30 octobre 2008

Mongol

D'abord nous tenons à nous excuser, ça fait un fameux bail qu'on a pas écrit le moindre article. Désolé, on hésitait sur la couleur de notre nouvelle bagnole.

Mongol ça sera pour moi un prétexte pour écrire un petit essai sur les papas au cinéma. Ou plus exactement, les papas de héros au cinéma. Ou encore plus exactement les papas de grandes figures historiques. Je crois qu'il y a fondamentalement deux stéréotypes de papas de figures historiques. Y'a d'un côté le papa nauséabond, pourri jusqu'à la moelle, qui va tout mettre en ordre pour faire chier son fils et faire de son destin celui d'un grand personnage historique. Et y'a de l'autre côté le papa putain de responsable, à l'écoute, zélé, qui va en faire des tonnes pour apprendre à son fils la droiture, le nom des arbres, le sens de la justice et de la loyauté, les idéaux, le goût de la liberté et toutes ces conneries; et là aussi, le fils deviendra un personnage important. Donc dans les deux cas c'est pareil. Mais ce qui est vérifiable et notoire, c'est que jamais un personnage historiquement important ne nous est vendu sans que le portrait du père (tout bon, ou tout mauvais) ne nous soit d'abord peinturluré sur l'écran pendant une bonne heure de film (ces films-là durent en général la bagatelle de trois plombes).



Quelques exemples édifiants : quid du père tortionnaire d'un certain Monsieur N ; quid du père exemplaire mort pour la liberté du dénommé Brave Hard ; quid du papa gâteau de Francis Heaulmes (Thierry Frémont en avait tellement fait des couches dans ce rôle, il paraît que les autres acteurs l'appelaient Copycat sur le tournage, il est vraiment tombé dans le mimétisme le plus vachard en devenant lui-même tueur en série pour s'identifier à Heaulmes) ; quid du père engatsé et haineux de Johnny Cash dans Walk The Line ; quid du père de Joseph Staline qui lui donnait des briques à tremper dans son lait chocolaté le matin au réveil (on aperçoit cette anecdote dans le film Quand passent les corbacs, et dans sa suite Faute de grives on mange des cigognes) ; quid du père d'Alex le Grand qui d'après la biographie non-autorisée par Stone Olivier, faisait bouffer de la macédoine de légumes à son rejeton chaque jour de son enfance, matin midi et soir, et ça, Dieu m'est garant que ça forge le caractère d'un gosse.



Et quid donc du père de Genghis Khan, foreign language academy award nominee, qui a embrigadé son fils dès l'adolescence en le rouant de coups plusieurs fois par jours, en le forçant à traverser la grande Steppe Mongolienne avec les mains attachées dans le dos, en lui enseignant chaque matin l'heure du jour et de la nuit, en lui jurant sur sa tête qu'il le tuerait pour l'âge de sa majorité, et en l'obligeant à conduire une bagnole avec les mains menottées et le bouc noué au volant comme seul moyen de piloter pour éviter les bancs de sable trop profonds. Quid d'un léger anachronisme de ce point de vue étant donné que les premières caisses qui ont roulé dans le désert de Gobi c'était pour le Paris-Dakar 2008 et c'était des véhicules égarés.

Nota Bene : Souvent les gens se ruent sur ce film, croyant avoir affaire à un spin off de Gremlins qui serait entièrement consacré au personnage du petit Mogwaï. Mais si on prononce le titre correctement, il s'agit bien de Mongol.


Mongol de Sergei Bodrov avec Tadanobu Asano (2008)

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