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24 novembre 2024

Eileen

Après Lady Macbeth, qui avait révélé Florence Pugh aux yeux des cinéphiles, William Oldroyd poursuit sur sa lancée en nous proposant un nouveau film d'actrices, Eileen, qui met en vedette Thomasin McKenzie et Anne Hathaway dans deux rôles qui semblent taillés sur mesures. La première incarne une jeune fille vivant seule avec son père alcoolo et noyant son ennui dans ses fantasmes sexuelles et des envies d'ailleurs de plus en plus difficiles à refouler. Sa morne existence est chamboulée quand une nouvelle directrice à l'élégance et à l'assurance magnétiques, campée par Anne Hathaway, est engagée dans la prison où elle travaille. Une relation ambiguë va progressivement se nouer entre elles... Et il ne vaut mieux pas en révéler davantage. Le film se déroule pendant les années 60 dans l'ambiance feutrée d'une petite bourgade de la côte Est et le réalisateur nous plonge délicatement dans cet environnement aux couleurs automnales, effacées par une brume matinale qui rechigne à se lever sur les journées répétitives de notre protagoniste frustrée. On s'y laisse aller comme on se plaît à regarder une toile d'Edward Hopper ou que l'on s'enfonce dans la lecture estivale d'un polar américain de premier choix.


 
 
Le cinéaste parvient facilement à nous choper et à maintenir notre attention grâce à cette atmosphère enveloppante, agréable à l’œil, et ne fait pas que s'appuyer sur deux actrices au diapason. Malgré une durée modeste (90 minutes et des poussières), William Oldroyd nous dresse patiemment le portrait d'un personnage aux abois, en grande détresse affective, totalement coincé dans une bulle qu'il crève d'envie d'éclater. Thomasin McKenzie, déjà remarquée dans Leave No Trace, confirme ici tout le bien que l'on commençait à penser d'elle. Anne Hathaway, appréciée récemment chez James Gray, confirme également la tournure intéressante que prend désormais sa carrière. On met donc un petit moment à comprendre que nous sommes en présence d'un thriller psychologique à combustion lente ou, devrait-on plutôt dire, à mèche très longue. C'est en effet au bout de l'heure de film que l'on bascule pour de bon dans le thriller pur jus et que le rythme s'emballe. Cela a pour effet de nous surprendre et de nous scotcher jusqu'au final à l'appréciable parfum de série B surgie du passé (le générique final assume totalement cette parenté). Bref, on tient là un très bon petit film, un peu passé inaperçu, et cela me semble assez injuste, c'est d'ailleurs ce qui m'a motivé à torcher ces quelques lignes. Will Oldroyd, je continuerai donc à vérifier ce que tu fais. 


Eileen de William Oldroyd avec Tomasin McKenzie et Anne Hathaway (2024)

20 janvier 2022

Last Night in Soho

Croyez-le ou non, je n'ai pas passé un si mauvais moment devant le dernier film d'Edgar Wright, Last Night in Soho, que j'ai pourtant regardé à reculons, n'ayant jamais éprouvé aucune sorte d'intérêt pour la filmographie du bonhomme. Mais, parce qu'il nous a été vendu comme un film d'horreur, ce qu'il est bel et bien, ma curiosité m'a quand même poussé à lui donner une chance. En réalité, je m'attendais à mille fois pire, j'ai donc été agréablement surpris. Le film se tient à peu près, les nombreuses influences qui l'ont façonné, de Dario Argento à Roman Polanski, aboutissent à un gloubiboulga ma foi digeste. Le scénario, qui prend son temps à démarrer car il a au moins le mérite de correctement planter son personnage principal – une jeune étudiante passionnée de mode qui se retrouve seule à Londres et se réfugie dans ses fantasmes d'une époque passée, les Swinging Sixties, qui vont progressivement prendre une tournure cauchemardesque – tente assez grossièrement de capter l'air du temps, finit par se mélanger les pinceaux et tombe un peu dans le n'importe quoi, mais il captive néanmoins et surprend régulièrement. Les actrices, Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy, se mettent au diapason de l'énergie que veut insuffler la mise en scène hit & miss du cinéaste anglais. Bon, il y a des choses visuellement dégueulasses, certes, mais aussi beaucoup d'audace et, par moments, une jolie fluidité. Toute la fin est truffée d'effets à gerber, OK, mais le film témoigne d'une certaine volonté d'essayer, d'innover et d'aborder le genre avec sérieux et respect. Après avoir survécu miraculeusement à la longue et laborieuse mise en place, j'ai donc fini par trouver ça plutôt réussi, pas désagréable, presque rafraîchissant. C'est qu'il n'en sort pas si souvent, des films d'horreur aussi osés. Alors autant ne pas tomber à bras raccourcis sur celui-ci.


Thomasin McKenzie, dans une tenue faite de papier journal qu'elle a elle-même conçue.
 
Et puis il faut dire que, peu de temps après avoir vu le film, j'ai fait par hasard la rencontre fortuite d'Edgar Wright. Il m'est apparu comme quelqu'un de tout à fait sympathique et charmant. C'était pendant les vacances de Noël dans le cadre d'un trajet en blablacar pour revenir de chez mes parents, entre le 26 et le Jour de l'An. Au moment de sélectionner mon covoiturage, j'avais le choix entre deux propositions de trajet postés par deux profils bien distincts. "Tueur en série toujours en liberté, j'utilise blablacar pour commettre mes méfaits. Vous serez seul à mes côtés car c'est ainsi bien plus facile à gérer. Avec moi, pas de blabla, le silence est roi" disait la présentation de l'un ; "Jeune cinéaste anglais, j'utilise blablacar quand je roule dans vos contrées. Je ne prends jamais qu'un seul passager car, à l'arrière, c'est buffet à volonté. Vous aussi, vous aimez la musique ? Tant mieux, notre voyage sera supersonique !" annonçait l'autre. Bizarrement, le deuxième me donnait plus envie, c'était donc vite réglé. Il faut croire que le réalisateur est proche de ses sous, n'empêche que, believe it or not, c'est bel et bien Edgar Wright que j'ai retrouvé sur le parking du GIFI, ce dimanche après-midi de fin décembre, et qui m'a ouvert la porte avec tact avant de me proposer le siège passager de sa modeste Fiat Punto dans un français parfait. J'ai mis du temps à le reconnaître mais, en utilisant discretos l'application IMDb sur mon smartphone, j'ai fait le rapprochement : le doute n'était plus permis. C'était bien lui. Il me semblait bien avoir déjà croisé ces cheveux bruns filasses, cette barbe clairsemée de 33 jours et cette trogne en biais sur des photos de tapis rouges, aux côtés des plus grandes vedettes actuelles : Simon Pegg, Mary Elizabeth Winstead, Michael Cera ! Alors, de nature timide et réservé, je me suis tout de même risqué à rompre le silence, qui devenait un peu pesant, et à l'interroger. "Êtes-vous Edgar Wright, le réalisateur du délicieux Salsa Fury ?". Il m'a répondu avec cette simplicité et cette sincérité qui allaient être de mise pour l'ensemble de nos échanges à venir durant ces 4 heures de voiture que je ne suis pas prêt d'oublier. "Oui, je suis bien Edgar Wright, mais ce n'est pas moi qui ai réalisé le délicieux Salsa Fury".


Anya Taylor-Joy dans un photogramme que l'on croirait issu de L'Enfer de Clouzot.
 
Il m'a fait promettre de ne rien dire, je lui ai juré que le secret resterait bien gardé. J'ai fait part de mon étonnement de me retrouver dans la voiture d'un si célèbre cinéaste que j'imaginais plutôt basé à Londres, New York, Dubaï ou LA, et non en train de sinuer incognito sur les routes du Sud Ouest de notre beau pays. Il m'a expliqué que la France est sa terre d'adoption, qu'il aime y passer son temps libre, entre deux tournages. Les rencontres réalisées par le biais de blablacar alimentent ses scénarios. C'est une source d'inspiration indispensable pour lui. Il y puise ses meilleures blagues, ses trucs les plus farfelus. La tant adulée "Blood and Ice Cream Trilogy" doit paraît-il beaucoup au site de covoiturage. Shaun of the Dead, Hot Fuzz et Le Dernier Pub avant la fin du monde : tous correspondent à une période où l'auteur anglais arpentait les routes, à la recherche d'idées neuves. Nos discussions ne portaient pas seulement sur le cinéma, loin de là. Curieusement, nous n'avons pas dit un mot de Last Night in Soho. En vérité, on a surtout causé boustifaille car, malgré les apparences, c'est un sacré gourmand. Son teint cireux et son allure malingre dissimulent un régime draconien qu'il met entre parenthèses lorsqu'il part en congés dans nos régions si riches en matières grasses. Un large éventail de fromages et de charcuteries de premier choix étaient à ma disposition, sur la banquette arrière. Et, croyez-moi, je n'ai pas donné ma part aux chiens.


Edgar Wright chècke les rush au combo, entouré de ses acteurs, Anya Taylor-Joy et ?
 
Il a passé du bon reggae, la fameuse compile, que je vous conseille chaudement, intitulée Young, Gifted and Black : 50 Classic Reggae Hits! On a pas mal déliré sur le morceau Elizabethan Reggae du grand Boris Gardiner, qu'on s'est remis en boucle une bonne quinzaine de fois. C'est devenu, en quelque sorte, l'hymne de notre nouvelle amitié. Gentleman, il m'a plusieurs fois proposé de balancer ma propre zik en bluetooth, mais sa playlist était si parfaite que je n'ai pas osé interférer. Il régnait une bonne ambiance dans l'habitacle de sa Punto, l'esprit de Noël était encore parmi nous. Je précise en outre que l'auteur de Baby Driver ne conduit guère comme il filme : jamais il ne file la gerbe au volant. Il a une conduite sûre et prudente, presque féline, je ferais volontiers de lui mon chauffeur particulier. Il a même réussi un brillant créneau, du premier coup, pour me déposer, très gentiment, juste en bas de chez moi. Je n'ai pas pu m'empêcher de le complimenter pour sa maîtrise totale de son engin, moi qui suis incapable de réussir la moindre manœuvre et panique à l'idée de me garer. Après m'avoir aidé à retirer ma valise du coffre de sa petite voiture, il m'a filé son 06 et m'a dit, avec une élégance british inimitable et un accent à couper au couteau, "la prochaine fois passe pas par Blablacar", accompagné d'un clin d’œil qui ne m'a guère laissé indifférent. C'était très touchant. Je lui ai tendu la main, par pur réflexe, en dépit des gestes barrière actuellement en vigueur. Il l'a repoussée, avec une délicatesse déconcertante, pour mieux me prendre chaleureusement dans ses bras. Le contact de sa veste en velours contre la peau de mon cou était d'un douceur inattendue. C'était un moment assez intense, je dois vous l'avouer. Son dos a ensuite retrouvé sa courbure naturelle, celle d'un homme qui passe trop de temps sur les écrans ou au volant, et il a regagné son véhicule tandis que je restais là, planté au milieu de la chaussée, trop ému pour m'éloigner. Avant de redémarrer, je l'ai vu prendre soin de changer l'ambiance musicale, il a opté pour un air plus mélancolique que j'ai immédiatement reconnu : All my happiness is gone, du regretté David Berman. Il m'a adressé un dernier geste amical de la main, et je l'ai longtemps regardé s'éloigner, jusqu'à ce qu'il disparaisse de mon champ de vision... Il s'en allait, m'avait-il confié, du côté de Castelnaudary pour y goûter "le fameux cassoulet", avant de remonter vers Gérardmer, où il était attendu, avec de nombreuses escales culinaires prévues en chemin. 
 
Il est reparti comme il est arrivé, seul. J'espère tout de même qu'il a passé de joyeuses fêtes. Je lui présente en tout cas mes meilleurs vœux pour la nouvelle année. 
 
 
Last Night in Soho d'Edgar Wright avec Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Terence Stamp et Diana Rigg (2021)

6 octobre 2018

Leave no trace

Il y aurait un jeu de mots tout trouvé à faire avec le titre, mais il serait un peu cruel. Car certes, Leave no trace ne laissera pas une marque indélébile dans cette année de cinéma, ni même dans ma semaine, mais il ne m'a pas pour autant fait passer une mauvaise soirée ! Le nouveau film de Debra Granik, qui s'était déjà faite remarquer en 2010 pour Winter's Bone, a bénéficié d'un excellent accueil à Sundance et fait partie des rares à avoir une approbation des critiques à 100% sur Rotten Tomatoes, au même titre que des classiques comme Paddington 2 et Chocolat (avec Omar Sy !), pour vous donner une idée. Leave no trace, dont le titre n'a vraisemblablement pas su être traduit pour sa sortie française, est l'adaptation d'un bouquin de Peter Rock intitulé L'Abandon paru en 2009. Au bout de quelques minutes, l'histoire m'étant étrangement familière, je me suis souvenu avoir lu ce livre dont la lecture ne m'avait pas vraiment marqué, sans être désagréable.


Rien de tel qu'un petit moment de lecture sous la pluie. 

Le tronc d'arbre symbolise le fossé entre la fille et la civilisation...

On suit donc un père (Ben Foster) et sa fille (Thomasin McKenzie), âgée de 15 ans, qui vivent clandestinement dans les forêts bordant Portland, Oregon (place forte de la zik et du ciné indé US). Ils restent à l'écart d'une société avec laquelle ils évitent tout contact, jusqu'au jour où, évidemment, on leur met le grappin dessus et où ils sont plus ou moins forcés de retourner à la civilisation. Après un temps d'observation, histoire de s'assurer qu'il n'y a pas d'inceste ou quoi que ce soit de glauque là-dedans, les services sociaux les installent dans une petite baraque en périphérie, permettant au père de trouver un job dans l'exploitation forestière et incitant sa fille à aller au collège. Définitivement inadapté à la société, le père, dont on peut comprendre qu'il est un vétéran de la guerre d'Irak, veuf de surcroît, décide de repartir vivre au grand air avec sa gamine.


2 mois d'arrêt pour Ben Foster suite à cette scène réalisée sans trucage et décrite, selon ses propres termes, comme "la plus difficile à tourner de toute sa putain de carrière" (sic)  

P'tit-déj frugal... 

Quand on est malgré soi un abonné du bitume, que l'on passe ses semaines dans les tristes bureaux de tours grises sans âme ou dans les couloirs souterrains dégueulasses du métro parisien, à des années lumière de la nature et de toute verdure, voir un tel film peut peut-être apparaître comme un événement exceptionnel et salvateur, un sacré bol d'air frais, une belle respiration, aussi nécessaire que bienfaitrice. Les critiques américaines, qui ont couvert ce film d'éloges, comme en attestent ces phrases dithyrambiques copiées sur l'affiche US, ont peut-être besoin de se mettre au vert. Mais on peut aussi les comprendre : un tel film, avec sa nature omniprésente, son rythme très doux et son regard délicat porté sur ses personnages, passe sans souci pour une vraie curiosité et une pure merveille entre un Batman vs Superman et un Equalizer 2 ! Manque de pot, en ce qui me concerne, je vis dans les bois, je dors à la belle étoile, je bois l'eau de pluie, je me nourris de vieilles racines et, quand je regarde un flm, j'évite désormais comme la peste les pires saloperies US.


 Thomasin McKenzie est la révélation du film.

Ben Foster n'a pas fermé l’œil de la nuit et avouera plus tard en interview qu'il s'agissait "du tournage le plus difficile de toute sa putain de carrière" (sic)

Malgré tout, cela ne m'empêche pas d'avoir conscience des modestes qualités de l’œuvre trop modeste de la si modeste Debra Granik, qui est une sorte de sous-Kelly Reichardt, réalisatrice autrement plus importante du cinéma indé américain qui s'intéresse elle aussi aux marginaux et adore les espaces verts. Debra Granik joue sa petite musique sans faire de vague, de façon très simple, plutôt intelligemment, en évitant tout pathos et en filmant tout ça comme si c'était franchement pas grand chose, et c'est ce que devient son film : une petite chose mignonne et gentille mais inoffensive et presque insignifiante. C'est aussi ce qui fait son charme, paradoxalement. L'aspect le plus réussi est le portrait de cette adolescente curieuse, désireuse de s'épanouir, quitte à rompre le lien sacré qui l'unit à son paternel. L'actrice est très bien et la cinéaste la filme avec une certaine sensibilité. On ne trouve pas ça ridicule quand la gamine s'émerveille de la découverte d'un élevage de lapins ou d'une ruche d'abeilles, cela compte au contraire parmi les meilleurs moments.


Le regard-caméra de X-tro le lapin n'a pas pu être évité... 

Aucune abeille n'a été blessée durant le tournage.

La plus belle scène du film ne concerne toutefois ni la gamine ni son père. Elle survient dans la dernière partie, quand le père et la gamine ont temporairement trouvé résidence dans un mobil-home au sein d'une petite communauté de marginaux fort sympathiques et accueillants. Il s'agit d'une très belle parenthèse musicale durant laquelle Debra Granik filme le plus simplement du monde un vieil homme qui chante, accompagné de sa guitare et d'une amie gratteuse. Il s'agit en fait de Michael Hurley, un folkeux digne du plus grand respect, qui pousse la chansonnette depuis plus de 50 ans et qui joue ici une des plus jolies chansons de son riche répertoire, "O my stars" (sortie en 1980 sur l'album Snockgrass). J'étais agréablement surpris par ces minutes de flottement, hommage amplement mérité à cet artiste discret. Ne serait-ce que pour ça, Leave no trace mérite d'exister.


 Michael Hurley (à doite), accompagné par Marisa Anderson (à vérifier)

On s'éclate comme on peut sans wifi...

C'est quand le film se consacre à nous dépeindre la (sur)vie des deux personnages dans la nature qu'il s'avère le moins intéressant. Pourquoi ? Parce que nous ne sommes pas venus là pour voir ça et, surtout, parce qu'on l'a déjà vu des milliards de fois ailleurs... Qu'il est compliqué de faire du feu quand tout est trempé. Comme il est important de mettre tout à l'abri quand la pluie recommence à tomber. Qu'il est bon de manger des vieilles conserves de flageolets mijotés au réchaud après avoir passé toute la journée à se les geler. Qu'il est nécessaire de se coller l'un à l'autre pour se réchauffer quand on a choisi de passer la nuit dans un tronc d'arbre en forêt par -15°C... Merci des tuyaux Debra, en ce qui me concerne, je reste chez moi bien au chaud pour mater ton petit film sympa en m'envoyant une bonne grosse pizza base crème fraîche.


Leave no trace de Debra Granik avec Ben Foster et Thomasin McKenzie (2018)