1 novembre 2014

The House of Usher / L'Enterré vivant

Deux Corman, deux adaptations de Poe, et deux œuvres bénéficiant, comme la plupart des épisodes de la série de films consacrés à l’écrivain de Baltimore par le cinéaste qui murmurait à l'oreille des chevaux (ne parle-t-on pas toujours de l'écurie Corman ?), d'une sublime affiche, déjà, mais surtout d’un soin tout à fait délectable apporté aux décors, aux costumes, aux petits détails en même temps qu’à l’ambiance générale. Deux films surtout que leurs sujets rapprochent immédiatement. Les histoires que nous raconte Corman (sous le patronage de Poe) dans The House of Usher et L’Enterré vivant, bien que très différentes, se rejoignent sur quelques points essentiels.



 Les deux films s'ouvrent pratiquement avec la visite des caveaux de famille, rappelant le poids du passé et associant d'emblée les noms des personnages à des tombes.

Dans les deux films, au cœur d’une scène particulièrement mémorable du premier, et au centre de l’intrigue même du second, il est question d’un personnage victime d’une crise de tachycardie que l’on croit mort et que par conséquent l’on enterre vivant. Le premier film, qui date de 1960, est adapté de l'une des plus fameuses nouvelles d'Edgar Allan Poe, The Fall of the House of Usher, à laquelle Jean Epstein s'est déjà attelé en 1928 et que Jess Franco portera à son tour à l'écran en 1982. On y suit le personnage de Philip Withrop (Mark Damon), qui se rend à la maison Usher pour y retrouver sa fiancée Madeline, mais se trouve confronté au frère de sa bienaimée, Roderick (interprété par un Vincent Price blond et chétif), qui s'oppose à leur mariage au prétexte que la lignée des Usher est condamnée, leur maison hantée et le domaine alentour contaminé, jusqu'aux sols, par la mort. Afin d'accomplir la funeste destinée qui semble réservée aux siens, sans pour autant mettre fin à ses propres et précieux jours, Roderick Usher finit par profiter d'une crise de tachycardie de sa sœur pour la faire passer pour morte et lui offrir des funérailles prématurées, croyant mettre ainsi fin aux rêves de mariage du pauvre Philip.


 Comment ne pas être traumatisé quand on a Francis Huster pour aïeul ?

Dans le second film, tourné deux ans plus tard, en 1962, point de Vincent Price, une fois n'est pas coutume, mais, pour le remplacer, un acteur de premier plan, Ray Milland, génial notamment chez Billy Wilder, dans Uniformes et jupons courts ou Le Poison, mais aussi chez Fritz Lang ou Hitchcock, par exemple dans Le Crime était presque parfait. Il incarne ici Guy Carrell, un chercheur en médecine qui, pour le coup, n'empêche personne de se marier sinon lui-même, à la jeune Emily Gault (Hazel Court), venue le débusquer à domicile pour obtenir sa main. Mais son promis a autre chose en tête, et pas des moindres, puisqu'il est jour et nuit obsédé par l'idée qu'il sera un jour enterré vivant, comme le fut son père, qui souffrait avant lui de tachycardie. Et malgré toutes les précautions prises par un Carrell monomaniaque, adviendra ce qu'il redoutait par-dessus tout.


Dix-sept ans après avoir obtenu, en 1945, l'Oscar du meilleur acteur pour son rôle d'alcoolique dans l'excellent Le Poison de Billy Wilder (qui obtint lui-même les Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario pour ce film), Ray Milland fête encore ça !

Outre cet élément de scénario crucial, on retrouve aussi dans les deux films le thème, déjà présent chez Corman dans La Malédiction d’Arkham (pseudo-adaptation de Poe, mais en fait de Lovecraft), de l’hérédité du mal. Dans les deux films des êtres psychotiques, prisonniers de leur névrose et physiquement épuisés par elle, Usher d’un côté, fragile dans sa perpétuelle robe de chambre, allergique au bruit tel un Proust en fin de vie, obsédé par la volonté de scier le tronc de son arbre généalogique, et Guy Carrell de l’autre, reclus chez lui, persuadé qu’il sera tôt ou tard enterré vivant et mettant au point toute une série de stratagèmes (on retrouve le Ray Milland ô combien calculateur de Dial M for Murder) pour s’en sortir le jour où cette inévitable méprise sera venue, présentent à leurs invités la galerie de portraits de leurs effrayants ancêtres, qui pèsent de tout leur poids sur une descendance viciée par leurs trajectoires monstrueuses, chez les Usher, ou morbide, chez les Carrell. On retrouve ainsi la présence persistante et écrasante du tableau à l’effigie de Curwen, le grand-père et bientôt double de Charles Dexter Ward dans La Malédiction d’Arkham.



Les tableaux peints respectivement par Roderick Usher et Guy Carrell.

Mais qui dit portrait dit peinture, et on renoue aussi avec l’importance capitale de la couleur comme manifestation et vecteur de la mort à l’œuvre dans Le Masque de la mort rouge, puisque les portraits macabres peints par Roderick Usher et par Guy Carrell sont systématiquement des œuvres décadentes et sur-colorées, où les figures se dessinent par petites touches de couleurs vives contrastées se mêlant les unes aux autres dans des figures que l'on peut imaginer en cours de mutation. Et dans les deux films, le héros, souffreteux et monomaniaque (on pourrait par ailleurs parler d'eux en tant que purs personnages dépressifs), dans des scènes de délires oniriques plus ou moins muettes (et par conséquent d’une grande picturalité), semble pénétrer dans ces tableaux, navigue dans des espaces de couleurs pures et mouvantes (via des filtres bleus, violets ou verts d'un kitsch consommé), qui évoquent, là encore, la séquence finale du Masque de la mort rouge, avec sa contamination de la peste plan par plan, vague de rouge par vague de sang.



En haut, Philip Withrop, l'amant de Madeline, ici en plein cauchemar et bientôt fréquenté par les ancêtres maléfiques un rien grotesques de la dynastie Usher. En bas, Ray Milland dans la peau de Guy Carrell, victime de ses fantasmagories, s'imaginant pris au piège de son propre système de survie en cas de mise en bière inopinée.

Sauf qu’ici ce n’est pas une maladie qui contamine les êtres, mais la mort elle-même. Une fois passés sous terre, et quand bien même les deux personnages enterrés n’ont cessé d’être vivants - et pour cause -, la mort semble être passée en eux et les avoir transformés en semi-zombies aux visages cireux, aux cernes creusées (tels les serviteurs immortels de Curwen dans La Malédiction d'Arkham), aux regards perçants, presque venus d’ailleurs, avides de vengeance et prêts à envoyer ad patres tous ceux qui auront croisé leur route. 



Madeline Usher, libérée de sa tombe, en pleine crise meurtrière.

Myrna Fahey, qui interprète Madeline, la sœur de Roderick Usher, comme Ray Milland dans L’Enterré vivant, sortent de leur cercueil complètement fous, comme assoiffés de mort. Leurs yeux sont éclatés pour mieux avaler de la lumière et du vivant. Ils avancent dans l'ombre à toute vitesse, déterminés, le pas dicté par une volonté de tuer. Les ongles de Madeline, défoncés contre le bois de sa tombe, sont prêts à s’enfoncer dans tout corps passant à sa portée, tandis que le regard de Carrell défie ses proches et se délecte de leur souffrance (alors qu'il était encore prisonnier de sa bière et sur le point d'être mis en terre, retrouvant alors progressivement l'usage de ses yeux après une violente crise de tachycardie, Carrell n'était-il pas en quête d'un regard, à travers le - surprenant - hublot de son cercueil, pour être libéré ?). 



 Guy Carrell, sorti de terre pour enterrer ceux qui l'y ont mis.

Madeline Usher est à ce titre plus terrifiante encore que Carrell, d'abord parce que son personnage, jusqu'alors très effacé, se pare soudain d'une forme d'hystérie (on la croirait prête à s'arracher le visage) et de bestialité déconcertante (quand elle se cache dans les recoins sombres des pièces du manoir puis saute sur ses victimes telle une féline enragée), là où le personnage de Ray Milland, une fois libéré de la terre, se montre plus réfléchi et plus pernicieux dans ses crimes. Mais aussi parce que Corman la met sublimement en scène, jouant sur la profondeur de champ, le flou de l'image, les décadrages et de très gros plans sur les yeux de la belle Myrna Fahey pour rendre son personnage absolument démoniaque. Le machiavélisme de Guy Carrell, s'il est moins fulgurant et moins terrifiant, reste cependant pour le moins frappant, et ces personnages fascinants, deux enterrés vivants mus par la mort, viennent conclure de façon particulièrement mémorable deux films qui, de fait, le deviennent à leur tour.


The House of Usher de Roger Corman avec Vincent Price, Mark Damon, Myrna Fahey et Harry Ellerbe (1960)
L'Enterré vivant de Roger Corman avec Ray Milland, Hazel Court, Richard Ney, Heather Angel et Alan Napier (1962)

9 commentaires:

  1. Voilà qui va me décider à revoir 'The House of Usher', malgré ce que j'en avais dit en commentaire de ton texte sur 'Le Masque de la Mort rouge'. Peut-être qu'en l'absence d'un spectateur pris d'une crise de fou rire ininterrompue à mes côtés, je serai plus capté par le film...

    L'avant-dernière image que tu cites donnerait presque l'impression que Ray Milland est capable d'une interprétation puissante, ce qui n'était pas vraiment le cas (quand bien même il a joué dans un tas de films de grands ou de très bons cinéastes — Lang, Cukor, DeMille, Hitchcock, Tourneur, Dwan, Wellman, Kazan, Wilder, Fleischer, tableau d'honneur assez impressionnant — mais jamais, cependant, dans les meilleurs films des cinéastes en question).

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    1. Je trouve Ray Milland excellent dans ce film de Corman, et c'est un acteur que j'aime à peu près à chaque fois que je le croise (il est selon moi tout aussi parfait en mari machiavélique chez Hitchcock ou en alcoolo chez Wilder). Je l'aime peut-être aussi pour sa retenue justement (qui contraste, chez Corman, avec le jeu parfois outrancier de ce cher Vincent Price). Il n'est pas à proprement parler "puissant" mais dégage quelque chose de particulièrement captivant à mes yeux.

      J'ai tendance à le voir un peu comme je considère le génial George Sanders, autre acteur de l'âge d'or au tableau de chasse hallucinant, souvent choisi pour des rôles de second couteau mais toujours marquant et prompt à faire de ses rôles les plus secondaires des personnages de premier plan.

      J'aimerais beaucoup voir "La chose à deux têtes" de Lee Frost, qui s'annonce comme un nanard mais où Ray Milland partage un seul corps avec un gros noir barbu !

      http://www.scifi-movies.com/images/contenu/data/0000440/image1.jpg

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    2. C'est drôle parce que en t'écrivant à propos de Ray Milland, je le comparais en esprit à George Sanders, et plutôt défavorablement... J'aime bien Milland, mais à mes yeux il s'est souvent dangereusement tenu sur la frontière entre nonchalance et paresse, understatement et inconsistance, et je pense plus pour des raisons de capacités de jeu limitées que Sanders, lequel, même quand il faisait parfois preuve délibérément de paresse ou d'inconsistance, ne pouvait s'empêcher d'être intéressant, voire grand parfois. Comme Milland, Sanders a une filmographie impressionnante, mais au contraire de Milland il a joué dans certains des meilleurs films des grands cinéastes avec lesquels il a travaillé (pour ne citer que les trois premiers qui me viennent à l'esprit : 'L'Aventure de Mme Muir', 'Les Contrebandiers de Moonfleet' et 'Voyage en Italie').

      Sans en faire un argument massue, je ne m'étonne pas que Wilder ait trouvé effarant que Milland ait pu recevoir un Oscar pour son interprétation dans 'Le Poison'...

      Ceci étant dit, la photo de 'La Chose à deux têtes' est fendarde !

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    3. Jouer ou non dans les meilleurs films d'un auteur serait révélateur des qualités d'un acteur ? Étrange équation. Sauf à considérer que les grands auteurs ET les grands films font les grands acteurs, auquel cas Milland a peut-être juste manqué de veine.

      Par ailleurs, mais c'est une parenthèse, je me demande si Sanders n'est pas, au fond, meilleur dans "Eve" que dans "L'Aventure de Mme Muir", et dans "Chasse à l'homme" que dans "Moonfleet".

      Quant à l'Oscar de Milland pour "Le Poison", certes, mais ça reste un Oscar, et déjà à l'époque ça ne voulait pas dire grand chose (même si ça n'a fait qu'empirer après). Wilder s'indignait surtout qu'il suffise de jouer un truc dur, un rôle bigger than life (alcoolo, salopard fini, illustre génie, boxeur obèse, sidaïque au bord du trépas) pour obtenir la statuette. Et là aussi, les choses n'ont fait qu'aller de mal en pis. Mais ça n'enlève rien, selon moi, aux qualités de Ray Milland.

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    4. Je dis "Sauf à considérer que les grands auteurs ET les grands films font les grands acteurs, auquel cas Milland a peut-être juste manqué de veine". J'ai bien conscience qu'on peut inverser les termes de l'équation pour dire ce qui semble plus évident, à savoir qu'il faut un bon auteur ET un bon acteur (et tant d'autres choses) pour faire un grand film. Ce qui se tient davantage évidemment. Mais qu'on peut remettre en question. Hitchcock par exemple fait un grand film avec "Les Oiseaux", qui ne compte pas vraiment dans ses rangs, ni en têtes d'affiche, de grands acteurs (au contraire même). Et c'est vrai pour beaucoup d'autres, ne serait-ce qu'Aldrich et son "En quatrième vitesse" (Ralph Meeker n'étant pas, selon moi, meilleur acteur que Ray Milland).

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    5. Non, bien sûr, il n'est pas question de dire de manière générale que, pour reprendre ta phrase (je préviens parce que la reprise littérale de propos semble souvent vaguement ironique ou agressive, alors qu'en l'occurrence ce n'est pas le cas), « jouer ou non dans les meilleurs films d'un auteur serait révélateur des qualités d'un acteur ». Mais dans le cas précis de Ray Milland, je trouve frappant qu'il ait joué chez autant de grands cinéastes sans jamais que ce soit (à mes yeux, bien sûr) dans leurs plus grands films. Comme s'il y avait là une sorte de limitation qui, pour le coup, avait aussi à voir avec « l'épaisseur » de l'acteur en question.

      Par ailleurs, je crois que les films que tu cites ont un principe narratif ('Les Oiseaux') ou un style ('En quatrième vitesse') tellement forts en eux-même que, à la limite, une interprétation trop puissante pourrait y être « de trop ». C'est la force de l'incarnation qui y prévaut, et de ce point de vue Ralph Meeker est très bien chez Aldrich, en tant que morceau brut de vulgarité arrogante. Dans ces films, la qualité de l'interprétation va plutôt se nicher chez certains seconds rôles : Gaby Rodgers ou Nick Dennis dans le film d'Aldrich, Jessica Tandy, Ethel Griffies ou Doreen Lang dans celui d'Hitchcock. En revanche, un film tel que 'Le Crime était presque parfait', d'essence théâtrale, appelle une certaine qualité d'interprétation de la part des acteurs principaux : Milland y est très bien, mais sans grandeur selon moi — même s'il a quand même, c'est vrai, beaucoup plus de présence que Robert Cummings, carrément falot pour le coup.

      Enfin, je ne suis pas d'accord avec toi avec toi quant aux interprétations de Sanders chez Mankiewicz et Lang. Son rôle de séducteur veule, mais d'une façon pas du tout caricaturale, dans 'Madame Muir' ne demande pas moins de talent que celui, beaucoup plus archétypal, du critique d'art über-dandy dans 'Eve'. De même pour le rôle de noble décadent, et n'ayant même pas le charme de la décadence, dans 'Moonfleet', par rapport à celui de nazi glacé dans 'Chasse à l'homme'... La méchanceté singulière du personnage de 'Moonfleet', issue des tréfonds d'une vie dissolue, exigeait un certain brio pour exister à l'écran, surtout dans le laps de temps relativement court qui est accordé à Sanders.

      Quoi qu'il en soit, un lieu (même numérique) où l'on peut débattre des mérites respectifs de Ray Milland et de George Sanders, ça devient rarissime, ainsi que les interlocuteurs pour cela !

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    6. Tu as totalement raison sur l'absence bénéfique de "grands" acteurs dans "Les Oiseaux" et "Kiss me Deadly". Et je n'aurais pas mieux qualifié le personnage de Ralph Meeker dans le film d'Aldrich.

      D'accord aussi sur les mérites de Sanders dans "Muir" et "Moonfleet", deux films que j'adore et dans lesquels je l'adore. En fait je me suis un peu emmêlé les pinceaux, je voulais surtout dire que ses rôles dans "Eve" et dans "Man Hunt" sont plus forts, sur le papier (tu les as bien résumés), et exigent de lui plus de grandeur peut-être, de puissance, que ses seconds rôles dans "Muir" ou "Moonfleet". On pourrait donc le dire "meilleur" (en tant qu'il dégagerait de la puissance, pour reprendre l'adjectif que tu refuses à Ray Milland, mais je dévoie possiblement le sens que tu y mets) dans ces films-là, alors qu'il est aussi bon, plus en retenue, dans les deux films que tu citais. Je ne sais pas si je suis beaucoup plus clair.

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    7. C'est une question difficile à trancher, dont la réponse dépend de l'humeur ou de la sensibilité du moment : est-il plus difficile pour un acteur d'être à la hauteur, lorsqu'il a à l'incarner, d'un personnage haut en couleur sur le papier, ou bien de faire exister fortement un personnage a priori plus vague, moins fortement défini ? C'est la question qui s'est posée à propos des deux acteurs principaux de 'Ma vie avec Liberace'. Quand le film (par ailleurs assez oubliable) est sorti, j'ai eu l'impression qu'il y avait un préjugé favorable en faveur de Matt Damon, sous prétexte que l'interprétation de son personnage, infiniment plus sobre que celui du pianiste maniéré, aurait exigé plus de nuances et de sensibilité. Du coup, peut-être par esprit de contradiction, j'avais pour ma part tendance à souligner que le rôle de grande folle tenu par Michael Douglas exigeait également un sacré talent, pour que l'acteur ne soit pas « en-dessous » de son personnage. Mais peut-être, à une autre époque, une interprétation du type de celle de Douglas aurait-elle été plus valorisée a priori...

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  2. Juste vu Usher
    Je m'étais bien emmerdé...
    Ca a super mal vieilli comme même

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