5 août 2008

L'Ours

Je voulais faire voir Gremlins à ma nièce, mais je ne retrouvais pas le dvd. Alors je ne savais plus du tout quoi lui mettre. Je tenais à ce qu'elle regarde un vrai film, et pas un dessin animé ou une suite crétine mise en boîte en 5 jours comme les 102 Dalmatiens ou La Belle et le Clochard 2. Puis j'ai mis la main sur L'Ours, en disant à ma nièce "ce sont de véritables ours, t'imagines un peu ? c'est autre chose qu'un dessin animé, non ?", elle était d'accord, alors hop, on a maté L'Ours.

Je l'ai tout de suite prévenue que le début était triste. Avant même que ça arrive à l'écran, j'ai annoncé à ma nièce "Oui oui, la maman ours va se faire destroyer la tronche par tout un tas de rochers. Ils vont lui tomber sur le coin de la gueule l'un après l'autre, d'une façon trop méthodique pour être naturelle, tout ça parce qu'elle est trop gourmande et veut à tout prix bouffer un peu de miel. Et alors qu'un seul cailloux aurait suffit à la tuer, elle en prendra bel et bien une cinquantaine dans le dos, gratos." Je préférais prévenir ma nièce en employant des mots moins cruels et moins durs que cette terrible scène d'ouverture, et ma méthode a été efficace, puisque ma petite nièce a bien su surmonter cette première épreuve.




Après cette première scène, et pour ne rien vous cacher, sachez que j'ai très rapidement pioncé. Je me suis foutu en boule contre ma nièce, un peu à l'image de l'ourson malheureux contre le cadavre de sa mère ratatiné, puis j'ai tapé un gros roupillon peinard. J'ouvrais parfois un œil pour m'assurer que ma nièce suivait bien le film, puis je repartais illico dans les panards d'Orphée. Parfois je me réveillais un peu car je devais aider ma nièce, répondre à ses questions, elle est encore jeune, c'est normal. Elle me demandait "Mais cet ours-là, il est gentil ou méchant ?", "Oh c'est un ours tu sais, il est un poil rustre mais au fond il est pas méchant, enfin tu verras, il est cool celui-ci je crois", je répondais souvent au hasard car je ne me souvenais pas très bien du film et, avec chance, je me trompais jamais.




L'Ours, pour moi, c'était la première scène, et uniquement la première scène. Je ne me souvenais de rien d'autre. Et le reste donc, c'est tout simplement une tranche dans la vie d'un ours. 24h/24 dans les pattes poilues et maladroites d'un ourson. Le quotidien de petit ours brun, épisode "petit ours brun a paumé sa mère sous un tas de caillasse". Les déboires au jour le jour d'un jeune carnassier tristounet. Même ses nuits ne nous sont pas épargnées, puisqu'on a droit à ses rêves à travers de très jolies scènes d'animation. Il y a donc peu de dialogues, le rythme du film est celui d'un ours, assez lent donc ; il se vautre bien une fois ou deux dans des pentes trop abruptes, mais le reste du temps, il évolue à la vitesse d'un gros animal pataud. Tout ça n'est que pure logique et malgré cela, ma nièce a regardé le film du début à la fin, sans manquer la moindre seconde, avec les yeux grands ouverts ; car L'Ours dispose tout de même d'une réelle trame et se termine sur un plan rassurant qui fait oublier la défunte mère et son tombeau naturel. Après avoir échappé à des chasseurs eux-mêmes rattrapés par leurs bonnes consciences, puis à un formidable cougar dont on se demande bien ce qu'il vient faire au beau milieu des Pyrénées, l'ourson rencontre un gros ours sympa, son nouveau papa, qui l'accueillera avec le sourire dans sa tannière et contre lequel il hibernera, heureux.




Personnellement, je continue à penser qu'il s'agit d'un sacré film, et je suis content de l'avoir fait voir à ma nièce. Rien que pour l'idée de s'être pourri la vie à tourner une histoire qui met en scène de véritables ours, je dis "chapeau". Parce qu'il a fallu les faire jouer, sûrement, ces cons d'ours. On sait à quel point ce genre de bestiole peut être tétue et débile. Il en fallait du courage pour se lever chaque matin et se dire "Bon, est-ce que Konrad acceptera de tendre la patte à Volvik pour la scène du bar qu'il me faut mettre en boîte depuis 15 jours ?". En regardant Sa Majesté Minor récemment, on a bien pu constater que Jean-Jacques Annaud avait, hélas, un caractère de cochon, déterminé et volontaire, qui lui permettait de mener à bien les projets les plus improbables. Mais il ne faut pas oublier que ces mêmes qualités l'avaient rendu coupable de jolies choses par le passé, lorsqu'il tournait L'Ours accompagné d'une ribambelle de dresseurs de bêtes à cran, ou qu'il filmait de véritables attardés mentaux se battant autour d'une brindille pour les besoins de La Guerre du Feu.


L'Ours de Jean-Jacques Annaud avec Bart l'Ours et Tchéky Karyo (1988)

12 commentaires:

  1. Très bonne chronique, qui me fait dire que moi aussi, je me souviens aussi du film pour la première scène. Pas du reste. Mais qu'il m'avait marqué. JJA m'avait aussi foutu les jetons dans la guerre du feu, et dans son épisode 3D pour le futuroscope, les ailes du courage. Après je l'avais laissé là où il était, en plein cordillère des andes.

    Trivia: J'ai peté une porte d'étagère en verre en mattant l'Ours, alors que j'avais 4 ans. Certainement que je voulais copier le premier rôle du film, qui ne trouvait rien de plus amusant que s'accrocher à une branche et se casser la gueule en pétant la dite-branche. Sacré remake qui m'a valu un pied en sang et une mère qui, n'étant pas morte sous un tas de cailloux, hyper angoissée, qu'elle a même pas eu l'idée de m'en foutre une.

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  2. Moi je me souviens avoir vu le film au cinéma l'élysée à Limoux et j'étais petit. Avant la séance y a même eu un montreur d'ours qui est passé dans la salle avec un véritable ours dont j'ai pu caresser le poil soyeux.
    A part ça la critique est bonne et j'espère que notre nièce a aimé.

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  3. Moi j'emmerde les ours.

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  4. Coucou,

    Merci pour ton commentaire sur mon blog :) L'ours est un sacré bon film en effet que j'ai beaucoup aimé aussi. J'aime beaucoup la façon que tu as d'écrire pour parler du film. Ca change de ce que j'ai l'habitude de lire et j'aime beaucoup^^^

    Vlad

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  5. Je suis en train de le redécouvrir sur Canal+ décalé, et c'est une belle saloperie ! JJA est un connard. Il n'a jamais fait que des films puants. Celui-là l'est énormément avec son principe d'anthropomorphisme à deux euros. Filmer les ours comme des hommes c'est dommage parce que du coup pourquoi ne pas carrément filmer des hommes, c'est quand même moins rustre comme animal. Et les scènes d'animation... Y'a toute une séquence où petit ours graille un champignon trip et JJA nous met dans sa tronche pour nous faire voir un champignon qui vole et se transforme en papillon. CONNARD CONNARD CONNARD CONNARD !

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  6. Je lui avais réservé un bon papelard, je me souvenais plus. :D

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  7. 10 millions d'entrées au box office, s'il vous plaît.

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  8. Si on devait mesurer le talent d'un réalisateur à sa réussite commerciale, JP-Jeunet et J.J. Cameron seraient "de grands auteurs" LOL

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  9. L'ours : un des grands traumatismes de mon enfance (trop de larmes versées), et aujourd'hui, environ 15ans plus tard, deux souvenirs: LA mort de la môman du nourson, et le chien qui se fait éventrer par un ours énorme. Wa.

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  10. Vaut mieux le découvrir tout petit, oui. ^^

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  11. "petit ours brun a paumé sa mère sous un tas de caillasse"
    MDR

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  12. Vous pensez que ça vous fait un déclic dans le cerveau, de voir ce film étant petit, genre déclencher un truc pas net, un côté "trop bon trop con" ? Parce que maintenant que je connais un peu la nièce, je me dis que ce film doit jouer!

    "L'ourson est orphelin... tskounska skounskouncha, sa mère s'est ramassé des rochers, tchoubidoudam dam dam, dans son chrysler toumska, HA HA HA"

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