29 septembre 2014

Dos au mur

Après une journée fatigante, j'éprouvais le besoin naturel mais difficilement avouable de me "vider la tronche" devant un film peu exigeant intellectuellement parlant. J'ai donc fait le pari Dos au mur en espérant avoir affaire à un thriller efficace et divertissant. Hélas j'ai encore une fois assez rapidement regretté mon choix. Malgré un pitch a priori correct et des retournements de situation parfois un brin inattendus au début, Dos au mur est un vrai faux caper movie qui peine très vite à maintenir l'attention. On imagine pourtant aisément qu'il y a quelques années, ce scénario basique mais astucieux aurait pu accoucher d'un film honnête et capable de nous faire passer un bon moment. S'il avait été réalisé dans les années 80 ou 90, Dos au Mur aurait sans doute été porté par un acteur charismatique et cool, d'une part, et il aurait forcément été ponctué par quelques touches d'humour bienvenues, que le doublage français aurait su magnifier. Aujourd'hui, on a simplement droit à un thriller mollasson et ultra premier degré, qui se prend au sérieux du début à la fin et échoue totalement à nous scotcher au fauteuil.




Niveau casting, on se tape le si fade Sam Worthington dans le rôle principal du couillon agrippé et la toujours transparente Elizabeth Banks dans celui de la négociatrice chargée de lui faire quitter sa corniche. Gravitent autour d'eux des personnages sans saveur campés sans conviction par l'effroyable Jamie Bell, le navrant Edward Burns et le pauvre Ed Harris (subir ce film est d'ailleurs uniquement la triste occasion de constater que ce si sympathique acteur a pris un sacré coup de vieux récemment). Un top model latino apparemment peu intéressée par le 7ème art, nommée Génesis Rodriguez, tente aussi d'apporter une petite touche sexy à ce long métrage et ne cesse d'agiter ses seins devant la caméra. Avec un peu de discernement, on notera que la taille de ses deux atouts est considérablement grossie par des Wonderbra surpuissants qui me feraient moi-même passer pour une bombe. A part ça, circulez, il n'y a rien à voir.




Petit retour sur le titre : Dos au mur, en version française, Man on a ledge, "l'homme sur un rebord", en version originale. Désormais, à Hollywood, les titres sont à l'image des films : tout ce qu'il y a de plus terre-à-terre et premier degré. Il n'y a aucun aspect métaphorique ou imagé à y déceler. Quand il y a un double-sens possible, il paraît totalement fortuit. Un film ayant pour titre "L'homme sur un rebord" nous mettra forcément en présence d'un homme passant tout le film sur le rebord d'un bâtiment, littéralement. A la belle époque, il aurait pu s'agir d'un superbe film noir, qui sait. Sam Worthington est ici suspendu sur la corniche du 36ème étage d'un building de Manhattan et menace de se jeter dans le vide. Il passe près de 2h à faire des petits pas chassés très disgracieux et à s’agripper à l'aide de ses bras, s'abîmant les ongles au passage, par des mouvements assez ridicules, dignes d'une petite bestiole apeurée, comme si l'acteur craignait réellement pour sa vie. En VF, "Dos au mur" respecte tout à fait l'esprit du titre original puisque Worthington passe également tout le film dos au mur. Rien de plus logique. Pour être totalement fidèle au scénario, le film devrait même avoir pour titre complet "L'homme dos au mur sur un rebord" ou "Man back to the wall on a ledge". Et pourquoi pas ?




Ces titres idiots ont au moins le mérite d'être tout à fait à l'image des films. Pas de place pour la complexité et encore moins pour la poésie. Non, il faut tout de suite annoncer aux spectateurs de quoi il s'agit exactement, pour ne jamais prendre le risque de le tromper sur la marchandise. Dans Buried, on suivra les mésaventures d'un type enterré. Un exemple choisi parmi tant d'autres.* C'est tout de même dommage. Vous imaginez si Die Hard, aka Piège de Cristal, s'était appelé "Barefoot and stuck with terrorists in a building" ? Quequoi... Ce n'est que lorsqu'il s'agit de remakes que le risque de désorienter le public en changeant le titre du film freine les décideurs et prend l'avantage sur la règle consistant à coller au plus près du scénario. Ainsi, And Soon the Darkness n'a pas bougé, alors qu'il aurait cette fois-ci été sans doute plus judicieux de l'intituler "Two hot curvy babes in bikinis sugaring the pill get chased by morons" et être pour le coup totalement fidèle au déroulé de l'histoire. C'est un peu long, certes, mais avec un titre pareil, moi je suis installé au premier rang dès l'avant-première du film, les lunettes 3D solidement vissées sur le nez !




*A ce propos, si vous connaissez d'autres exemples, justement, n'hésitez pas à me les communiquer, soit en commentaire à cet article, soit en me les envoyant par mail à l'adresse électronique indiquée sur la page "A propos". Vos nouveaux apports me permettront d'étayer un peu mon propos, d'appuyer et renforcer mon argumentation. Cette petite note est un appel à l'aide.


Dos au mur d'Asger Leth avec Sam Worthington, Elizabeth Banks, Jamie Bell, Genesis Rodriguez et Ed Harris (2012)

13 commentaires:

  1. "Incassable" c'est l'histoire d'un mec incassable je crois.

    Ton alternate title pour Die Hard m'a filé une envie tenace de le revoir !

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    1. Honnêtement "Barefoot" aurait été un chic titre !

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    2. Pas faux.

      Le film Barefoot d'Andrew Fleming, avec Evan Rachel Wood, vient d'ailleurs justement de sortir sur les sites de torrent (peut-être s'agit-il d'une distribution innovante à la Thom Yorke ?). En voici une image inédite :
      http://storage9.gear3rd.com/files/thumbs/2013/12/12/13868322272e7f9-original-1.jpg

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    3. "A la belle époque il aurait pu s'agir d'un film noir, qui sait ?" écris-tu, Felix. Hé hé...
      Ben, je sais pas mais, y a un film de la fin des années 40-début 50 intitulé "14 heures" (en VO "Fourteen hours", eh wé) de Henry Hathaway avec Richard Basehart et Debra Paget (et aussi Grace Kelly débutante, et aussi John Cassavetes ultra-débutant dans la foule massée dans la rue).... ça raconte , euh, un mec qui, euh, est sur une corniche et, euh... La même chose quoi.

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  2. Une des rares affiches, cependant, où les blazes des acteurs sont bien rangés au-dessus des photos correspondantes. Logique élémentaire qui ne court plus les rues !

    Même quand ils cherchent un double-sens (littéral et métaphorique) qui se veut malin, comme c'est le cas de ce "Dos au mur" (désolé de contrevenir à ta démonstration par l'absurde), ces titres sentent la mort...

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    1. En québécois le titre est devenu "Le Temps d'un vol".
      Hem hem...

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  3. A-t-on finalement affaire à un Casper movie ?

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    1. Braquage il y a, mais je ne sais plus comment il se termine ni s'il implique l'intervention de Casper himself.

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  4. Est-ce que le titre "Dos au mur" fait également référence à la réaction de l'acteur devant la bombasse latino, et plus précisément à sa teub, littéralement "dos au mur" dans son calcif ?

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    1. :D

      On sent qu'elle ne te laisse pas indifférent non plus. :)

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    2. :D

      C'est une fameuse titrologie, en tout cas ; tu marques des tas de points. Par exemple Jurassic Park, Saving Private Ryan, Rencontres du 3ème type, ET, ... Spielberg avait montré la voie pour les titres qui disent ce qui est à l'écran. Alors que franchement il aurait pu les appeler "Did you call me Saurien ?", "That guy we have to get through Hell to get back is breaking my big balls", "Making mud hills at home" ou encore "Not another romcom because the guy's ugly".

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