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16 juin 2015

Jupiter Ascending

Je me suis surpris à passer un bon moment devant le dernier film des "frères" Wachowski, Jupiter Ascending, space opera pur jus, assez froidement accueilli à sa sortie en début d'année. Peut-être étais-je dans un bon soir, peut-être avais-je tout particulièrement envie d'un film de ce genre-là et que les Wachowski sont tombés à pic. Le fait est que j'ai plutôt accroché à cette histoire qui apparaît comme une sorte de croisement entre Star Wars et Matrix, dans laquelle une jeune femme (Mila Kunis) voit sa morne vie totalement chamboulée quand elle apprend qu'elle fait partie d'une des familles les plus puissantes de l'Univers. Embarquée dans une folle aventure qui la mènera jusque dans les tréfonds de Jupiter, elle sera défendue par un homme-loup (Channing Tatum) dont elle tombera rapidement amoureuse. Et je n'irai pas plus loin dans la présentation du pitch, par peur de déjà refroidir la plupart d'entre vous !




Moi qui avais dû déclarer forfait devant Cloud Atlas, leur précédent opus, beaucoup mieux reçu il y a deux ans et auquel je suis à présent bien motivé à redonner une chance, je dois aujourd'hui reconnaître que, par les temps qui courent, les Wachowski sont des cinéastes à part, qui méritent pleinement d'être salués et défendus. Ces deux-là sont quasiment les seuls à encore proposer des blockbusters si ambitieux, généreux et originaux. Face à Jupiter Ascending, on ne doute jamais de leur sincérité et de la noblesse de leurs intentions. Leur film, un brin foutraque, a certes des défauts évidents, tutoie parfois le kitsch, et pourra sûrement en fatiguer plus d'un dans sa volonté d'en mettre plein la vue, notamment lors de scènes d'action toujours très lisibles mais un peu longuettes. Le scénario, assez fouillis, paraît étonnamment condensé sur deux heures, avec quelques ellipses et un montage un peu déconcertants en ces temps sombres où il est plutôt de coutume d'étaler ce genre d'histoires sur de longues et pénibles trilogies (quand ça n'est pas davantage...) pour s'assurer un maximum de recettes au box office. Cela ne m'étonnerait donc guère qu'un director's cut sorte bientôt en vidéo mais, en l'état, j'ai personnellement trouvé tout à fait compréhensible ce film assez osé que beaucoup se sont plu à traîner dans la boue.




Il faut reconnaître aux Wachowski une vraie inventivité visuelle et une certaine habileté pour la création d'un univers captivant, dont on a envie de mieux comprendre les rouages. Les acteurs aussi ont l'air de croire en ce qu'ils font, malgré le côté grotesque de leurs rôles et de certaines situations. Je pense par exemple à cette scène où Channing Tatum explique qu'il a davantage en commun avec un clébard qu'avec la charmante Mila Kunis. Cette dernière lui rétorque alors spontanément qu'il ne s'agit pas d'un grand problème parce qu'elle a toujours aimé les chiens, et cela donne lieu à un moment assez comique, où la touche d'humour fait d'autant plus plaisir dans le sens où il ne s'agit pas du second degré ou des références lourdaudes dont on nous abreuve ailleurs (notons toutefois un curieux passage ouvertement parodique, épinglant la bureaucratie extraterrestre et se terminant même par un cameo de Terry Gilliam). Eddie Redmayne, récemment récompensé d'un Oscar pour son interprétation de Stephen Hawking, campe ici un méchant plutôt convaincant, sa tronche assez flippante, dominée par une bouche étrangement gonflée, convient tout à fait au rôle.




Bien sûr, les moins friands de science-fiction auront un mal fou à supporter Jupiter Ascending, qui est un gros space opera comme il s'en produit finalement fort peu ; mais les amateurs ont tout intérêt à s'y risquer. Ils pourront peut-être, comme moi, y trouver un plaisir qu'ils n'avaient pas ressenti depuis longtemps devant un tel spectacle. Ils pourront aussi, et c'est plus probable, revenir sur cette page pour m'insulter. Je me sentirai alors encore plus seul, mais je suis prêt à assumer...


Jupiter Ascending (Jupiter : le destin de l'Univers) d'Andy Wachowski et Lana Wachowski avec Mila Kunis, Channing Tatum, Sean Bean et Eddie Redmayne (2015)

2 avril 2012

My Week with Marilyn

Ma tolérance pour ce genre de films a considérablement diminué depuis quelques temps. Je ne supporte plus ces produits hollywoodiens aseptisés et calibrés pour gagner quelques petits prix à quelques piètres cérémonies. Ces films qui, sans prendre aucun risque, visent à satisfaire bêtement le spectateur dans ce qu'il s'attend forcément à voir : de petits numéros d'acteurs, un rythme pas emmerdant, une reconstitution d'époque léchée, et... quoi d'autre ? Rien ? Ah oui, peut-être aussi une amourette impossible qui rendra le récit un peu plus poignant (elle se joue ici entre la star Marilyn Monroe et le jeune Colin Clark, troisième assistant réalisateur sur le film Le Prince et la danseuse, dont on suit une semaine de tournage). Ces films-là m'emmerdent tellement que j'en oublie leur soi-disant intérêt. Alors que tout est fait pour plaire facilement, sans ennuyer une seconde, je me retrouve plongé dans un abîme de lassitude, pas le moins du monde intéressé par ce qui se déroule sous mes yeux. Alors vous devez logiquement vous demander pourquoi je regarde ce genre de films, pourquoi je me suis infligé cette semaine avec Marilyn, et je vais tenter de vous répondre de mon mieux...


Je vous avoue tout de go que si j'ai regardé My Week with Marilyn, c'est principalement pour juger la prestation de son actrice principale, Michelle Williams. Je suis en effet assez admiratif de son travail dans les très beaux films de Kelly Reichardt, et tout particulièrement dans Wendy & Lucy, où elle parvient magnifiquement à donner vie à un personnage dans la droite lignée de l'inoubliable Wanda de Barbara Loden. J'étais donc assez curieux de voir ce que l'actrice originaire de Dawson Creek donnerait dans la peau de la plus mythique des stars du cinéma et si elle réussirait à faire oublier, par exemple, qu'elle ne partage pratiquement rien de sa beauté. J'étais aussi plutôt impatient de savoir si Michelle Williams parviendrait à élever un peu cette tranche de biopic de toute évidence promise au classicisme le plus plombant, à mille coudées du cinéma audacieux de sa talentueuse amie Kelly Reichardt. Verdict : la récompense glanée aux Golden Globes et sa nomination aux Oscars étaient hélas autant d'indices sur la prestation plus qu'embarrassante de l'actrice, qui m'est ici carrément antipathique. Son jeu cabotin et maniéré participe même assez grandement à faire de Marlyn Monroe un personnage insupportable qui, sans surprise, correspond totalement à tous les clichés qui lui sont généralement associés.



Et puis il faut bien dire que Michelle Williams ne ressemble pas à grand chose. Elle n'est pas laide, non, loin de là, ne soyons pas de mauvaise foi, mais quand on la voit minauder et se pavaner dans les tenues de Marilyn, elle fait vraiment de la peine. On se dit inévitablement "Putain, mais elle était quand même plus belle que ça, la Marilyn Monroe !". C'est peut-être triste à dire, mais tout cela ne serait pas si problématique si cette beauté, ce charme, cette élégance et cet aura particulière n'étaient pas si inhérents au personnage même de Marilyn Monroe. Ici, c'est le vide. Michelle Williams échoue la plupart du temps à nous rendre compte de tout ce que devait dégager la star, cette femme à la sensualité et au sex-appeal toujours renversants, même sur ces photos en noir & blanc où elle prend des poses d'un autre âge et que l'on connaît tous par cœur. Pour essayer de nous embobiner gratos et de nous faire triquer sans effort, on a tout de même droit à quelques scènes qui se veulent affriolantes. C'est bien connu, la star n'était pas pudique du tout et adorait se trimballer à poil devant le premier venu. Le personnage de Marilyn Monroe apparaît donc deux fois dans son plus simple appareil. Pas spécialement bien achalandée, Michelle Williams a bien sûr dû faire appel à un "body double" en la personne d'Emma Glover, une pin-up britannique aux mensurations dignes d'une star du X, bien trop énormes pour être tout à fait naturelles. Cela ne serait pas gênant si on ne le remarquait pas, mais le corps de la mannequin glamour dénote assez clairement avec celui de l'actrice, malgré des trucages vieux comme le monde permis par le montage (gros plan sur la tronche de Michelle Williams en train de se désaper, cut, plan moyen sur un corps de malade mental vu de dos et appartenant à une autre femme). Nue, Michelle Williams devient donc, dans la peau de Marilyn, une grande perche au cul en bombe et aux seins dépassant de tous les côtés, n'appelant qu'à jouer dans un gros porno dégueu. Je me répète un peu et je m'y attarde peut-être trop, certes, mais cette tromperie m'a choqué ! Et vous savez bien que ces questions-là nous taraudent...


Bon, Michelle Williams n'assure pas, c'est un fait. Mais elle n'est pas la seule. My Week with Marilyn est un festival d'acteurs qui cabotinent, à commencer par Kenneth Branagh, imbuvable dans le rôle de Laurence Olivier, profitant de chacune de ses scènes pour péter un câble gratuitement et pousser des gueulantes à la Christian Clavier. A ce petit jeu-là, il les bat tous sans souci. Il s'amuse peut-être, nous beaucoup moins. Et que dire d'Emma Watson, rescapée d'Harry Potter (comme tout un tas d'autres acteurs de ce film), qui fait des pieds et des mains pour qu'on la remarque. Elle n'est pas crédible dans le rôle d'une femme. Elle a simplement l'air toute droit sortie d'un catalogue La Redoute. A vrai dire, tous les acteurs ont l'air de costumes ambulants, de portes-manteaux animés, uniquement là pour mettre en valeur le boulot de costumiers hors pair. Ah ça, ils assurent les techniciens, y'a pas à dire, ils font sans doute partie des meilleurs du monde. Costumiers, accessoiristes, maquilleurs, décorateurs... Ils sont très doués pour donner vie à des fantômes dans des films hantés par le néant. L'acteur principal, Eddie Redmayne, jeune premier hideux, est juste trop laid. Sans ses fringues chics et sa coiffure impeccable, on jurerait qu'il s'agit d'un footballeur guingampais aperçu lors d'un morne dimanche après-midi d'automne passé devant un 1/32ème de finale de la Coupe de France diffusé sur France 2 (et commenté par Xavier Gravelaine). Il faut aussi dire que tous ces gens ne sont jamais aidés par la mise en scène complètement raplapla voire inexistante du triste Simon Curtis, bien loin de Fred Godard, le Monsieur Sport de France Télévisions. La réalisation est d'un académisme terrible, fade au possible, quand elle n'est pas polluée par quelques tics visuels assez chiants, à l'image de ces gros plans répétés sur des ampoules-flash en action qui viennent annoncer ou conclure invariablement chaque séquence. Cet affligeant manque d'idée amène le simili cinéaste à essayer de donner vie à son film en se raccrochant à la bande-son, un réflexe bien connu. On devra ainsi supporter une musique jazzy omniprésente, qui accompagne quasiment toutes les scènes dans le but de leur donner un peu de peps. En vain. Quelque chose d'intéressant aurait sans doute pu être tiré des souvenirs de Colin Clark et plus généralement d'un tel sujet, mettant en présence l'une des plus grandes icônes du 7ème art. Hélas, force est de constater qu'on ne peut plus attendre grand chose d'une production américaine de ce genre, encore moins quand le projet a été mis entre les mains d'un guignol entouré d'abrutis.


My Week with Marilyn de Simon Curtis avec Michelle Williams, Eddie Redmayne, Kenneth Branagh, Emma Watson et Julia Ormond (2012)