Connaissez-vous David Ayer ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls. Cinéaste au look de skinhead, David Ayer s’est fait remarquer par des films troués d’éclats de violence d’un réalisme très cru et parfois gratuit. Son premier film, le plus amusant, Bad Times (Harsh Times en anglais), se présentait comme une adaptation non-officielle du jeu vidéo best-seller GTA San Andreas, avec Christian Bale dans le premier rôle, celui du teubé à la démarche chaloupée et aux fringues impossibles, un tantinet colérique et impulsif, que tout joueur de GTA a conduit au meurtre de masse (c’était pas vraiment un rôle de composition pour celui que ses proches surnommaient déjà le Dark Knight bien avant la naissance de Michael Keaton). De ce film, on se souviendra surtout du beau personnage de Toussaint, un dealer lunaire et attachant, ne rechignant jamais à la tâche et fidèle en amitié, aux dialogues particulièrement soignés. A coup sûr, le plus remarquable personnage de la "galaxie Ayer".
Le second film d’Ayer, le plus sérieux, Au bout de la nuit (Street Kings
en anglais, soit « Les rois de la nuit »…), était un néo-polar mettant Keanu Reeves aux prises avec une bande de flics corrompus, menés par un Forrest Whitaker comme toujours reptilien. On se souviendra de ce film (à éviter) comme de l’un des rôles les moins ridicules de notre ami Keanu Reeves dans sa période post-Néo. Véritable development hell, scénar sous forme de post-its égarés dans différentes pièces (dont certaines verrouillées de l’intérieur), ce policier donnait l’impression d’un gâchis aimable, fait avec naïveté par un nostalgique des pires films des années 90. Il s’agit sans doute du film le moins rentable d'Ayer (à raison). Il y a donc une justice, contrairement à ce qu’affirme le film. On se souvient de cette dernière image cruelle de Keanu Reeves baignant dans son sang et n’ayant pas pu nettoyer sa ville de la pègre.
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Son troisième film marquait une rupture nette en termes simples de qualité dans la filmographie d’Ayer. Tandis que les autres culminaient à respectivement 3,25/5 et 3/5, End of Watch accrochait péniblement 1,5 étoiles (dont une étoile bonus pour le passif sympathique d’un réalisateur qui a longtemps été dans notre « under the radar list »). Le réalisme est poussé au plus fort dans ce film qui nous met dans le froc de deux flics ayant sacrifié leur vie pour une « war on drugs » dans les bas-fonds miséreux de Los Angeles (une scène = une bavure), pour un documentaire fort moche tourné caméra au poing, agrippée au dos bodybuildé du duo Michael Pena et Jake Gyllenhaal (méconnaissable dans un rôle d’écorché vif, littéralement). Ce troisième opus d’Ayer nous a longtemps fait repenser au film culte d’Edouard Baer : Akoibon. Il nous laissait avec un mal de crâne massif, des céphalées persistantes et une douleur de tête accablante.
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Bientôt sortira le cinquième film de David Ayer, Fury, avec Brad Pitt et Shia LeBeouf, qui se sont bien accrochés durant le tournage pour une sombre histoire d’hygiène corporelle et d’odeurs de pompes envahissantes. On attend le résultat forcément explosif de cette ambiance de plateau à se damner, et surtout le prochain « mort pour la France » de David Ayer.
Bad Times de David Ayer avec Christian Bale et Eva Longoria (2005)
Au Bout de la nuit de David Ayer avec Keanu Reeves et Forest Whitaker (2008)
End of Watch de David Ayer avec Jake Gyllenhaal et Michael Pena (2012)
Sabotage de David Ayer avec Arnold Schwarzenegger et Sam Worthington (2014)
no son las que he visto Ayer...
RépondreSupprimerJ'adore ta critique tout en finesse du second film, que d'ailleurs j'ai l'impression vague d'avoir vu, tout comme le premier, mais en fait j'en sais rien. Si je les ai vus, je n'en ai gardé trace.
RépondreSupprimerÀ propos d'Arnold « Développement durable » Schwarzenegger, je pose la question : quel est le bilan carbone moyen de ses films ? L'électricité consommée par le moindre de ses blocs bustiers doit pouvoir faire tourner une ville française de taille moyenne pendant plusieurs mois...
RépondreSupprimerAhah, bonne question !
SupprimerI enjoyed the detailed analysis of David Ayer's films.
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