Contrairement à ce que peut laisser penser la cependant très belle affiche américaine de ce film, il ne s’agit pas d'un Brokeback Mountain avant l’heure. Non, Wild Rovers (littéralement « les vagabonds sauvages », excellent titre de porno gay il est vrai) se contente de raconter l’amitié particulièrement touchante de deux cowboys (au sens le plus strict, ce sont des garçons vachers), l’un assez jeune, l’autre sur le retour, harassés par la morosité de leur condition et bien décidés à monter un casse pour aller se la couler douce loin du bétail. Il s’agit du seul et unique western signé Blake Edwards, et mieux vaut le savoir avant de le découvrir, car on pourrait facilement l’attribuer à Sam Peckinpah. Outre la présence en tête d’affiche de l’immense William Holden, meneur, deux ans plus tôt, de La Horde sauvage, on
trouve tout un tas d’éléments dans ce film qui font penser aux westerns
du vieux Sam.
D’abord le fait que le scénario soit avant tout centré sur l’amitié entre les deux bonhommes, qui compte bien plus au fond que leurs aventures. Ensuite le fait qu’ils tentent le diable pour échapper à un sort minable. Chez Peckinpah, les deux cowboys seraient probablement des vieux de la vieille, comme dans Coups de feu dans la Sierra, alors qu’ici l'excellent Ryan O’Neal incarne le jeunot de notre duo, mais Holden correspond bien à la figure, qu'il campait donc déjà dans La Horde sauvage, du vieux briscard prêt à se laisser embrigader par un jeune ami fougueux pour une dernière valse qui s’annonce mal.
On peut aussi penser à ces quelques scènes filmées au ralenti, quand William Holden (disons sa doublure, et Edwards a quelque mal à le cacher) dresse un cheval sauvage, ou lors des fusillades, quand des types se font descendre pour pas pas grand chose, comme dans la scène où le vieil éleveur et ancien patron des deux cowboys (qu’ils ont volé bien malgré eux), se fait descendre en allant au devant d’un voleur de bétail sans intérêt. Ce vieux propriétaire rigoureux, qui meurt pour ses convictions, pourrait d’ailleurs faire partie du panel de personnages typiques du cinéma de Peckinpah. Idem pour les deux fils dudit vieil homme, qui se lancent, l’un par principe, l’autre pour suivre son aîné, à la poursuite de nos deux braqueurs afin de sauver l’honneur d'un paternel enterré.
Et puis on a l’impression de sentir le fantôme de Peckinpah jusque dans le ton général, dans l’ambiance du bar où les deux cowboys fêtent leur réussite en prenant un bain (Holden rejouant là en mode mineur une fameuse scène de La Horde sauvage), avant que Ryan O’Neal, séparé pour une fois de son vieux complice abandonné dans les bras d'une pute, n’aille faire tout foirer en défiant un abruti à une table de poker, au cours d’une séquence qui se termine en fusillade générale dans un accès de violence inattendu, avec dommages collatéraux et vols planés au ralenti typiques de chez Peck' à la clé, là encore. Une mort stupide, comme toute mort chez Peckinpah, sur fond d'un de ces crépuscules qui ont donné leur nom aux westerns désabusés des années 70, vient bientôt mettre un terme au tour de piste. Blake Edwards nous gratifie alors d’un final bouleversant qui n’a pas grand chose à envier aux grands westerns de celui auquel on ne cesse de penser durant tout le film, et qui leur répond par un petit supplément d’amertume.
Deux hommes dans l'ouest (Wild Rovers) de Blake Edwards avec William Holden, Ryan O'Neal, Karl Malden, Victor French, Tom Skerritt et Joe Don Baker (1971)
On peut aussi penser à ces quelques scènes filmées au ralenti, quand William Holden (disons sa doublure, et Edwards a quelque mal à le cacher) dresse un cheval sauvage, ou lors des fusillades, quand des types se font descendre pour pas pas grand chose, comme dans la scène où le vieil éleveur et ancien patron des deux cowboys (qu’ils ont volé bien malgré eux), se fait descendre en allant au devant d’un voleur de bétail sans intérêt. Ce vieux propriétaire rigoureux, qui meurt pour ses convictions, pourrait d’ailleurs faire partie du panel de personnages typiques du cinéma de Peckinpah. Idem pour les deux fils dudit vieil homme, qui se lancent, l’un par principe, l’autre pour suivre son aîné, à la poursuite de nos deux braqueurs afin de sauver l’honneur d'un paternel enterré.
Et puis on a l’impression de sentir le fantôme de Peckinpah jusque dans le ton général, dans l’ambiance du bar où les deux cowboys fêtent leur réussite en prenant un bain (Holden rejouant là en mode mineur une fameuse scène de La Horde sauvage), avant que Ryan O’Neal, séparé pour une fois de son vieux complice abandonné dans les bras d'une pute, n’aille faire tout foirer en défiant un abruti à une table de poker, au cours d’une séquence qui se termine en fusillade générale dans un accès de violence inattendu, avec dommages collatéraux et vols planés au ralenti typiques de chez Peck' à la clé, là encore. Une mort stupide, comme toute mort chez Peckinpah, sur fond d'un de ces crépuscules qui ont donné leur nom aux westerns désabusés des années 70, vient bientôt mettre un terme au tour de piste. Blake Edwards nous gratifie alors d’un final bouleversant qui n’a pas grand chose à envier aux grands westerns de celui auquel on ne cesse de penser durant tout le film, et qui leur répond par un petit supplément d’amertume.
Deux hommes dans l'ouest (Wild Rovers) de Blake Edwards avec William Holden, Ryan O'Neal, Karl Malden, Victor French, Tom Skerritt et Joe Don Baker (1971)