zach Braff plus une photo du cul de James Mercer légendée "Whenever wherever". On retrouve également feu Nick Drake, traîné dans la boue et condamné à accompagner les balades en mobylette de l'idiot du village accroché à la tarée du bled. De son vivant, nul doute que le mage dépressif de Rangoon aurait empêché de toutes ses maigres forces cette utilisation frauduleuse de l'une de ses chansons. Moins étonnante, la présence de "Don't Panic", le tube de Coldplay, chanson jetable par excellence et utilisée au premier degré par Zach Braff lors d'une de ses fréquentes crises d'angoisse, nous prouvant là toute sa subtilité. Il est presque bizarre de ne pas entendre "Oops I Did It Again" lorsque Zach Braff éjacule précocement à l'intérieur de son froc, mais il y a quand même cette séquence poignante où l'acteur-réalisateur-scénariste-chef-chauffagiste précise à sa comparse qu'il n'a jamais rien baisé en dehors de son futal, avec l'hymne pré-pubère de Madonna "Like a virgin" qui résonne à cet instant précis.
 



Natalie Portman incarne une jeune fille détraquée que Zach Braff a envie d'encore plus détraquer. Il faut la voir dans la première scène où elle apparaît, les genoux sous le menton, un casque géant sur les oreilles, à rire pour un rien. De quoi rendre enragé le plus chaste d'entre tous : Zach Braff. Ce film tire sur la corde raide en essayant de nous faire culpabiliser d'éprouver un désir coupable pour une mineure de 35 balais. Qui n'a pas déjà à demi craqué sur une jeune personne âgée de la trentaine et complètement perchée au point de chialer comme un oignon devant un hamster crevé ? Qui ne s'est pas involontairement attendri pour une gamine de plus de trente ans totalement débile se comportant comme la dernière des excentriques insupportables ? Qui n'a jamais eu envie d'enterrer vivant ce type d'individu particulièrement excitant ? Qui peut rester zen devant ce personnage bouffon qui amasse plus de connerie qu'il n'y en a jamais eu sur Terre ? Qui peut endurer sans craquer ce moment où elle rend tout à coup la vie merveilleuse à Zach Braff en lui donnant un espoir copulatoire s'il parvient à être l'auteur d'un geste unique, d'une mimique nouvelle, d'une expression improbable, d'un pet, d'un bruit totalement inédit ? Natalie Portman est donc ce genre de femme devant qui il faut inventer un pet extraordinaire pour parvenir à ses fins ? Zach Braff est ce genre d'homme assez con pour mordre à l'hameçon. La scène où ils enterrent le hamster Tonton David fait partie du zapping des pires moments filmés des années 2000.
 


Zach Braff parsème son film d'idées de court métrage à gerber. On pense par exemple à cette image où l'apprenti cinéaste porte une chemise en accord parfait avec son papier peint. On se souvient aussi avec horreur de cette scène innommable où il reste immobile sur un canapé lors d'une soirée tandis qu'autour de lui les personnages boivent, fument, baisent, jouent au Kéno et fument du splif en avance rapide. Le pire est peut-être cette scène exutoire où les trois jeunes protagonistes se mettent à hurler sur le toit d'un bus désaffecté pour se purger de leur mal-être, accroissant de manière exponentielle celui du spectateur. Subir ça de nouveau aujourd'hui, c'est la garantie de tout casser chez soi. C'est un truc à faire si, en tant que locataire, vous avez décidé de ne pas vous faire rembourser votre caution. C'est une idée à garder en tête si la décoration entière de votre salon est à revoir. Zach Braff est au cinéma ce que le phoque est au règne animal : un enculé. 


Garden State de Zach Braff avec Natalie Portman, Zach Braff, Peter Sarsgaard et Ian Holm (2004)

19 commentaires:

  1. Très bon, et magnifique dernière phrase. :D

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  2. Putain les mecs :D :D

    Je n'échangerais pas vos quatre mains contre les deux boobs de Portman !

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    1. ça nous fait chaud au coeur !

      Il faut aussi ajouter ici le cerveau fumé de mon frère Poulpard, qui n'est pas le dernier quand il s'agit de déblatérer sur les Shins ou Natalie Portman... :)

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  3. J'ai un voisin qui fait ça (monter sur son bus désaffecté métaphorique et gueuler à tout va, sauf que lui c'est à sa fenêtre et il en fait profiter toute la rue et tout le voisinage et c'est pas rare, c'est récurrent, c'est un habitué de la chose, si bien qu'il doit être vraiment rilax à force de se décharger) et je me demande si je dois les abus sonores, soniques et somme toute relous de mon voisin à la vision par lui de ce film tout pourri que moi, je n'ai jamais vu.

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    1. T'as jamais vu ce film Joe ? Je pense que c'est un pur déni de ton subconscient, et ça se comprend.

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    2. Non, tout comme j'ai jamais téléchargé d'album des Shins ! Même quand j'étais à fond un indien total (fana de tout ce qui est indie), je me suis refusé à mater cette merde.

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  4. Dernière phrase pompée sur un sketch des Inconnus. Le costume assorti au papier peint, c'est pompé sur le Père Noël est une ordure. Dans la Bo, il y a aussi Let Go par Frou Frou. Mais on s'en fout.

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  5. Arf :

    http://www.20minutes.fr/cinema/1146373-20130427-projet-kickstarter-zach-braff-atteint-objectif-2-millions-dollars

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  6. Rien à foutre de Garden State mais je viens de lire votre nouvel édito, et je partage votre indignation par rapport au système Pathé +. Il faut savoir que j'ai vécu pendant plusieurs mois en Angleterre, mois pendant lesquels je suis allé une fois au cinéma... Et la salle ressemblait à un Pathé mais dans un film d'anticipation bien pessimiste. Le prix était improbable (presque 20 balles pour une place même pas "premium"), processus hyper lourd pour entrer en salle (y'a au moins quatre types différents qui checkent ton billet, il faudrait pas que les gueux s'asseyent aux meilleures places), une demie heure de publicités en introduction (même pas des bande-annonces, juste des publicités), et quand viennent les bande-annonces, ce sont en fait des pubs cryptées pour la salle (ce film est bien... MAIS SEULEMENT SI VOUS LE VOYEZ ICI) - quand commence le film, tu es lessivé, tu captes plus rien, t'as juste envie de roupiller. À l'entrée, ils faisaient aussi essayer leur nouveau gadget : des sièges qui bougent au rythme du film. Maintenant, pour nous faire sursauter, ils prendront même plus la peine de faire un jumpscare, juste ils appuieront sur un bouton, et on sautera sur place.

    BREF. J'ai très peur que ça devienne comme ça partout alors j'ai laissé tomber les grosses salles à mon retour en France. Je vous invite à en faire de même.

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  7. A l'époque, il ne m'avait pas dérangé outre mesure ce old-teen-movie. Même s'il faut effectivement y porter un regard subliminal et l'oublier aussitôt...

    En ce qui concerne le ton résolument aigri, la mauvaise foi ambiante et les "idées de court métrage à gerber", je soupçonne une pointe de jalousie. Zach Braff a au moins le mérite d'avoir fait ce que d'autres n'ont pas réussi. Quitte à déplaire.

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    1. Pourquoi faut-il que, dès que l'on n'aime pas quelque chose, on en soit forcément jaloux... Ca me dépasse.

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    2. Parce que ma bite est plus grande que la tienne.

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  8. Voila la nouvelle génération, voila le nouveau réalisateur, voila le nouvel acteur, voila Zack Braff. Il fallait oser sortir un film comme ça, surtout avec de grands acteurs, (Natalie Portman, Peter Sarsgaard), l'histoire est simple, pas si prenante en lisant le scénario du film. Pas d'action, aucune image qui peut nous donner des sensations, rien de tout cela, même que les dialogues peuvent endormir plus d'un. Mais alors qu'est ce qui fait le charme de Garden State, pourquoi tant de gens on aimé ce film, ou est la force, et sa qualité ? La force vient surtout des acteurs, captivante du début à la fin, les sentiments qu'ils éprouvent entre eux, les dialogues simples, mais le rôle d'acteur est tellement bon, que l'on écoute attentivement leurs conversations. Une autre force, les musiques, rien à dire, cela colle parfaitement à l'ambiance du film, le rythme des images est tout simplement parfait. Une bande son énorme, un album à posséder d'urgence. La réalisation est correcte, simple, efficace, et puis on est tellement habitué à voir des films ou la caméra bouge dans tout les sens, que l'on admire le travail. Y'a t'il un point faible ? oui, j'ai remarqué lors des changements de plans, certaines personnes changent de place. (Exemple : lors de la soirée au début du film, quand Zach Braff est sur le canapé, est qu'il commence à s'endormir). Mais cela n'est vraiment pas visible lorsqu'on le regarde pour la première fois. Dans le DVD Zach Braff, nous informe qu'au début du film, on apperçoit, dans la scènes de la salle de bain, la caméra qui apparait dans le mirroir, lorsque Zach l'ouvre, on voit un petit carré noir, en fond. Mais cela n'est vraiment pas une grosse faute. L'humour est vraiment simple aussi, (oui tout est simple dans ce film), des scènes drôlent, comme la scène ou Zack Braff passe un IRM, est que l'on apperçoit des tatouages, fait au marqueur lors de la soirée. Le pauvre il avait oublié de se laver, mais bon on se rend compte que l'on a affaire, à un personnage, perdu, fragile, en manque de confiance, à la recherche d'une personne qui pourrait le sauver, de tout ses ennuis. Zach Braff et Natalie Portman, s'unissent pour nous offrir l'un des plus beaux couple vu à l'écran. Merci Mr Braff.

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    1. "Zach Braff et Natalie Portman, s'unissent pour nous offrir l'un des plus beaux couple vu à l'écran." aïe !

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    2. Ben ouais, je trouve que c'est un couple magnifique.

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  9. Un des pires moments :
    http://24.media.tumblr.com/c6ce77c1e9f8368daaf9a275fb15992a/tumblr_mxazokgXTa1s65qnho1_500.gif

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    1. Typiquement ces petites idées pseudo-drôlatiques de petits malins de scénaristes à la con qui me foutent la rage.

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    2. Itou. J'ai failli le mettre sur notre Tumblr, accompagné d'un lien vers notre critique, mais c'était trop moche pour y figurer !

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