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24 septembre 2012

Dépression et des potes

Il faut tenir les gens au courant sur le cas Lemort. Du spectateur lambda, qui pourrait tomber dans ses filets sans le savoir un soir où il s'imaginerait lancer une petite comédie a priori légère et divertissante, au cinéphile averti, qui sera je l'espère suffisamment clairvoyant pour éviter ses films et ne pourrait donc jamais savoir de quoi il en retourne. Il faut que tout le monde sache de quoi est capable le dénommé Arnaud Lemort. J'avais déjà vu L'Amour c'est mieux à deux, donc je ne fais pas l'étonné, mais si mon premier billet s'attaquait surtout à Dominique Farrugia, alors crédité en tant que co-réalisateur, j'aimerais désormais me focaliser sur Arnaud Lemort, cette fois-ci seul aux commandes et dont ce film est véritablement le petit bébé.




Arnaud Lemort a un mentor en la personne de Dominique Farrugia, ici producteur, et cela en dit déjà assez long sur lui. Arnaud Lemort a également un modèle : Judd Apatow, dont il tente tant bien que mal de reproduire la recette de ses films. Arnaud Lemort est d'ailleurs un fan tellement bien intentionné envers son idole qu'il parvient même à la faire passer pour un génie du 7ème Art. Quoique... Car si l'on devait juger la qualité d'une œuvre par ses conséquences, son influence, et la grandeur d'un cinéaste par le niveau des films qu'il a inspirés, alors selon cette logique, Judd Apatow mériterait lui aussi la prison à perpétuité pour avoir généré, entre autres, Dépression et des potes. Pour faire court, dites vous qu'Arnaud Lemort a un humour tellement glauque qu'on en vient à se demander si son patronyme n'est pas un nom de scène qu'il aurait volontairement choisi !




Que nous propose son dernier film ? Rien de bien étonnant si l'on considère le paysage actuel de la comédie française et ses plus tristes rengaines. Ce film nous montre une fois de plus une bande de trentenaires méprisables et pleins aux as (il faut voir leurs apparts, c'est quelque chose !) en train de se démener avec leurs petits problèmes existentiels de merde. Ces soucis sont souvent liés à leurs queues insatisfaites ou trop vagabondes et à leurs caractères naturellement abjects dont ils se rendent compte, à l'approche de la quarantaine, qu'il vaudrait mieux en changer pour enfin vivre un peu moins connement. Ces personnages sont tellement insupportables qu'on a du mal à les encaisser dès la première seconde où nous les voyons apparaître à l'écran. On les prend en grippe immédiatement, dès qu'ils l'ouvrent pour se plaindre et partager avec nous leurs existences cafardeuses. Pour le reste, il s'agit encore d'un film à l'humour communautaire méprisable, qui tourne en vase plus clos que jamais, rivalisant de cette façon avec Radiostars, et sur lequel plane également le poltergeist de Canal +. Je parle de poltergeist car cet esprit-là est forcément belliqueux et aura décidément fait bien du mal à la comédie française, et pas seulement.




Un personnage du film, incarné par Ary Abittan, est à l'évidence le plus haïssable malgré une sacrée concurrence : il passe son temps à reprendre ses potes en leur sortant "Oh, ça c'est soooooooo 1994" ou "Ah ça, on a arrêté de le dire en 2002 !" (mais quel connard, je vous jure !). Ce personnage a aussi la particularité d'avoir un rire ignoble, on dirait tout simplement une otarie en train d'agoniser ou un âne trop excité. Une chose est sûre : on jurerait que ce rire, ridiculement forcé, provient d'un animal mal en point et assez éloigné de l'humain, comme par exemple une baleine enceinte de quintuplés. Dominique Farrugia étant le producteur du film, ce rire si particulier est donc très clairement un énorme clin d’œil qui lui est adressé. C'est beau de faire une telle référence à son producteur, c'est gentil, ça l'a sûrement fait marrer, ça a dû lui plaire et au moins le toucher. Mais... Et nous ?!! Ce même personnage dit à sa copine, une blondasse aveugle, "Chérie, quand je pense que tu n'as jamais vu ton cul... Il est tellement beau !", une réplique censée faire mouche et bien entendu accompagnée d'un rire gras. Lemort saisit l'occasion pour cadrer en gros plan le mini-short de son actrice, la très vulgaire Laurence Arné, ce qu'il faisait déjà dans son précédent film. On peut alors s'interroger sur les gimmicks ahurissants de ce réalisateur d'outre-tombe, toujours désireux de mettre en valeur ses chouchous... Arnaud Lemort est décidément maître dans la private joke minable.




Je ne ferai même pas de jeux de mots avec le titre. C'est pourtant facile et, le film ayant été assez mal accueilli (youpi !), beaucoup s'y sont adonnés. Mais pour ma part je ne mentirai pas et j’exagérerai à peine : ce film ne m'a pas déprimé, il m'a uniquement plongé dans une colère froide. Vous tous, qui ne l'avez pour la plupart pas vu, vous n'imaginez même pas, vous n'avez même pas idée et, en réalité, je préférerais être à votre place. J'ai eu la sale idée de regarder ce film avant de me coucher. Juste avant mon dodo, il s'est sournoisement infiltré dans mes pensées et a assez étrangement influencé mes songes. J'ai ensuite rêvé d'un coup de fil de Fred Testot qui, reprenant l'un de ses personnages du SAV, me demandait tout en minaudant "Alors, on ne te voit plus aux soirées ?". Je ne peux pas vous retranscrire la réponse rêvée que je lui ai faite, Blogger fermerait ce blog dans la seconde et Fred Testot pourrait me traîner en justice. Tout ce que je peux vous dire, c'est que je me suis ensuite réveillé en sursaut, moi-même choqué et tout en sueur, j'ai bondi de mon lit, branché la console et j'ai joué à Red Dead Redemption jusqu'au petit matin, j'étais en killing spree.


Dépression et des potes d'Arnaud Lemort avec Fred Testot, Jonathan Lambert, Arié Elmaleh, Ary Abittan et Laurence Arné (2012)

6 décembre 2010

L'Amour c'est mieux à deux

Un vieux proverbe chinois que me répétait sans arrêt mon grand-père dit grosso modo : "tanke-toi près d'une rivière et tu finiras par y voir le corps de ton ennemi passer". Petit détail : mon papi disait ça à propos de son fils, mon propre père, auquel il a reproché jusqu'à sa mort d'avoir fait un gosse (votre serviteur) à ma mère. Je n'étais donc pas tout à fait à l'aise quand je l'entendais ruminer ça, les dents serrées, avant de lâcher un gros mollard à mes pieds. C'est quelque chose que j'ai plutôt mal vécu. Ceci étant, c'est peut-être pour ces raisons que je m'en rappelle si bien et que ces mots terribles résonnent encore en moi. Bref, "on choisit pas sa famille" comme dirait l'autre, et d'autant plus quand celle-ci ne vous a pas non plus choisi à la base, pourrait-on rajouter. Tout ça pour vous dire que, de mon côté, je veux bien poser mon petit cul terreux près d'une rivière, n'importe laquelle, même à l'autre bout du monde, si l'on me promet qu'un jour, je pourrai y voir le cadavre du dénommé Dominique Farrugia flotter lentement à sa surface pour rejoindre l'océan, où il se ferait bouffer par des requins, qui crèveront à leur tour, coupables d'avoir avalé trop de gras. Y'aura marée haute ce jour-là, croyez-moi. Et quoi de plus naturel pour une énorme otarie humaine que de finir mâchée par des grands blancs ? J'en rêve la nuit. 
 
 
L'Amour c'est mieux à deux est un film de la pire espèce. Il fait partie de ceux qui nous tiennent en otage jusqu'au générique de fin, parce que tant de nullité fascine et tient en haleine. Quoique, je suis un menteur, puisque j'écris ces mots alors que le film se termine dans mon dos. Tout d'abord, ce film est terriblement con. On ne croit pas une seule seconde à cette histoire d'une débilité folle, où l'on voit un Clovis Cornillac, dans la peau d'un trentenaire apparemment puceau, rompre avec Virginie Efira avant même de "passer à l'acte", après quelques jours pourtant idylliques passés avec elle, sous prétexte que leur rencontre n'est pas le pur fruit du hasard (ça a été manigancé par son pote, incarné par un Manu Payet tout bonnement insupportable avec sa tronche qui tiendrait dans ma godasse). Or, pour Cornillac, sans cette condition de hasard total, le véritable amour ne peut pas exister. On a donc ce gros gars de plus de 30 ans, qui s'est peut-être jamais dégommé la moindre meuf, et qui voit cette énorme bombe d'Efira, avec ses impressionnants atouts qui vont jusqu'à faire trembler le cadre dès qu'elle moufte un peu, lui être totalement acquise, rester entièrement zen dans son slibard pourtant gonflé à bloc... A côté de ça, le film de Farrugia nous dépeint pourtant à quel point les meufs et les gars sont des bestiaux infiniment vulgaires et cons, à mon image, tous guidés par leur seule richesse : un appétit sexuel insatiable. Après avoir rompu avec Efira, Cornillac cherche à tromper son chagrin en se "faisant" sa secrétaire, très open, mais sans cette fois-ci se poser trop de questions. Dans le même temps, une autre meuf ne voit aucun problème à offrir ses services intimes, simplement pour filer un coup de pouce à son amie Efira, et plus exactement pour que le copain de cette dernière "craque" et couche avec, afin qu'Efira puisse le surprendre en flagrant délit et le plaquer (il est devenu encombrant étant donné que Cornillac a refait surface, ça sert aussi à nous montrer que tous les gars sont des teubs sur pattes - tandis que les meufs du film sont directement issues de cerveaux de tels mecs, chaud...) ; elle regrette d'ailleurs que ça soit interrompue, car elle aurait adoré se faire dégommer gratos. Je raconte peut-être méga mal, mais pas plus mal que Farugia, soyez-en sûrs. 
 
 
Plus triste encore, ce film n'est quasiment jamais drôle, à part quand il sombre clairement dans le ridicule le plus désolant et quand Cornillac se permet un petit écart (ce qui arrive hélas peut-être une fois ou deux seulement). Bien entendu, c'est aussi une comédie romantique des plus dégueulasses, suivant à la seconde près ce schéma narratif infiniment merdique et imbuvable que les films ricains ont déjà usé jusqu'à la corde. 
 
 
L'Amour c'est mieux à deux est surtout infâme et sort tout droit des crânes malades de gens qui font vraiment de la peine. De véritables connards qui profiteront jusque sur leurs lits de mort d'un vague souvenir embelli par le poids des années et d'une petite réputation acquise il y a des lustres, grâce à des gens plus doués qu'eux, également devenus merdeux depuis. Je parle au pluriel alors que je vise bien entendu Dominique Farrugia, qui est lui-même bien trop souvent amené à penser au pluriel quand il s'agit d'acheter un billet d'avion ou une place de cinéma (il doit pas y aller souvent).
 
 
Pour boucler la boucle : mon papi disait aussi, en pointant son seul doigt valide vers le ciel façon E.T., "ce qui est passé finit toujours par repasser", une idée que l'idole des jeunes Mc Solaar a d'ailleurs reformulée à sa sauce dans son plus célèbre tube "Bouge de là". Cette idée, par contre, j'en suis moins convaincu, surtout depuis que mon vieux père m'a effacé de ses contacts MSN et a remplacé maman par une jeunette pleine aux as dont il attend la fin. Et pour revenir à notre homme, je sais pas si, comme moi, vous êtes branchés en continu sur I-Télé, mais sachez qu'on y passe en boucle les mêmes images : Dominique Farrugia, déguisé en pingouin, se rendant à l'Elysée en décapotable pour y recevoir une médaille. La Légion d'honneur, qui récompense "les vertus et les services rendus à la nation". Lui et moi, on est pas nés sous la même étoile. On est peut-être de la même planète, mais surement pas du même monde. Monde de merde.  
 
 
L'Amour c'est mieux à deux de Dominique Farrugia et Arnaud Lemort avec Clovis Cornillac, Virginie Efira et Manu Payet (2010)