S'il y avait une logique en ce bas monde, un film comme Chroniques de
Tchernobyl aurait dû marquer la fin définitive d'une bien triste mode dans
le cinéma d'horreur actuel : celle de ce que l'on a appelé les "found
footage", ces films censés nous confronter à des enregistrements vidéos, amateurs ou non,
retrouvés sur les lieux d'un massacre cannibale, d'une possession
démoniaque ou, que sais-je, de l'apparition d'une bande de fantômes
belliqueux. Initié par Cannibal Holocaust, popularisé par le succès
phénoménal du Projet Blair Witch, puis relancé plus récemment par [Rec]
et Paranormal Activity, le found footage vise systématiquement à
proposer au spectateur désireux de se faire peur une immersion très
facile dans une situation de panique, une ambiance et un décor angoissants, particulièrement
propices aux sursauts. Il s'agit presque toujours de films aux budgets
microscopiques qui rapportent souvent très gros. Un found footage ne
représente donc jamais un pari risqué, on peut le réaliser avec trois
fois rien (une petite caméra DV bon marché suffit amplement et
participera même à l'aspect amateur et donc "réaliste" du film) et décrocher le jackpot sans forcer, d'où leur multiplication ces dernières
années. Parmi ces films, rares sont ceux qui passent par la case
"cinéma", mais une exploitation en VOD ou DTV permet à elle seule de
dégager des profits largement satisfaisants, alors pourquoi s'embêter ? A
ma connaissance, aucun chef d’œuvre n'a émergé de ce sous-genre en
putréfaction et, au milieu de tant de nullités, un long métrage aussi médiocre
que Cloverfield fait quasiment office de franche réussite (même si l'on
s'éloigne du pur film d'horreur et que l'on est davantage dans le film
catastrophe), c'est dire...
L'exemple le plus représentatif de ce que le found footage peut proposer de pire est sans aucun doute l'interminable saga Paranormal Activity, que le pétochard Steven Spielberg a cru bon d'imposer au monde entier après avoir fait dans son pantalon en regardant le premier épisode un soir de grande solitude (soit dit en passant, et sans pour autant vouloir en rajouter une couche sur ce sujet sensible, on tient là l'une des preuves les plus affligeantes de la sénilité et de la dégénérescence manifeste de celui que beaucoup considèrent comme un membre à part entière de leur famille...). Mais Chroniques de Tchernobyl, que l'on doit au même Oren Peli (ici producteur et scénariste, la tâche de réalisateur pouvant être confiée à n'importe quel animal sachant à peu près tenir une caméra), est bien le film qui symbolise le mieux la profonde vacuité du found footage. Surfant avec opportunisme sur la vague de peur provoquée par la catastrophe de Fukushima, ce film choisit a priori plutôt intelligemment de situer son action à Pripyat, la ville-fantôme d'Ukraine, abandonnée suite à l'accident nucléaire de 1986. De ce décor unique dont de nombreuses photographies visibles sur internet donnent une idée assez précise du très fort potentiel cinégénique, le film produit par Oren Peli ne tire absolument rien. On ne nous laisse qu'à peine entrevoir le petit effort de reconstitution, sans doute réalisé par une bande de décorateurs payés au noir, lors d'une ou deux scènes diurnes dans les rues de la ville déserte.
Pour le reste, on suit simplement les prises de bec fatigantes d'une bande d'abrutis congénitaux adeptes du "tourisme noir" qui finissent par disparaître un à un dans l'obscurité, au rythme de leurs escapades à l'extérieur du 4x4 où ils ont donc décidé de trouver refuge pour ne pas dévoiler que le tournage s'est réalisé à L.A., dans le garage du pavillon de banlieue d'Oren Peli. Mais ce qu'il y a de plus énervant dans Chroniques de Tchernobyl, c'est sa réalisation, qui bafoue totalement l'idée de point de vue, un principe fragile mais pourtant indispensable pour qu'un film de cette nature puisse au moins tenir la route et respecter son audience. Ici, on se moque du spectateur du début à la fin en le considérant simplement comme une bestiole imbécile à la recherche du frisson à tout prix. Le film n'est même pas présenté comme les restes d'un enregistrement retrouvé, il est simplement filmé exactement comme tel et, quand cela l'arrange, il abandonne un instant ce principe pour mieux s'y réfugier mochement dans la seconde suivante. C'est un foutage de gueule permanent, une insulte continue à l'amateur de trouille. Avec un tel film, Oren Peli flingue et enterre le sous-genre qu'il a lui-même amené vers une impasse fatale. C'est un attentat, un règlement de compte abject, qui aura rapporté une somme astronomique à son détestable auteur, tout en révélant aux yeux du monde entier la nature véritable de sa personnalité dangereuse et dénuée du moindre talent.
L'exemple le plus représentatif de ce que le found footage peut proposer de pire est sans aucun doute l'interminable saga Paranormal Activity, que le pétochard Steven Spielberg a cru bon d'imposer au monde entier après avoir fait dans son pantalon en regardant le premier épisode un soir de grande solitude (soit dit en passant, et sans pour autant vouloir en rajouter une couche sur ce sujet sensible, on tient là l'une des preuves les plus affligeantes de la sénilité et de la dégénérescence manifeste de celui que beaucoup considèrent comme un membre à part entière de leur famille...). Mais Chroniques de Tchernobyl, que l'on doit au même Oren Peli (ici producteur et scénariste, la tâche de réalisateur pouvant être confiée à n'importe quel animal sachant à peu près tenir une caméra), est bien le film qui symbolise le mieux la profonde vacuité du found footage. Surfant avec opportunisme sur la vague de peur provoquée par la catastrophe de Fukushima, ce film choisit a priori plutôt intelligemment de situer son action à Pripyat, la ville-fantôme d'Ukraine, abandonnée suite à l'accident nucléaire de 1986. De ce décor unique dont de nombreuses photographies visibles sur internet donnent une idée assez précise du très fort potentiel cinégénique, le film produit par Oren Peli ne tire absolument rien. On ne nous laisse qu'à peine entrevoir le petit effort de reconstitution, sans doute réalisé par une bande de décorateurs payés au noir, lors d'une ou deux scènes diurnes dans les rues de la ville déserte.
Pour le reste, on suit simplement les prises de bec fatigantes d'une bande d'abrutis congénitaux adeptes du "tourisme noir" qui finissent par disparaître un à un dans l'obscurité, au rythme de leurs escapades à l'extérieur du 4x4 où ils ont donc décidé de trouver refuge pour ne pas dévoiler que le tournage s'est réalisé à L.A., dans le garage du pavillon de banlieue d'Oren Peli. Mais ce qu'il y a de plus énervant dans Chroniques de Tchernobyl, c'est sa réalisation, qui bafoue totalement l'idée de point de vue, un principe fragile mais pourtant indispensable pour qu'un film de cette nature puisse au moins tenir la route et respecter son audience. Ici, on se moque du spectateur du début à la fin en le considérant simplement comme une bestiole imbécile à la recherche du frisson à tout prix. Le film n'est même pas présenté comme les restes d'un enregistrement retrouvé, il est simplement filmé exactement comme tel et, quand cela l'arrange, il abandonne un instant ce principe pour mieux s'y réfugier mochement dans la seconde suivante. C'est un foutage de gueule permanent, une insulte continue à l'amateur de trouille. Avec un tel film, Oren Peli flingue et enterre le sous-genre qu'il a lui-même amené vers une impasse fatale. C'est un attentat, un règlement de compte abject, qui aura rapporté une somme astronomique à son détestable auteur, tout en révélant aux yeux du monde entier la nature véritable de sa personnalité dangereuse et dénuée du moindre talent.
Chroniques de Tchernobyl de Bradley Parker avec Devin Kelley, Ingrid Bolsø Berdal, Jesse McCartney et Olivia Dudley (2012)