2 juin 2012

Mille mots

Après Menteur-menteur et The Invention of lying, découvrez la nouvelle comédie ricaine avec le même gros message à la clé, un message indispensable sur les dangers du mensonge et les bienfaits de la vérité. Merci Hollywood de veiller à l'éducation de nos enfants. Eddie Murphy campe un agent littéraire (vous avez bien lu) qui ne cesse de mentir pour obtenir ce qui lui chante, mais il ment une fois de trop et au mauvais type. Il ment à un Chinoir qui lui jette un sort : il ne doit plus parler sous peine d'y laisser sa peau, et ce afin d'apprendre que les mots ont un poids. J'ai envie de demander aux producteurs américains qui ont financé ce projet de se retenir de produire la moindre merde de ce genre pendant au moins dix ans afin de comprendre que chaque film a un poids et qu'il est bon parfois de fermer sa gueule à tout jamais.



Je n'ai pas vu le film (qui va aller le voir ? Sérieusement ? A part Eddie Murphy peut-être). J'ai juste vu la bande-annonce, ce qui en 2012 revient à voir un film dans son intégralité (à part si l'auteur du film s'appelle Resnais). Dans la bande-annonce on voit qu'Eddie Murphy promet donc à un type de publier son bouquin sur les huiles essentielles alors qu'il ne le fera pas (tu m'étonnes). Un arbre de taille adulte sort aussitôt du sol du jardin dans un effet spécial fort beau et le Chinoir en costar brillant informe Eddie Murphy que le bananier perdra une feuille à chaque mot prononcé. Quand il n'y aura plus de feuilles l'arbre mourra et le héros avec. En attendant il reste 1000 mots au personnage, et on apprécie que retentisse sur toute la bande annonce la voix de Noa et sa sublime chanson Babel, celle qui rend fou notre ami Poulpard aka Brain Damage : "Pardon me for babeling, comme des milliers de mots, pardon me for babeling, qui t'envoient des signaux, cent mille mots, blottis au fond de mon cœur, tout là-haut dans les étoiles..." etc. Le héros black du film, au lieu d'apprendre à dire la vérité et à parler vrai, est un type à ce point irrécupérable qu'il est forcé de la boucler. Son éducation ne passe pas par un apprentissage du langage mais par une condamnation au silence, ou quand les producteurs de comédie veulent donner des leçons de morale alors qu'ils ont le ciboulot en berne. J'aimerais moi aussi être d'origine malgache, porter un costume satiné et dire aux producteurs de cette connerie : "Voila, il reste trois ou quatre feuilles à votre arbre à daubes, vous venez d'en flinguer une belle avec ce film, il vous en reste une paire à sortir, parce que je suis sympa, mais après on arrête les frais." Vous vous dîtes que je me répète et que ce paragraphe reformule le premier, vous n'avez pas tort, je viens peut-être de griller deux feuilles à mon arbre aux palabres (et j'en suis ravi) pour dire deux fois la même chose à ceux qui ont fait ce film : vos gueules.


Mille mots de Brian Robbins avec Eddie Murphy (2012)